Testament par Denys Arcand

Allons voir Testament réalisé par Denys Arcand, c’est un film comme on n’en fait guère. Il est interprété par Sophie Lorain (Suzanne), Rémy Girard (Jean-Michel), deux acteurs sur mesure, idéaux pour ce film qui est à la fois profond par ses thèmes et léger par son élégance, son ton et son humour.

En même temps qu’il raconte comment deux personnages qui se connaissent bien finissent par se rencontrer, elle, Suzanne qui dirige un foyer pour personnes âgées, ne faisant qu’une avec son travail, et lui Jean-Michel vieil homme, archiviste en retraite partielle de son état, songeant à l’inanité de son existence présente et… passée dans un monde qu’il pense n’être plus le sien…

Il raconte aussi la vie qui ne se laisse certainement pas si facilement enfermer dans des ruminations ou dans ce cadre d’apparence si tranquille. Dans le hall de cette belle maison, chacun peut voir un tableau représentant l’arrivée de Jacques Cartier au Canada… Tableau qui va ouvrir un débat sur l’histoire passée du Canada et sur sa contemporanéité, avec son langage, ses sujets politiques, ses codes, sa culture et… sa cancel culture.

Ce film est remarquable parce qu’il nous montre une jolie histoire humaine dans la grande et parfois « si petite » histoire sociale. il faut aller le voir, nous n’étions que deux en Salle 1 à l’Alticiné, un bien grand écran pour ce petit bijou. Il ne va pas rester longtemps encore, dépêchons-nous !

Georges

A paraître

Avec nos remerciements à Henri pour sa série de Quizz sur les transports au cinéma, choisie dans une sélection de films des Cramés de la Bobine. Elle s’arrête (pour le moment ? ) Demain soir, un extrait du journal de Dominique et Mercredi un quizz de Chantal… Passez une bonne semaine, prenez soin de vous et… bienvenue aux lecteurs et aux auteurs!

Amis Cramés de la Bobine Bonjour,

Que pouvons-nous souhaiter ? Quelques bons films à l’Alticiné le plus prochainement possible! Durant ce long sommeil cinématographique, le blog continue, enfin presque car nous allons faire une petite pose le temps de composer quelques articles et jeux…Et c’est l’occasion pendant cet entracte de remercier tous les lecteurs fidèles ou occasionnels et tous ceux qui ont contribué en composant des articles ou en jouant avec nous, à animer le blog durant les semaines passées : Chantal, Marie-No, Pauline, Maïté, Laurence, Dominique, Henri, Claude.

Prenez soin de vous, et à bientôt.

Amicalement
le Blog des cramés de la Bobine

En attendant l’Alticiné

Amis cramés de la bobine, bonjour,
Vous trouverez ci-dessous le premier épisode d’une nouvelle rubrique : « les quizz de Chantal ». Nous espérons qu’ils vous plairont, nous comptons sur vos réponses, tout autant sur vos suggestions, vos articles ou vos rubriques. Ce blog est à vous.
Merci de nous lire et pourquoi pas, au plaisir de vous lire ici même!

Devinette du W.E

Maïté nous envoie cette devinette, si vous trouvez la réponse, vous pouvez la signaler à georges.joniaux45@orange.fr

Mésaventure coennesque

En ces temps difficiles, qu’il est agréable de rêvasser ou lire devant un bon feu de cheminée. Ce qui l’est moins, c’est de devoir se rendre au fond du jardin pour vider les cendres dans le bac à compost. C’est ce que j’ai fait ce matin, mais je n’ai pas pris garde au vent qui soufflait fort et… dans ma direction. Vous devinez la suite !
Ce qui m’est arrivé m’a fait rire car ça m’a rappelé une scène d’anthologie d’un certain film dont vous aurez sans doute trouvé le titre, même sans photo ! Maïté

Réponse : Maïté pensait sans doute à The Big Lebowski des frères Coen. Vos devinettes sont toujours bienvenues! Bon dimanche

En attendant Alticiné (4)

Ce n’était pas si facile, ci dessous vous avez peut-être reconnu deux documentaires : « A la recherche de Vivian Maier », film de John Maloof et Charlie Siskel, Sur cette photographe géniale.
et dessous  » La maison de la radio » de Nicolas Philibert et on y reconnait en effet Fréderic Lodéon lors de son émission « Carrefour de Lodéon » qui était le fameux 16-17 classique de France Inter…. Merci à Marie-No. A partir de Lundi nous commencerons une série de ciné-photos proposée par Chantal.

