Journal de Dominique-Prades 2025, suite et fin (2)

5h 07. Bip de mon téléphone…

(Au contraire de mon Nokia précédent, je suis obligée de le laisser allumé si je veux avoir la fonction alarme, c’est malin)

… on m’a envoyé un message. Comme je suis entre deux phases de sommeil, je le consulte, on ne sait jamais : « Lauryne ? »

5h 09. « Non » (l’envoyeur du message a de la chance que j’aie un portable à touches : trop long d’en écrire davantage ; sinon, il aurait reçu un truc du genre, Non mais ça va pas la tête d’envoyer des sms à cette heure-ci, y’en a qui dorment).

5h 12. « Pardon, bonne journée ».

7h 15. Sonnerie du réveil. Je ne vais pas à la séance de 9h…

(La Loi du marché de Stéphane Brizé, autre réalisateur invité. Excellent film -vu à Troyes avec JC- mais dont la caméra mouvante m’avait donné mal au cœur : pas envie de retenter l’expérience)

… et reste tranquillement dans ma chambre afin d’écrire.

14h. A l’âge de 20 ans, un DUT électronique en poche, à part des Louis de Funès et des Belmondo le dimanche soir à la télévision, Stéphane Brizé…

(Seul cinéaste que N. T. Binh ait jamais vu venir présenter ses films AVANT  la projection en plus d’être là après. Demain, Claire Burger fera de même. Bonne ‶contagion‶ ?)

… n’avait jamais vu de film…

(Quatrième enfant d’une famille qui en compte cinq, il vient d’un milieu modeste -père fonctionnaire-, sans appétence pour le cinéma. Pas d’argent pour y aller. « Ça n’est pas pour nous ». Mais en quoi ça ne l’est pas ?)

… ni (excepté Le Rouge et le noir, pour un cours de français) lu un livre.

1987.  Il  monte  à  Paris.  Il  écrit  un  long  métrage  et  l’envoie  à un  producteur  qui

l’accepte mais lui dit que ça serait bien s’il commençait par faire un court métrage. Ce sera 

Bleu dommage (1993. « Mademoiselle Solange aime son travail, c’est bien dommage… ») de et avec (« J’avais. 27 ans et douze kilos de moins »). Pour faire sérieux, crée un story-board (ce qu’il ne refera jamais). Sur le tournage, il se rend compte que jouer ne l’intéresse pas : sa carrière d’acteur s’arrête au bout de trois jours. Au contraire, à l’instant où il est sur le plateau, il se sent chez lui. 

(2012. « A 48 ans, Alain Evrard est obligé de retourner habiter chez sa mère. Cohabitation forcée qui fait ressurgir toute la violence de leur relation passée. Il découvre alors que sa mère est condamnée par la maladie. Dans ces derniers mois de vie, seront-ils enfin capables de faire un pas l’un vers l’autre ?) »)

… second film de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon.

Le point de départ : un documentaire, Le choix de Jean, qui suit un protocole de suicide assisté. Cependant, le sujet du film est l’histoire d’amour entre un fils et sa mère.

Annie Cordy (elle avait tenu un rôle dramatique dans Les Passagers de la pluie) : pressentie pour jouer le rôle de la mère. Lorsque Stéphane Brizé la rencontre, elle tient un bichon dans les bras et lui dit qu’elle ne comprend pas comment on peut empoissonner son chien…

(Mais si tu n’as pas pigé qu’elle ne le fait pas par mauvaiseté mais que c’est un acte désespéré pour reprendre contact avec son fils sans perdre la face, c’est que tu es conne, Annie)

… alors le cinéaste sait que ce ne sera pas elle.

La mort d’Hélène Vincent. Les six premières prises, ça ne marchait pas. Histoire de timing : elle pleurait trop tôt, Il faut que tu retiennes la vanne et c’est quand tu lui prends la main que tu lâches tout. Seuls les très grands acteurs peuvent faire ça. Et la huitième prise fut magique. La totalité du film repose sur ce moment-là.

Le bébé. Filmer des bébés est très délicat. On ne peut tourner que très peu de temps (une demi-heure ?) avec eux dans une journée. C’est pourquoi on fait appel à des jumeaux. Encore faut-il qu’ils pleurent (si besoin) au moment voulu. Or les bébé pleurent quand ils ont faim → il faut tout calculer pour qu’ils soient affamés et décaler les biberons plusieurs jours avant. L’un d’eux ne pleurant quand même pas, Stéphane Brizé l’a regardé d’un air méchant et ça a marché. Il faut aussi que la mère ne soit pas dans la même pièce afin de ne pas distraire l’enfant.

N.T. Binh, qui anime la discussion, soulève la responsabilité des critiques. Il se souvient qu’au moment d’une projection, Stéphane Brizé lui avait recommandé de dire tout de suite s’il avait aimé son film mais d’attendre six mois dans le cas contraire. 

