Harvest-Athina Rachel Tsangari

Harvest est un film germano-américano-britannique réalisé par Athina Rachel Tsangari, réalisatrice et productrice, sorti en 2024. C’est l’adaptation du roman de Jim Crace paru en 2013. Il a été présenté en compétition à la Mostra de Venise 2024.  Il commence par un homme qui se baigne et dont on voit alternativement remonter les fesses à la surface de l’eau d’un beau lac. C’est Walter, (Caleb Landry Jones) et c’est à travers ses yeux que nous verrons l’histoire,   c’est un garçon roux, un peu marginal, pour l’instant,  il nage, plonge et nage…

Plan suivant, on voit  une grange qui brûle et les villageois qui s’affairent à l’éteindre, plan suivant,  trois personnes chasseuses munies d’arcs  sont cernées par les villageois, elles risquent d’être lynchées…Elles se rendent, et après avoir été rouées de coups, se retrouvent pour les deux hommes au carcan et pour la femme tondue publiquement, puis relâchée…Ces trois pauvres hères ne sont pas tout à fait d’ici, ils sont aux marges du village. Pour la circonstance, ils vont  y être menés, car à part eux , qui peut brûler une grange ? Mais pour l’instant, le carcan est sur la place du marché, et nous assistons à ce qu’il faut bien appeler une réaction de populace.

Ce  film très beau, d’esprit moyenâgeux ne s’y situe pourtant pas , l’époque est  indéterminée.  (Pour ma part je le situe au 17ème siècle). Le chef du village Charles Kent (Harry Melling), est un brave homme un peu falot, dont l’ami d’enfance, le seul, est Walter « le nageur », fils de sa nourrice. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes féodal, la foi,  l’obéissance de principe à Dieu et au Seigneur du cru, la loi  sommaire du lieu,  les fêtes, les moissons,  des riches qui ne sont pas très riches, et les pauvres, pauvres. Le paysage c’est celui de l’Ecosse, vallonné, bois et collines, rivières, et champs, fruitiers, haies. On y vit paisible, à condition d’être d’ici et pas d’ailleurs. Le lieu ressemble à un tableau de Bruegel , ou Jérôme Bosch, peut-être. Et c’est curieux, arrive un quidam, un géomètre qui bientôt dessine les lieux  avec précision et les nomme quand il ne le sont pas, c’est le cartographe, une sorte d’obligé  de Kent. Le décor est planté si l’on peut dire, le quidam et l’incendie, les candidats au gibet sont les précurseurs de l’histoire.

Ainsi nous entrons dans sa seconde partie avec l’annonce puis  l’arrivée de Jordan, le cousin  ( Franck Dillane) , et sa troupe. C’est un homme de décision, brutal, autoritaire, l’exact contraire de son cousin en somme. (A ses troupes sans doute appartient l’incendie de la grange). Un homme de projet, de progrès, et s’il est d’accord sur les punitions qui s’exposent sur la place du marché, il les trouve trop clémentes, lui préférant le gibet…c’est juste par efficacité. Et si ses troupes,  fouillent les maisons, volent, violent, elles ne font que mettre un peu  d’ordre dans une population qui de toutes les façons n’est pas à sa place ici, dans un pays qui n’est pas ce qu’il devrait être. Les paysages après tout ne sont rien d’autre que l’expression des besoins de l’homme et  du développement.

Je n’hésite pas à livrer ici le contexte même du film en citant longuement  Wikipédia : « Le mouvement des enclosures comprend les changements qui, dès le XIIe siècle et surtout de la fin du XVIe siècle jusqu’au XVIIe siècle, ont transformé, dans certaines régions de l’Angleterre, l’agriculture traditionnelle, qui se faisait jusqu’alors dans le cadre d’un système de coopération et de communauté d’administration de terres appartenant à un seigneur local (openfield, généralement des champs de superficie importante, sans délimitation physique).

Cela a abouti à réserver l’usage de ces terres seigneuriales à quelques personnes choisies par le propriétaire, chaque champ étant désormais séparé du champ voisin par une barrière, voire une haie comme dans un bocage.

Les enclosures, décidées par une série de lois du Parlement, les Inclosure Acts, marquent la fin des droits d’usage, en particulier des communaux, dont un bon nombre de paysans dépendaient. »

C’est de cela dont il est question, ce sujet historique et économique, que Karl Marx a analysé et David Thoreau critiqué dans Walden…  Mais Harvest s’il montre la dépossession et  la paupérisation, nous parle aussi du rapport des pauvres entre eux avec leurs boucs émissaires dérisoires,  puis avec l’arrivée du cousin, du rapport aux femmes (des sorcières).

