« La mort de Louis XIV » d’Albert Serra

Le film est sublime, Jean-Pierre Léaud fascinant !
L’idée de lui confier ce rôle est géniale (comment se fait-il qu’on ne connaisse pas cet Albert Serra ?)
On sort de la projection en état de grâce et, pour un peu, on croirait en l’au-delà …

Bref, revenons sur cette terre gangrenée.
Louis XIV va mourir mais avant, on passe deux heures avec lui dans sa souffrance et sa lucidité.
D’abord, il a des affaires d’état à régler, des projets à valider. Une étincelle s’allume encore dans ses yeux quand il fait dire à Fagon, son médecin, les nudités comparées de telle et telle, quand il déguste ses biscotins trempés dans du vin d’Espagne. Diminué, dépendant mais encore dans la vie.
Puis, tout au long des journées qui s’écoulent, on le voit peu à peu devenir inerte, (presque) toujours emperruqué*, dans ce grand lit, dans les bruits familiers de la chambre : le bruissement des étoffes, des soieries, le tombé lourd des velours, la vaisselle fine qui tinte sur les plateaux d’argent, la nature qui s’immisce par la fenêtre ouverte sur les jardins d’août . On entend la musique plus loin et on imagine les courtisans et les courtisanes continuant à savourer la vie, à danser.
Le roi se meurt et on est avec lui dans cette chambre cramoisie, goûtant les clairs-obscurs, regardant les mets raffinés présentés inlassablement, obstinément au roi soleil pourtant définitivement rassasié. Les chuchotements s’installent au diapason avec ceux du roi qui finissent, eux, par s’éteindre. La vie s’en va.
Le roi n’a pas peur : l’existence de Dieu est certaine.
La jambe noircit, les mouches sont là. On voit la mort envahir ce corps devenu impotent, inutile et tellement douloureux.

Le regard fixe et pénétrant de Louis XIV nous envahit.

Jusqu’au souffle ultime, le passage de vie à trépas, instant crucial que Jean-Pierre Léaud réussit à jouer et qu’Albert Serra réussit à filmer.
21 grammes s’échappent sous nos yeux.
Prodigieux.

 

Marie-Noël

 

*emperruquer : verbe transitif qui semble ne pas exister.
créé alors pour l’occasion

 

La mort de Louis XIV-d’Albert Serra

 

 

Sélectionné au Festival de Cannes 2016

Du 15 au 20 décembre 2016Soirée-débat mardi 20 à 20h30Présenté par Françoise Fouillé
Film franco-espagnol (novembre 2016, 1h55) de Albert Serra avec Jean-Pierre Léaud, Patrick d’Assumçao et Marc Susini

Impressions et réflexions sur un très beau film. 

Film d’une très grande beauté plastique, accompagné d’une réflexion quasi philosophique sur le destin des Hommes, leur finitude au XVII° siècle comme aujourd’hui.
A.Serra nous enferme dans une somptueuse chambre mortuaire, mortifier, aux couleurs pourpre, ocre, plongée dans un clair-obscur, éclairé de quelques bougies.
L’image est somptueuse et la plupart du temps centrée sur le visage du roi Louis XIV / Léaud en train d’agoniser, les trois caméras captent tous les mouvements de vie, de pouvoir ( le verre en cristal, la chaise roulante ) comme de douleur, de lâcher prise du personnage. La crédibilité de cet espace / temps clos est totale et tient outre aux objets, au décor,aux costumes, avant tout à la présence incroyablement charnelle de l’acteur de génie qu’est Jean-Pierre Léaud, qui le temps du tournage n’a pas joué l’agonie du roi-soleil mais l’a vécue.
Le tout dans une infinie douceur, lenteur, tout est feutré, l’émotion existe mais se manifeste très discrètement . Cette agonie est une rivière visuelle qui coule lentement, patiemment et sûrement.
Si la lumière évoque la peinture en de nombreux tableaux qui se succèdent, le son très discret ( bruits et chuchotements, séquences quasi muettes ) en écho à cette pénombre nous rappelle que dehors la vie continue, les oiseaux pépient, les orages grondent ( nous sommes au mois d’août ) et la musique militaire avec roulement de tambour parvient aux oreilles du roi.
Si l’on quitte la « pureté » esthétique du film pour s’intéresser aux personnages, là aussi nous replongeons dans le passé, avec les voix discrètes des valets, médecins, personnages de la Cour et bien sûr ecclésiastiques. Silence mais présence. Présence de  Madame de Maintenon. Présences animales aussi, au début avec les chers lévriers de sa Majesté puis l’épisode de l’oiseau en cage, qui anime une discussion entre le premier valet et le premier médecin (Fagon).
Enfin et surtout les dialogues acidulés entre les médecins et G.Mareschal, le premier chirurgien du roi, sur les remèdes propres à guérir le roi.
Et c’est là que A. Serra déploie son ironie, son humour noir et son côté pince sans-rire pour nous montrer une médecine impuissante, ainsi que la fatuité de ces médecins qui s’empressent de demander l’embastillement d’un charlatan venu du sud de la France pour proposer ses onguents ( à base de jus de cerveau ! ).
Grandeur du roi qui souffre et comprend qu’il va mourir dans les mains de médecins incompétents et suffisants.
Le corps organique du roi se décompose, pourrit ( la jambe noirâtre ) et s’achemine vers sa disparition prochaine tandis que le corps symbolique lui survit, Louis XIV serre dans ses bras charnels son arrière petit-fils, en lui prodiguant les derniers conseils de gouvernance pour le royaume de France. Amen.

