AMA GLORIA-Marie Amachoukeli



Quand il y a un tel engouement pour un film, on a tendance à attendre quelque chose de formidable et j’ai été un peu déçue pour une fois !

Je pense que je ne m’attendais pas à ça, que je me suis totalement trompée en lisant le synopsis : ce que j’avais envie de voir c’était une Cléo qui a grandi et qui retourne, jeune femme, voir sa nounou (et peut-être l’aurais trouvé en vie ou non). Je me délectais de voir une suite à « La couleur des sentiments ».

Certes, cette petite Cléo, pour le bout d’enfance que l’on voit, a vécu des choses incroyables : triste en ce qui concerne le décès de sa mère, et rare de part son voyage au Cap-Vert. Je trouve que c’est elle qui est au centre de l’histoire plus que sa nounou. En effet, tout bascule au moment où elle n’est plus le centre d’attention (à la naissance du petit-fils de Gloria). Ama Gloria, de Marie Amachoukeli, est un grand cri d’amour d’une petite fille à sa nounou qui lui a appris que la vie c’est fait pour se créer des souvenirs. Et à un espace près, ce film aurait pu s’appeler « à ma Gloria » ! Mais ce que cette nounou, interprétée par une vraie nounou dans la vie Ilça Moreno Zego, a apporté à Cléo est encore plus immense que ça ;

On ne voit bien qu’avec le cœur, et voilà comment nous aussi spectateurs nous apprenons de Gloria l’empathie pour une petite fille privée de l’affection maternelle qui se retrouve possessive malgré elle. Gloria ne la juge pas et lui montre qu’aimer c’est pardonner, qu’aimer c’est laisser partir, qu’aimer c’est être fort pour encourager l’autre. C’est d’ailleurs lors de la dernière scène que l’on découvre que Gloria, une fois seule, se met elle aussi à pleurer cette séparation.

Ce film montre également qu’être payé pour s’occuper d’un bambin n’enlève en rien l’attachement affectif qui se crée. Le père apparaît peu souvent mais on voit qu’il fait de son mieux en vue de son veuvage prématuré et ne souhaite que le bonheur de sa fille, même si ce n’est pas lui qui peut lui apporter. Voilà encore une belle preuve d’amour : laisser sa fille de 6 ans partir au Cap-Vert !

La relation entre les enfants dans les scènes tournées sur l’île de Santiago montrent comment Cléo a été intégrée dans un pays étranger. Ce voyage au Cap-Vert lui a fait voir la vie mais aussi revivre le deuil d’une séparation. C’est un grand chamboulement pour elle qui plus tard quand elle sera grande, lui a rappellera qu’elle a vécu des choses incroyables. C’est aussi une première expérience cinématographique pour son interprète, la jeune Louise Mauroy-Panzani, que nous reverrons sûrement après cette brillante interprétation !



La réalisatrice quand à elle est aussi une jeune dame (jeune comme moi !) qui cumule les récompenses et se voit décrite dans une interview des Inrockuptibles comme une « hyper-active flemmarde ». Elle n’arrête jamais d’écrire et quand elle ne le fait pas pour elle, elle le fait pour les autres ! Dans Ama Gloria, je me suis interrogée sur l’utilité de certaines scènes comme la première chez l’ophtalmo. J’ai découvert que la réalisatrice avait voulu filmer sa propre expérience de jeune fille myope. Je préfère tout de même penser que cette scène est une métaphore de Gloria qui ouvre les yeux de Cléo sur le monde parce que c’est un peu ce qu’elle fait et s’il existait un Oscar du meilleur Ange-Gardien, il serait pour Gloria (au yeux de Cléo !).

Mélaine

Sur la branche-Marie Garel-Weiss


Le film vient de se terminer. Je ne parle pas, je suis encore sur le petit nuage d’humanité où m’a laissée la réalisatrice Marie Garel-Weiss. Des rencontres improbables et des personnages touchants dont Mimi (Daphné Patakia), une jeune femme qui, à presque trente ans, rêve toujours à ce qu’elle pourrait faire quand elle sera grande. Cette présentation alliée à l’affiche du film nous invitent à suivre le parcours d’une jeune femme innocente et frêle. Nous allons être surpris !

De prime abord, Mimi a un comportement atypique. Nous découvrons finalement que Mimi est bipolaire : un diagnostic médical a été posé et on imagine facilement que des portes se sont fermées pour elle suite à cela. Alors le film nous plonge dans l’aventure de ce qui se passe lorsque Mimi enfonce les portes ! Dès le départ, on voit Mimi déterminée à réintégrer le domaine juridique duquel elle avait été écartée. On découvre alors que cette jeune femme est dotée d’une intelligence et d’une intuition hors norme. Elle a des points communs avec les personnages qu’elle rencontre : elle est « sans filtre » comme Christophe, le jeune homme qui a besoin d’un avocat, elle a vocation à rendre justice et rétablir la vérité comme le semble Paul (Benoît Poelvoorde) qui est avocat, elle est forte et déterminée comme l’associée de Paul (Agnès Jaoui). En apparence, elle est comme tout le monde finalement… Et pourtant, les situations dans lesquelles elle va embarquer ces personnages va la rendre inoubliable à leurs yeux ! Car le comportement et les propos de Mimi sont souvent déroutants.

On peut dire que Mimi est une femme libre dans ce sens où elle a une vie sociale et ne culpabilise jamais de ce qu’elle peut dire ou faire. Sans jamais tomber dans la vulgarité ni le drame, la réalisatrice nous amène à suivre son quotidien fait de (très) hauts et de (très) bas. Le jeu des acteurs est à saluer pour réussir à nous faire sourire et même rire à chaque instant. Les plans fixes que nous voyons lorsque Mimi est seule m’ont amenée à encore plus d’empathie et d’attachement à son personnage.

Le film permet aussi de sensibiliser à cette maladie puisque lorsque Paul (avocat) la rencontre, il ne se rend pas compte de sa fragilité. Il se rend compte qu’elle est en permanence « sur le fil » mais lui-même étant un peu perdu il pense qu’ils pourront s’aider mutuellement. Mais Mimi est encore plus fragile que ça, comme un oisillon « Sur la branche » un jour de vents violents.

J’ai aimé ce film parce qu’au travers de ces rencontres, l’idée que les apparences sont parfois trompeuses est omniprésente et équitable ! Parfois c’est Mimi qui est imprévisible, parfois ce sont les autres personnages. Paul est celui qui va le plus évoluer et cela grâce à Mimi. Leur duo est un pilier sur lequel se termine le film.

Le parti pris de la réalisatrice pour terminer sur un moment « haut » nous amène à repenser à tous les moments haut et ce qu’ils ont de palpitant. Afin de garder son rythme, le film traite les phases « basses » de façon plutôt suggérée, notamment avec la réaction de sa mère qui ne montre aucune joie à la revoir. Nous imaginons alors ce qu’elle a traversé. Pour autant la réalisatrice recrée le lien entre elles en choisissant de filmer en gros plans leurs visages, leur ressemblance physique et génétique donc (je n’ai vu aucun gros plan sur le visage des autres personnages). Une belle façon de mettre ces deux personnages en miroir.

La bande annonce du film mettait en avant les dialogues pétillants du film et la promesse a été tenue. Marie Garel-Weiss a exprimé à travers ce film son propre goût pour la justice et pour tout ce qui sort de l’ordinaire et je suis ravie d’avoir découvert ce film présenté par Pierre et sélectionnée par les cramés de la bobine ! Merci !

Mélaine