Mais c’est d’abord  l’histoire d’une colonisation intérieure dont il est question, il faut insister sur ce point, avec sa violence, son « there is no alternative »  et l’expulsion en masse des habitants qui en résulte. Ce film nous montre en  germe, un capitalisme qui déjà, fait flèche de tout bois. Et c’est pathétique de voir ces gens du cru, qui ont érigé l’étranger en bouc émissaire, devenir à leur tour, être définis comme étrangers à leurs propres terre.  Pourront-ils comprendre qu’on a exploité leurs passions tristes pour mieux les asservir ?

Témoins et peut-être narrateur Walter, ce marginal à qui il appartient de voir et de témoigner. Ce Walter, c’est peut-être un peu la cinéaste qui nous parle d’aujourd’hui.

Mon regret, seulement 27 spectateurs pour ce très beau film, alors que dans la salle d’à côté,  « la montée des marches » du festival de Cannes…Il faut plutôt nous féliciter des spectateurs  qui sont  venus.

Georges

 Ils vont tous bien de Giuseppe Tornatore (2)

Voici un film qui comporte sa part de mise en abyme, puisqu’il s’agit d’une fiction sur un père qui fictionne la vie de ses enfants plutôt qu’il ne la voit.

Mais vous avez tous lu l’article de Chantal et les spectateurs que nous sommes y retrouvent si bien retracé, le film et son esprit…et comme chaque fois avec la précision metronomique. C’est un grain de sel que j’y ajoute, en vous invitant tout de même, même si vous n’avez pas vu le film, à lire Chantal, histoire de regretter un peu de ne pas l’avoir vu. Pour ma part,  en le voyant, j’ai songé à deux ou trois livres que j’ai lu ou feuilleté sur ce sujet et je vais me faire un peu citateur, ce qui n’est pas un moindre défaut.

Telle cette phrase de Julien Blanc, dans son livre si triste,  « confusion des peines » où il disait quelque chose comme « erreurs de la part de ceux qui veulent des enfants comme ils les aiment au lieu de les aimer comme ils sont » ; Et c’est un peu ce qui arrive à Mattéo (Marcello Mastroianni).

Et d’une manière générale notre rapport à la réalité n’est pas un rapport facile.Clément Rosset, dans le réel et son double disait que « notre rapport à la perception du réel est toujours conditionnel et provisoire », il ajoute même que « la conscience se met à l’abri de tout spectacle indésirable » et de son côté Nancy Huston dans « l’espèce fabulatrice » dit : « nous voyons le monde en l’interprétant c’est à dire en l’inventant »…

Dans ce film, on s’habitue très vite à oublier la tragicomédie noire qui s’en dégage… En quelque sorte, on choisi son camp, on n’en ressent que le pathétique, en en oubliant l’ironie, qui est l’héritage de nombres trésors cinématographiques italiens d’alors.

Mattéo, veuf, obscure petit fonctionnaire provincial, élégant, courtois, très fin du 19ème siècle*, s’en va retrouver ses enfants, dans différentes villes de l’Italie. Là encore, je vais citer, cette fois Gilles.Deleuze, « on ne désire pas une chose en soi, on la désire dans un agencement », le voici : il imagine les  réunir près de lui, autour d’une table dans un restaurant. D’ailleurs, il en a parlé à sa femme, qui gît au cimetière, n’a-t-elle pas toujours été là pour l’écouter ? 

Tous ses enfants font leur vie ordinaire et médiocre, n’en déplaise à Mattéo,  père sévère  qui persévère dans ses fantasmes. Il leur  invente avec ferveur des situations qu’ils n’ont pas,  et fait tout ce qu’il peut pour qu’elles collent au réel… Hélas,  la vie de ses enfants n’est pas rose …Il en manque même un,  qui dit-on  serait en vacances, le père sagace finit par en déduire qu’il est en prison… Mais non, bien pire, il est mort lui annoncent un frère et la sœur.

Et de  l’autre côté, on remarque le jeu ambivalent  des enfants, entre deux stratégies celle de l’évitement et celle de faire comme si :   « d’avoir réussi professionnellement » et « d’être heureux », par respect, pour ne pas lui faire de peine et  par amour filial tout de même, il ne faut pas oublier ce dernier point. Cette fratrie a dû user  une belle énergie pour s’adapter à l’immaturité de papa ».Pour le repas final, c’est un fiasco, seuls trois seront là, dont un petit fils généreux, détaché (protégé) de la pesanteur d’une histoire  familiale où la misère sociale  et affective s’efface un tantinet pour laisser place à autre chose que la répétition. (Encore que… tout jeune adulte, sa petite amie, aussi jeune est enceinte!). 

A ce prix, Mattéo, cet homme aveugle à lui même et au monde, aux ambitions débordantes, par progénitures interposées… peut s’en retourner, si tout n’est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes,  ça lui ressemble un peu quand même… D’ailleurs, il le dira à sa femme.