Le potager de mon Grand-Père

 DOCUMENTAIRE DU MOIS

Semaine du 7 au 13 décembre 2016 Soirée-débat lundi 12 à 20h30

Présenté par Marie-Noëlle Vilain
Film français (avril 2016, 1h16) de Martin Esposito

« Le réel et son double * »

On est heureux d’avoir choisi cette projection à l’Alticiné…et tout autant ravi de la présentation débat de Marie-Noël qui observe que le Potager de mon grand-père est aussi un film sur le temps et la transmission… Et puis à l’amour des jardins s’ajoute un bel amour filial entre un petit fils et son grand-père. Il flotte au dessus de ce film une belle expression de la dignité humaine, et plus généralement de la dignité du vivant.

Pour le reste, un peu comme pour le scénario du documentaire Mondovino concernant les viticulteurs, il y a ici un médiocre jardinier, faire-valoir du bon. Le premier (Tonton) est un moderne, mais il a la modernité de son âge, une vieille modernité. Il est un peu « activiste », il veut un jardin ordonné, traite ses légumes sans nuance (à la bouillie bordelaise, ce qui est un moindre mal), utilise outre mesure son motoculteur, arrose sans raison, désherbe obsessionnellement. Bref, il a un peu la déraison des gens trop raisonnables et conventionnels, et ça le conduit à bien des déboires. Alors, que le second (Papy), s’appuie sur une expérience ancestrale et il observe. Sa pratique est contraire, il est adepte du non agir, il accorde confiance à son sol et à la nature, paille, combine les plantes, laisse son jardin dans une apparente anarchie. Tonton tente de maitriser, de dominer, un environnement qui l’entoure, Papy fait corps, compose avec un environnement qui le contient.

Mais en même temps, je me demande si ce monde là est bien celui où nous vivons? En effet dans le réel, il y a certes de beaux jardins et des sages jardiniers, et quelquefois de moins sage, mais il y a aussi, chaque année un tonnage constant de pesticides utilisés en France dans les cultures agricoles ou horticoles. Parmi eux, les pesticides organochlorés, modificateurs hormonaux, qui se répandent et qui selon une étude récente, se retrouvent désormais dans le corps des femmes enceintes.

Et dans nos villes et villages qu’en est-il ? Un marqueur, comme ont dit maintenant, un symbole visible de notre rapport à la vie,   c’est l’arbre. La dignité des vieux arbres. Dis moi comment vont les arbres de la ville où tu habites ?

Mutilés, massacrés à la tronçonneuses sur nos places publiques, réduits à l’état de simples et tristes troncs. Ce matin encore, je lisais les titres de l’Eclaireur du Gâtinais du 07.12 « des arbres disparaissent du paysage à Nogent sur Vernisson », Ce ne sont pas les arbres qui disparaissent du paysage, c’est le paysage qui disparait avec eux .

En revanche, à Sainte Geneviève des Bois, le conseil municipal a planté un arbre pour le climat.

Que peut un arbre ? Que peut un jardinier ? N’empêche, le potager de mon grand père est beau et la conscience du jardinier est comme une petite lumière dans la nuit.

