Vous souhaitez écrire dans le blog des Cramés de la Bobine ? A la bonne heure ! Il vous suffit de déposer votre article sur le site, ou de me l’envoyer à l’adresse suivante : georges.joniaux45@orange.fr Au plaisir de vous lire !
Auteur/autrice : blogcrames
Pour Jean-Claude
Pépère
Pépère, d’puis qu’on s’connaît ça fait un fameux bail
Comm’ le temps passe il aurait dit le Brasillach
T’étais pas Belmondo moi pas Nathalie Baye
Et maintenant pour nous il y a le feu au lac.
Parce que tu n’en peux plus, ne dis pas qu’j’exagère
Oui c’est la fin pour toi, t’es au bout du rouleau
Tu peux dir’ que ça va tu peux bien faire le fier
N’empêche que c’est vrai tu vas partir bientôt
Partir où tu m’demandes parfois t’es un peu tarte
Mais mourir décéder trépasser l’arme à gauche
Qu’est-ce que tu veux qu’ce soit puisqu’il faut bien qu’on parte
Ça peut pas être aut’chose que l’machin qui nous fauche.
Alors on se marie pour se dire qu’on s’aime
Car on s’l’est jamais dit quand on était vaillants
Mais l’sentiment est là ça n’est pas un problème
Puisque l’on est ensembl’ depuis près d’quarante ans.
Si de ta vie maint’nant il a coulé le fleuve
Sa source s’est tarie, qui dira le contraire
Tout juste mariée et déjà presque veuve
Je n’étais pas Garbo toi pas Gary Coop(è)r(e).
Dominique Bonnet
(A)NNEES EN PARENTHÈSES 2020-2022-HEJER CHARF
–Projection en Présence de Hejer Charf Lundi 27.11 à 20h30– à l’Alticiné! –
ENTRETIEN AVEC LA RÉALISATRICE
Un voyage immobile en forme de symphonie poétique et politique « Années en parenthèses 2020-2022 », de Hejer Charf
Sylvie Braibant : Plus que vos autres films, celui-ci n’est-il pas une déambulation politique, poétique et esthétique ?
Hejer Charf : Pour moi, poétique et politique sont intimement liés. C’est par le poétique que j’essaye de dire le politique, avec pour référence première, Pier Paolo Pasolini : « dire le politique avec les armes de la poésie ». Il ne s’agit pas de faire des films en forme de tracts ou de slogans. C’est par la poésie et ce qu’elle comporte en elle de concision, de charge indirecte, que l’on peut dire le politique.Bien sûr que je suis une citoyenne engagée mais quand je fais du cinéma, mes idées ne préexistent pas au film. C’est le cinéma et lui seul qui dicte le film. C’est par la poésie, par une recherche formelle esthétique que j’essaye de faire de chaque film une proposition de cinéma.
SB – Pour prolonger cette réflexion sur l’esthétique et le cinéma, plusieurs mots surgissent lorsque ces « Années en parenthèses » se referment : kaléidoscope, patchwork, mosaïque, pluriel, polysémie, polyglotte…
Hejer Charf – Tous ces mots décrivent le film ! C’est effectivement un patchwork, une série de portraits… Le défi est arrivé avec le montage. Il fallait éviter de rester dans le linéaire, dans un formatage. La cohabitation et la coexistence de nos pluralités ont surgi avec le montage, au moment de réunir, d’enchaîner ces participations envoyées du monde entier. Comment les mettre ensemble ? Comment ne pas faire oublier que nous sommes cette polysémie, ce patchwork, et que nous existons dans cette hétérogénéité. Je me suis inspirée du cinéaste Artavazd Pelechian, orfèvre de l’association des images et sons, théoricien du « montage à distance ». Pour lui, quand deux plans se ressemblent, il faut les décoller et y insérer autre chose, afin de parvenir à un « montage à contrepoint, circulaire ». Godard aussi dit que deux plans doivent être distants, et c’est leur association par le montage qui leur donne leur force. 1 + 1 = 3 – un plan + un plan aboutissent à une troisième image. Chris Marker est aussi très présent dans mon film au montage.
Quand je regarde un film, ce que je vois d’abord, c’est le montage.
SB – La texture du film vient aussi de ces images issues de sources si différentes : caméra, téléphone portable, zoom, archives, photos – le virus et le confinement ont-t-ils imposé cette forme ?
Hejer Charf – Quand j’étais coincée à Montréal, avec un confinement très sévère, j’ai réfléchi à « que faire ? » et « comment faire ? ». Contrairement à des proches qui pouvaient continuer à peindre ou à écrire, j’ai réalisé à quel point, avec le cinéma, on dépendait des autres, de celui ou celle que je ne pouvais plus filmer par exemple. Et même pour aller filmer des paysages, des rues, c’était très compliqué – j’ai quand même réussi à le faire… Alors j’ai demandé à beaucoup de gens de m’envoyer des images, tout ce qu’ils voulaient, muettes ou sonores, c’était comme si j’envoyais une bouteille à la mer. Et beaucoup ont répondu ! Par défi, et par respect, j’ai tout pris, tout ce qui m’a été envoyé. J’ai reçu des vidéos, des images prises par leurs cellulaires, des sons, et j’ai tout mis ensemble. J’ai tout intégré dans le film, je n’ai rien rejeté. Et j’ai conjugué tout cela avec mes images et mes sons à moi. D’une certaine manière cela m’a libérée de cette dépendance à toujours filmer les autres. J’ai redonné à celles et ceux que je filme d’habitude le pouvoir sur leurs images. Cela donne un autre rapport au cinéma, même si j’interviens après, avec le montage.
