Mercredi 19 juillet
9h. Télé Gaucho…
(2012. « Tout a commencé lorsque les caméscopes ont remplacé les caméras. Faire de la télé devenait alors à la portée de tous. Jean-Lou, Yasmina, Victor, Clara, Adonis et les autres ne voulaient pas seulement créer leur propre chaîne de télé, ils voulaient surtout faire la révolution. Ainsi naquit Télé Gaucho, aussi anarchiste et provocatrice que les grandes chaînes étaient jugées conformistes et réactionnaires[1]… »)
… parcours initiatique d’un jeune homme (Félix Moati, choisi par casting) pas encore fini.
Inspiré par l’expérience de Michel Leclerc à Télé Bocal[2], dans les années 1990, avant internet. Montrer sa fabrication.
Film de troupe, sur un groupe. Difficulté : filmer le bordel sans être bordélique.
Je ne regarde que le début, dit Michel Leclerc à une dame devant nous qui le voit s’asseoir par terre le long du mur et se pousse pour lui laisser une place. Il restera jusqu’à la fin : difficile de décrocher de cette histoire et de ses acteurs inspirés (mention spéciale à Sara Forestier).
La projection est suivie d’une table ronde animée par Yann Tobin au cours de laquelle on apprend que :
Michel Leclerc est venu au cinéma par la musique et son groupe de rock.
(Cadeau du clip « T’es mon youpin, t’es ma bougnoule » où il se met en scène avec Baya Kasmi -d’origine algérienne- et un groupe d’amis au bord d’une piscine où ces derniers plongent -hommage- façon Busby Berkeley)
Il ne fera plus de films personnels (Sauf si ma femme me plaque) parce que les quinquagénaires sont moins intéressants que les jeunes.
Quand il écrit un scénario, il se trouve enfermé (→ changements sur le tournage) et a tendance à surligner les choses pour le présenter aux producteurs.
Idem au montage il a du mal à couper mais l’accepte. Il a été monteur pendant des années pour, entre autres, Capital sur M6 et y a beaucoup appris. Le montage = l’art de l’ellipse.
Pour que le spectateur ne s’ennuie pas, il faut jouer avec son attente mais s’il y a manipulation il ne faut pas qu’il ait l’impression de se faire avoir.
Michel Leclerc n’a pas l’esprit militant qui incite à vouloir gagner à tout prix en se foutant du mal que peuvent faire les coups qu’on donne (cf le personnage d’Emmanuelle Béart dans Télé Gaucho).
Il a peur de faire du cinéma macroniste[3].
Il pense qu’on ne peut progresser qu’en se confrontant à des idées opposées aux siennes.
Il a du mal à mesurer l’émotion, avec le sentimentalisme, les violons → met des petites touches d’humour.
Il n’aime pas quand tout va dans le même sens et affectionne les fins heureuses. Ainsi s’en est-il voulu après coup de terminer Télé Gaucho sur une séparation. Dans La Lutte des classes, l’école s’effondre mais, même s’ils s’engueulent, les gens sont réunis.
Il fait des films en autodidacte (n’a pas étudié dans une école de cinéma).
Il a toujours deux projets…
(Actuellement, un sur le féminisme -la parité : si actuellement 31% des films français sont réalisés par des femmes, qu’adviendra-t-il si on arrive à 50/50 : fera-t-il partie des 19% d’hommes éjecté du système ?- et un film historique en costumes dans lequel il organise la rencontre de Cyrano de Bergerac et de Molière)
… en même temps, façon d’avoir plus de chances d’obtenir du boulot l’année suivante.
14h. La première séance de courts métrages en compétition pour le prix Bernard Jubard est suivie, à
17h, de la projection de Foudre…
(2023. « Été 1900, dans une vallée du sud de la Suisse. Elisabeth a dix-sept ans et s’apprête à faire ses vœux quand le décès brutal de sa sœur aînée l’oblige à retrouver sa famille et la vie de labeur qu’elle avait quitté cinq ans plus tôt pour entrer au couvent. Elisabeth n’est plus une enfant et les mystères entourant la mort de sa sœur vont la pousser à lutter pour son droit à l’expérience[4] »)
… film suisse de Carmen Jaquier, ennuyeux à périr. Je suis contente d’avoir attribué la note 2 à Tigru, ça me permet de donner à celui-ci la minimale : 1/5.
Le soir, à la télévision : des cons se font photographier dans la Vallée de la Mort près d’un thermomètre affichant 56° qu’ils montrent du doigt en arborant un sourire jusqu’aux oreilles. L’humanité ne mérite pas d’être sauvée.
Jeudi 20 juillet
9h. Chercheuses d’or 1933…
(« Carol, Polly et Trixie rêvent de faire du music-hall. Elles apprennent que le producteur Barney Hopkins doit monter un show mais elles découvrent avec déception que Barney n’a pas d’argent. Le jeune compositeur Brad Roberts qui aime Polly et qui est beaucoup plus riche que celle-ci ne le croit, investit 15 000 dollars dans le spectacle. Brad, qui a une très jolie voix, refuse pourtant de se produire sur scène[5] ».