Georges

 

* Titre emprunté à l’ouvrage de Clément Rosset

« Dogs » de Bogdan Mirica

 

 

 

Prix Fipresci  (1) – Un Certain Regard Cannes 2016Du 8 au13 décembre 2016Soirée-débat mardi 13 à 20h30Présenté par Eliane Bideau

Film roumain (vo, septembre 2016, 1h44) de Bogdan Mirică avec Dragos Bucur, Gheorghe Visu et Vlad Ivanov

Article de Marie-Noël

D’abord l’herbe balayée à ras du sol et le plan s’élargit sur l’étang qui « glougloute » … Les lentilles d’eau s’écartent par endroits et là devant nos yeux surgit un objet non identifiable mais qu’on sait pourtant immédiatement être terrifiant.

Avec peu de moyens, voilà un début de film très réussi : on est inquiet et notre voyeurisme naturel est sollicité.
Bingo, on a mordu !
Et on va faire la connaissance des « dogs » dont Polizia la seule légitime .
Roman est petit-fils de « dog ». Il a assisté, enfant, à une scène d’une violence inouïe : son grand-père massacrant un homme à coup de hache !
Il en parle à Hogas le chef policier qui savait mais ignorait que l’enfant avait vu.
Hogas est malade au sens propre comme au sens figuré et il va utiliser ses dernières forces à essayer de sauver Roman qui tente de se sauver lui-même mais tout se passe comme si son atavisme le rattrapait.
Il veut partir une première fois mais reste.
Il démarre le 4×4 une seconde fois pour partir en laissant sa belle « fiancée » Ilinca dans ce lieu perdu au milieu de nulle part et entouré de bêtes enragées (le sanglier a été brûlé mais la rage est ailleurs). Roman rebroussera chemin non pas pour la sauver car son sort ne semble pas le concerner mais pour rentrer dans le jeu et prendre la place du chef laissée par son grand-père.
Trop tard car Samir croira les terres vendues et le massacrera.
C’est un film fort avec de bons acteurs et des scènes originales voire inédite par exemple la scène du pied coupé sorti du godillot puis de la chaussette par Hogas puis déposé (avec des gants de vaisselle) sur son assiette vaguement essuyée et observé de près, le nez dessus !
Ce pied nous accompagnera car Hogas ne s’en sépare plus, emballé dans un sac plastique, dans la glacière, avec les bières.
Quand le jeune policier, à la fin, s’apprêtant à croquer la pomme laissée par Roman dans la voiture demande naïvement à son chef s’il peut ou bien si c’est une pièce à conviction, on se marre !
On ne voit pas le sort que Samir a réservé à Ilanca et on peut tout imaginer (quand on arrive sur place avec Hogas, je m’attendais à la voir pendue à un arbre là à gauche de Samir assis sur les marches et de Roman étendu dans un bain de sang à côté du 4×4).
Les femmes n’ont pas droit de cité dans ce monde là.
Ni la police, ni Polizia
Hogas fera la peau à Samir qui mourra en riant
Le problème reste entier

Très bon film

« Aquarius » de Kléber Mendonca Filho

nominé au Festival de Cannes 2016Du 1er au 6 décembre 2016Soirée-débat mardi 6 à 20h30
En présence de Alberto Da Silva, maître de conférence à la Sorbonne, spécialiste du cinéma brésilien et présenté par Nancy Berthier
Film brésilien (vo, septembre 2016,2h25) de Kleber Mendonça Filho avec Sonia Braga, Maeve Jinkings et Irandhir Santos

 

Article de Marie Noël

D’entrée, on est scotché par la beauté et le charme de  Clara en 1980 (Barbara Colen, lumineuse) . La scène de voiture sur la plage sur fond de Queen est magnifique. De Clara émane une sérénité presque palpable. C’est pourtant pendant la dictature et elle sort d’un grave problème de santé. Mais sa nature a pris le dessus. Elle vivra sa vie individuellement. L’amour fusionnel c’est son mari qui le vivra. Pas elle. Ses enfants seront son entourage mais elle les tiendra à une distance raisonnable pour qu’ils n’entrent pas dans sa bulle, elle saura par exemple les  laisser deux ans pour aller vers d’autres horizons. Elle écrira des excuses mais ne les prononcera pas et sa fille lui en gardera rancoeur .