On ne s’étonnera pas qu’avant lui, on a pu voir les monstres, affreux sales et méchant etc… Sauf que Tornatorre administre une manière de faire, il filme les turpitudes humaines avec des gants de velours.

Georges

  • On retrouve entre autre un Marcello fantasque, rêveur, velléitaire dans « les yeux noirs » tourné en italien de N.Mikhalkov.

Le quatrième Mur-David OELHOFFEN (2)

Je n’ai pas lu ce roman de S.Chalandon qui inspire ce film, mais j’ai vu le film, et c’est peu dire, comme chacun dans la salle, le sentiment mitigé qu’il m’a inspiré, et comme chacun, je suis demeuré dans le silence de mes pensées un peu sidérées,  il faut bien le dire. Pour ceux qui ne l’ont pas vu, voici le bref synopsis :

Donc l’action se situe au Liban, elle est figurée  à quelques jours  et quelques pas des anciens camps de réfugiés de Sabra et Chatila, de triste mémoire.

« le quatrième mur »  repose essentiellement sur le personnage de Georges (Laurent Lafitte )  qui est de presque tous les plans. Pour l’essentiel, le début du film ne présente  pas de réelles surprises, il illustre  les difficultés de constituer une équipe d’acteurs dont les peuples d’appartenance se sont  constitués en clans hermétiques et belligérants.  Et  la guerre rode, nous voyons donc  les difficultés à travailler sous les explosions, les coupures de courant, les chekpoints partout…

Tout cela mime un documentaire,  les scènes sont  tournées en décor réel,  dans les décombres de Beyrouth, cette ville martyr.

Remarquons que l’idée de cette pièce de théâtre  mise en scène avec des acteurs de différentes nationalités et religions :  palestiniens, arméniens, libanais, druze, chrétiens, musulmans, juifs, etc, n’est pas sans rappeler le West-Eastern Divan Orchestra, composé de jeunes musiciens arabes et israéliens – orchestre fondé et dirigé par Daniel Barenboim .

Ici, c’est d’un projet insensé dont il est question, pensez,  une pièce de théâtre qui fait fi de la  guerre…qui veut, quelle utopie,   s’introduire dans un quasi  champ de bataille, comme si la culture était  toute puissante et forcément pacificatrice…

Mais ce film ne s’arrête pas là, bientôt apparaissent les fusées éclairantes  à la fois prélude et outil de l’extermination des réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila, plus tard, nous y entrerons en suivant Georges, nous marcherons parmi les morts, hommes, femmes et on le suppose,  les enfants. Le film ne fait pas de politique et pas d’histoire, il ne cherche pas à connaître le pourquoi, ni le comment, il montre le résultat d’un massacre…  

En final,  après avoir renoncé d’un coup de pistolet à son idéal de vie, Georges qui vient de perdre Marwan (Simon Abkarian) son fixeur, qui vient de voir son actrice et amante,  Imane (Manal Issa) violée et égorgée  devra payer  de sa vie ruinée  le prix de son engagement, le film se clos sur Georges qui se rend à pied à son propre enterrement.

Mais « Le quatrième mur » c’est maintenant ! Ce n’est pas une fiction, chaque jour nous livre son lot de bombardements et de morts. Et on le sait, on le vérifie,  s’il faut des quantités insensés, presque délirante de projectiles pour tuer un seul combattant, presque rien tue beaucoup de civils. Toutes les guerres le démontrent, et  si par détournement du langage, on  appelle  cela pudiquement «  effet collatéral » c’est de l’effet premier dont il est réellement question, et il s’appelle également crime de guerre.  Les guerres d’aujourd’hui sont plus encore qu’hier tournées contre les populations civiles.

Pour nous spectateurs qui  sommes déjà  dans un moment de notre histoire, où les peuples, « dans leur grande sagesse » ont confié la marche du monde à des psychopathes, nous ne voyons pas seulement une fiction. La fiction est quelquefois un détour pour accepter de se confronter  rétrospectivement à une réalité trop dure,  mais ici, fiction et réel  se conjuguent au présent. Alors, on peut se demander ce que le  film  veut signifier, ce qu’il apporte ?  Imaginons que Georges et son équipe aient réussi leur projet, qu’en aurait-on pu  espérer ?  Une performance et un message ? Un message brouillé.

Valerie Leroy

Chers Amis Cramés de la Bobine,

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Pourquoi ne pas regarder ce court métrage ?

Le Grand Bain – Nager sur place – Un court métrage de …

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15 sept. 2024

Bonne Vision !

Georges

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Marmaille- Gregory Lucilly

Autour du film…

Avec Marmaille, nous avons été parmi les premiers spectateurs du premier long métrage de ce jeune réalisateur, en même temps ceux du premier film long métrage réunionnais. Un film qui a eu quelques difficultés à trouver ses producteurs entre ceux qui n’acceptaient pas que le film soit tourné à la Réunion et ceux qui le refusaient en créole. Et puis il y a eu Pierre Forette, Thierry Wong, Baptiste Deville… qui eux ont dit oui. Et au total avec un budget de 3,4 millions d’euros, un réalisateur peut travailler… et il le fera avec une équipe de tournage à 90% locale.