Cette fois-ci, Marie-No nous envoie deux images et un indice : Ce ne sont pas des fictions… Sauriez-vous trouver de quels films elles viennent ?

En attendant l’Alticiné (3)

11.01.21. Suite et fin : ci-dessous, 15 films projetés aux Cramés de la Bobine, commentés en quelques lignes … Tous les auteurs, toutes les manières d’en parler, tous les styles étaient permis, une seule règle du jeu : être bref. Nous remercions tous les auteurs. Dans l’ordre d’apparition, Martine, Henri (3) , Marie-No, Laurence, Georges, Dominique, Claude (2) et ce soir, Pauline clos allègrement cette série avec le 15ème film. Nous espérons que vous aurez pris autant de plaisir à lire ces articles que nous en avons eu à les écrire. Avec nos amitiés cinéphiliques et à bientôt pour de nouvelles aventures.

Il est 16h, je rejoins la salle obscure,

Film non horrifique mais qui me glace

Dans une étrange angoisse,

Plus encore que ma présence révèle sa pure Imposture,

Que je ne sois pas à ma place,

Je suis prise d’une peur bleue 

Qu’à mes yeux

Le film ne trouve pas grâce…

.

Car la semaine prochaine, ce sera moi,

Pour la première fois,

Qui aurait la chance de présenter

Au public exigeant des Cramés

Ce mariage animalier

Et si je n’ai pas aimé,

Je ne saurai le cacher…

Il y a de quoi se stresser.

.

Le film s’ouvre,

Et comme Laura au hasard d’un train nous partons,

Dans un tourbillon

Vers cet univers zoologique qu’on découvre.

.

Dans cette drôle d’incruste

Les acteurs sont si justes, 

Qu’on se laisse entraîner

Dans cette histoire débridée

Les personnages profonds et attachants

L’absurde débordant,

Les situations rocambolesques,

La danse sans prétexte,

La mise en scène d’une grande fraîcheur,

C’est un pur bonheur.

.

Ces quelques mots Artificiels

Ce souvenir d’un joyeux bordel,

Pour se rappeler

Lors de ce culturel arrêt 

Qu’à l’Alticiné,

Ce que propose les Cramés,

Bien plus qu’une soirée télé

C’est une expérience partagée.

Pauline Desiderio

P.S : J’en oublie l’essentiel ! Nous vous souhaitons une très belle année familiale, amicale et cinématographique, en espérant que les Cramés deconfinés puissent très vite rejoindre les salles, bien que l’activité créée sur le blog soit réjouissante ! Pauline

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Pauline Desiderio

Samedi 09. 01.2021 Deux de Filippo Meneghetti 

Le ballet fiévreux sur le palier d’une femme, Nina (jouée par Barbara Sokowa), du seuil de son logement à l’appartement soudain enténébré de Madeleine (incarnée par Martine Chevallier), victime d’un AVC, aidée par une assistante de vie tout aussi encombrante que ce frère et cette sœur Anna (Léa Drucker) perclus de préjugés et enfermés dans l’image d’une mère fidèle qui vivrait dans le souvenir d’un mari pourtant peu aimant. Ce ballet filmé en scope, aux dimensions d’un amour absolu, hanté par un impossible voyage en Italie, dans le huis-clos étouffant de deux intérieurs où le grand âge et l’homosexualité sont vécus dans la culpabilité et le jeu social de voisines très proches. 