Clara passera toute sa vie en solo. Elle traverse les épreuves de sa vie avec un calme olympien. Impressionnant ! Comme si rien ne pouvait la faire vaciller. Elle a des recettes pour garder cet équilibre . D’abord « soigner » sa fidèle Ladjane. C’est essentiel . Elle est là pour la servir, elle, la déesse dans son hamac au milieu de sa musique, sa vie, bien rangée, serrée sur les étagères. Donc jouer la bienveillance avec Ladjane. Mais chacune à sa place quand même . Ladjane vouvoie Clara qui la tutoie. La peau de Ladjane est plus foncée que celle de Clara qui est plus foncee que celle de Diego . On verra que Clara prendra de plein fouet les réflexions d’un vulgaire Diego sur sa couleur de peau . Au Brésil et ailleurs il y a toujours un plus clair que l’autre. Et par conséquent un plus foncé. Le problème de couleur de peau sévira sans doute jusqu’à la fin des temps.
L’immeuble Aquarius m’a laissée un peu sur ma faim. J’aurais voulu m’y attacher davantage. On voit un peu que c’est un bel endroit mais pas assez à mon goût. J’aurais voulu l’aimer plus. Quant à la peur ambiante du quartier de Recife, je ne l’ai pas ressentie dans la peau de Clara. Les autres ont peur pour elle. Le lifeguard craint pour sa survie dans les vagues de l’atlantique. Ses enfants craignent pour sa sécurité dans ce quartier, encore que sa fille n’hésite pas à lui laisser son petit Pedro dans cet appartement, dans l’immeuble déserté. Les autres ont peur. Pas Clara qui semble avoir décidé depuis longtemps, ca 1980, que la peur ne passerait plus par elle. Jamais. Elle active ses pions autour d’elle : Ladjane, tout le temps, le sauveteur, comme joker, le journaliste, dans un but précis etc …
Et, elle, avance hiératique, superbe, magnétique et foncièrement égoïste.

J’ai en tête les 2 photos du fils de Ladjane, mortellement blessé dans un accident.
A son anniversaire chez elle de l’autre côté du « ruisseau » le grand portrait en 1,50×1,50 m déroulé à côté d’elle et qu’elle embrasse.
Et la photo qu’elle montre, aux enfants de Clara réunis : une toute petite photo format identité. Elle les oblige à regarder son fils. Ladjane si docile, invisible fait ici acte de rébellion. Et retourne en cuisine où personne ne la suit. On n’a pas la même taille des deux côtés du « ruisseau ».

Que dire des promoteurs ? Les mêmes méthodes sont employées partout. cf par exemple les rats propagés dans un immeuble convoité par des promoteurs véreux dans le film de J. Audiard « De battre mon cœur s’est arrêté » .

Le film est très fluide mais difficile de passer presque trois heures sans ressentir de l’empathie pour aucun des personnages. Sans aimer personne.

Tout est glauque. Ca pue trop la corruption dans cet immeuble, dans le quartier. Plus d’espoir. Clara devra partir et l’Aquarius sera détruit.

PS : « en vrai » on n’aurait pas laissé Clara arriver avec une valise jusque dans les bureaux des promoteurs… Et de toutes façons, ils n’ont rien à craindre : contre l’acier et le verre, les termites ne peuvent rien.

 

 

Rétrospective B.Tavernier : La vie, et rien d’autre

 

 

César du meilleur acteur et de la meilleure musique

Dimanche 4 décembre 2015 à 14h
Présenté par Thomas Pillard
universitaire

Septembre 1989 (2h15) avec Philippe Noiret, Sabin Azéma, Maurice Barrier et Michel Duchaussoy
Scénario Bertrand Tavernier et Jean Cosmos
                                        Musique de Oswald d’Andrea

 

1920. Après le déchainement des violences et des haines nationalistes, patriarcales, l’ambiance est plutôt morose dans une France qui pansent ses blessures lentement, saignée de sa jeunesse.
La mort rôde encore comme une menace bien réelle dans un champ bombardé, où un paysan travaille sa terre.
Jamais montrés, toujours suggérés, les corps morts, meurtris, des soldats
sont l’objet de recherches quasi obsessionnelles à fin d’identification par
leurs familles.
Comme des survivants d’une catastrophe civilisationnelle produite par des hommes d’autant plus uniformisés qu’ils sont socialement déclassés, les proches s’accrochent à des espoirs souvent déçus de retrouver quelque chose, un objet si dérisoire soit-il. Reliques …
Les émotions sont souvent poignantes pour tous les personnages : elles font vivre leurs lents retours à la vie normale à travers un travail de deuil long et difficile.
Le deuil de la Nation des Inconnus est censé se faire lors d’une cérémonie grandiloquente. Tavernier l’explicite suffisamment : l’officier-Noiret est probablement son porte-parole. Distancié et désabusé, comme le spectateur …
Le déplacement privilégié de l’officier-Noiret, courtois et digne, et de la bourgeoise-Azéma, déterminée et digne, permet d’explorer maintes situations administratives et humaines dans le cheminement qui les mène à une rencontre amoureuse. Couple précédemment séparés, quoique pour des raisons différentes, ils n’arrivent cependant pas à constituer un nouveau couple. Occasion manquée …
L’amour platonique, non sexué, de l’officier s’exprimera dans une lettre pathétique. Romantique.
Symboliquement, un océan immuable dans son mouvement les sépare. Comme deux îles solitaires, et heureuses ?
La vie, et rien d’autre que des fantômes d’eux-mêmes …Musique de fin funèbre.
La vraie vie est ailleurs, dans la salle avec le rire des spectateurs, un siècle plus tard …
Michel Grob
décembre 2016