C’est l’histoire de deux jeunes, Audrey 18 ans mère célibataire et Thomas 15 ans B.Boy, (breakdance) fichus vertement à la porte de chez leur mère et qui doivent affronter l’adversité affective et matérielle qui en résulte.

Le casting est pour beaucoup dans la qualité du film, il est vrai que la Directrice de casting était Christel Baras, elle a un C.V impressionnant : Portrait de la jeune fille en feu, Emilia Perez, Ama Gloria, Chanson douce etc… C’est ainsi qu’elle a choisi d’abord Maxime Calicharane pour interpréter Thomas ce B.Boy en souffrance. Qu’en dit-elle ?

Le réalisateur a obtenu une monteuse talentueuse Jennifer Augé (La Famille BélierPetit Paysan…). Elle a su capter le dynamisme du récit de Grégory pour l’adapter au montage et protéger l’histoire.

Au total, voici une histoire qui nous raconte bien des choses sur la Réunion. Nous en voyons ses beaux paysages, nous approchons la situation sociale et économique du plus grand nombre, et en fouillant un peu, nous découvrons que l’abandon de certains enfants adolescents sur cette île dont un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté existe bel et bien, que les violences conjugales sont elles aussi courantes, c’est hélas le deuxième département sur ce sujet. Et encore, qu’une femme sur cinq élève seule ses enfants.

Mais l’abandon est également un sujet qui dépasse largement la Réunion. Il faut voir ce film comme un miroir de la société réunionnaise, abordant des thématiques universelles.

Marmaille nous montre ces jeunes se battre et se débattre face à cette adversité, avec volonté et, on le serait à moins, avec parfois colère et violence. Le scénario comme la vie même est complexe et les récits s’entremêlent, Audrey est une jeune mère célibataire, aimante, solide, accrocheuse et stable, elle est le centre de gravité de cette famille d’infortune.

Nous verrons également réapparaître le père (le géniteur en fait !) « chic type » (Vincent Vermignon) qui par la force des choses essaie d’être à la hauteur après avoir, pendant bien des années , abandonné sa femme pour une autre et tout de même acquitté une pension alimentaire pour Audrey et Thomas qu’il ne connaissait pas. Et cet homme après sa défaillance, patiemment essaie de retisser le lien.

Quant à Thomas, c’est un garçon en proie a une souffrance et à une violence intérieure qu’il ne contient pas toujours, me rappelant discrètement Steve dans Mommy de Xavier Dolan. Violence le plus souvent sublimée, (mais le plus souvent seulement), il danse, c’est un B.boy, un danseur de Breakdance, et donc il va de battle en battle avec une « gnaque » incroyable. Mon petit fils m’en a expliqué les figures et leurs noms, c’est un monde très codé : Top Rock, Spin Down, Six Step, Freeze , traks, frog ! (1). La breakdance est un exutoire, une joute symbolique, donc un combat, hautement sublimé comme le sont par exemple les joutes musicales. (Le Docteur Freud remarquait que tout se substitue à la violence réelle, constitue un progrès dans la civilisation).

J’ai lu les observations suivantes que je vous livre pour tenter de les nuancer :

« Il est regrettable d’ailleurs que cette dernière pâtisse d’une conception « genrée » de la parentalité. Le scénario la catalogue comme défaillante et agressive. Elle est celle qui mérite « deux baffes », dixit Marie-Anna, la tante d’Audrey et de Thomas, parce qu’elle laisse ses enfants livrés à eux-mêmes.

« une « bonne mère » est celle qui est présente inconditionnellement alors qu’un « bon père » peut choisir ses moments et même disparaitre pendant des années… « 

il me semble qu’ici cette conception « genrée » de la critique trouve ses propres limites en ne coïncidant pas toujours avec toutes formes de réalités. Ce que nous dit Marmaille est documenté par le réalisateur. Il a enquêté scrupuleusement auprès d’assistantes sociales, de juges, de policiers, d’éducateurs qui en ont souligné la fréquence. Quant au cas qu’il nous présente, il n’est pas que fiction.

On pourra trouver des défauts à ce film, comme on en trouve dans tous ces premiers longs métrages où le réalisateur veut trop en dire, cependant, on en voit surtout les qualités : son sujet est rare, il dégage une réelle énergie, les rôles sont tenus avec délicatesse et profondeur, et le réalisateur sait finir son film, ce qui n’est pas si fréquent lors d’un premier film. Et puis la Réunion tout de même ! et avec de beaux cadrages sur une bande musicale dans le style mayola d’Audrey Ismaël.

