High life de Claire Denis

Nominé au Festival International du Film de Toronto 2018

Du 27 décembre 2018 au 1er janvier 2019

Soirée débat jeudi 27 à 20h30Autres séances jeudi et dimanche en fin d’après-midi et mardi après-midiFilm anglophone (vo, novembre 2018, 1h51) de Claire Denis avec Robert Pattinson, Juliette Binoche et André Benjamin

Distributeur : Wild Bunch

Présenté par Danièle Sainturel 

Synopsis : Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
Un groupe de criminels condamnés à mort accepte de commuer leur peine et de devenir les cobayes d’une mission spatiale en dehors du système solaire. Une mission hors normes…

Grand ! On n’est pas emporté dans cette dimension : on y est, dès le début !
Sans encore rien connaître de l’histoire, on sait avec la scène d’ouverture, avec la chute symbolique de l’outil, qu’il n’y a désormais plus moyen de réparer.
Il faudra que ça tienne.
Et ça tiendra. Le temps que Willow grandisse et qu’arrive la seule chance de rédemption.

On est en apesanteur, voyageant dans le temps, avant le début de l’aventure , au temps de la vie sur terre, cette terre dont des images continuent à apparaître sur les écrans du vaisseau spatial et font peur à Willow, au temps de la rage d’avoir été bernés, de la peur de ne plus pouvoir faire demi tour, au temps de la première vie de sang et de chaos, là-bas, au temps où ils étaient encore tous les 7.
7 pauvres hères regroupés à bord de ce vaisseau fantôme.

Leur salut ne peut être que devant, dans ce trou noir, destination ultime de la mission initiée il y a longtemps, et son immense lumière enfin approchée où s’engloutiront, enfin, Monte et sa fille, Willow, petit saule devenu solide, seuls survivants de cette odyssée.

Les images sont superbes de bout en bout, de la lumière bleue à la lumière orange, hypnotiques, fascinantes et, avec la musique ajoutée, on plane, à distance, au dessus des sujets abordés tels l’isolement provoqué, la recherche de la perfection par manipulation génétique interposée, la force de la nature, la terre qui lave et purifie, la violence inculquée indélébile ou remédiable … . On plane, conscients et détachés. Les cadavres cryogénises et l’image de ces corps martyrisés, enveloppés dans leurs cominaisons et casques devenus linceuls, lâchés dans le cosmos, formant un étrange bouquet, est d’une incroyable douceur.  On se sent délestés.

High Life : Photo Robert Pattinson

Bien sûr, on adore Monte ! Sa relation à son bébé fille, ses gestes lents, tendres, ses soins, ses paroles, blotti dans sa confiance en cette toute petite personne blottie contre lui, leur apprentissage de ce monde imposé dont il parvient à extraire suffisamment de sérénité pour qu’elle se lève et marche. Cet amour touche en plein cœur.

Evidemment on adore Robert Pattinson et la scène avec Dibbs abusant de lui dans son sommeil semble, ô combien, évidente. Monte, lui, rêvait de Boyse qui ressemble tant à sa jeune amie du bord de l’eau, Résultat de recherche d'images pour "high life"Boyse qui, sans qu’ils le sachent, va porter son enfant que Dibbs lui ravira, la laissant, elle aussi abusée, ruisselante de lait inutile.
Willow, l’enfant, ne ressemblera à personne jusqu’à la dernière porte et sa transfiguration dans la lumière couleur de feu.

Un film magnifique qui entre naturellement dans mon top 8 de l’année 2018

Marie-No

COLD WAR-Pawel Pawlikowski

 

Du 20 au 25 décembre 2018

Soirée débat jeudi 20 à 20h30

Autres séances jeudi et dimanche en fin d’après-midi et mardi après-midi
Film polonais (vo, octobre 2018, 1h28) de Pawel Pawlikowski avec Joanna Kulig, Tomasz Kot et Borys Szyc
Distributeur : Diaphana
Titre original Zimna Wojna

 

Présenté par : Marie-Annick Laperle

Synopsis : Pendant la guerre froide, entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 1950, un musicien épris de liberté et une jeune chanteuse passionnée vivent un amour impossible dans une époque impossible.

 

Avec une recette simple, on peut faire un bon film, un scénario qui tient la route, prenons un triangle, genre triangle amoureux,  pour cette fois, l’un des amoureux c’est la Pologne (genre mère jalouse et possessive).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Désynchronisons les élans amoureux, façon je t’aime ! Moi non plus !

Zula préfère la Pologne au moment où Wictor l’aime et Wictor n’aime plus la Pologne etc…. Variez à souhait amour et désamour.

Et surtout,  ne jamais oublier que la Pologne du coup,  est du genre vindicative et  rancunière. Stalinienne comme pas possible. On se demande pourquoi on l’aime, mais l’amour est à la fois  filial et aveugle.