 

Retrospective B.Tavernier : Laissez Passer

Article de Marie-Noël
Hier soir avec ce film mon admiration pour B.Tavernier s’est trouvée encore renforcée. Je n’avais aucune idée ni sur ce qu’était la Continental, ni sur la fabrication des films pendant l’Occupation. Je connaissais Jean Aurenche depuis 2 jours mais Jean-Devaivre, Suzanne Raymond, Jean-Paul Le Chanois, Richard Pottier, Roland Manuel … pas du tout.
Quelle histoire ! Quel film ! 115 rôles parlants
Tous ces personnages dans des histoires dans l’Histoire. Plein d’histoires .
Dans le film, on ne perd jamais de vue que ce qui est essentiel c’est manger.
Pour vivre et écrire des scénarios, construire les décors, régler les projecteurs, coudre les costumes …. Pour jouer et filmer les acteurs jouant des histoires.
Mais aussi pour vivre et lutter, résister.
Dans ce film, B.Tavernier nous propose, entre autres, deux scènes de résistance.
Le sabotage du train : tout est minutieusement orchestré: le rdv , la route sans encombre en camionnette jusqu’au lieu de sabotage, l’approche du train en roulé boulé façon ballet, la pose des grenades, l’explosion à l’endroit voulu et à l’heure dite. Tout est millimétré, parfaitement minuté. Maîtrisé. Ca aurait pu être dans un film de la Continental, Baumeister aurait validé.
Ensuite Jean retrouve son vélo

Et puis « la grand scène du 12 » : La clé qui ouvre plusieurs portes « ennemies », le vol des documents sans préméditation, comme téléguidé, le rdv hasardeux, le contact inquiétant, les personnages inconnus, comme rajoutés, le départ imprévu par le train, avec changement de destination de dernière minute, le vol impromptu vers l’Angleterre, l’interrogatoire dans une langue inconnue, dialogue de sourds. Et le retour époustouflant avec parachutage précis à l’endroit exact où tombe aussi la pompe à vélo ! Pour un film de la Continental tout ça n’aurait pas du tout convenu à Baumeister !
Mais Jean retrouve son vélo car même avec 40° de fièvre, Jean roule à vive allure sur son vélo. (Moulins-Paris : 328 km !) Il est invincible sur son engin. Libre.

Le cinéma et la vraie vie . La vraie vie et le cinéma.

On dit parfois : « il m’est arrivé une drôle d’histoire ! personne ne va me croire ! »
B.Tavernier nous la raconte magistralement l’histoire incroyable et on y croit .
Et je lui suis très reconnaissante de m’y faire croire.

Les films de B.Tavernier racontent des histoires incroyables, souvent vraies.
Les film de B.Tavernier sont savoureux.
Et surement encore plus savoureux quand on les décortique.
Quelle belle perspective : en décortiquer un
80 fois

Rétrospective Bertrand Tavernier animée par Thomas Pillard

 

 

  Samedi 3 et dimanche 4 décembre 2016

6 films pour 40 ans de cinéma
Rétrospective Bertrand Tavernier animée par Thomas Pillard Docteur en études cinématographiques et audiovisuelles, chargé d’enseignement à la Sorbonne.

 

Cher(e)s cramé(e)s de la bobine, bonjour,

Qu’avez-vous pensé de cette retrospective?

Tous commentaires bienvenus

A vos claviers!

 

PS : Je vous signale bel et riche article de Michelle Ligneau journaliste à l’Eclaireur du Gâtinais « le tandem Tavernier-Noiret ». (mercredi 17.12, page 18).