MIA de Ivano de Matteo, raconte l’histoire de cette adolescente de 15 ans, gentille, avec de bons parents, elle est le centre de toutes leurs attentions. Elle fait bien quelques petits écarts, mais c’est tellement de son âge et puis, elle est sérieuse. Un beau jour, un jeune homme un peu costaud et joufflu, un peu plus vieux, perché sur une moto, l’aborde, il est un peu brusque, mais il se passe quelque chose entre eux, ils se revoient. D’ailleurs le jeune homme fait tout pour. Seulement voilà, la relation établie, il ne tarde pas à l’inonder de messages, devient de plus en plus possessif et exigeant… Ivano de Matteo aborde un sujet parfaitement d’actualité. Le film prend une forte tournure mélodramatique dans sa dernière partie, mais nous savons que la vie peut l’être aussi.
Dante de Pupi Avati, ce réalisateur, nous l’avions rencontré lors d’un festival précédent… C’est un homme joyeux, volubile, démonstratif… qui a réalisé de grands films. Là il s’attaque à la vie de Dante. Son portrait est largement inspiré des écrits de Boccace, et dans le film, Boccace marche sur les pas de Dante, mort en exil, il est chargé de dédommager sa fille, il en profite pour rencontrer ceux qui l’ont connu. Le grand cinéaste nous promène dans des décors campagnards et villageois qui ont dû exiger un énorme travail de repérage, on est au moyen-âge. Notons le très bon choix d’acteurs pour incarner Dante (Alessandro Sperduti) et Boccace (Sergio Castellitto). Hélas, le film ne sera pas distribué en France, cela attriste beaucoup Pupi Avati, et nous qui avons vu son film, nous comprenons sa tristesse et on se demande pourquoi on ne distribue pas un tel film ?
Il signore delle formiche de Gianni Amelio, dont voici le synopsis : « Biopic sur le poète, dramaturge et metteur en scène italien Aldo Braibanti, emprisonné en 1968 en vertu d’une loi de l’époque fasciste qui criminalise les activités homosexuelles. L’informateur est le père de son partenaire, qui oblige son fils à subir une thérapie de conversion par électrochocs ». Très beau film, qui comme « Stranizza d’Amuri » nous parle de l’homosexualité interdite, persécutée. Luigi lo Cascio qui joue Braibanti (et le panache de ce personnage) et Léonardo Maltese le jeune étudiant « le soigné » sont également remarquables de dignité dans cette société et ce système judiciaire qui veulent à toute force prendre une place dans les lits.
Grazie Ragazzi de Riccaro Milani, voici un film agréable malgré quelques longueurs. Un acteur sans rôle depuis longtemps, double des films pornographiques pour gagner sa vie, jusqu’au jour ou son ami lui propose d’animer des sessions théâtrales pour des détenus. Ce film est un remake d’« Un triomphe » d’Emmanuel Courcol (acteur principal Kad Mérad), mais ici c’est Antonio Albanese qui joue le professeur, d’une manière convaincante. Et comme l’idée du film est sympathique, le film se regarde avec plaisir et… à la rigueur !
C’è ancora domani (Il reste encore demain) de Paola Corteles, là attention, j’écris sur un des petits bijoux du festival. En tous les cas, nombre de spectateurs le pensent. Le film fait un tabac en Italie. C’est un film en noir et blanc, on ne l’imagine plus autrement… D’autant que c’est la fin de la guerre de 39-45, il y a encore les Américains, les cartes de rationnement, et la pauvreté de tous. Le personnage principal est une femme (Paola Corteles interprete ce principal rôle féminin, et l’actrice et à la hauteur de la réalisatrice). Un homme, Valério Mastrandéa joue son époux, un tyran domestique. « Ce couple » a une fille aînée « bonne à marier », et deux plus jeunes garçons qui, puisque tels, peuvent être à chaque instant turbulents et grossiers. Brosser ce film à grands traits ne rend pas compte de son originalité, et c’est tant mieux ! Allez le voir ! Il sort en France le 13 mars 2024 et espérons-le aux Cramés de la Bobine.
Pour finir L’Ordine del Tempo de Liliana Cavani réalisatrice qui vient de fêter ses quatre-vingt-dix ans et vient d’obtenir un Lion d’Or pour l’ensemble de son œuvre. Ce n’est pas sa propre fin qu’elle imagine, mais celle du Monde qui devrait, c’est une probabilité sérieuse, être heurté par un astéroïde qui arrive à une vitesse folle. Pendant ce temps, des gens qui sont réunis pour un week-end, dans une luxueuse villa de bord de mer discutent. Ils discutent notament de cette probabilité, et il faut le noter, par instant ça les émeut. Alors puisqu’on en est là, les personnages entrent dans les confidences.
Notons une jolie scène qui dure le temps d’une chanson . Léonard Cohen chante à la télé « Dance me to the end of Love »… il porte son éternel chapeau (c’est le passage que je préfère). Les personnages qui le regardent, se lèvent tour à tour, et ils se mettent à danser… donc dansent de jolies dames quinquagénaires de beaux messieurs également « quinqua », ces gens sont selon : médecin, astrophysicien, psychanalyste, avocat, trader, professeurs renommés et…au milieu de tout ça, il y a une bonne qui tout compte fait, tient absolument à retourner en Amérique du Sud pour voir son enfant qu’elle n’a quasiment jamais vu…
Pour le reste, par des séquences brèves entrecroisées façon zapping, nous passons d’un groupe à l’autre pour voir ces gens qui se parlent, entendre leurs dialogues insipides à propos de leurs cocufiages respectifs et autres sujets du même tonneau …Alors, on se demande à quoi sert cet astéroïde qui dans cette histoire ne précipite que des réactions faiblardes et à quoi servirait cette histoire sans l’astéroïde. Mais peut-être que Liliana Cavani est une pince-sans-rire ? ou peut-être que je n’y ai rien compris, ça ne serait pas la première fois !
Pour finir, deux fois hélas, l’une, c’est le choix de ce dernier film du festival, et l’autre parce que se termine Viva Il Cinéma n°10 qui était chouette, vraiment!
Georges