Devinette du W.E

Maïté nous envoie cette devinette, si vous trouvez la réponse, vous pouvez la signaler à georges.joniaux45@orange.fr

Mésaventure coennesque

En ces temps difficiles, qu’il est agréable de rêvasser ou lire devant un bon feu de cheminée. Ce qui l’est moins, c’est de devoir se rendre au fond du jardin pour vider les cendres dans le bac à compost. C’est ce que j’ai fait ce matin, mais je n’ai pas pris garde au vent qui soufflait fort et… dans ma direction. Vous devinez la suite !
Ce qui m’est arrivé m’a fait rire car ça m’a rappelé une scène d’anthologie d’un certain film dont vous aurez sans doute trouvé le titre, même sans photo ! Maïté

Réponse : Maïté pensait sans doute à The Big Lebowski des frères Coen. Vos devinettes sont toujours bienvenues! Bon dimanche

En attendant Alticiné (4)

Ce n’était pas si facile, ci dessous vous avez peut-être reconnu deux documentaires : « A la recherche de Vivian Maier », film de John Maloof et Charlie Siskel, Sur cette photographe géniale.
et dessous  » La maison de la radio » de Nicolas Philibert et on y reconnait en effet Fréderic Lodéon lors de son émission « Carrefour de Lodéon » qui était le fameux 16-17 classique de France Inter…. Merci à Marie-No. A partir de Lundi nous commencerons une série de ciné-photos proposée par Chantal.

Cette fois-ci, Marie-No nous envoie deux images et un indice : Ce ne sont pas des fictions… Sauriez-vous trouver de quels films elles viennent ?

J’ai retrouvé « le goût des autres » avec Bacri…

J’ai revu récemment Le Goût des autres, 1ère réalisation d’Agnès Jaoui, lors d’une soirée télévisée d’hommage à Bacri. Si le rire était moins spontané – effet sans doute de la disparition de ce grand frère bougon, de cet éternel gamin buté et vexé, d’une expressivité à la fois si spontanée et et si rentrée – j’ai retrouvé l’émotion éprouvée lors de la sortie du film, à l’époque où Roland Duval nous l’avait proposé et présenté à l’Alhambra. Rire amer, réflexion sutile sur les rapports sociaux, sur l’incommunicabilité culturelle entre Clara, professeur d’anglais, comédienne de théâtre et Jean-Jacques Castella, entrepreneur arrogant et inculte qui, de vulgarité en bourde, de bourde en excuse, d’excuse en émotion, va découvrir et la culture et l’amour…

Entre le snobisme parfois insupportable des gens dits « cultivés » et la vulgarité autosatisfaite des beaufs incultes que le film semble d’abord opposer de façon quelque peu caricaturale, il y a en effet toute une palette d’émotions et d’attitudes intermédiaires, plus fines qu’il n’y paraît. L’enfermement de chacun dans ses préjugés, dans son monde a pour conséquence l’incapacité à voir les autres, à les comprendre, à concevoir qu’ils puissent fonctionner autrement que nous. Si Castella, gaffeur homophobe, se ridiculise lors d’un vernissage et au bar-restaurant en s’immiscant avec sa chanson Juanita Banana dans la conversation des comédiens qui se moquent de son ignorance d’Ibsen, « le comique norvégien », Clara, agacée par cet élève peu doué qui lui déclare sa flamme dans un salon de thé, est elle aussi enfermée dans ses stéréotypes : elle croit Castella incapable d’apprécier sincèrement l’art moderne bien qu’il ait acheté une toile à Benoît pour l’installer dans son salon, et égayer la « bonbonnière » animalière où vit sa femme Angélique ; elle se met en colère contre Antoine et Benoît qui profitent de son subit engouement culturel pour arracher à Castella un juteux marché, décorer d’une fresque moderne la façade de son entreprise ; voulant mettre en garde son élève, elle le blesse en le supposant définitivement inapte à un éveil artistique, comme si la culture était un don inné ou une élection sociale – et nullement l’exercice d’une sensibilité ou le fruit d’une découverte, d’un apprentissage. Et de ce balourd qu’elle a rudoyé, puis repoussé, auquel elle ne donne plus de cours, elle se découvre soudain inquiète quand elle ne le voit pas lors de la première de Hedda Gabler : la caméra hésite, parcourt la salle et semble prendre acte d’une terrible absence, logique après tout quand on est si différents : surprise, au moment des saluts, quand le rideau se baisse, un sourire rayonne, celui de Castella.