Georges

Pour Melaine Lalu

Hier, nous étions à l’enterrement de Melaine, 43 ans, morte tragiquement sur la route dans un accident de voiture, nous ne savons rien des circonstances si ce n’est ceci :  quelqu’un aurait grillé un stop avant de percuter son véhicule.
 

Melaine était la plus jeune d’entre-nous à la commission de choix de films des Cramés de la Bobine, on la distinguait aussi par son port de corps bien droit, droit comme son regard également un peu rieur et ouvert.  Elle était jolie. Elle s’exprimait avec une grande franchise et toujours avec bienveillance, c’est un exercice difficile, mais pas pour elle. Quant à ses jugements sur les films, ils étaient souvent originaux, elle y débusquait des sens inattendus, insolites qu’elle exprimait avec une touche d’humour et toujours avec élégance . D’ailleurs,  sa  personne était élégante.   Et puis au cinéma comme dans la vie, elle savait s’émerveiller, être naïve et profonde à la fois.

Melaine , un moment a travaillé à la caisse de l’Alticiné, c’était sympathique de la voir là, de plus, ça ne la décourageait nullement de venir voir un bon film au cinéma parmi les cramés de la bobine, durant ses temps de repos.
 

Mélaine aimait également  les animaux, on ne sait pas ce qu’est devenu ce merle éclopé qu’elle avait recueilli, à qui elle avait laissé le plus grand espace possible, chez elle,  pour qu’il puisse voleter, et vivre en toute sécurité. Et son merle continuait de chanter.  Elle avait également un chat. Un univers où il n’y aurait pas  eu d’animaux à aider et à  aimer n’aurait jamais pu être le sien, il n’aurait tout simplement eu aucun sens. Elle aimait les animaux comme elle aimait les gens, aimer c’était  facile pour elle.

Avec Melaine, nous avons vécu de bons moments,  je me souviens  d’un joyeux et chaleureux  jour de l’an chez Henri ;  de sorties de prévisionnements et je repense à cette histoire qui la décrit bien : Un jour qu’à Châteauroux, nous avions prévu de casser la croûte ensemble. Faisant nos courses dans un super marché,  Melaine  avait choisi une bouteille de vin, qu’elle voulait nous offrir. Il y avait une longue file d’attente et  pas de caisse rapide…sauf ces  fameuses caisses robotisées vers laquelle une employée voulu la diriger. Tout bonnement,  elle est allée reposer la bouteille en lui disant : « Je ne vais pas la prendre, ce ne sont pas les robots qui vont payer nos retraites ! »

Nous pensions d’elle, si disponible, qu’elle avait un petit cercle de connaissances, en fait elle avait un grand  réseau d’amis sincères à qui elle se consacrait de la même manière, et qui l’aimaient. Il nous a fallu attendre son enterrement pour le mesurer. Nul ne sait si la vie lui fut tendre, toujours est-il qu’elle était  présente aux autres, généreuse. Le mesurions nous ? Sans doute, on aurait aimé en être davantage conscients.

Que la terre te soit légère Melaine.

Miséricorde-Alain Guiraudie

Le cinéma d’auteur est bien mystérieux,  Alain Guiraudie, réalisateur et scénariste obtient un impressionnant succès  avec Miséricorde ce  polar rural qui réalise 164 000 entrées…  et il n’a pas fini son cycle de distribution. Quant aux critiques à de rares exceptions,  elles sont très élogieuses.

En 12 films dont 7 longs métrages,  Alain Guiraudie qui n’a pas toujours eu que des succès, réalise son plus beau score, mais parlons de lui : 

D’abord, c’est un enfant aveyronnais, (Villefranche-de Rouergue) fils de petits paysans, très pieux. Très tôt il est attiré par les romans de gare, les films populaires, la BD dont Pif le chien, les romans photo. Après son bac, il file à la fac de Montpellier pour des études de lettre ? bref, sans doute est-il alors plus intéressé par la politique, il est militant communiste.

D’Alain Guiraudie, la critique, comme lui même, nous livre une série d’étiquettes : Aveyronnais, d’éducation catholique très marquée, (adolescent il voulait devenir prêtre, Philippe le Prêtre du film est un peu lui ), puis communiste et homosexuel, photographe, cinéaste, écrivain (3 livres paru chez P.O.L, dont Rabalaïre qui inspire le scénario de Miséricorde).