« Premier film d’une série de trois ayant pour héroïnes de jeunes artistes de music-hall à la recherche d’un travail, de la fortune et de l’amour durant la dépression[6] »)
… de Mervyn LeRoy, qui vaut surtout (les aventures sentimentales des trois chercheuses d’or sont tirées par les cheveux) pour les numéros musicaux de Busby Berkeley…
(En arrivant à Hollywood, il demanda à un caméraman quel était son secret, La caméra n’a qu’un œil, Je vais être cet œil)
… même si, dans Remember my forgotten man, on peut de nos jours tiquer aux paroles « Cause ever since the world began, a woman’s got to have a man » et autre « he used to take care of me » chanté par Joan Blondell et repris par Etta Moten, une chanteuse Noire (elle fut Bess dans Porgy and Bess), ce qui, bien qu’aucun Noir ne figure dans le défilé des combattants de la Grande guerre, suggère (c’est mieux que rien) qu’ils participèrent au conflit puisque les mariages mixtes étaient alors interdits.
Suit une table ronde avec Yann Tobin, qu’il illustre avec des extraits de films et au cours de laquelle il évoque précisément la place quasi inexistante des Noirs dans le musical, Fred Astaire, dit-il, dut se battre pour les imposer…
… dans ce qui ne peut être, en 1937, que Slap that bass…
(« Zoom zoom, zoom zoom, The World is in a mess With politics and taxes And people grinding axes There’s no happiness », si ce n’est « When I’m listening to that big bass fiddle »)
…qui se passe dans la rutilante (et donc peu réaliste -le sol est un miroir- mais on s’en fout) salle des machines du paquebot (pas un Blanc parmi les mécaniciens) de Shall we dance.
14h. Deuxième séance de courts métrages.
17h. Rencontre avec Valérie Leroy, talentueuse réalisatrice de cinq courts métrages :
Le Grand bain…
(2016. « Mia, trente ans, en instance de divorce, emménage dans un studio au sein d’une résidence HLM. Ancienne championne de natation, elle va se retrouver à donner des cours de natation aux habitants de l’immeuble. Sans piscine[7]… »)
… drôle et loufoque. Développement en long métrage envisagé, Mais il faudrait changer le titre.
Laissez-moi danser (2018. « Mylène, cinquante-cinq ans, est femme de ménage sur un ferry. Ce soir, ses collègues lui ont organisé une fête surprise pour son anniversaire. Mais sur l’enveloppe qu’on lui tend, il y a l’ancien prénom de Mylène, son prénom d’homme, son ancienne vie[8] »)
Belle étoile (2018. « Thu Yen, trente-cinq ans, est venue en France pour se marier mais les choses ne se sont pas passées comme prévu à son arrivée. Sa rencontre avec Marianne, femme de ménage au passé tourmenté, va changer le cours de sa destinée »)
Banc de touche…
(2022. « Marjorie est médecin d’une équipe de football. Ce soir, le match est décisif, si l’équipe gagne, c’est la Ligue 1. Sauf que l’entraineur veut faire jouer un joueur blessé. Marjorie doit s’affirmer, entre sa conscience et l’intérêt de l’équipe[9] »)
… qualifié par L’Equipe de « film militant contre le sexisme dans le foot ». Rôle de la médecin confié à Suliane Brahim. Comment fait-on pour travailler avec une actrice de la Comédie Française, On lui écrit tout simplement.
Teen horses…
(2019. « Suite à la séparation de ses parents Tania, 14 ans, arrive en cours d’année dans un nouveau collège. Venant de Finlande où elle a grandi, Tania vit cette épreuve comme un véritable déracinement. D’autant qu’en Finlande, elle était dans une équipe très soudée qui pratiquait un sport bien particulier, le hobby horsing ou cheval bâton[10] »)
… ou, après la natation sans eau, l’équitation sans cheval. Et la boucle est bouclée.
Valérie Leroy : une réalisatrice à suivre.
[1] https://www.senscritique.com/film/tele_gaucho/411831
[2] « Chaîne de télévision associative locale d’Île-de-France, produite par l’association du même nom » (Wikipedia).
[3] N’ayez crainte, ça n’arrivera pas.
[4] https://www.swissfilms.ch/fr/movie/foudre/89D3A47877124A849EA53128CB6E6A98
[5] https://www.cineclubdecaen.com/realisateur/leroy/chercheusesdorde1933.htm
[6] https://vodkaster.telerama.fr/films/chercheuses-d-or/525046
[7] https://www.unifrance.org/film/42564/le-grand-bain
[8] https://www.senscritique.com/film/laissez_moi_danser/29433341
[9] https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=banc+de+touche+valerie+leroy
[10] https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=teen+horses+valerie+leroy