Le cinéaste se rappelle un critique qui lui avait dit du bien d’un de ses films mais l’avait démoli lors d’une émission de télévision. Quand il lui en avait demandé la raison, le critique avait répondu qu’un autre ayant aimé le film il s’était senti obligé d’être négatif afin d’animer  le débat.

Autre cas : une critique travaillant pour un journal de gauche lui avait pareillement dit du bien d’un de ses films. Aussi fut-il très surpris de lire un mauvais papier de sa part. Également questionnée, la journaliste avoua qu’avant d’écrire son article elle était allée voir ce qui avait été précédemment écrit sur le cinéaste dans son journal. Ne trouvant que du négatif, elle en avait suivi la ligne éditoriale.

Une mauvaise critique est quelque chose de très violent. 

Il pleut.

(2023. « Nine et Thaïs, deux adolescentes de 16 ans, passent leurs journées au city stade. À l’approche du nouvel an, elles vont devoir faire tomber leur maillot de foot pour leur première soirée en boîte de nuit »).

… de Lili Cazals…

(Originaire de Leucate, a étudié à la Ciné Fabrique, école de cinéma établie à Lyon et Marseille) 

… dont Bernard Payen, responsable de programmation à la Cinémathèque française et de Court-circuit sur Arte, dit beaucoup de bien.

Fille est suivi de

(2024. « Sur une île volcanique isolée que tout le monde veut quitter, la petite Nana apprend à rester. Sa mère Nia quitte l’île de Fogo, au Cap Vert, pour trouver une vie meilleure en Amérique du Nord. Nana grandit dans la famille de son père, elle est bien entourée. Un jour, Nia réapparaît soudainement après des années d’absence. La proposition de sa mère de quitter l’île avec elle pousse Nana à se demander où est sa place »)

… coproduction suisse, portugaise et cap-verdienne de Denise Fernandes, en compétition pour le prix Solveig Anspach. Joli film poétique dans lequel un vieil homme de l’île et un vulcanologue japonais conversent sans connaître la langue de l’autre. Note : 3, et je regretterai de ne pas lui avoir attribué un 4. 

(1979. Milos Forman. Vu il y a longtemps, je me souviens seulement qu’il y est question de la guerre du Vietnam pour laquelle un jeune s’apprête à partir)

… prévue dans le parc du château Pams, est rapatriée au Lido pour cause de risques d’intempéries. Elle conserve néanmoins son horaire tardif de 21h 30, et je reste sagement dans ma chambre.

Jeudi 24 juillet

(2005. « 50 ans, huissier de justice, le cœur et le sourire fatigués, Jean-Claude Delsart a depuis longtemps abandonné l’idée que la vie pouvait lui offrir des cadeaux. Jusqu’au jour où il s’autorise à pousser la porte d’un cours de tango »)

… de Stéphane Brizé qui, après avoir tourné Le Bleu des villes, se retrouve avec difficulté. Sentiment d’illégitimité. Tétanie absolue. Il se demande s’il va continuer.

C’est à la vision d’un documentaire sur un hôpital gériatrique qu’il retrouve son chemin, face à des gens qui racontent ce qu’ils n’ont pas fait de leur vie → il va s’accrocher.

Je ne suis pas là pour être aimé : plaisir de revoir ce film dont j’avais oublié des détails, par exemple la présence de Georges Wilson… 

(Dont, malgré les années, je garde un souvenir ébloui dans Maître Puntila et son valet Matti au TNP du temps où il était à Chaillot, avec, aussi, Charles Denner -ah ! Charles Denner !- et Judith Magre)

… dans le rôle du père, brutal, de Patrick Chesnais.  On retrouve quelque chose de cette rudesse dans la famille du cinéaste : Georges Wilson = son grand-père. A la mort de ce dernier, on a trouvé dans une malle des choses intimes qu’on n’aurait pas imaginé qu’il avait pu conserver (de même, le personnage d’Hélène Vincent dans Quelques heures de printemps est inspiré par sa mère). 

Question casting masculin, tous les acteurs cotés à Paris reçurent le scénario et tous refusèrent le rôle…

(Jean-Pierre Bacri prétexta qu’il ressemblait à ceux qu’il avait l’habitude d’interpréter mais répondit dans la semaine quand d’autres mirent des mois à le faire)

… personne n’avait pensé à Patrick Chesnais.

Pour le casting féminin, on a fait danser des actrices avec lui pour voir avec laquelle ça fonctionnait le mieux → choix d’Anne Consigny dont la carrière, qui était au plus bas, fut relancée.

Dans le rôle du fils : Cyril Couton que Stéphane Brizé avait rencontré lors d’un stage. Tragique et drôle à la fois.

Le personnage de Patrick Chesnais exerce une fonction sociale mal aimée : huissier, avec l’idée d’aller voir ce qu’il y a derrière la rugosité affective. Ce sont des gens qui se font insulter dans l’exercice de leur métier : il faut savoir encaisser (une huissière a laissé tomber son boulot pour devenir directrice d’une maison de retraite).