Nous étions confinés et pourtant le monde était en ébullition avec des mouvements partout comme « Black Lives Matter », l’accentuation des inégalités sociales. Alors puisque je ne pouvais pas aller vers le monde, j’ai fait venir le monde à moi. C’était très satisfaisant. Quand j’ai commencé à recevoir toutes ces images et sons, c’était comme si je voyageais. Je ne tenais pas compte de la « qualité » des images. C’est seulement après que le travail technique est intervenu sur les images et les sons pour obtenir une qualité « cinématographique ».
SB – La vie et la mort se croisent sans cesse au cours de ces années entre parenthèses…
Hejer Charf – C’est la pandémie, celle où les gens se battent tellement pour la vie. C’est cela aussi le cinéma, c’est raconter le péril et ce qui sauve comme dit Hölderlin. J’aime filmer le réel, mais aussi aller au-delà du réel. D’ailleurs, dans tout ce que j’ai reçu, il y avait peu de choses très pessimistes. Ils et elles, dans cet exercice de création, cherchaient et révélaient le positif au cœur de la pandémie.
SB – Il y a aussi dans ce film une déclaration d’amour au cinéma…
Hejer Charf – C’est que le cinéma me manquait ! Même ce cinéma « artisanal » que je pratique où je fais presque tout moi-même… Le cinéma l’emporte toujours ! J’essaye que chaque film que je monte soit une ‘’proposition’’ de cinéma, de « l’art et essai » non formaté.
SB – D’un film à l’autre, dans votre œuvre, on retrouve en fil conducteur une réflexion sur le récit écrit par les dominants de l’histoire des dominés… En témoignent encore ces « Années en parenthèse »…
Hejer Charf – L’histoire du cinéma est écrite par les vainqueurs, par des Blancs, surtout des hommes, elle est sous-tendue par des réflexions hétéro-normatives. Aujourd’hui des tentatives sont menées pour déconstruire ce récit. Ainsi, je tisse mon propre récit, pas seulement parce que je suis arabe ou immigrée, mais je veux intégrer les marginalisés, les femmes. Les réalisatrices américaines Kelly Reichardt ou Nina Menkes mènent un travail formidable en ce sens. C’est important pour moi d’écrire et réaliser des films en tant que femme, arabe, canadienne immigrée, et ainsi de déconstruire l’esthétique et le récit dominants. Je ne sais pas comment va être écrite au cinéma l’histoire de l’épidémie du Covid 19… Mais jusque là, elle a été gérée par les « nantis ». Il suffit de regarder comment les vaccins ont été répartis dans le monde, par exemple entre mes deux pays : la surabondance au Canada, la pénurie en Tunisie… Quand je me suis engagée dans le film, je pensais au sens premier de « pandemos » : « qui concerne tous les peuples », « common to all the people »…
Les travailleurs de la mer, c’est jeudi 8 juin 2023 à 20h !
Ecoutons ce qu’en dit Claude Askolovitch dans sa Revue de Presse sur FRANCE-INTER :
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-revue-de-presse
Et… Marie-No sur C2L
Un film d’André Antoine (1918, muet, 95mn) d’après le roman éponyme de Victor Hugo.
À propos de Mamma Roma de Pier Paolo Pasolini
Jean-Marc nous signale ceci :
Week-End Japonais des 13,14 Mai 2023
Les spectateurs étaient au rendez-vous de ce Week-End Japonais pour six films qui n’avaient qu’un point commun, durer plus de deux heures, pour le reste, dépaysement et sujets riches et variés garantis. Ajoutons que ces films étaient parfaitement présentés par Dimitri Ianni.
Vous êtes bienvenus, si vous souhaitez donner votre avis sur l’un où l’autre de ces films, nous serons heureux de vous lire ici-même. Mais commençons par lire les remarques d’Henri et de Marie-Annick, nos organisateurs de cet événement.
Henri :
Comme dans pratiquement tous les films japonais dans chacun des films que nous avons vus ce week-end, il y avait au moins un train qui passait au loin, quelque fois davantage. Il y avait aussi quelquefois un vélo, alors pour moi c’était presque parfait : j’ai adoré.