Oui, avoir « le goût des autres », ne pas leur imposer ses préférences décoratives, comme Angélique à sa belle-soeur ou à son mari…

Aller au-delà de soi-même, parier sur la sensiblité et l’intelligence de l’autre, sans transfert ni projection, sans complexe de supériorité ni d’infériorité : le consultant Weber a beau ête un Polytechnicien doué et éloquent – on ne se refait pas, on est le produit de son milieu ou de ses études – il n’en est pas moins un conseiller sincère et soucieux de son patron Castella qui, de son côté, se croit méprisé par ce jeune loup ; mais quand Weber lui présente sa démission, Castella prend conscience de ses préjugés, de sa maladresse et lui demande de réfléchir à sa décision… Il s’excuse enfin et reconnaît la stupidité de son comportement.

Avoir le goût des autres, traverser la frontière entre riches « incultes » et pauvres « cultivés », les protéger contre eux-mêmes comme Franck, le garde du corps qui tente de détourner Mina, serveuse de bar, de dealer, sortit de ses schémas mentaux pour aller vers l’autre…Se laisser prendre par l’émotion, se désintellectualiser aussi, sortir du mépris de classe comme n’avaient su le faire les Cahiers du cinéma, en jugeant ce film au sénario si inventif sans doute trop « populaire », pas assez mis en scène, alors qu’un butor apparent découvrait l’amour et l’émotion artistique avec les plus beaux vers du théâtre français, quand Bérénice exhalait sa peur de la séparation en des vers si fluides et si simples :

« Pour jamais ! Ah ! Seigneur, songez-vous en vous-même
Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ?
Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?
Que le jour recommence et que le jour finisse,
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,
Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ! »
Acte IV Scène V

Claude

Jean-Pierre Bacri 1951-2021

Casting La Vie Très Privée De Monsieur Sim - Film 2015


Jean-Pierre Bacri est mort hier.
Hier et pour toujours.

Mais comment peut-on dire des absurdités pareilles ?

Côté cour et côté jardin, le regard à fleur de peau toujours interroge et transperce, la voix, comme autant de trésors, transporte les mots, lourds, parfois si lourds qu’il faut les poser et les regarder d’abord passer dans ses yeux avant de les entendre.

Avec lui, tant de meilleurs moments, tant de films aimés.
Le goût des autres, Un air de famille, Le sens de la fête, On connait la chanson … vus, revus, à revoir et souvent conseillés, pour, par dessus le marché, savourer, par procuration, le plaisir de la première fois. Alors ? Oui ! et Bacri, formidable dans ce rôle ! Comme d’hab !!!
Voilà, ça va s’arrêter là …
Non mais franchement quel est l’abruti qui a décidé ça ?
Bonjour, l’angoisse.
On ne meurt que deux fois, tu parles !
Ben non ! Ben non, tu vois ! Au bout du conte, on meurt et qu’une fois et c’est tout.

https://youtu.be/kDtnoyGcfHE
https://youtu.be/o-6BMdOg8vw





Le journal de Dominique (9)

Josette de Christian Jaque

Nous voici de nouveau devant un écran pour voir, dans le cadre d’un « Voyage au cœur du cinéma français des années 1930 » proposant « une sélection de raretés et d’incunables issus des collections de la Cinémathèque française », Josette…

(Résumé dans le programme de la Cinémathèque : « Une fillette dont la mère est malade est recueillie par un voisin » et par Wikipédia : « Albert Durandal adopte la fille d’une ouvrière, envoyée dans un sanatorium, et recueille également un vieillard à bout de force qui n’est autre que le richissime Rothenmeier. Ce dernier va devenir le véritable père Noël de ces braves gens, aidant Albert à se faire un nom au music-hall et choyant intensément la petite fille. La jolie maman de Josette, alors guérie, apportera le bonheur à Albert. »)

de Christian-Jaque, 1936. Incunable, je ne sais pas, rareté sans aucun doute.