Musique composée par deux des trois musiciens du groupe Gothan Project. 

La caméra est toujours très loin des acteurs. Le cinéaste utilise une longue focale pour la faire oublier, ainsi que le dispositif cinéma.

Consignes données à Patrick Chesnais et Anne Consigny : vous allez oublier tout ce que vous avez appris. Se détacher de ce qu’on sait faire. L’important, c’est qu’ils vont bien ensemble.

Importance de la psychanalyse pour Stéphane Brizé. Il en commence une à l’âge de 27 ans, pour survivre, sinon il se serait éteint. C’est le début d’un chemin de liberté. Compréhension des mécanismes de la psyché.

(2018. « Malgré de lourds sacrifices financiers de la part des salariés et un bénéfice record de leur entreprise, la direction de l’usine Perrin Industrie décide néanmoins la fermeture totale du site. Accord bafoué, promesses non respectées, les 1100 salariés, emmenés par leur porte-parole Laurent Amédéo, refusent cette décision brutale et vont tout tenter pour sauver leur emploi »)

… de Stéphane Brizé encore. Je ne l’avais jamais vu, sans doute rebutée par le titre, d’ailleurs le cinéaste avoue que le producteur n’en avait pas voulu (trouvait qu’il n’est pas porteur) → le change, provisoirement, pour Un autre monde, qui sera celui de son film suivant.

En guerre se nourrit du conflit de Continental et de son leader Xavier Mathieu, qui a inspiré le personnage de Vincent Lindon. Stéphane Brizé a rencontré une trentaine de personnes de chaque bord (dont Xavier Mathieu) afin d’avoir le point de vue de chacun.

Dans l’Est, aucune usine n’accepte d’accueillir le tournage. Finalement c’est  dans la région d’Agen qu’on trouve une usine de métallurgie qui, après avoir employé plus de 3000 salariés, n’en comptait plus que 18.

Vincent Lindon : le seul acteur professionnel. Pour le casting, 600 personnes furent auditionnées pendant une heure (discussion d’une demi-heure suivie d’une autre demi-heure de bouts d’essai au cours desquels chacun joue ce qu’il est dans la réalité, cadre ou ouvrier). Ce sont deux langages qui s’opposent.

Dans le conflit d’Air France en 2015, les dirigeants se font déchirer leurs chemises. Dans le film, c’est une voiture qu’on retourne. Las ! Un peu avant ce moment-là, j’ai un gros coup de mou, je ferme les yeux (en continuant à entendre ce qui se dit mais alors, tout étant action, il n’a pas dû se dire grand-chose) et je loupe cette scène. Quand je rouvre les yeux, j’apprends que quelque chose s’est passé qui a fait capoter les négociations. Je ne saurai ce dont il s’agit que par le commentaire de Stéphane Brizé. Dommage. Il faudra que je revoie le film.

La caméra documentaire ne peut pas aller partout : le personnage incarné par Vincent Lindon (il pense qu’il ne sert à rien) n’a pas pu convoquer celle du film pour la scène de l’immolation → celle-ci est filmée avec un portable. Jamais personne ne va filmer le suicide de personnes licenciées en sachant ce qu’elles vont faire.

Cynisme du journaliste qui annonce que les personnes qui ont retourné la voiture ne seront pas poursuivies.

Stéphane Brizé pensait que son film allait provoquer une révolution mais rien ne s’est passé, tout comme les films de Ken Loach n’ont pas changé le monde. Il s’attendait néanmoins à un soutien des syndicats, mais son « tort » est d’avoir montré un combattant qui perd. Je ne peux pas me présenter devant les gens et leur annoncer des choses négatives, lui dit un syndicaliste qui joue dans le film.

En guerre n’a pas coûté très cher. Stéphane Brizé (il n’a gardé que le nécessaire pour la vie de tous les jours) et Vincent Lindon ont mis leur salaire dans la production. 

  (2024. « Josée a dix ans, elle approche doucement de l’adolescence. Sa mère, Gloria, jusqu’ici peu présente, décide de la retirer de son terrain de foot pour l’emmener faire les boutiques dans un centre commercial »)

… court métrage de Lili Cazals, est suivi de

(2024. « Une famille recomposée ukrainienne passe les derniers jours des ses vacances sur l’île de Tenerife. Suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ils se retrouvent alors coincés sur l’île et se confrontent à l’isolement, à leurs responsabilités, à leurs craintes… De touristes, ils passent à réfugiés »)

… film polonais de Damian Kocur, en compétition pour le prix Solveig Anspach. Note : 3.

Et c’est tout pour aujourd’hui : j’ai vu cette année le film de 21h, Langue étrangère de Claire Burger, troisième invitée des Ciné-Rencontres. 