Par contre j’ai vu apparaître des autocars et des autobus, ça c’est nouveau et cela enlève beaucoup de charme, le Japon était un des derniers pays avec la Suisse à avoir conservé toutes ces lignes ferroviaires (rien que pour ça, je pourrais proposer à nouveau la programmation de « Notre petite soeur ») mais le gouvernement libéral de Abe fait beaucoup de dégâts, il a commencé à supprimer les petites lignes. C’est le seul reproche que je ferai à Dimitri Ianni : il n’a pas parlé de la suppression de ces lignes de desserte fine du territoire.😥
Quelque chose n’a pas changé dans ce cinéma : la place importante accordée à la famille, aux enfants … et ça je le regrette un peu.😜
Marie-Annick :
Normal que la famille ait toujours une grande place. C’est la base qui structure un Japonais puisque traditionnellement les ancêtres morts ont besoin d’être régulièrement honorés par les rituels des vivants (tu honoreras tes ancêtres, c’est la base), même dans une famille recomposée.
De même qu’il y a toujours un ou des trains, il y a toujours un repas et même des repas. Par contre, c’est la première fois que je vois au cinéma autant d’hommes pleurer. Signe perceptible pour moi d’une évolution majeure: l’homme est en train d’accepter de lâcher ses émotions . Ça va faire du bien à la planète et surtout aux femmes. Et pour parler des femmes je dirai qu’elles apparaissent toutes courageuses, dignes et sans aigreur.. Des vraies femmes qui utilisent leur pouvoir sans l’exercer sur l’autre. Bref j’ai passé un bon moment de cinéma.
N’hésitez pas à écrire ici vos commentaires… À paraître article(s) de Chantal. Ouvrez le blog prochainement.
Pour Michel, par Gérard.
Annie m’a raconté qu’il y a quelques mois, Michel, déjà très malade et affaibli par la maladie, s’était remémoré une chanson de Hugues Aufray, écoutée alors qu’il avait une vingtaine d’années, et qu’il désirait qu’on lise le texte le jour de ses obsèques.
Annie lui en avait fait la promesse, et je l’aide à la tenir.
Voici le texte intitulé
« Près du cœur les blessures »
Un jour ou l’autre sur sa route,
Alors qu’on s’est cru le plus fort
L’angoisse vient et puis le doute
On est debout parmi les morts.
Deux fleurs fanées sur une tombe
On se souvient que l’on aimait.
Près du cœur, les blessures
Ne se ferment jamais.
Michel était doué d’une grande sensibilité et bon photographe. Je le reverrai toujours dans le jardin, à 4 pattes dans l’herbe, à photographier les petites bêtes et les fleurs, entre 2 parties de ping-pong.
Avec moi il s’était inscrit au cercle Pasteur de Montargis, où il était apprécié. Il ne venait pas pour gagner, mais pour jouer et s’amuser.
Et j’imagine qu’au golf il a passé autant de temps à photographier les écureuils qu’à taper dans la balle…
Doux et lunaire, du côté de la poésie et de la beauté du monde, c’est pour cette raison qu’on l’appréciait et qu’on ne l’oubliera pas.
Pour Michel
C’est d’abord par son élégance distinguée, son côté dandy que nous le remarquions. Michel était sensible et cultivé, souvent original. C’était un fin connaisseur d’art moderne et un cinéphile acompli. Quand il aimait un film, il ponctuait ses commentaires de « oh » et de « ouah ! », le pouce levé, en revanche lorsque le film n’était pas trop à son goût il se contentait de « ouais bon… ». Jamais chez lui de longs commentaires, il saisissait en deux mots ce qu’il avait trouvé épatant.
Après ses études au Lycée Louis Le Grand, sans doute a-t-il été saisi par l’envie de se libérer des choses connues, d’aller vers d’autres paysages et d’autres gens. De sa jeunesse aventureuse et cosmopolite, sans doute a-t-il tiré son absence de préjugés, son ouverture d’esprit. Ses qualités ont dû faire de lui un éducateur du tonnerre ! A la fois chaleureux et à bonne distance. De ses voyages, il a aussi fait une provision d’images. Michel était aussi photographe, il a mis sa technique et son talent au service des Cramés de la Bobine. Comme tous les photographes, il aimait shooter au bon moment, saisir une expression, une ambiance…Vous pouvez le retrouver sur le site des Cramés de la Bobine.
Et nous nous souvenons tous, pour l’avoir souvent vu, Michel cherchant du regard dans la foule « Où elle est Annie ? ».
Voeux de Brigitte Rollet
Peinture murale inattendue repérée à Cannes d’où je rentre juste et qui me servira de carte de voeux pour les cramé.e.s ! Amitiés cinéphiles.
Brigitte
Ci-dessous, pour Aller à Jane Campion sur le Site des Cramés de la Bobine :
Amis du blog, bonsoir
Ces jours-ci sont plutôt « Sans Filtre », Monica, Pierre, Henri, Georges : autant de commentaires et par chance, autant de points de vue. Qu’à cela ne tienne, à toutes ces réactions, un point commun, le plaisir d’être au cinéma, de voir des films, de laisser leur aura nous accompagner. Les films comme les rêves sont tellement mieux mis en mots. Lisez, écrivez dans ce blog.