On attend le moment synchrone, ce sera le final amoureux,  le « mariage/suicide » à la pilule  de Zula et Wictor, dans cette Pologne aimée…Enfin tous trois réunis.

Arrosez sans compter de  musique propagandiste  nationale et folklorique, de Jazz  bop ; puis générique : Glen Gould, Variations Goldberg et re-musique folklorique, fin.

Heureux comme Lazzaro- Alice Rorhwacher.


 

Prix du scénario au Festival de Cannes 2018
Prix jean Renoir des lycéens
Du 13 au 18 décembre 2018
Soirée débat mardi 18 à 20h30Autres séances jeudi et dimanche en fin d’après-midi et lundi après-midi
Film italien (vo, novembre 2018, 2h07) de Alice Rohrwacher avec Adriano Tardiolo, Alba Rohrwacher, Agnese Graziani, Tomaso Ragno et Sergi LopezDistributeur : Ad Vitam 
Titre original : Lazzaro Felice

Présenté par Georges Joniaux

Synopsis : Lazzaro, un jeune paysan d’une bonté exceptionnelle vit à l’Inviolata, un hameau resté à l’écart du monde sur lequel règne la marquise Alfonsina de Luna.
La vie des paysans est inchangée depuis toujours, ils sont exploités, et à leur tour, ils abusent de la bonté de Lazzaro.
Un été, il se lie d’amitié avec Tancredi, le fils de la marquise. Une amitié si précieuse qu’elle lui fera traverser le temps et mènera Lazzaro au monde moderne.

Pour ce qui me concerne, ce fut un bonheur de voir ce film, je le tiens pour l’un de mes préférés. J’aime qu’on me raconte des histoires. Avec Alice Rorhwacher, le cinéma devient aussi une aventure  poétique,  tout l’est, l’esthétique de l’image et sa vivacité,  le choix des décors et des personnages, le son, la musique et l’histoire en forme de conte, et Lazzaro donc, cet étrange personnage !

Heureux comme Lazzaro est bien dans une tradition italienne qui souvent  conjugue réalisme et fantastique. Le journal La Croix évoque Victorio de Sica et Fédérico Félini. Alice R  cite Italo Calvino et Novecento de Bernardo Bertolluci. Pas de doute.

Parmi les caractéristiques du film, il est construit comme un diptyque, ou mieux encore comme les cartes d’atout d’un jeu de  tarot. Tête bêche scènes des champs et scènes bourgeoises. Mais la réalisatrice  y a ajouté autre chose : l’effet du temps. L’effet du temps sur les lieux et les personnages. Des scènes des champs aux scènes de la ville, 20 ans ! Ce sont donc des figures en mutation qu’on nous présente, qui conduisent des paysages de campagne à devenir ville, des groupes de paysans à devenir citadins. Des jeunes à devenir vieux. Des serfs à exclus. Ce qu’Alice Rorhwater énonce ainsi, on va du Moyen Âge technologique au Moyen Âge des âmes.

Quelques figures émergent 

La marquise Alfonsina de la Luna, elle regarde du haut de son château, dans un surplomb écrasant, ses ouvriers agricoles, qu’elle traite comme ses serfs. Elle  vole et trompe. « Les libérer c’est leur faire prendre conscience de leur esclavage ». D’ailleurs tout le monde exploite tout le monde, moi je les exploite, et eux, ils exploitent Lazzaro ! Et qui exploite Lazzaro ? demande Tancredi son fils. Forcément quelqu’un répond la marquise. Impossible pour elle,  dans son système, de penser autrement.

La figure de la marquise mute quand arrive le temps de la ville 20 ans plus tard. Les serfs sont devenus des gueux.  La ville a son cœur battant, ses banques, ses quartiers d’affaires, et sa population bien insérée, elle a aussi ses franges. (Curieusement, nous verrons ce même thème prochainement dans le film Une affaire de famille  de Kore-Eda). Dans ces franges, ces non-lieux,  les habitats précaires, de fortune dominent. Les marquises ne sont plus là, les banques leur succèdent comme système d’oppression. Banques et franges sont bien entendu des figures analogiques de l’oppression.

La figure du peuple dans la première partie est représentée avec les artifices du conte. Une petite communauté, marquée par  sa condition. Son lot c’est le servage, la duperie, la spoliation, l’escroquerie, la captation de leur force de travail et le mépris.  Peuple aliéné, tenu dans l’ignorance. Sur les terres de la marquise, pas d’école,  il n’est pas question d’apprendre à lire. Pas ou peu de lumière non plus. La marquise leur donne deux ampoules, il faut les dévisser pour aller de pièce en pièce.(la marquise n’aime pas les lumières).  Quant à l’éducation, c’est l’absence de scolarité pour les enfants et le catéchisme de la Marquise.  Le catéchisme de la marquise, la vie des saints,  dont elle les gratifie, symbolise l’action chrétienne durant des siècles vers le peuple.