Ah cette mauvaise conscience qui nous oblige à intégrer le regard des autres, ou ce qu’on croit l’être, quand il suffirait peut-être d’expliquer à ses enfants (telle la vieille dame dans La Femme-coquelicot de Noëlle Châtelet)  ̶  comme on s’y était pourtant résolu lors d’une soirée d’anniversaire  ̶  qu’on en aime un autre, une autre, dont le regard nous chavire, dont la présence insaisissable nous hante autant que sa soudaine absence pour hospitalisation. Quand le présent se fige en une éternelle attente, en des pas toujours recommencés derrière l’interdit kafkaïen d’une porte et qu’il faut mentir, jouer, ô imposture, la voisine de palier inquiète et prévenante. Quelle belle histoire d’amour, filmée comme un polar haletant ! Quelle réflexion philosophique sur l’impossible travail sur soi pour un peu mieux maîtriser ses sentiments, sources parfois de malveillance, ou comprendre ses proches, les aimer jusque dans leur mystérieux passé… ! 

Claude Sabatier

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« Ceux qui travaillent » d’Antoine Russbach : Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

Pour que nos smartphones, nos tablettes et plus globalement les produits manufacturés que nous importons  arrivent à la date prévue Frank (Olivier Gourmet) un homme d’origine modeste qui a gravi les échelons de la compagnie est chargé de suivre les porte-containers et de gérer les incidents qui pourraient retarder l’arrivée.  Un jour de retard coûterait à la compagnie de transport maritime des dizaines de milliers d’euros.

Un passager clandestin est découvert à bord de l’un de ces navires, que faire ? Le garder à bord jusqu’à l’arrivée entraînerait des complications administratives, des pénalités et du retard à la livraison. Se dérouter et trouver un port qui accepterait le débarquement du clandestin prendrait aussi beaucoup de temps.

La décision prise par Frank sera de balancer  le clandestin à la mer (le verbe balancer est de moi, jamais Frank ne dit cela mais le capitaine du bateau comprend et exécute)

Parallèlement nous suivons sa vie de la famille, l’épouse et les enfants ne semblent pas s’intéresser au travail de leur époux ou père peut-être que cela les arrange de ne pas savoir : ce qui compte pour eux c’est le confort de leur vie matérielle, la possibilité d’avoir tout de suite le dernier smartphone. 

Il y a bien sûr dans ce film une critique du capitalisme international mais en sortant du cinéma et en consultant mon smartphone j’ai eu le sentiment d’être aussi responsable de la mort du passager clandestin. 

C’était je crois l’intention de Antoine Russbach  réalisateur  de son premier long-métrage.

Henri Fabre

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Aujourd’hui 06.01.2020- Une Valse dans les allées de Thomas Stuber 

« Une valse de Strauss dans les allées rectilignes et mortifères d’un supermarché est-allemand –une Allemagne réunifiée, pourtant guettée par la détresse sociale ; des vies vouées à l’inlassable répétition des mêmes gestes, à la conduite mécanique mais virtuose d’un chariot élévateur pour déposer des palettes et remplir le rayon des alcools – compétence que Christian acquiert laborieusement mais sûrement, sanctionnée par un examen, sous la férule agacée mais paternelle de Bruno.

Moderne solitude des espaces marchands, saturés de clients mais vides d’humanité, où une tendresse blasée, un désespoir muet se réfugient sur la plate-forme de déchargement, après le suicide de Bruno, qui se disait marié au point de recommander le silence à Christian invité un soir à boire une bière, pour ne pas… réveiller son épouse. Valse triste et lente des regards dans l’axe, Marion se retournant vers Christian. 