Avec toutes  ces images de lui  réunies, nous ne sommes pas étonnés de lire dans l’Humanité cet énoncé politico-sexuel :

Guiraudie est aussi un cinéaste des campagnes et de  la nature, les causses du Larzac, l’eau et ses miroitements dans  l’inconnu du Lac, presque toujours, il y a les bois et forêts, avec leurs clairières, leurs raies de lumières solaires. Ils sont autant de lieux de rencontres insolites ou de dragues homosexuelles et parfois de mauvaises rencontres. Le sexe et le danger de mort parfois se touchent (comme dans la fameuse chanson Monsieur William  de Ferré et Caussimon).  Dans les bois, ce lieu où on peut voir sans être vu, être vu sans le savoir, on glisse quelquefois du phantasme jusqu’aux alentours de la fantasmagorie . Fantasmagories ces morilles qui s’entêtent à pousser  à l’endroit où caché sous les feuilles, dans la terre d’un corps fraîchement enterré.  Des morilles qui poussent en même temps que les cèpes, en automne, du jamais vu. Des morilles donc,  comme un indice ou peut-être une compulsion d’avouer.  Également, comme les symboles phalliques qu’ils n’ont jamais cessé d’être, ici, ceux du désir homosexuel. 

Dans Miséricorde, comme « le visiteur » du film Théorème de Pasolini,   Jérémie attire et séduit tout le monde. Sauf peut-être Vincent avec qui régulièrement il se battait,  car Vincent voulait le voir quitter les lieux, mais là encore Vincent semblait rechercher ces corps à corps, souvenirs du temps de leur adolescence -Hélas, devenus funestes à force de monter en violence-

Le désir, c’est aussi celui de Philippe, le curé du village, qui met Jérémie  dans son lit pour le protéger d’une suspicion de meurtre,  écoutons le :  « Croyez-vous vraiment qu’il soit utile de punir les assassins ? Ce n’est pas un crime qui doit empêcher la vie de continuer. J’aurais alors le plaisir de voir l’assassin tous les jours, j’ai appris à aimer sans retour ».  

Ici comme dans « l’inconnu du lac », le désir est plus fort que la dénonciation et… la justice  et la société du « Surveiller et Punir » décrite par Michel Foucault s’en trouve subvertie. Curieusement, tout comme les champignons,  ce thème parcoure également  « Quand vient l’automne »  le dernier film de François Ozon.

Avec Miséricorde, Alain Guiraudie réalise un film qui expose sa vision politique de la sexualité. Il le fait sur le mode d’une comédie ou  l’humour grinçant voisine avec les bizarreries de personnages et parfois l’étrangeté des scènes. Il conjugue une homosexualité banalisée, la vie conviviale (les bouteilles de pastis que sert Martine en portent trace !) les décors rustiques et décroissants, (pas de signes de modernité électronique  pas de  téléphone portable, d’effets de toilette, les voitures sont anciennes et modestes,  ce film aurait tout aussi bien pu être tourné dans les années 60),  et surtout,  il  véhicule  cette fameuse subversion de l’idée de justice au profit d’un éloge des passions altruistes et généreuses. 

Mine de rien, comme François Ozon dans quand vient l’automne, mais plus encore, Alain Guiraudie subvertit la dramaturgie du film en annulant jusqu’à l’idée de justice et de peine , et la vie continue comme si de rien n’était. La vie est désir. De l’image finale, on se fait son hors-champ, Jérémie près de Martine, couchant à droite à gauche, selon, boulanger du village !

Georges

PS : Avez-vous remarqué, c’est un film avec du pastis, mais sans tabac !

Les graines du figuier sauvage- Mohammad Rasoulof (2)

Comme la plupart des films iraniens, ce film qui fut annoncé comme une possible palme d’or, prix spécial du jury tout de même, remplit ses salles. L’Iran, ce pays tyrannique, malgré ses intentions d’abêtissement de toute une population ne réussit pas à tuer, comme le tente chaque pays totalitaire, ce qu’il déteste le plus, la pensée. Et non plus, il n’empêche ces cinéastes de faire leur métier et surtout d’y exceller. Ils sont nombreux et les persécutions bien réelles qu’on leur fait subir n’y peuvent rien, au contraire, elles dopent les talents et la créativité.

Le film se situe donc au moment des protestations consécutives à la mort d’une jeune femme kurde iranienne, Mahsa Jîna Amini, arrêtée et potentiellement maltraitée par la police des mœurs de l’Iran … mais dont la presse toutou dit qu’elle aurait fait un malaise. Les étudiants iraniens n’entendent pas la chose de cette oreille, et la contestation grandit, les jeunes femmes par milliers sortent sans  foulard. Dans ce climat, la police joue la pleine répression, en multipliant les arrestations, en utilisant des armes parfois mutilantes contre ce peuple en colère. Le décor est campé si l’on peut dire..

Les Figuiers…a pour arrière fond l’appareil répressif de l’Iran avec ses procès et ses prisons, ses exécutions capitales 853 en 2023, et sa répression des femmes. Au moment du film, les autorités iraniennes ont renforcé la répression des femmes qui ne portent pas le voile (ou le portent de manière inappropriée) dans les lieux publics en mettant en place une surveillance généralisée des femmes et des filles dans l’espace public et en procédant à des contrôles de police massifs, ciblant notamment les femmes qui conduisent, nous dit Amnesty Internationale.

