« Le fils de Jean » de Philippe Lioret

Ce n’est pas un film « Cramés » mais il aurait pu l’être .
« Welcome » et surtout « Je vais bien, ne t’en fais pas » étaient très réussis.
Alors on veut absolument voir « Le fils de Jean » .
Voilà, c’est fait.
Mais le film est mal ficelé. La première scène est la mieux. Après on nous ballade avec un scénario inabouti. Les images du lac sont belles, oui, mais ça ne fait pas un film. Tabernacle ! (2 fois). C’est le problème : tout est assez attendu, assez cliché, vu et revu . Bref on décroche avant même d’accrocher, bercés par Chopin. Ca ne va pas, Chopin (par ailleurs musique merveilleuse mais si romantique …).
Le cadavre du chevreuil noyé à moitié dévoré par les coyotes nous emmène dans un cul de sac. On regrette que le côté thriller ne soit pas un peu mieux travaillé.
Et alors le coup du stéthoscope … Et le coup de la casquette jaune à la synagogue … Non

Il manque de l’intensité

Restent l’accent québécois enchanteur, les phrases interrogatives (pêches-tu ?) délicieuses.
Et l’actrice Catherine de Lean.

 

« La quatrième voie » Gurvinder Singh

Au Penjab et ailleurs on attend que quelque chose arrive, que ça change, que ça s’arrange. La route est longue, obscure. Entre-temps, pour survivre, il faut courber l’échine. Celui qui se rebiffe, qui jappe, seul, finit, malgré un instinct de survie extraordinaire, par se faire massacrer.

Film sombre .

Des le début, la peur nous enserre, lentement. On comprend d’emblée qu’il ne faut pas lutter contre le courant immobile. Il faut se laisser porter par le temps qui s’étire. Rester silencieux. Les gestes du quotidien nous deviennent familiers mais jamais rassurants.
On redoute la nuit : tais-toi, Tomi !

Une séquence éclaire la situation : le ciel s’obscurcit, le vent se lève, souffle sur un immense champ de blé en herbe, si vert, si lumineux sous l’orage. Une tempête sur le grenier de l’Inde qui devient un océan déchaîné.
Et se calme.

Jusqu’au prochain orage, et un autre et encore un autre.

Jusqu’à trouver ensemble la quatrième voie ?

 

« Dalton Trumbo » de Jay Roach

Film intéressant dans la mesure où on découvre le nom et la personnalité d’un scénariste surdoué . Et qu’on connaît sans le savoir.
Mais j’ai trouvé la soirée longue … On comprend bien l’ambiguïté de Dalton Trumbo, on saisit bien son addiction à son travail, son attachement à sa famille, qu’il exploite encore que, à l’époque il était normal de donner un (sérieux) coup de main, on est impressionné par sa force de travail (chronique d’un cancer du poumon annoncé) , et surtout par sa débrouillardise, sa roublardise. On ne perçoit pas son implication dans le soutien au parti communiste. D’ailleurs, il n’en aurait pas le temps.

C’est un homme entêté .

Il se débrouille toujours. Son train de vie diminue, certes, mais il emménage dans une vaste maison avec jardin et piscine. Matériellement il n’est jamais à plaindre. Il n’a plus de poneys. Too bad !
Sa femme et ses enfants semblent subsister très bien pendant son séjour en prison. De quoi vivent-ils ? Mystère.
C’est ce qui m’a gênée : on n’est pas sensibilisés au fait que, dans ces années là, tant de personnes black-listées ont trouvé la ruine, le désespoir et la mort, y entraînant toute leur famille.
Il l’évoque dans son discours de remise d’Oscar donc dans les toutes dernières minutes .
Nous on n’a rien vu.

 

Quelques remarques sur  » Dalton turbo » par Françoise F.

 

Le sujet  du film est un biopic donc il s’attache à décrire les bouleversements subis par le scénariste ( un individu ) le plus célèbre et le mieux payé d’Hollywood ainsi que sa famille, suite au déclenchement de la guerre froide et de l’anti-communisme aux Etats-unis.