Le  réalisme et le fantastique se rencontrent, puisque cette communauté vie cela dans les années  1980.  Le fantastique rend la scène contemporaine, le réalisme, c’est qu’en effet avec le christianisme du moyen âge à l’orée du 20èmesiècle, n’enseignait guère la lecture. Au peuple l’ignorance.

Dans les années 2000, cette même communauté vit aux franges de la ville. Ces membres ne sont plus serfs, ils sont  devenus gueux. Ils vivent de petits commerces et de petits larçins, rejettent tout ce qui appartient à la terre, préfèrent les chips à la chicorée qu’il leur faudrait ramasser. Là encore la forme conte fantastique fait du larcin  un métier. La seule et la dernière activité des réprouvés, rouler des gens cupides et bien pensants. Ces gueux, le cinéma italien  les connaît bien, autant  que les feuilletonnistes du 19èmesiècle partout en Europe. Ils ont d’autres attributs plus positifs, ils sont solidaires.

La figure de Lazzaro  appartient à ceux dont  Alice Rorhwacher dit : « En explorant mon pays et mon époque, j’ai souvent rencontré des « Lazzaro » : des personnes que je qualifierais de « gens braves » mais qui, le plus souvent, ne se consacrent pas à faire le bien, car elles ne savent pas ce que cela signifie. Leur nature même est de rester dans l’ombre, quand elles le peuvent, elles renoncent toujours à elles-mêmes pour laisser la place aux autres, pour ne pas déranger. Ce sont des personnes qui ne peuvent pas émerger de la masse où plutôt elles ignorent qu’il est possible de le faire. Ces gens-là s’occupent des tâches désagréables et lourdes que l’humanité laisse derrière elle, elles remédient à tout ce que les autres foulent aux pieds par inadvertance, sans que personne ne s’en aperçoive ».

Lazzaro présente des traits de sainteté, Saint François,  Sainte Agathe, et Saint Lazare (comme lui il ressuscite) .  Sa figure oppose au chritianisme institué, une sainteté qui n’appartient à aucune religion particulière,  dans un monde où comme hier,  l’homme bon est suspect et où le saint serait une menace telle qu’il faudrait le tuer.

Alors et le loup  dans cette histoire ? Il y a d’abord un hurlement au loin, un appel de l’inconnu, celui d’un être dangereusement libre. Et puis le loup dit le philosophe Baptiste Morizot est l’animal qui dans nos sociétés occidentales, nous rappelle que nous sommes aussi de la viande. Et Michel Pastoureau, l’historien a noté les occurrences des traits attachés aux loups dans la littérature du Moyen Âge au 19èmesiècle : voleur, menteur, lâche, cruel et sanguinaire, couard, fourbe, paresseux, avare ». Bref, des traits humains.

Pour terminer, par hypothèse,  la Marquise Alfonsina de Luna semble devoir son nom  à Alfonsina Storni, célèbre poétesse mexicaine s’étant suicidé et dont F. Luna a fait une chanson que voici .

Mercedes Sosa-Alfonsina y el mar – YouTube

PS : Drôle la mutation de Nicolas le régisseur et homme-lige  de la marquise, paternaliste et voleur devenant 20 plus tard recruteur à la criée au moins disant salarial.

 

Un amour impossible-Catherine Corsini

 

 

 

Du 6 au 11 décembre 2018

Soirée débat mardi 11 à 20h30

Autres séances jeudi et dimanche en fin d’après-midi et mardi après-midi

Film français (novembre 2018, 2h15) de Catherine Corsini avec Virginie Efira, Niels Schneider, Jehnny Beth et Estelle Lescure

Distributeur : Le Pacte

Synopsis : À la fin des années 50 à Châteauroux, Rachel, modeste employée de bureau, rencontre Philippe, brillant jeune homme issu d’une famille bourgeoise. De cette liaison passionnelle mais brève naîtra une petite fille, Chantal. Philippe refuse de se marier en dehors de sa classe sociale. Rachel devra élever sa fille seule. Peu importe, pour elle Chantal est son grand bonheur, c’est pourquoi elle se bat pour qu’à défaut de l’élever, Philippe lui donne son nom. Une bataille de plus de dix ans qui finira par briser sa vie et celle de sa fille.

Présenté par Laurence Guyon

Christine Angot a connu le pire, l’inceste pédophilique. Et ce film, reprend  l’un de ses récits.

Dans « un amour impossible », un titre qui flatte à cause de ses doubles, triple sens et sonne comme un roman de gare, Chantal adolescente sera, comme son auteur,  sodomisée par son père, et l’on retrouve dans le film, les thèmes de Christine Angot, les figures  de la violence familiale, des passions douloureuses et de la colère. Servi par une écriture « vérité » ou prétendue telle.