Vendredi 25 juillet

(2008. « Samuel est comédien et vit à Paris. Il est de retour dans sa vile d’origine, Forbach, pour y recevoir une médaille d’honneur du maire -Forbach est une ville de l’Est de la France, qui vivait des mines de charbon et qui fait face à des difficultés économiques et sociales-. C’est aussi l’occasion pour lui de renouer avec sa mère et son frère »)

… ville natale de Claire Burger.

Ce court métrage (préquel de Party girl) est suivi de

(2018. « Depuis que sa femme est partie, Mario tient la maison et élève seul ses deux filles. Frida, 14 ans, lui reproche le départ de sa mère. Niki, 17 ans, rêve d’indépendance.  Mario, lui, attend toujours le retour de sa femme »)

… que je revois avec plaisir. 

Claire Burger continue à parler de Forbach à travers l’histoire de son père. Ses difficultés après que sa femme l’a quitté.  

Elle recrée une famille avec des gens de milieux sociaux différents (l’interprète d’une des filles a des parents producteurs, l’autre vient d’un milieu plus modeste) et s’apparente à la plus jeune sœur, Frida. 

Thèmes de prédilection : les bouleversements intimes et la société (la famille est une société).

Le père : un peu autiste (tout le monde se moquait de lui). Féru de culture. Mélomane et goût pour le théâtre. Emmenait ses filles à des expositions. N’expliquait rien mais  leur a transmis quelque chose.

La culture : sa dimension sociale (elle crée des liens).

Bouli Lanners : a quelque chose d’enfantin. Il a voulu que la cinéaste et lui se rencontrent non pas à Liège ou à Paris mais à Forbach, dans la maison même où a elle grandi, avec son père à côté. Claire Burger brouille les frontières. Les femmes peuvent être fortes et les hommes avoir une part féminine.

Le spectacle final. Découverte du talent des gens  → leur fierté. Dimension sociale : crée du lien. La chorégraphie est inspirée de Le Parc d’Angelin Preljocaj.   

Il y avait des gens de toutes tendances politiques, dont le RN. Créer une utopie dans un film : envie que des habitants de la ville s’embrassent. 

Envie aussi de faire dialoguer la poésie du réel et la poésie de la fiction. Claire Burger n’a pas envie de militantisme au premier degré.

Un film : ne peut pas changer le monde mais peut changer des personnes.

Le titre : manque peut-être un point d’interrogation. L’amour n’est pas la même chose pour tout le monde.

15h 45. Table ronde avec Claire Burger, animée par Bernard Payen.

Originaire, donc, de Forbach, ville minière de Moselle. Après la fermeture des mines, elle a vu le basculement de ses habitants dans le désœuvrement ce qui, ajouté à ses problèmes familiaux, lui a créé une enfance et une adolescence angoissées → son envie de partir.

Elle apprend à tourner en faisant des reportages pour une télé locale. Elle choisit de faire du cinéma pour creuser ses sujets. Etudie le montage à la Femis mais n’a pas envie de faire des films parisiens. Cherche à être authentique : propose aux gens de se représenter eux-mêmes. 

Découvre John Cassavetes qui faisait des films avec sa famille et ses amis → elle tourne Forbach avec son ami Samuel Theis…

(Il donne des cours de théâtre à des enfants et monte avec elle à Paris afin de ne pas stagner à Forbach) 

je ne le revois pas : je m’en souviens bien) qui s’inspire de l’histoire de la mère de Samuel et pour lequel on lui disait, Isabelle Huppert sera formidable dans le rôle, mais elle ne lui plaisait pas.

Party girl : difficile pour les comédiens non professionnels de dire un texte appris par cœur, il n’y a pas de spontanéité → Claire Burger leur expliquait les enjeux de la séquence et ils utilisaient leurs propres mots.

Angélique s’est comportée comme une star. Ainsi elle refusa que la demande en mariage de Michel se fasse au micro dans le car qui les emmenait à Strasbourg (c’était pourtant une bonne idée).

(2025. Autriche-Slovaquie. « Au début des années 1980 à Vienne, artiste et mère célibataire, Perla a reconstruit sa vie avec sa fille, Júlia, et son partenaire, Josef, un tibétologue. Vivant en exil, elle a essayé de laisser derrière elle les traumatismes de sa jeunesse en Tchécoslovaquie communiste »)

… d’Alexandra Makarova, elle-même slovaque-autrichienne qui a déménagé à Vienne pour vivre avec sa mère artiste.

Mais la mère du film est une idiote. Bien qu’ayant fait un mariage heureux avec un Autrichien, elle revient en Tchécoslovaquie pour revoir (ça peut se comprendre) le père de sa fille qui a été libéré du camp où il a été enfermé suite à leur tentative avortée de fuir le communisme. Il prétendait avoir un cancer mais dès qu’ils se retrouvent il lui annonce, Je suis guéri. Ça devrait lui mettre la puce à l’oreille mais, après un premier mouvement de révolte, elle s’obstine à le revoir et laisse mari et enfant repartir à Vienne pour aller retrouver le menteur dans leur village (ils font l’amour furieusement) sous le prétexte de rapporter les urnes de ses parents (deux gros trucs pas faciles à transporter). 