Le programme de la Cinémathèque indique « avec Josette Contandin, Fernandel » quand le générique, lui, annonce carrément « Josette Fernandel » : tout en donnant son propre prénom à l’héroïne, elle est ainsi révélée sans détours pour ce qu’elle est dans la vie, à savoir la fille de la vedette. Ce qui nous vaut un dernier plan mignon tout plein quand, après avoir magouillé (avec finesse, culot, raison et succès) pour que sa mère dans le film épouse Albert (le personnage joué par son père dans la vie -est-ce bien clair ?-) qui s’était épris d’une intrigante, elle va de l’un à l’autre, mettant sa joue contre leur joue, disant « maman » puis un « papa » à double sens (autre moment charmant : quand Josette, qui parle pointu, reprend son accent marseillais le temps d’un « Et tu te rends compte » conservé au montage).

Ceci dit : « La France aux Français » dit, tout en s’éloignant, Fernandel chanteur des rues qu’un Espagnol a supplanté…

(Ce n’est peut-être ici qu’un terme de dépit, mais difficile de ne pas penser au sens que cette expression a prise de nos jours)

… à la terrasse d’un café.

Cependant le meilleur est à venir, quand Josette qualifie de « sauvage » (« ton sauvage », dit-elle) le serviteur noir d’Albert…

(Lequel a enfin trouvé le succès en abandonnant la chanson d’amour pour un répertoire comique, interprétant Célestine -musique de Vincent Scotto- qui « a une coquetterie dans l’œil, quand on croit qu’elle va dire bonjour à Germain, c’est à Paul qu’elle tend la main, elle louche sur leurs portefeuilles, elle a une coquetterie dans l’œil »)

… suivi un peu plus tard d’un élégant « Bamboula », lequel Bamboula se voit attribuer des répliques façon Banania, « Y’a pas bon caviar, y’a pas bon poulet » qu’il exprime, comme il se doit, avec un sourire jusqu’aux oreilles, je n’en crois pas les miennes, mais si, j’ai bien entendu, ah comme il était beau le temps des colonies !

Samedi 16 septembre 2017

En attendant l’Alticiné (3)

11.01.21. Suite et fin : ci-dessous, 15 films projetés aux Cramés de la Bobine, commentés en quelques lignes … Tous les auteurs, toutes les manières d’en parler, tous les styles étaient permis, une seule règle du jeu : être bref. Nous remercions tous les auteurs. Dans l’ordre d’apparition, Martine, Henri (3) , Marie-No, Laurence, Georges, Dominique, Claude (2) et ce soir, Pauline clos allègrement cette série avec le 15ème film. Nous espérons que vous aurez pris autant de plaisir à lire ces articles que nous en avons eu à les écrire. Avec nos amitiés cinéphiliques et à bientôt pour de nouvelles aventures.

Il est 16h, je rejoins la salle obscure,

Film non horrifique mais qui me glace

Dans une étrange angoisse,

Plus encore que ma présence révèle sa pure Imposture,

Que je ne sois pas à ma place,

Je suis prise d’une peur bleue 

Qu’à mes yeux

Le film ne trouve pas grâce…

.

Car la semaine prochaine, ce sera moi,

Pour la première fois,

Qui aurait la chance de présenter

Au public exigeant des Cramés

Ce mariage animalier

Et si je n’ai pas aimé,

Je ne saurai le cacher…

Il y a de quoi se stresser.

.

Le film s’ouvre,

Et comme Laura au hasard d’un train nous partons,

Dans un tourbillon

Vers cet univers zoologique qu’on découvre.

.

Dans cette drôle d’incruste

Les acteurs sont si justes, 

Qu’on se laisse entraîner

Dans cette histoire débridée

Les personnages profonds et attachants

L’absurde débordant,

Les situations rocambolesques,

La danse sans prétexte,

La mise en scène d’une grande fraîcheur,

C’est un pur bonheur.