On ne voit pas comment dans sa vie quotidienne il est communiste mais tout le film montre les conséquences désastreuses d’être connu comme tel à l’époque.

C’est le Maccarthysme qui a entraîné une véritable hystérie aux Etats-unis ( voir la condamnation à mort de deux innocents les Rosenberg qui n’ont toujours pas été réhabilités ).

Il ne peut plus travailler, ses amis ( sauf ceux qui pensent comme lui, les 9 qui ne se sont pas reniés ) se détournent de lui, ses enfants n’ont plus de copains, il est haï¨et passe pour un traïtre aux yeux de la plupart des américains ( scène du verre d’eau jeté au visage au cinéma). Il a maintenu un certain niveau social à sa famille par l’argent donné par l’acteur E.Robinson( le chèque ) sans doute avait-il des économies ( ? ) et comme il était très connu il a pu retravailler assez vite.

Il est passé du statut de célébrité, adulé et richissime, à celui de paria ( voir l’accueil de son voisin quand la famille déménage, épisode de la piscine, il s’est aussi exilé au Mexique ce que le film ne montre pas ). N’oublions pas qu’il a passé 11 mois en prison dans des conditions peu idylliques.

Mais il est toujours resté fidèle à ses idées et a défendu les libertés en patriote américain. ( le communisme n’a jamais été très tendance aux USA et Trumbo n’a été membre du parti que de 1943 à 1948 mais il devait être un sympathisant des idées communistes).

Et en 1971 , en pleine guerre du Vietnam c’est lui qui réalise  » Johnny got his gunn  » alors que J.Wayne monte  » Les béréts verts » genre une ONG au Vietnam..

Donc on peut penser que pour les artistes moins talentueux et moins riches, c’est la catastrophe complète, le divorce voire le suicide. Ce qui est montré avec le sort de son ami Arlen Hird qui finit endetté.

On peut penser que les Américains ( le réalisateur ) veulent montrer un pan peu glorieux de leur histoire. Hollywood parle d’Hollywood à 70 ans de distance.

En France mis à part quelques courageux ( R. Vaultier ) on a du mal à mettre en images critiiques notre Histoire..

 

 

 

Une aussi longue absence d’Henri Colpi

AUSSI LONGUE ABSENCEPrix Louis Delluc 1960 – Palme d’or au Festival de Cannes 1961Semaine du 8 au 14 juin 2016Soirée-débat Dimanche 12 juin 20h30Présenté par Henri FabreFilm français (vo, 1961,1h38) de Henri Colpi avec Georges Wilson, Alida Valli, Paul Faivre, Charles Blavette et Pierre Parel 
Scénario de Marguerite Duras.
Les paroles de la chanson « Trois petites notes de musique » interprétée dans le film par Cora Vaucaire sont de Henri Colpi, le compositeur est Georges Delerue.

 

Quel film ! J’en suis sortie bouleversée et je vais y penser longtemps.

Penser longtemps à Thérèse d’abord, débordante d’amour et torride de sensualité contenue. Retenue à jamais par l’homme adoré disparu de sa vue mais vivant pour toujours dans son coeur. Alida Valli magnifique si totalement Thérèse qu’on ne pourrait imaginer personne d’autre dans ce rôle. Et quel rôle !