Valse-hésitation de l’amour rêvé, impossible rencontre entre Christian (Franz Rogowski), émouvant de timidité, de maladresse, le regard dur et lourd d’un passé prisonnier et Marion (Sandra Hüller), farouche et provocante, lutinant autour d’une machine à café mais fuyant la rage au coeur le seul homme qui, peut-être, l’eût rendu heureuse. Christian, emprunté et téméraire jusqu’à s’introduire chez Marion en arrêt de travail, déposant le bouquet de fleurs qu’il n’ose offrir à cette femme battue dont la voix sifflotante et la silhouette entrevue sous la douche le clouent de peur adolescente et de désir inassouvi. Une valse dans les allées, une loge poétique pour mettre en “échecs” la dureté du quotidien : l’espoir d’un verre, d’un rayon de confiseries, d’un barbecue improvisé à Noël, sous les lampions. Un très beau film d’amour, une chronique sociale, sans didactisme ni misérabilisme, une méditation sur le travail aliénant et la vie dévorée par le travail. Des « gens de peu » d’une rare humanité »…

Claude Sabatier

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05.01.2021. Béliers,  de Grímur Hákonarson

J’ai demandé à JC, Tu crois qu’ils s’en sortent, Les moutons, non, Et les hommes, Non plus. C’est triste, j’ai dit, mais c’est beau.

Et ça m’a donné envie de me replonger dans mon journal islandais où j’ai noté que « notre guide, prénommé Magnus, nous raconte que les moutons sont lâchés dans la nature au début de l’été et récupérés à l’automne. Le ramassage dure une à deux semaines -je veux bien le croire- et une légende raconte l’histoire de deux bergers surpris par le froid [Que ne ce sont-ils creusé un igloo comme les deux frangins du film ?] et qui reviennent hanter le désert ».

            Mais revenons à nos moutons, c’est-à-dire au film : après le concours de béliers, les participants font la fête et, par la fenêtre ouverte de la salle, on les entend chanter et alors je me mets à fredonner avec eux et à hocher la tête en rythme et je me tourne vers JC et je lui explique, Ils chantent « rideum rideum » ! Un air que Magnus avait vainement essayé de nous apprendre avec les paroles et tout (mais l’islandais…) et qu’il nous repassait sans arrêt pendant les trajets en car et l’air est à jamais gravé dans ma tête.

Rideum rideum : en fait, ça s’écrit ríðum ríðum mais ça se prononce comme j’ai écrit avant en roulant le r initial, mais ríðum ríðum ça n’est pas le titre, seulement les premiers mots. Le titre exact est Á Sprengisandi et me demandez pas ce que ça veut dire. 

            Ríðum ríðum, lalalalalala, lala, lala, lalalalala…

Dominique Bonnet

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04.01.2021, Les contes de la lune vague après la pluie de Mizoguchi.

« Les contes de la lune vague après la pluie » est le  film le plus connu de Mizoguchi –  « un des plus grands cinéastes japonais, un des plus grands cinéastes tout court » Godard) -, il a été récompensé par le Lion d’argent à Venise en 1953.

Comme dans la plupart de ses films les deux thèmes dominants sont la place de la femme dans la société japonaise (sa sœur a été vendue comme Geisha par son père) et son antimilitarisme (il a conservé les convictions socialistes qu’il avait dans sa jeunesse)

Les désirs des hommes et des  femmes sont contraires, Genjuro le potier veut faire fortune en profitant  de la guerre qui fait monter les prix et  Tobei réussi à réaliser son rève de devenir Samouraï alors que leurs épouses souhaitent une vie plus calme,

Elles n’ont pas choisi leur destin   la femme de Tobei devient prostituée après avoir été violée et  celle de genjuro est morte en rentrant seule au village.

À retenir l’admirable scène du lac avec la barque qui apparaît dans le brouillard  et  qui symbolise le danger la violence et la mort. La guerre n’a rien de glorieux : les soldats sont des pillards, des violeurs, et le fameux sens de l’honneur japonais apparaît rarement.