.

Ces quelques mots Artificiels

Ce souvenir d’un joyeux bordel,

Pour se rappeler

Lors de ce culturel arrêt 

Qu’à l’Alticiné,

Ce que propose les Cramés,

Bien plus qu’une soirée télé

C’est une expérience partagée.

Pauline Desiderio

P.S : J’en oublie l’essentiel ! Nous vous souhaitons une très belle année familiale, amicale et cinématographique, en espérant que les Cramés deconfinés puissent très vite rejoindre les salles, bien que l’activité créée sur le blog soit réjouissante ! Pauline

********************************************************************

Pauline Desiderio

Samedi 09. 01.2021 Deux de Filippo Meneghetti 

Le ballet fiévreux sur le palier d’une femme, Nina (jouée par Barbara Sokowa), du seuil de son logement à l’appartement soudain enténébré de Madeleine (incarnée par Martine Chevallier), victime d’un AVC, aidée par une assistante de vie tout aussi encombrante que ce frère et cette sœur Anna (Léa Drucker) perclus de préjugés et enfermés dans l’image d’une mère fidèle qui vivrait dans le souvenir d’un mari pourtant peu aimant. Ce ballet filmé en scope, aux dimensions d’un amour absolu, hanté par un impossible voyage en Italie, dans le huis-clos étouffant de deux intérieurs où le grand âge et l’homosexualité sont vécus dans la culpabilité et le jeu social de voisines très proches. 

Ah cette mauvaise conscience qui nous oblige à intégrer le regard des autres, ou ce qu’on croit l’être, quand il suffirait peut-être d’expliquer à ses enfants (telle la vieille dame dans La Femme-coquelicot de Noëlle Châtelet)  ̶  comme on s’y était pourtant résolu lors d’une soirée d’anniversaire  ̶  qu’on en aime un autre, une autre, dont le regard nous chavire, dont la présence insaisissable nous hante autant que sa soudaine absence pour hospitalisation. Quand le présent se fige en une éternelle attente, en des pas toujours recommencés derrière l’interdit kafkaïen d’une porte et qu’il faut mentir, jouer, ô imposture, la voisine de palier inquiète et prévenante. Quelle belle histoire d’amour, filmée comme un polar haletant ! Quelle réflexion philosophique sur l’impossible travail sur soi pour un peu mieux maîtriser ses sentiments, sources parfois de malveillance, ou comprendre ses proches, les aimer jusque dans leur mystérieux passé… ! 

Claude Sabatier

++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++

« Ceux qui travaillent » d’Antoine Russbach : Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

Pour que nos smartphones, nos tablettes et plus globalement les produits manufacturés que nous importons  arrivent à la date prévue Frank (Olivier Gourmet) un homme d’origine modeste qui a gravi les échelons de la compagnie est chargé de suivre les porte-containers et de gérer les incidents qui pourraient retarder l’arrivée.  Un jour de retard coûterait à la compagnie de transport maritime des dizaines de milliers d’euros.

Un passager clandestin est découvert à bord de l’un de ces navires, que faire ? Le garder à bord jusqu’à l’arrivée entraînerait des complications administratives, des pénalités et du retard à la livraison. Se dérouter et trouver un port qui accepterait le débarquement du clandestin prendrait aussi beaucoup de temps.

La décision prise par Frank sera de balancer  le clandestin à la mer (le verbe balancer est de moi, jamais Frank ne dit cela mais le capitaine du bateau comprend et exécute)

Parallèlement nous suivons sa vie de la famille, l’épouse et les enfants ne semblent pas s’intéresser au travail de leur époux ou père peut-être que cela les arrange de ne pas savoir : ce qui compte pour eux c’est le confort de leur vie matérielle, la possibilité d’avoir tout de suite le dernier smartphone. 

Il y a bien sûr dans ce film une critique du capitalisme international mais en sortant du cinéma et en consultant mon smartphone j’ai eu le sentiment d’être aussi responsable de la mort du passager clandestin. 

C’était je crois l’intention de Antoine Russbach  réalisateur  de son premier long-métrage.