Jamais elle ne quittera leur « navire »,  où son homme peut la trouver depuis son arrestation 16 ans en arrière et où il pourra la trouver pour le restant de ses jours. L’amour pour toujours. Qu’elle recherche passionnément, auquel elle s’accroche désespérément. Elle veut le retrouver. C’est la quête de sa vie . Elle veut le reconnaître dans ce clochard qui est arrivé dans les parages.  Tous autour d’elles la soutiennent, l’accompagnent. Les moins proches dans une vision à court terme et les plus proches dans une perspective à plus long terme. Georges Wilson est brillant de retenue et de finesse. Le prix d’interprétation reçu pour ce rôle lui est venu du Japon. Pas étonnant. Le personnage de l’amant est captivant aussi. Il est si doux, si tendre. Il accepte la mélancolie de Thérèse avec résignation. Il veille sur elle, de plus ou moins loin, dans sa chambre ou depuis son camion devant sa fenêtre éclairée. Il ne reprend la route que lorsque, enfin, elle s’endort. Un rêve cet homme ! Fort, solide, prévenant, protecteur. Et elle renonce à celui-ci pour celui-là qui restera fantôme à tout jamais… Elle ne peut pas faire autrement. Elle passera le restant de ses jours emmurée vivante dans son café à Puteaux. à l’attendre Car si elle n’a pas réussi à se faire reconnaître, c’est aussi à cause de l’été mais quand l’hiver viendra, il reviendra (« L’inverno ti farà tornare »). Et elle fera de la froidure son alliée.

Quel bonheur de pouvoir apprécier la beauté d’Alida Valli, dans l’age du personnage, avec les marques du temps sur son visage et sa silhouette. Belle à couper le souffle.

Et il y a la musique, la musique des mots.

Et l’opéra . La scène du café où elle fait observer le clochard par sa mère et son cousin pour qu’ils le reconnaissent, sur fond de « una furtiva lagrima » air de l’Elixir d’amour de Donizetti ! Une merveille.

Et bien sûr les « Trois petites notes de musique » et la voix de Cora Vaucaire, chanson connue de tous, moins jeunes et jeunes . Une « tuerie »

Merci les Cramés !

PS : en 1961 je n’étais pas bien grande mais assez pour retrouver avec ce film le souvenir de cette époque, l’odeur de la rue, reconnaître les gens, leurs vêtements, l’atmosphère … (et le goût du Vittel délice !!! qui me faisait pleurer tellement ça piquait)

Elle de Verhoeven

Il y a des films qu’on a envie d’aimer dès qu’on en entend parler
Alors on est déçu.
Au bout de 20 mn, je commençais à m’auto-motiver « quand même c’est Isabelle Huppert ! Et Laurent Laffitte, je peux peut-être réussir à  le supporter cette fois-ci, la photo est superbe, la mise en scène impeccable , tout est réuni pour faire un bon film etc… » (sauf les décors et les costumes)
Sans resultat… Juste envie de dire à Isabelle Hupert d’enlever son masque et à Laurent Laffitte que, lui, ce n’est pas la peine qu’il enlève le sien . On nous annonce un thriller. Ah, bon ?

Ça nous dit qu’a notre époque on vit plus d’émotions dans les jeux vidéo qu’en vrai et que Michele est d’autant mieux placée  pour « gérer » son agression qu’elle gere une societe de creation de jeux video, qu’elle veut toujours plus violents, toujours plus agressifs.
Et il y a son histoire de petite fille avec son père psychopathe , sa relation avec sa mère, son fils qui rêve tout éveillé ce qui lui semble a la fois saugrenu et révoltant. Un détail qui m’a interpellée : elle regarde une photo d’elle, petite fille, et commente « le regard vide que j’avais !!! » Elle a les yeux bleus, enfant, et marrons, adulte . Pour nous dire qu’elle ne se rend pas compte que son regard est resté vide et que son ciel intérieur s’est définitivement assombri ?

Elle a mis une telle distance avec elle-même que rien ne la touche, elle n’aime personne, elle est malveillante. Si, elle semble aimer son chat mais ne comprend pas qu’il ne l’ait pas défendue et le regarde lui aussi alors différemment . Personne ne pourra jamais veiller sur elle.

Verrouillée, seule dans sa bulle.

Ses rapports avec son associée sont bizarres. Elle « utilise » son mec et le jette. Sans vergogne. Puis l’associée trahie jette elle aussi ce même mec et revient vers Michele jusqu’a lui proposer d’aller vivre avec elle . Bon courage !

Mais à vrai dire on s’en moque. L’ensemble semble limite grotesque. Finalement je suis restée jusqu’à la fin en passant à côté de « Elle ». Dommage.