Henri Fabre

03.01.2021 Victoria de Sébastian Schipper 2015. 

Il est 5h42 du matin à Berlin, Victoria jeune pianiste espagnole, qui voulait en devenir une grande sort d’une boite de nuit,  elle est abordée par quatre amis « la bande à Sonne », ils sont sympas,  ils partent en virée. 2h14 plus tard, il est presque 8 heures à Berlin. Nous venons d’assister, miracle de la technique, au plan séquence le plus long de  l’histoire du cinéma.  Que peut-il se passer pendant ce temps ?  On peut blaguer, boire, déambuler, faire des bêtises et rire,  commettre un délit, piquer un petit révolver,   devenir l’objet d’une poursuite policière époustouflante, se sauver,  se planquer, échanger des tirs, et en mourir. On peut voir Victoria, en pleurs, reprendre son soufle,  se relever  et fuire. Elle y était…sauf pour les policiers. Déjà le jour se lève, elle est seule dans la rue qu’elle traverse en diagonale, elle en a réchappé, elle pourra retourner chez elle, continuer. Elle qui ne sera pas ce qu’elle voulait être, ne sera plus jamais ce qu’elle était. Le temps de l’histoire, le temps du jeu des acteurs, le temps des spectateurs, une même durée. Quant aux jeunes acteurs,  Laïa Costa, Frederic Lau, Franz Rogowski, Burak Yigit, Max Mauf… dans le « plan séquence » de leur existence, ils ont joué d’autres beaux films,  et nous aux Cramés, nous sommes témoins de certains.

Georges

 

02.01.2021 Carré 35     d’Eric Caravaca

Un film documentaire court, 1h07. Pourquoi me poursuit-il ainsi depuis cette soirée du mois de décembre 2017, présentée par Georges ?

Sans doute un peu la même sensation que celle éprouvée par Eric Caravaca et qui est à l’origine de ce film autobiographique. Tout est parti d’une tristesse soudaine, profonde, ressentie devant les tombes d’enfant d’un cimetière en Suisse. Une tristesse trop forte, qui le dépasse, une détresse personnelle qui l’amène à explorer les traces du passé familial et à percer ce secret de l’existence cachée d’une sœur décédée à l’âge de 3 ans, dont il ne reste aucune trace dans le « roman » familial. Les photos d’elle ont été détruites.

Le film d’Eric Caravaca est le récit de son enquête auprès des siens, son père mourant, ses oncles et tantes, et surtout sa mère qui résiste : non, il n’a jamais eu de sœur aînée, elle ne voit pas de quoi il parle. 

Je ne veux pas dévoiler plus l’intrigue de ce très beau film, peut-être ne l’avez-vous pas vu. C’est un film sur les secrets de famille, enfouis plus ou moins profondément, souvent avec l’accord tacite de ses membres. Peut-être trouverez-vous le réalisateur dur avec cette mère qui a voulu tout oublier pour survivre, cette enfant pas comme les autres et l’époque de la colonisation. Mais pour lui, l’heure est venue de savoir : il est père à son tour.

Laurence Guyon

En attendant l’Alticiné (2)

Pour finir cette année et commencer la prochaine, nous vous proposons, tous les deux jours, en guise de feuilleton, un commentaire d’une dizaine de films, chacun en une dizaine de lignes. Ces films ont été projetés à l’Alticiné, aux Cramés de la Bobine. Pour vous en parler : Martine P, Laurence, Dominique, Pauline , Marie-No, Henri, Claude, Georges…à Raison d’un article par jour… Bien sûr, vos propres articles sont bienvenus. Passez de bonnes fêtes!

Publications à venir : le 01.01.2021 et le 02.02.21

Aujourd’hui 30 décembre, séjour dans les Monts Fuchun

On peut voir depuis la rivière, en un plan séquence sublime le déroulement d’un début d’idylle et c’est merveilleux. Elle, le pas léger et assuré, contournant les creux et les bosses, marche sur la rive du Yangtsé. Lui, dans l’eau, l’accompagne. En parfaite harmonie il nage, elle marche, ils se rejoignent sur la terre et courant vers le bateau, se donnent la main, capables de tout vivre. 