La trame du film, c’est le déroulement linéaire de la vie de Chantal et de Rachel sa mère. La vie de Chantal commence avant sa naissance par la rencontre de Philippe et Rachel. La carpe et le Lapin*(1).On peut se croire un instant dans « pas son genre de Lucas Belvaux », mais nous ne sommes pas là seulement pour ça…

Nous sommes  là pour assister à la mise en pièces par « un prédateur » de Rachel, une belle et gentille femme, qui ne demande rien, qui est travailleuse et courageuse et pas bête du tout et… de Chantal sa fille.

Rachel est une femme qui n’a pas connu son père, et qui par une sorte de compulsion de  répétition trouve l’amant  absent qui plus tard, refusera de reconnaître Chantal sa propre fille. Et ce sera le seul combat de Rachel  de faire en sorte que Philippe la reconnaisse. Et, il va la reconnaître pour mieux la connaître*(3).

Donc, il lui donnera son nom et la sodomisera. Ce qui fait dire à Chantal dans un dialogue avec sa mère quelque chose comme : « Ce qu’il voulait c’est nous humilier, humilier notre condition : Cet homme a voulu nous atteindre dans ce que nous sommes, (des gens modestes et dignes)  et à travers moi c’est toi qu’il voulait atteindre dit Chantal à Rachel, sa mère.

Voilà l’essentiel, du coup, il y a aussi le récit de Philippe*(2)  cet amant qui ne veut pas se marier, ce père qui refuse de l’être. Que sait-on de lui ?  Il est riche, beau, intelligent, polyglote  et cultivé. Son père est un homme de pouvoir antipathique. Il vit avec une femme  qui finira par se défenestrer.

Cette scène de saut invite le spectateur à en  faire un lui aussi, car le film suggère que cette suicidée est nécessairement la victime d’un époux sadique, et donc  Tel père, Tel fils ! Et cette dame n’est plus là pour nous contredire.

Christine Angot n’aime rien de mieux qu’escamoter les femmes de même qu’elle suicide la mère de son amant, elle fait disparaître sa propre mère sous le poids des déterminismes sociaux. (fille de fille mère et fille mère à son tour, fille de pauvre  et pauvre elle-même, fille d’un juif errant etc).

Or,  ce système de « bonnes raisons » qui paraît peu crédible,  ne l’est plus du tout lorsqu’un  jour Chantal raconte à sa mère que son père  l’abaisse et l’humilie gravement. Elle lui répond : «  il peut être comme ça !  »

Alors, raisonnablement on en vient à reconsidérer  « l’hagiographie » de Rachel.  C’est une femme qui accepte tout, les petites et grandes humiliations, les longues absences, et plus encore les brefs retours, qui accepte de risquer d’être enceinte et de l’être, d’élever seule son enfant, de ne rien réclamer pour elle-même et seulement, longtemps après, la reconnaissance paternelle de sa fille etc.…

Mais ça, ça porte un nom :   Le masochisme. Bref,  elle a un rapport masochiste pathologique à cet homme.  Elle privilégie tout au long de sa vie, ce mode de rapport avec Philippe.

Et donc Philippe et Chantal forment un couple sadomasochiste et Rachel est une victime pour une part d’elle même, consentante. (Ce qui n’exonère nullement Philippe, qui serait à lui seul un sujet)

Sans doute,  le parler vrai et cru de Christine Angot (Chantal) comporte sa part d’omission et probablement de dissimulations diverses autour de cette question. Toujours est-il que les dangers que faisait courir Rachel à sa fille en la confiant à son géniteur, sont aussi le produit de son masochisme permanent. (Ce qui ne comporte ni condamnation, ni jugement moral d’aucune sorte).

…Bref, il y a quelque chose de  passif-agressif dans ce récit de Christine Angot.

Pris par ce bavardage, j’allais oublier presque de dire que ce film ambiguë s’étire un peu, que sa musique emprunte beaucoup à Phil Glass, et que la narration par la petite fille est assommante.

 

 

P.S : Je me relis, bon, c’est écrit, cependant,  j’aurais peut-être dû dire que l’auteur place ses projecteurs où il veut. Par exemple, il aurait été interessant de connaître la mère de Philippe. Et la mère de Rachel donc!  Christine Angot me semble prise dans sa rationalité,  dans son système explicatif.

 

 

*(1)Cette expression appliquée aux humains servait de métaphore au couple composé d’un noble et d’une roturière. Pour y pallier, le noble se voit dans l’obligation de donner la main gauche à l’épouse  pendant la cérémonie, signifiant par ce geste qu’il ne transmettait son rang ni à sa femme ni à leur progéniture. Il est à signaler que si le noble donne sa main gauche, c’est parce que l’alliance normale entre deux personnes de même rang se mettait à la main droite. (Sur le site expressions française)

 *(2) Philippe, sans doute comme Philippe Petain, car le père de Rachel est juif, et le Philippe du film manifeste un instant un antisémitisme bon teint.