Lors d’une fête (?), les filles sont poursuivies par les mecs (société de merde où ils ont tous les droits) qui, après avoir sonné dans une trompe, les aspergent d’eau en plein hiver (ça a l’air d’être une tradition). Alors qu’elle s’apprête à repartir malgré tout, Perla est rattrapée par son ‶amoureuxʺ. Il sonne à son tour dans une trompe pour appeler les aspergeurs qui lui mettent la main dessus et la portent jusqu’à un ruisseau dans lequel ils la jettent. Furax, elle récupère sa valise et s’en va (l’‶amoureuxʺ la suit sur la route et la supplie de rester) prendre le car afin de rentrer pour de bon à la capitale.

 De retour dans sa chambre d’hôtel, elle téléphone à son mari pour lui dire qu’elle va prendre le train pour Vienne. A peine a-t-elle raccroché qu’on frappe à la porte, mais au lieu de la femme de chambre annoncée c’est une commissaire du peuple qui est là, encadrée par deux policiers. Qui m’a dénoncée ? Devinez. 

J’entends un spectateur dire qu’elle n’est pas idiote, elle est naïve. Mais, parfois, quelle est la différence entre naïveté et bêtise ? (« … capable d’être aussi la première ado nunuche venue prête à prendre n’importe quelle mauvaise décision par désir et égoïsme » peut-on lire sur le site « Le Polyester »).

Note : 2.

Perla sortira en salle dans une quinzaine de jours et Le Canard enchaîné  le classera dans « les films qu’on peut voir cette semaine ». « Tout est réussi dans ce film, fort bien accueilli dans les festivals où il a été présenté : scénario, construction, cadrage, musique, décor, costumes et interprétation d’un quatuor d’acteurs tout simplement impressionnants » Pourquoi pas.

19h et des poussières. Je rentre à la villa Lafabrègue et, pour la première fois depuis que nous venons, trouve la porte fermée. Je passe le bip devant la lumière rouge qui clignote au-dessus d’un digicode sans code connu : une lumière verte s’allume quelques secondes à côté de la lumière rouge mais j’ai beau pousser la porte, elle reste obstinément fermée. Après plusieurs tentatives…

(Jamais eu l’occasion de me servir du bip. Toujours trouvé la porte ouverte même de retour d’une séance à minuit et si Nick m’a un jour montré comment ça marche, j’ai oublié) 

… je vais à l’Hostalrich où les copains doivent être en train de se restaurer afin d’emprunter un portable… 

(J’ai laissé le mien dans la chambre. Le soir, Annie m’enverra un sms : « Puis-je me permettre de te recommander de prendre ton portable chaque jour avec toi même si on le ferme pendant le cinéma. Actuellement c’est un outil indispensable. Ce soir par exemple tu aurais pu appeler avec devant la porte sans être obligée de revenir jusqu’ici ». D’accord, ma cocotte, mais où ailleurs que là pouvais-je satisfaire l’envie de faire pipi qui me tenaillait les entrailles ? Et j’ai trop peur d’oublier d’éteindre mon portable au ciné, comme ça m’est arrivé le 5 juillet à la Cinémathèque où, cinq minutes avant le début de la séance, dring dring il a sonné -farfouiller dans mon sac afin de le trouver et l’éteindre- c’était toi qui m’appelais, heureusement que le film n’était pas commencé, ça aurait été la honte)

 … et composer le numéro de mes hôtes. Personne ne décroche et je me vois déjà passer la nuit à l’Hostalrich où il doit bien rester une ou deux chambres libres. 

Afin d’essayer de trouver ce qui cloche, Georges (je ne saurai jamais s’il aurait trouvé le truc, dommage) m’accompagne jusqu’à la villa. Mais entretemps Nick et Kate sont revenus. Nick me montre comment faire : après avoir passé le bip devant la lumière rouge, le descendre le long du digicode, voilà à quoi sert ce dernier !…

21 h. Je ne retourne pas voir Une Vie de Stéphane Brizé et le regretterai un peu.

Ayant vu tous les films du matin (Hors saison et Un autre monde de Stéphane Brizé dont je me souviens bien), je ne vais pas au Lido avant 

15h 45. Animée par N. T. Binh, table ronde avec Stéphane Brizé au cours de laquelle nous sont projetés des extraits de Le Bleu des villes, son premier long métrage.

1ère séquence : une contractuelle essaie de glisser un PV sur le pare-brise d’un très haut véhicule. Forme de cocasserie, de ridicule. Le cinéaste prête attention au travail des gens…

(Il raffole des émissions de télévision où on voit des gens passionnés par leur métier, qu’ils soient mécaniciens ou boulangers, même si lui-même n’y connaît rien) 

… à ceux qui acceptent d’occuper une fonction dans laquelle ils ne sont pas aimés. 