Henri Fabre

***************************************************

Aujourd’hui 06.01.2020- Une Valse dans les allées de Thomas Stuber 

« Une valse de Strauss dans les allées rectilignes et mortifères d’un supermarché est-allemand –une Allemagne réunifiée, pourtant guettée par la détresse sociale ; des vies vouées à l’inlassable répétition des mêmes gestes, à la conduite mécanique mais virtuose d’un chariot élévateur pour déposer des palettes et remplir le rayon des alcools – compétence que Christian acquiert laborieusement mais sûrement, sanctionnée par un examen, sous la férule agacée mais paternelle de Bruno.

Moderne solitude des espaces marchands, saturés de clients mais vides d’humanité, où une tendresse blasée, un désespoir muet se réfugient sur la plate-forme de déchargement, après le suicide de Bruno, qui se disait marié au point de recommander le silence à Christian invité un soir à boire une bière, pour ne pas… réveiller son épouse. Valse triste et lente des regards dans l’axe, Marion se retournant vers Christian. 

Valse-hésitation de l’amour rêvé, impossible rencontre entre Christian (Franz Rogowski), émouvant de timidité, de maladresse, le regard dur et lourd d’un passé prisonnier et Marion (Sandra Hüller), farouche et provocante, lutinant autour d’une machine à café mais fuyant la rage au coeur le seul homme qui, peut-être, l’eût rendu heureuse. Christian, emprunté et téméraire jusqu’à s’introduire chez Marion en arrêt de travail, déposant le bouquet de fleurs qu’il n’ose offrir à cette femme battue dont la voix sifflotante et la silhouette entrevue sous la douche le clouent de peur adolescente et de désir inassouvi. Une valse dans les allées, une loge poétique pour mettre en “échecs” la dureté du quotidien : l’espoir d’un verre, d’un rayon de confiseries, d’un barbecue improvisé à Noël, sous les lampions. Un très beau film d’amour, une chronique sociale, sans didactisme ni misérabilisme, une méditation sur le travail aliénant et la vie dévorée par le travail. Des « gens de peu » d’une rare humanité »…

Claude Sabatier

**********************************************************

05.01.2021. Béliers,  de Grímur Hákonarson

J’ai demandé à JC, Tu crois qu’ils s’en sortent, Les moutons, non, Et les hommes, Non plus. C’est triste, j’ai dit, mais c’est beau.

Et ça m’a donné envie de me replonger dans mon journal islandais où j’ai noté que « notre guide, prénommé Magnus, nous raconte que les moutons sont lâchés dans la nature au début de l’été et récupérés à l’automne. Le ramassage dure une à deux semaines -je veux bien le croire- et une légende raconte l’histoire de deux bergers surpris par le froid [Que ne ce sont-ils creusé un igloo comme les deux frangins du film ?] et qui reviennent hanter le désert ».

            Mais revenons à nos moutons, c’est-à-dire au film : après le concours de béliers, les participants font la fête et, par la fenêtre ouverte de la salle, on les entend chanter et alors je me mets à fredonner avec eux et à hocher la tête en rythme et je me tourne vers JC et je lui explique, Ils chantent « rideum rideum » ! Un air que Magnus avait vainement essayé de nous apprendre avec les paroles et tout (mais l’islandais…) et qu’il nous repassait sans arrêt pendant les trajets en car et l’air est à jamais gravé dans ma tête.

Rideum rideum : en fait, ça s’écrit ríðum ríðum mais ça se prononce comme j’ai écrit avant en roulant le r initial, mais ríðum ríðum ça n’est pas le titre, seulement les premiers mots. Le titre exact est Á Sprengisandi et me demandez pas ce que ça veut dire. 

            Ríðum ríðum, lalalalalala, lala, lala, lalalalala…

Dominique Bonnet

********************************

04.01.2021, Les contes de la lune vague après la pluie de Mizoguchi.

« Les contes de la lune vague après la pluie » est le  film le plus connu de Mizoguchi –  « un des plus grands cinéastes japonais, un des plus grands cinéastes tout court » Godard) -, il a été récompensé par le Lion d’argent à Venise en 1953.