*(3) Dans l’interprétation Chrétienne de  la Genèse, Loth qui accueillait deux étrangers (en fait deux anges) vit sa maison entourée par les habitants de Sodome qui voulait …les « connaître ».

 

Mademoiselle de Jonquières (2)

Image associéePrêcher le faux pour savoir le vrai, quelle folie ! Madame de la Pommeray, consciente de son échec à vouloir changer des Arcis, séducteur forcené, en fidèle compagnon, en fait le constat douloureux. Le film est délicat, délicieux dans sa façon de montrer l’évolution des sentiments de cette marquise étonnante.
D’abord, elle se délecte du récit des conquêtes de son ami, le gronde gentiment pour son inconstance, ravie d’entendre ce qu’il réserve à d’autres, ailleurs , là-bas, à Paris. Elle s’est retirée du monde et vit dans sa verte campagne où tout est calme et où il fait toujours beau. Ses toilettes s’accordent aux couleurs pastels des fleurs foisonnantes de son parc verdoyant, fleurs coupées dont elle orne les vases à leurs places idéales dans les vastes pièces lumineuses de sa demeure,
reflet de sa paix intérieure.

Mademoiselle de Joncquières : Photo Cécile de France, Edouard BaerMais des Arcis a pour mission de séduire et la séduire aussi. Il s’y emploie, elle résiste, il la veut , elle baisse la garde et succombe. Son expression en est transformée. Le sourire de courtoisie est devenu sourire de contentement. Des Arcis fait connaître à cette jeune veuve sans expérience des sens, les plaisirs de la chair. Elle rayonne, illuminée de ses extases. La scène où le marquis lui prend son livre et le pose sur le sien à coté d’eux sur la banquette, la caméra restant sur ces deux livres se chevauchant en est l’illustration.
Et puis ses yeux se voilent, elle ne veut pas mais c’est arrivé. Le charme est rompu, il s’éloigne … Ses mains s’agitent, tout est changé, les vases ne sont finalement pas à la bonne place, elle les intervertit et force est de constater qu’ils allaient mieux à leur place d’avant. L’inquiétude est devenue chagrin. Tombé dans le piège, il est parti, léger, belle nature !

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La marquise, elle, chancelle, pleure beaucoup. Mais ne s’éteint pas. Elle réfléchit et son sourire de convenance revient.

L’orgueil l’emporte sur la peine.
La deuxième partie du film va montrer le déroulement, pas à pas, du plan machiavélique mis en place pour assouvir sa vengeance. Pour cela, sans vergogne, elle va se servir de deux malheureuses « créatures », en usant, en abusant, dénuée de tout sentiment ni de compassion, ni de regret, ni de remord. Seule la déchéance du marquis lui importe. Qu’il soit la risée de tous, qu’il soit banni de leur société ! Sa coiffure a changé, l’anglaise désormais serrée dans le chignon et les toilettes de la marquise sont devenues criardes, soie jaune poussin, associée même parfois à de la  dentelle noire, goût de catin.
L’estocade finale la montre dépassionnée, misérable de médiocrité, presque détruite.
Alors que le marquis, en bon épicurien et bien obligé de se faire une raison, choisit de profiter de ce que sa situation lui apporte : une jeune épouse ravissante, conquise, sincère. Et honnête. Et peut-être même, grâce à la vengeance de son ancienne amante, trouvera-t-il le bonheur …

Ironie du sort ! Voilà bien ce qui serait le coup de grâce pour Madame de la Pommeray : que des Arcis soit heureux !

Ce film m’a ravie, les acteurs sont épatants. Bravo à Cécile de France qui se sort brillamment de ce contre emploi.
Sans surprise, Edouard Baer est formidable !
Du beau travail, sans de très gros moyens. Comme quoi …
Enfin, Emmanuel Mouret place son talent dans un écrin qui lui convient parfaitement.

Marie-No

 

Mademoiselle de Joncquières – Emmanuel Mouret

 

Du 29 novembre au 4 décembre2018
Soirée débat mardi 4 à 20h30
Autres séances jeudi, dimanche en fin d’après-midi et mardi après-midi


Film français (septembre 2018, 1h49) de Emmanuel Mouret avec Cécile de France, Edouard Baer, Alice Isaaz et Laure CalamyDistributeur : Pyramide

 

 

Synopsis : Madame de La Pommeraye, jeune veuve retirée du monde, cède à la cour du marquis des Arcis, libertin notoire. Après quelques années d’un bonheur sans faille, elle découvre que le marquis s’est lassé de leur union. Follement amoureuse et terriblement blessée, elle décide de se venger de lui avec la complicité de Mademoiselle de Joncquières et de sa mère…

Présenté par Eliane Bideau

Film agréable et beau,  le meilleur d’Emmanuel  Mouret disent certains critiques. Et puis,  cette belle langue a séduit tout le monde. Ajoutons, la bonne présentation/débat. 