2ème extrait : présence de la mort. Il y a toujours quelque chose de trivial dans le fait de mettre un corps dans une boîte (voir aussi celui d’Hélène Vincent dans Quelques heures de printemps) puis le cercueil dans la tombe : nous ne sommes que « ça ». Fragilité de notre condition.

3ème extrait : la contractuelle retrouve une amie d’enfance devenue présentatrice météo. Se demandant si elle n’est pas passée à côté de sa vie, elle envisage de devenir chanteuse et, croyant que son amie a ses entrées dans le monde du spectacle, lui demande de l’aider à percer. Stéphane Brizé nous apprend qu’il a lui-même été sollicité et qu’il s’est trouvé bien embêté.

Une fois son DUT en poche, le cinéaste travaille trois mois à FR3 Le Mans. Il écrit des sketches et touche 2000 euros par mois, ce qui rassure son père. Puis il va à Paris où il a son premier choc en voyant Les Aventures de Reinette et Mirabelle d’Eric Rohmer. Quelque chose résonne en lui. Il s’inscrit au cours Florent et essaie ensuite toutes les écoles en tant qu’acteur. Refusé partout. Il écrit un scénario qu’il envoie par la poste à un producteur (voir le 23 juillet).

Il dit qu’il n’a pas beaucoup d’imagination mais a un grand sens de l’observation.

Je renonce également au film de 17h, Lumière, l’aventure continue (2025, Thierry Frémaux) parce que je l’ai vu cette année et que je me réserve pour ce soir.

21h. Soirée de clôture où sont annoncés :

• Le coup de cœur du jury jeunes : Une Vie de Stéphane Brizé qui, ému, vient recevoir son prix.

• Le prix du court métrage : Wesh Rimbaud

(2024, France. « Arthur habite dans une ville de banlieue où tout le monde le surnomme Rimbaud, car il a toujours été un élève brillant. Il vient d’ailleurs d’être admis en hypokhâgne. Au cours d’un examen oral, son accent va trahir ses origines sociales »)

… de Dimitri Lucas. C’est mérité.

• Et le prix Solveig Anspach est attribué à : On vous croit. Bravo. L’un des deux réalisateurs, en vacances dans le sud de la France, fait le déplacement pour recevoir son prix. Sa co-réalisatrice, restée en Belgique, nous envoie une vidéo. 

Après l’annonce des dates des prochaines Ciné-Rencontres (18-25 juillet 2026), place au film de clôture, la Palme d’or de Cannes :

(« Iran, de nos jours. Un homme croise par hasard celui qu’il croit être son ancien tortionnaire. Cependant, face à ce père de famille qui nie farouchement avoir été son bourreau, le doute s’installe »)

… de Jafar Panahi dont N. T. Binh nous retrace les problèmes (plusieurs arrestations, interdiction de quitter le territoire) qu’il a eus avec le régime iranien.

N. T. Binh nous dit aussi avoir fait partie du jury qui lui a attribué la Caméra d’Or à Cannes pour Le Ballon blanc en 1995.

Un simple accident : si le contexte et le traitement sont très différents, le sujet est le même que celui de La Jeune fille et la mort de Roman Polanski.  

Surprise (et bonheur) de voir une femme dans la rue sans foulard.

Journal de Dominique-Prades 2025 (1)

En route pour Prades, en compagnie d’Annie. Dans le TGV Inoui terminus Perpignan. De retour du wagon bar où elle est partie nous prendre un café et un thé, je la vois toute fiérote. 

Ah, je suis contente de moi, tu sais pas qui j’ai rencontré au bar, 

Non, 

Yann Tobin. Je lui dis, Vous êtes Yann Tobin,

Oui,

Et vous allez à Prades,

Oui

Et là il me demande comment nous rejoignons Prades, je lui dis, en taxi…

(Petit rappel. L’année dernière, nous devions déjà venir en train. Pour le retour, un sms nous avait avertis qu’ « en raison de contraintes de production, la gare de PRADES – MOLITG-LES-BAINS n’[était[ plus desservie ». En fait, une loco s’était plantée sous un pont et depuis elle y est toujours : pour la dégager il faut démolir le pont, chose que le maire de la localité où l’accident s’est produit refuse formellement, arguant que le pont est très emprunté et manquerait à ses usagers. Et donc en prenant nos billets de TGV nous avions demandé à la dame du guichet s’il y avait des cars de remplacement, Oui, ils vont à Molitg. Et après ?) 

…  alors il me propose de partager la voiture qui vient le chercher, ils seront trois mais il y a cinq places. Jamais je n’aurais osé le lui demander mais il est tellement gentil et quand il m’a annoncé que l’un des deux hommes était Jean-Pierre Abizanda… 

(Délégué artistique, depuis toujours il loge comme elle à l’Hostalrich lors des Ciné-Rencontres et ils se feront la bise. Quant à moi, je le connaissais sans savoir son nom)

… je n’ai plus hésité.