Comme dans la plupart de ses films les deux thèmes dominants sont la place de la femme dans la société japonaise (sa sœur a été vendue comme Geisha par son père) et son antimilitarisme (il a conservé les convictions socialistes qu’il avait dans sa jeunesse)

Les désirs des hommes et des  femmes sont contraires, Genjuro le potier veut faire fortune en profitant  de la guerre qui fait monter les prix et  Tobei réussi à réaliser son rève de devenir Samouraï alors que leurs épouses souhaitent une vie plus calme,

Elles n’ont pas choisi leur destin   la femme de Tobei devient prostituée après avoir été violée et  celle de genjuro est morte en rentrant seule au village.

À retenir l’admirable scène du lac avec la barque qui apparaît dans le brouillard  et  qui symbolise le danger la violence et la mort. La guerre n’a rien de glorieux : les soldats sont des pillards, des violeurs, et le fameux sens de l’honneur japonais apparaît rarement.

Henri Fabre

03.01.2021 Victoria de Sébastian Schipper 2015. 

Il est 5h42 du matin à Berlin, Victoria jeune pianiste espagnole, qui voulait en devenir une grande sort d’une boite de nuit,  elle est abordée par quatre amis « la bande à Sonne », ils sont sympas,  ils partent en virée. 2h14 plus tard, il est presque 8 heures à Berlin. Nous venons d’assister, miracle de la technique, au plan séquence le plus long de  l’histoire du cinéma.  Que peut-il se passer pendant ce temps ?  On peut blaguer, boire, déambuler, faire des bêtises et rire,  commettre un délit, piquer un petit révolver,   devenir l’objet d’une poursuite policière époustouflante, se sauver,  se planquer, échanger des tirs, et en mourir. On peut voir Victoria, en pleurs, reprendre son soufle,  se relever  et fuire. Elle y était…sauf pour les policiers. Déjà le jour se lève, elle est seule dans la rue qu’elle traverse en diagonale, elle en a réchappé, elle pourra retourner chez elle, continuer. Elle qui ne sera pas ce qu’elle voulait être, ne sera plus jamais ce qu’elle était. Le temps de l’histoire, le temps du jeu des acteurs, le temps des spectateurs, une même durée. Quant aux jeunes acteurs,  Laïa Costa, Frederic Lau, Franz Rogowski, Burak Yigit, Max Mauf… dans le « plan séquence » de leur existence, ils ont joué d’autres beaux films,  et nous aux Cramés, nous sommes témoins de certains.

Georges

 

02.01.2021 Carré 35     d’Eric Caravaca

Un film documentaire court, 1h07. Pourquoi me poursuit-il ainsi depuis cette soirée du mois de décembre 2017, présentée par Georges ?

Sans doute un peu la même sensation que celle éprouvée par Eric Caravaca et qui est à l’origine de ce film autobiographique. Tout est parti d’une tristesse soudaine, profonde, ressentie devant les tombes d’enfant d’un cimetière en Suisse. Une tristesse trop forte, qui le dépasse, une détresse personnelle qui l’amène à explorer les traces du passé familial et à percer ce secret de l’existence cachée d’une sœur décédée à l’âge de 3 ans, dont il ne reste aucune trace dans le « roman » familial. Les photos d’elle ont été détruites.

Le film d’Eric Caravaca est le récit de son enquête auprès des siens, son père mourant, ses oncles et tantes, et surtout sa mère qui résiste : non, il n’a jamais eu de sœur aînée, elle ne voit pas de quoi il parle. 

Je ne veux pas dévoiler plus l’intrigue de ce très beau film, peut-être ne l’avez-vous pas vu. C’est un film sur les secrets de famille, enfouis plus ou moins profondément, souvent avec l’accord tacite de ses membres. Peut-être trouverez-vous le réalisateur dur avec cette mère qui a voulu tout oublier pour survivre, cette enfant pas comme les autres et l’époque de la colonisation. Mais pour lui, l’heure est venue de savoir : il est père à son tour.

Laurence Guyon