Un homme, Iman (Mizach Zare) fonctionnaire, auxiliaire de justice, reçoit une promotion, il est nommé enquêteur. On lui remet une arme et des balles, il signe un reçu, c’est la première et magnifique image du film. Et c’est autour de ce personnage que le film s’articule. Qui est-t-il ? Allure costaude, élégante, il mène une vie de petit bourgeois de Téhéran, il a une jolie femme, soumise et parfaite et deux gentilles filles sérieuses, qui sont admises à l’université. Cette promotion professionnelle, c’est pour lui la promesse d’un logement de fonction plus grand et d’un meilleur revenu, tellement nécessaires pour que ces deux filles aient une chambre à elles et davantage de confort. Au plan narcissique, ce n’est pas rien non plus, sa nouvelle position hiérarchique c’est juste la marche qui le sépare du poste de Juge ! .

Iman est fier de lui-même, il s’estime intègre et travailleur et imagine a voir été choisi pour ces raisons. Il ne tarde pas à s’apercevoir qu’il est nommé contre d’autres, qu’il y avait des prétendants et qu’il ne doit cette place qu’à un appui, son ami Ghaderi (Reza Akhlaghirad, vous vous souvenez sans doute, il jouait dans un homme intègre). Il ne tarde pas à s’apercevoir également, qu’il n’est que l’agent d’une machinerie bureaucratique, il s’agit non pas d’y instruire des dossiers, mais de signer des condamnations,  le plus souvent à mort. Il en est d’abord déçu, mais bon gré, mal gré, il accepte, après tout, comme lui suggère sa femme, il n’est qu’un modeste rouage. Pendant ce temps, dehors la jeunesse est révoltée, la police mutile et tue, et dans les prisons d’Iran, avec le concours des enquêteurs, on exécute.

Il y a des grains de sable dans la machine cependant, sur internet, des listes circulent ouvertes à tous, celles des enquêteurs par exemple, avec leurs noms, adresses, véhicules .

L’écart entre l’opinion qu’Iman se fait de lui et la réalité, sa femme l’a toujours bien mesuré, elle sait subtilement canaliser les violences et les peurs de son époux, les désamorcer. Tout va bien, jusqu’au moment où Iman « égare » son arme de service, ça risque 3 ans de prison, le déshonneur, et le désaveux de son ami Ghaderi…Et là ça ne marche plus cette affaire ! Secrètement, il panique, et il en vient à soupçonner ses propres filles. Désormais, il n’y a plus d’épouse ou de filles, plus d’amour ou ce qui lui ressemble dans son histoire, il n’y a que des obstacles à son beau parcours et la suspicion.

Alors, ce petit bureaucrate, faible mu par la peur se fait violent, inquisitorial. Il n’a qu’un pas à faire, il connaît un spécialiste des interrogatoires psychologiques. Il diligente un interrogatoire de son épouse et de ses filles. Enfin, il tient ou croit tenir la coupable !

Mais son propre nom circule partout, sur internet, Gadheri lui conseille de se mettre au vert (si l’on peut dire !). A cette occasion, Iman conçoit alors un moyen pour faire avouer « l’une de ses femmes »… Ce projet en tête, sa mutation intérieure de loyal sujet à tyran implacable s’achève, il n’est plus un simple agent du pouvoir, il en est devenu à son échelle, l’acteur, l’incarnation même. Il est le pouvoir.

Ce qui était ancré, latent, non dit, chez Iman apparaît dans sa brutalité primitive. Le pouvoir politico-religieux existe aussi par la participation de la multitudes de ses fidèles serviteurs masculins. Iman apparaît  comme tous ces hommes par qui le pouvoir prospère,  qui ont avantage à la domination des femmes.

La fin du film, dans le dédale du village abandonné de son enfance, est à la fois symbolique et optimiste, elle suggère que cette violence très ancienne finira par se retourner, mais ça c’est une autre histoire.

Georges

Quand Vient l’automne-François Ozon

Autorisez-moi quelques notes sibyllines sur ce bon film que je ne veux pas risquer de divulgâcher, mais qui parleront à ceux qui l’on vu.

Dans cette belle histoire de vie, celle de deux vieilles dames, chargée d’un passé un peu lourd, inutilement mais efficacement culpabilisant, et d’un présent porteur d’une belle et solide amitié (Hélène Vincent, Josiane Balasco), de générosité quotidienne et de petits bonheurs simples, surviennent des événements parfois cruels, involontairement cruels, telle cette fille (Ludivine Sagnier) qui a tant (et symboliquement) besoin d’argent, et parmi ces choses de la l’a vie, l’une interroge davantage encore…

Rencontrant des fidèles de l’Alticiné, elles me demandent, vous avez vu ce film d’Ozon, alors que je répondais oui, elles me demandent : Alors l’a-t-il fait ou non ?