Et voilà comment nous nous retrouvons à faire les 45 kms qui séparent Perpignan de Prades en automobile…

(Par bonheur, nous n’avons comme tout bagage qu’un sac à dos, Georges et Martine ayant pris nos valises -la mienne me sera livrée ce soir même villa Lafabrègue- dans leur voiture pour nous éviter d’avoir à les trimballer)

… en compagnie de N. T. Binh, trajet au cours duquel nos évoquons divers réalisateurs venus à Prades, parmi lesquels Stephen Frears bien sûr, mais aussi Atom Egoyan et Arsinée Khanjian qui était tombée amoureuse d’un mas à vendre dans le coin et voulait l’acheter (J.-P. Abizanda ne sait pas si ça s’est fait, probablement que non) et Joseph Losey à qui les Ciné-Rencontres avaient offert une chambre dans un hôtel 5 étoiles à Molitg où il avait laissé une ardoise carabinée de vodka, J. Losey était un grand monsieur sympathique mais il était alcoolique.

Merci monsieur Binh !

Projection, à

(2007. « En déplacement pour un soir à Nantes, Emilie rencontre Gabriel. Séduits l’un par l’autre, mais ayant chacun une vie, ils savent qu’ils ne se reverront sans doute jamais. Il aimerait l’embrasser. Elle aussi, mais une histoire l’en empêche : celle d’une femme mariée et de son meilleur ami, surpris par les effets d’un baiser. Un baiser qui aurait dû être sans conséquences… ») 

…d’Emmanuel Mouret, premier invité (je suis ravie) de ces 66è Ciné-Rencontres. 

Brève présentation du film par Thierry Laurentin, « chroniqueur cinéma, programmateur, ex-directeur des ventes de Gaumont ».

Le cinéma d’Emmanuel Mouret = l’amour sous toutes ses facettes = les jeux de l’amour + la puissance de l’oralité.

Culture de l’indécision amoureuse. L’amour doit-il être fantasmé ou vécu ?

(« Denni, 10 ans, décide d’engager un tueur pour éliminer le monstre, un père violent qui bat sa mère. Il jette son dévolu sur Secco, un petit voyou qui accepte la mission tout en sachant qu’il ne le fera pas. C’est sans compter sur l’incroyable détermination du jeune garçon. Un film drôle et tendre qui aborde avec pudeur et justesse le sujet des violences conjugales »)

… film italien (2024) de Gianluca Santoni, en compétition pour le prix Solveig Anspach. Note : 4 (très bon).

21 h. Je n’assisterai pas à l’arrivée d’Emmanuel Mouret : bien qu’aimant beaucoup beaucoup ce film… 

(A propos duquel j’avais écrit en 2020, à l’occasion de sa sortie en salle :

« Fluidité de la réalisation.

Eblouissante construction en flashbacks, histoires qui s’emboitent dans le récit, tiroirs qu’on ouvre et qu’on referme pour éclairer le présent.

Remarquable choix  des extraits musicaux  qui accompagnent  toujours à propos,  sans surligner.           

Justesse de l’analyse des sentiments amoureux. Jeux de l’amour et du hasard.

Qualité des dialogues,  écrits, littéraires sans êtres châtiés, sonnant justes : ici, point de langage parlé, à la mode, familier pour faire, soi-disant, naturel.

            Qualité de la diction : point d’acteurs qui marmonnent en mangeant les syllabes façon Vincent Lacoste. Ici on articule et je comprends sans effort tous les dialogues, c’est bien agréable et quand même pas compliqué.

            Intelligence. Elégance. Délicatesse.

            « C’est fin, La Fontaine », dit Fabrice Luchini. C’est fin, Emmanuel Mouret, ça, c’est moi qui le dis.

            Emmanuel Mouret : le plus grand réalisateur français actuel ? »)

… je ne vais pas à la projection de Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait

(Ces 66è Ciné-Rencontres sont dédiées à Emilie Dequenne qui reçut un César de la Meilleure actrice dans un second rôle pour son interprétation d’un personnage du film)

… parce que je l’ai revu récemment et que je veux me ménager. Je reste donc dans ma chambre Casals et me couche vers 23h pour me réveiller à 1h 10 et ne me rendormir qu’à 5h 30 passées. La nuit est courte et longue à la fois.

7h 15. Le réveil sonne.

8h. Petit déjeuner.

(1999.  « Tout pourrait aller très bien dans le couple que forment Stéphanie et Clément si ce dernier acceptait de se promener tout nu devant elle dans l’intimité ».)

…, moyen métrage (49 min), film de fin d’études à la Femis d’Emmanuel Mouret, dont l’inspiration s’inscrit, comme son titre l’indique, dans les pas de Feydeau.

L’action se passe à Marseille, où est né le réalisateur et où, après Paris, il est retourné vivre.

Le désir = fondateur de l’intrigue.

