GODLAND – Hlynur Palmason

« Les paysages sont terriblement magnifiques. Les paysages sont terribles et magnifiques » dit Ida, personnage féminin du film.

Mousses, pierres, forces telluriques, marées, lave, neige, cascade.

Dans Godland, il est moins question de Dieu que des rapports humains, bien humains, trop humains : les rapports de domination, psychologique ou politique, le film se déroulant dans une Islande colonisée par les Danois. Mais il en va surtout de l’humain et de la nature, là encore, rapport de domination, à l’issue prévisible.

Hommes, animaux, insectes. À la fin, c’est la nature qui gagne.

Le personnage principal du film est photographe, au temps du daguerréotype. S’ensuit un parti pris esthétique conséquent : dérouler le film au format carré, comme un tirage de cette époque. Le film opère alors comme un retour aux sources du cinéma, avant l’image animée : c’est une aventure picturale pour le spectateur. Une expérience des changements de lumière, des changements de saisons, du passage du temps.

Ce film pourrait être rapproché de First Cow de Kelly Reichardt, un film d’époque aussi qui interroge tout autant rapports humains et la relation homme / nature. Werner Herzog n’est pas loin non plus, peut-être.

« Godland, le film qui aurait dû avoir la Palme d’Or » titrait Slate.fr. On est plutôt d’accord : ce film est renversant.

Delphine

L’EAU A LA BOUCHE

Film du Patrimone
L’EAU A LA BOUCHE
Semaine du 12 au 17 mai 2016
Soirée débat dimanche15 mai
Présenté par Delphine Kunkler
Film français (Janvier 1960,1h24) de Jacques Doniol-Valcroze avec Françoise Brion, Bernadette Lafont, Alexandra Stewart, Michel Galabru
Musique et chansons de/et par Serge Gainsbourg

Notes  de Delphine

Autant l’avouer, en tant que spectatrice, je viens plus pour la musique que pour le film. En effet, la BO composée par Serge Gainsbourg. Le Gainsbourg, fin années 50 jeune auteur-compositeur, période jazz : L’anthracite, Les amours perdues, Baudelaire, arrangements de Alain Goraguer. L’eau à la bouche fait partie de cette excellente cuvée.

Dans ma présentation plutôt sommaire, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. Commençons par la mauvaise : le réalisateur n’est pas très bon. La positive maintenant : L’eau à la bouche serait son seul bon film.

Le réalisateur : Jacques Doniot-Valcroze, né 1920, décédé en 1989

« Eminence grise des Cahiers du Cinéma, il n’a pas réussi à imposer une œuvre avec ses apports théoriques. L’eau à la bouche avait suscité des espoirs malheureusement démentis par les films suivants. (…) Il faut le dire avec regret, les réalisations de Doniol-Valcroze n’ont été que rarement à la hauteur des intentions d’un homme par ailleurs très cultivé » Jean Tulard, critique de cinéma.

Synopsis : à la mort de lady Henriette, le notaire réunit dans son château les 3 jeunes héritiers : Miléna, Séraphine et Jean-Paul. Arrive Robert, un ami de Jean-Paul séduit par la beauté de Miléna. Alors que César, le majordome, poursuit de ses assiduités Prudence, la petite bonne, Séraphine ne reste pas insensible aux charmes du beau notaire. Un marivaudage dans les règles de l’art !

Les acteurs les plus connus : Michel Galabru en majordome lubrique (il en fait des tonnes, ça peut rendre allergique si on ne l’est pas déjà !), Bernadette Lafont en fausse ingénue, digne héritière des soubrettes de Marivaux.

Les atouts du film selon Jean Tulard :

Le magnifique décor d’un château du Roussillon (Château d’Aubiry à Céret dans les Pyrénées-Orientales) ; la célèbre musique de Serge Gainsbourg ; une mise en scène brillante et virevoltante.

Un très agréable divertissement sentimental et libertin.

Anecdote : On m’a raconté que ce film était interdit aux moins de 18 ans en avait décidé. Pourtant pas de quoi fouetter un chat : à l’image de belles filles effectivement un peu déshabillées, un soutien-gorge volant, un Galabru complètement lubrique, des couples qui se font et se défont.

Un film léger et amusant, à voir pour le côté vintage (les belles robes sixties !), les mouvements de caméras aériens dans les escaliers et sur les passerelles du fabuleux château) à voir donc et surtout… à écouter.

Delphine

 

LA CHEVAUCHÉE FANTASTIQUE

Cinéculte
LA CHEVAUCHÉE FANTASTIQUE
Présenté par Delphine Kunkler
Film américain (vo, mai 1939, 1h37) de John Ford avec John Wayne, Claire Trevor, Thomas Mitchell, John Carradine et Tim Holt

Pour notre documentation, Delphine nous communique un  extrait de la Critique du dictionnaire des films de Jean Tulard   :

« Le point de départ : une diligence, conduite par un gros bavard et un honnête shérif, dont les passagers, par leurs manières de vivre ou par leurs attitudes envers les victimes des préjugés, forment un groupe peu respectable. Le voyage qu’ils entreprennent va devenir périlleux à cause de Géronimo qui fait tout pour défendre ses terres. Au fur et à mesure que la tension grandit, les voyageurs montrent ce qu’ils sont réellement. Ford montre plein de compassion pour ces victimes de la société et donne à chacun d’eux et à ceux qui les méprisent, une chance de sortir de leur condition. Dallas et Ringo en sont les porte-parole et la femme enceinte, un digne exemple.

Sur la forme : récit captivant, traité avec vivacité et précision, mise en scène rigoureuse, ambiance finement observée, sens du détail qui donne beaucoup de relief et de diversité aux personnages, tout cela colore un film placé sous le signe de l’action. »