 

 Considérations intempestives et brèves sur Mademoiselle Dejoncquières.

 « Mes pensées, ce sont mes catins. »  Disait  Denis Diderot

Les catins sont des femmes avec qui on a commerce, avec qui on s’amuse,  mais qu’on n’épouse pas. (Ce qui revient aussi à signifier la distance qu’il prenait avec ses pensées afin de se prémunir  de tout dogmatisme)

…Et ce film montre en apparence le contraire. L’objet de toutes les pensées du Marquis des Arcis   est précisement une catin. Il est vrai qu’elle est  travestie en bigote. Mais, là il faut le dire,  c’est une belle bigote (pas une bigote sans sel* !)

D’ailleurs quoi de mieux qu’une catin pour interpréter une dévote ? C’est certainement ce que devait penser Denis Diderot, si l’on s’en tient à ses considérations sur la religion et les dévots dans l’ensemble de son œuvre…

Sur  Le Marquis des Arcis : Par son inconstance, il ressemble à Don Juan, mais ce n’est pas exactement ça, il y a en lui une sorte de quête chevaleresque de la femme absolue, qui n’existe peut-être que dans son imaginaire.

Sur Madame de la Pommeray : Si le Marquis des Arcis a aime cette femme, c’est parce qu’elle  est belle et qu’elle  lui résiste. Si elle lui résiste, c’est parce qu’elle l’aime. Mais lorsque le Marquis la quitte, Madame de Pommeray passe rapidement de la passion amoureuse,  au dépit, puis à la vengeance. Elle invente  le stratagème « machiavélique »  de  « la catin dévote ».

Mademoiselle de Joncquières, (la catin habillée en dévote ): Le marquis aime cette dévote parce qu’elle lui résiste. Et, elle lui résistera parcequ’elle ne veut pas le tromper sur ce qu’elle est !

En effet, elle n’est pas dévote, elle est catin (à son âme défendante) , mais elle est morale , aucune tricherie chez elle, si l’on veut bien excepter celle, décisive,  manigancée par Madame de la Pommeray et la complicité de la mère de Mademoiselle de J dont elle n’est  partie prenante que par contrainte.

Le Marquis a tôt fait de comprendre que Madame De la Pommeray en voulant se venger lui à fait le plus beau des cadeaux. L’exacte femme qu’il cherchait vainement. Celle qui n’est pas morale  et pure par devoir religieux, mais par nature.

Tout est bien qui finit bien.

 

*je dédie ce mot (lamentable)  à Maïté.

 

Lindy Lou- Florent Vassault

 

Présenté par Claude Guillaumaud-Pujol et avec le soutien de Amnesty International, du MRAP et de l’ACAT

Film français (vostf, octobre 2018, 1h24) de Florent Vassault

 Il y a plus de 20 ans, Lindy Lou a été appelée pour faire partie d’un jury. Depuis, la culpabilité la ronge. Sa rédemption passera-t-elle par ce voyage qu’elle entame aujourd’hui à travers le Mississippi, dans le but de confronter son expérience à celle des 11 autres jurés avec lesquels elle a condamné un homme à mort.

 

Excellente soirée hier soir,   ce documentaire était rendu intéressant par le débat mené par Claude G-P, Universitaire, militante contre la peine de mort, femme de terrain, qui connaît ce sujet, qui a été visiteuse des couloirs de la mort. Elle indique en fin de film, un élément fort  du débat, à savoir que les jurés ne sont retenus qu’à condition d’être favorables à la peine de mort…

Cette jurée n°2, 20 ans après, alors que le condamné a été exécuté, rencontre un à un les anciens membres du jury. Certains se défilent,  un d’entre eux ne se souvient plus bien, un autre manifeste des défenses obsessionnelles,  les autres se souviennent, en discutent avec courtoisie, et un quart des membres manifeste des regrets.  L’objectif du film est réussi, dans la mesure où il démontre que  cette expérience laisse des traces définitives. On peut en effet classer parmi les sujets souffrants, outre ceux qui ont des remords,  l’obsessionnel et « l’amnésique ». Ce qui pour ce jury, porte à 50% le nombre de jurés qui souffrent d’avoir condamné un homme à mort.

Et donc, que cette population composant le jury est amenée, sans avoir pu en mesurer les conséquences personnelles, à prendre une décision fatale et risquer de souffrir le reste de sa vie de cette décision.