Chacun peut y aller de sa supposition.

Mais s’il avait été reconnu qu’il l’avait fait, que serait-il advenu ? Nous connaissons la réponse, au lieu de quoi, nul ne sait, et la vie continue. C’est ainsi qu’un jeune homme en difficulté (le remarquable Pierre Lottin) nous apparait gentil, toujours prêt à rendre service, bien inséré dans la vie de son village… Ce que ne lui aurait été aucunement permis s’il avait été reconnu qu’il l’avait fait. Ozon s’attaque sans en avoir l’air, en toute simplicité, à l’un des piliers de notre société, si bien analysé par le philosophe Michel Foucault.

On s’amuse aussi des vicissitudes de la mémoire d’enfance, qui décidément est une invention utilitaire au jour le jour (on a la mémoire dont on a besoin ici et maintenant). On suit les évocations douloureuses et chargées de ressentiments de la fille… jusqu’à l’épisode des champignons et un peu au delà..Et vers la fin du film on jubile d’entendre Lucas, le petit fils (Paul Beaurepaire) dire qu’il a toujours aimé les champignons.

Si vous avez eu la patience de lire ces lignes, ce qui est méritoire, allez voir ce film modeste qui l’air de rien fait son oeuvre.

Georges

PS : 3/11, Maintenant que ce film est passé, je me sens un peu plus libre pour en parler, j’ai aimé dans ce film les différentes possibilités de lecture qu’il offrait aux spectateurs. Il y a des sortes de fourches (chiasmes?) dans le récit alors, vous prenez une route ou l’autre. Michelle ramasse des champignons, Marie-Claude lui fait remarquer qu’elle en a ramassé un qui n’était pas comestible, elle continue sa cueillette…Prépare ses champignons que seule sa fille aime, et empoisonne sa fille… qui en réchappe ! Volontaire ou involontaire ? le spectateur a le choix. S’il considère que l’acte est volontaire, il se dit que cette grand-mère veut son petit fils pour elle seule et ou que sa fille qui la juge mal et lui demande de l’argent sans cesse, lui est insupportable. Mais on peut aussi estimer que c’est un accident et continuer, d’ailleurs, c’est le plus probable. Mais survient une seconde fourche, Vincent (fils de Marie-Claude) se rend chez Valérie (la fille de Michelle), elle va sur le balcon, elle monte sur un tabouret pour prendre des cigarettes, cachées là… et elle tombe par la fenêtre. Là encore, le spectateur peut choisir, accident ou meurtre ! De sorte qu’il y a autant de film que de spectateurs, les A-B , les ni A ni B, les A et non B, les B et non A …et s’il y a meurtre, il n’est pas puni. Et ici, qu’il ne le soit pas rend la vie de tous, tellement plus belle…

À son image-Thierry de Peretti

Tous les amateurs du cinéma de Thierry de Peretti attendaient ce film, le voici, en ce moment même à l’ALTICINE, il est inspiré du roman éponyme de Jérome Ferrari, c’est une histoire à la fois fragmentaire et très construite, qui laisse le spectateur tisser ses propres liens.

Tous ceux qui ont vu la remarquable tragédie  « une vie violente » seront plus à l’aise avec cette histoire Corse fin de siècle, toile de fond de ce dernier film qui est avant tout une brève histoire de femme.

Nous sommes dans cette sanglante période Corse avec  ses revendications indépendantistes, ses combats contre le pouvoir central français, (I Francesi Fora) ces luttes intestines où se retrouvent et s’affrontent diverses tendances, où se mêlent fatalement, barbouzes et gangsters opportunistes divers. Pendant ce temps, en Europe, c’est la guerre  dans l’ex-Yougoslavie.

Bref, pour Antonia, il s’agit de vivre et devenir dans cet univers tourmenté et dangereux. Depuis toujours elle aimait la photographie, (enfant, son parrain, un prêtre lui avait offert un appareil photo), jeune femme, elle a eu la chance d’être embauchée  par Corse-Matin. Elle rencontre également Pascal son premier et unique amour. Or Pascal est un indépendantiste, et c’est souvent comme ça, il va largement  déterminer l’univers relationnel d’Antonia. Mais ce  Pascal est avant tout un activiste et une  belle partie de sa vie se passe en prison. Leur relation se distend, Antonia part pour Belgrade.

À son image, est  un film de mouvement et d’action,   mais c’est aussi une réflexion sur la violence, (De Peretti est un lecteur avisé de Léonardo Sciascia), sur l’image et ses limites*, et le plus important sur la vie d’Antonia 24 ans, jeune femme de son temps,  quelque part à Ajaccio, Corse, dans ces années là.

Georges

*À son image est un titre qui exprime divers signifiants.