J’entends encore le clapotis de l’eau dans le calme de ce paysage.

Le film qui se déroule sur une année nous plonge au cœur d’une famille, d’une fratrie de quatre, prise dans les engrenages de la vie moderne. La mise en scène magistrale montre avec chaque saison le point de vue détaillé d’un des quatre frères gravé dans les intrigues parallèles et le fil du temps nous attache à cette histoire familiale passionnante.

D’une beauté sereine vertigineuse, un premier film extraordinaire sur un monde en déchirement.

PS : Séjour dans les monts Fuchun serait le premier film d’une trilogie intitulée « Peinture Chinoise en Rouleau Mille Miles le long de la Rivière Yangtsé ».

Marie-Noel Vilain 

Mardi 29.12.2020

Je me souviens bien de « Une fille facile » de notre amie Rébecca Zlotowski qui nous avait fait  l’honneur  de venir à Montargis présenter son premier film « Belle Épine », nous avions ensuite programmé  « Grand Central ».

« Une fille facile » est un film lumineux, lumineux par Sofia (Zahia Dehar)  qui bien dirigée donne une dimension importante à son personnage et aussi lumineux politiquement.

L’entente, l’amitié naissante qui semblent possible entre Philippe (Benoît Magimel) et Naïma (Mina Farid)  est l’image de la possibilité d’une alliance entre les classes moyennes et les classes populaires. Philippe expose bien la situation en disant qu’il n’est qu’un esclave, esclave d’un patron représentant le capitalisme spéculatif – il fait le commerce d’objet d’art mais il n’aime pas l’art – délocalisé – il séjourne majoritairement sur la cote d’azur et la Riviéra mais son bateau à l’instar des Gafa est immatriculé dans un paradis fiscal.

Mais Philippe  est aussi lâche, il perdrait trop, il ne choisira pas de vivre comme/avec Naïma,

Sofia représente  toutes ces catégories sociales qui pensent pouvoir individuellement prospérer. Elle fait penser à la Femme de chambre d’Octave Mirbeau qui change de camp quand l’occasion se présente. 

Sofia  est une femme libre quand elle fait son métier avec le patron du yacht  elle n’a pas la position habituelle de la femme soumise, elle n’est pas pénétrée, elle ne fait pas une fellation, c’est le patron qui  lui fait un cunilingus. 

Elle est assez forte pour vivre librement, elle connaît les faiblesses de l’adversaire : la discussion avec Calypso (Clotilde Courau) est édifiante, Sofia sait d’avance que cette bourgeoise n’a probablement pas lu ni La douleur ni L’Amant. D’ailleurs cette dernière arrête la dispute, la bourgeoisie n’a plus le monopole de la culture et du savoir.

Henri Fabre

Dimanche 27.12.2020

Choisir un film parmi tous ceux des cramés, difficile en 2020, année blanche du cinéma pour écrans noirs. J’ai pioché dans l’année 2018 une pépite qui n’a pas brillé dans le blog…un oubli à rattraper. Il s’agit de :

« Woman at War »

un film islandais de Benedikt  Erlingsson, récompensé par le prix européen de la meilleure actrice pour  Halladora Geirharosdottir.Halla la cinquantaine déclare la guerre à l’industrie locale de l’aluminium qui défigure et pollue les hautes terres d’Islande, cependant l’adoption par Halla d’une petite orpheline pourrait compliquer la situation. Et voilà comment mélanger une grande cause et la vie personnelle, comment mêler intime et social, défendre de nobles aspirations est-il compatible avec un idéal de mère. Sujet grave traité avec légèreté, film d’action et de suspense sur fond d’amour maternel et d’entraide sociale.

Epilogue sauvé par une sororité généreuse et providentielle. La bande-son atypique d’un trio de free-jazz soutient le récit et allège les tensions. 

Halldora Geirharosdottir

Ce conte philosophique est une comète écologique qui tombe sur notre fragile planète et nous réconforte.

Martine Paroux