Le film, nous montre aussi que ces jurés sont des gens bien intégrés dans la société, qu’ils l’aiment, et la plupart vivent dans de spacieuses demeures, ont de belles  (et grosses) voitures, ils pratiquent le tir, disposent de pistolets dans leur voiture etc. Ils sont le plus souvent bons chrétiens. Donc ici,  un jury blanc,  aux membres assez opulents (et corpulents), représentants de la couche moyenne supérieure de la société.

Il y a aussi une histoire dans l’histoire, le lien personnel de cette jurée n°2 avec le condamné dans les couloirs de la mort. Cette histoire n’est pas très claire, et colore d’une manière particulière tout le film. Nous laisserons de côté ce point qui à lui seul vaudrait un bon paragraphe.

Ce que j’en pense : Je fais mienne l’observation de  Didier Fassin(1), Punir est une passion contemporaine. Et là je vais le citer : aux USA, il y a  2,3 millions de prisonniers et si l’on additionne les libertés surveillées, et les aménagements de peine on obtient  7 millions de personnes.  Je retiens aussi la question de l’automaticité de l’aggravation des peines exposée par la conférencière. Le trait d’union  principal des détenus, le blanc y est minoritaire, ils sont très majoritairement pauvres.

Ce phénomène absurde se diffuse au reste du monde. La fonction d’enfermement, de punition et de surveillance est en expansion continue, presque partout.

Les exécutions capitales sont l’écume de la vague de ce système qui apparait fou,   mis en place par des pouvoirs malades  de sociétés malades.

Pour légitimer sa pratique de la peine de mort, les institutions américaines ont besoin de jury populaire. Et donc le film nous dit : « lorsqu’un jury populaire rend une sentence de mort, ça bouleverse douloureusement  la vie des jurés qui l’ont prononcé ».  Nul doute, si cette observation fait son chemin,  que les autorités qui verront ce film auront deux options :  soit mettre des psychologues à disposition du jury avant et après, soit  modifier les conditions de sélection des jurés. (on peut aussi mixer ces deux options). .

Montrer que les membres du Jury sont affectés par leur décision, qu’ils en deviennent eux aussi victimes, a son mérite . Néanmoins, j’aurai  été plus intéressé  de voir comment fonctionne ces jurys.  On se souvient du film « 12 hommes en colère »,  qui montre que cette colère n’est pas toujours mauvaise conseillère, un  jury en effervescence.  Ce qu’on ne nous montre guère, ce sont  les codes explicites et implicites de fonctionnement du système, les contraintes qu’il impose, ses injonctions etc.   Un système dont on peut suspecter qu’il a surtout besoin de  légitimer sa violence (violence d’Etat)  derrière cet apparat de démocratie que représente un jury populaire. Un jury populaire qui pense avoir un libre arbitre mais qui en réalité se découvre très  contraint. (Otage me vient à l’esprit).

Georges

 

(1) Didier Fassin : Punir, une passion contemporaine (Seuil, janvier 2017) 

 

Appel aux Cramés de la Bobine, 4 décembre 2018

Chers amis Cramés de la bobine et chers  lecteurs, bonjour,

On aurait aimé parler davantage  des films de la rétrospective Agnès Varda, belle rétrospective, brillamment animée par  Brigitte Rollet. Marie-No et Georges, en on commenté deux, trésors parmi les trésors.

On aurait aimé toucher un mot de « Rafiki »  ou de « Nos batailles », il faut savoir  se limiter.

Tout de même, si l’on en juge par les discussions durant  les débats des spectateurs et les sorties de salle! Que d’articles potentiels!

Tout ça pour vous dire, que vos articles sont les bienvenus, j’ajoute qu’ils sont la condition même pour que ce blog existe (Nous avons eu trop peu de rédacteurs cette année).

Mais ….

Qui peut écrire ?  Vous bien sûr!

Quelle expérience exigée ? Avoir vu le film.

Comment faire?  S’adresser à Marie-No, Henri,   Georges ou  tout autre membre du bureau,    au ciné qui transmettront. Nous vous ferons parvenir  un mot de passe et un mode d’emploi.

Et qu’ajouter? merci  à vous et bons films

L’administration du Blog.

 

PS : Vous pouvez aussi contacter  par mail : georges.joniaux45@orange.fr

 

 

 

Cléo de 5 à 7 – Agnès Varda

 

Présenté par Brigitte Rollet, universitaire
Samedi 24 novembre 2018 à 17h30
Film (avril 1962, 1h30) Avec Corinne Marchand, Antoine Bourseiller, Dominique Davray, José Luis de Vilallonga, Michel Legrand

Musique de Michel Legrand

Distributeur : Ciné-Tamaris

 

Synopsis : Cléo, belle et chanteuse, attend les résultats d’une analyse médicale. De la superstition à la peur, de la rue de Rivoli au Café de Dôme, de la coquetterie à l’angoisse, de chez elle au Parc Montsouris, Cléo vit quatre-vingt-dix minutes particulières. Son amant, son musicien, une amie puis un soldat lui ouvrent les yeux sur le monde.

Digression sur Cléo de 5 à 7

Brigitte Rollet présentatrice de ce WE consacré à Agnès Varda  nous dit que ce film a été produit par Jacques de Beauregard, qui produisait les films de la nouvelle vague, tels Godard, Demy. Il cherchait des films vite tournés, petit  budget, bon rapport en regard de l’investissement. (Si j’ai bien compris). Et on peut dire  que Cléo de cinq à sept, de ce point de vue a bien marché. C’est un beau sujet, bien écrit, bien tourné, en dépit parfois nous signale-t-elle, de regards des figurants involontaires vers la caméra. La sensible et émouvante interprétation de  Corinne Marchand  fait mieux qu’ajouter à la beauté du film.

Je m’autorise à citer critikat sous la plume de Nicolas Maille :  « Dès la première séquence, seul passage en couleurs, où le tarot de la cartomancienne exhibe, dans un montage coupe-gorge, les cartes de la mort, le film assume sa gravité. Cléo est une héroïne condamnée, condamnée, si ce n’est à mourir, du moins à porter l’épée de Damoclès de la maladie : le cancer. Le « 5 à 7 » dont il est question n’a pas la douceur des garçonnières. Il est celui de l’attente dont on soupçonne un dénouement tragique, le cadre temporel qui sépare Cléo de l’annonce de ses résultats médicaux. Là où le cinéma hollywoodien a encore de la femme une image glamour et mystifiée, Cléo la chanteuse, magnifiquement incarnée par Corinne Marchand, est un être malade à la beauté menacée ».

En effet, dès les premières images on entre chez Madame Irma,  voyante extralucide. Elle annonce à Cléo  un avenir plein de menace. Et lorsque Cléo quitte l’appartement de la voyante, Irma ouvre la porte des cabinets où, durant la séance s’était réfugié son mari et lui dit, avec émotion : « j’ai vu la mort ! ».

Maintenant Cléo passe en noir et blanc pour un troublant 5 à 7. Le 5 à 7 habituellement qualifie une liaison illégitime, 5 étant le moment de liberté, 7 sa limite décente. Ici, ce ne sont pas seulement les bornes qui sont importantes, mais la durée, 2 heures ! Celles qui la sépare de sa rencontre avec le médecin. Cléo est inquiète et tout fait signe, un chapeau, un bris de miroir, une chanson. La chanson ce sera  « Sans toi »  écrite par Agnès Varda sur une musique de Michel Legrand, et qu’on ne pourrait plus imaginer chantée par autre que Corinne Marchand. Elle dit « le Manque », cette forme cruelle et  douloureuse du désir : https://youtu.be/JIucvZLSBac..

Cléo apparaît  parfois capricieuse, enfant gâtée.  Mais ce qui  l’habite est  plus essentiel :    l’inquiétude, l’angoisse sourde…et il y a la vie qui pulse, qui exige, qui négocie parfois, mais qui veut triompher toujours. Ce que j’aime le plus dans ce film que j’aime beaucoup,  c’est le dernier tiers du film, Cléo rencontre Antoine, ça commence comme une drague agaçante dans le Parc Montsouris.  Curieusement, on découvre alors que Cléo,  si souvent capricieuse s’ouvre à cette rencontre. Ils vont cheminer ensemble. Antoine, jeune militaire en permission, se prépare à retourner le soir même,  à la guerre, en Algérie.

Antoine tue le temps en attendant de risquer d’être tué, Cléo attend un diagnostic dont elle imagine tout. Pourtant elle est disponible pour  Antoine. Il est drôle, spirituel, poète, à la fois délicat, apaisant et déconcertant. Et le temps qu’ils s’accordent est comme suspendu presque éternel. Ils sont heureux de s’être rencontré, d’être ensemble, attentif l’un à l’autre, et cela seul compte, la magie de cette rencontre.

Il faut voir ce film pour son ambiance, pour la merveilleuse interprétation de Corinne Marchand, pour sa musique, pour tous ses acteurs, pour son scénario ni plus ni moins tragique que l’histoire humaine.

Georges

 

Notes sur le Casting :

Corinne Marchand avait joué dans  Lola de Jacques Demy 1961

Antoine, le « p’tit soldat » c’est Antoine Bourseiller,  l’ancien compagnon d’Agnès Varda et père de la costumière Rosalie Varda-Demy, adoptée par Jacques Demy.

(D’une manière générale, ce film a mobilisé les amis d’A.Varda, on passera sur la séquence muette, pour s’arrêter à l’équipe, telle la scripte qui était l’épouse de Claude Chabrol, et il y a même une Lucienne Marchand (la chauffeuse de taxi, dont je me demande si elle a un lien de parenté avec Corinne.)