Le film est suivi du long métrage Chronique d’une liaison passagère que je ne revois pas (pas mon préféré)

  (2017. « Catherine dit à son compagnon Adrien qu’elle possède comme un sixième sens : dès que son petit ami la trompe, elle le sent »)

… court métrage d’Emmanuel Mouret. Au contraire des autres cinéastes qui, une fois qu’ils ont fait des longs, abandonnent le court, il continue à en réaliser. Ses courts métrages n’ont jamais été projetés en salle, c’est donc une première et un grand privilège de pouvoir les voir.

Les comédiens : pas connus. Mènent des carrières hors cinéma.

Travail sur le piège : prémisses de Mademoiselle de Jonquières.

Le film est suivi de 

(2011. « Au moment où l’on devient amoureux, à cet instant précis, il se produit en nous une musique particulière. Elle est pour chacun différente et peut survenir à des moments inattendus »)

… que j’ai beaucoup de plaisir à revoir : la rencontre des voisins de palier François Cluzet et Frédérique Bel et surtout l’histoire des rencontres amoureuses dans le noir d’une chambre d’hôtel m’enchantent de nouveau.

Sixième long métrage d’Emmanuel Mouret (je le vois, enfin ! lunettes et barbe de trois jours).

Film à la fois grave et drôle.

La voix off : elle prend le spectateur par la main. Elle et la musique permettent d’accélérer, de précipiter l’action. 

Les dialogues : ne sachant se mettre à la place des autres, Emmanuel Mouret fait parler ses personnages comme lui, avec son propre langage.

Il existe deux sortes de films : ceux où on parle beaucoup et où le silence fait évènement, et ceux où domine le silence et où c’est la parole qui fait évènement.

Plaisir procuré par les voix : le cinéaste préfère le son à l’image…

(Mais je ne suis pas d’accord avec cette façon de concevoir les films : désolée, Emmanuel, mais le cinématographe, c’est d’abord l’image)

… le fait de parler révélant des choses.

Ses personnages : sont proches de la population urbaine qu’il côtoie (bourgeoisie).

Ses films : se situent dans la dimension du conte.

Il fait de la mise en scène mais pas de la direction d’acteurs : il demande juste à ses comédiens de savoir leur texte par cœur. 

Sur l’improvisation : quand on fait plusieurs prises, il y a des détails qui changent, des subtilités, donc il y a de l’improvisation. Le présent est toujours improvisation.

(2025. « Aujourd’hui, Alice se retrouve devant un juge et n’a pas le droit à l’erreur. Elle doit défendre ses enfants, dont la garde est remise en cause. Pourra-t-elle les protéger de leur père avant qu’il ne soit trop tard ? »)

… film belge de Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys, en compétition pour le prix Solveig Anspach. Personnages filmés le plus souvent frontalement. L’actrice principale, Myriem Akheddiou…

… mériterait un prix d’interprétation. Note : 4.

(Je découvrirai bientôt sur internet qu’elle est la femme de Fabrizio Rongione ; un joli couple) 
… mériterait un prix d’interprétation. Note : 4.

Je zappe la projection de La ruée vers l’or afin d’écrire et d’aller à la gare…

(Juste en face, le Centre de Formation Professionnelle, installé dans l’ancien ʺEntrepôt des Poudres Chefdebien Prévient et guérit les maladies de la vigne‶ a sa façade peinte en grisaille d’une scène de gare -voyageurs sur un quai et loco à vapeur conduite par Jean Gabin- et d’un paysage de vignes avec ouvriers poussant un tonneau et, en couleurs, un touriste sac au dos)

… me renseigner sur le car susceptible de nous emmener dimanche à Ille-sur-Têt prendre le train pour Perpignan.

(2023. « Pour une résidence organisée par l’Université, Miranda Ackerman, écrivaine, revient à Caen où elle a vécu une dizaine d’années auparavant. Elle découvre avec stupeur que l’Université l’héberge dans la maison même où elle habitait avec Richard, son compagnon de l’époque)

… dans lequel Emmanuel Mouret refait l’acteur (son dernier rôle : Caprice en 2015).

Fantaisie métaphysique. Vertige existentiel. Maison hantée qui ne fait pas peur, dans laquelle Miranda voit…

(D’abord le chat, puis Richard faisant du café dans la cuisine, enfin lui et Hélène, la fille qu’ils auraient eue si elle n’avait pas avorté)

… ce qu’aurait été sa vie si elle n’était pas partie. Acceptation : au tout dernier plan, Miranda rentre et appelle, Hélène.

(2024. « Lina, réalisatrice, apprend par son amie Judith que Bastien, le très professionnel monteur-son avec qui elle travaille, serait une sorte de séducteur en série)

… co-réalisé avec Emmanuel Mouret avec qui elle partage la prévalence du son (le séducteur en série : monteur-son) sur l’image : nuances psychologiques…

 (C’est d’accord Emmanuel, on peut écouter une histoire à la radio mais ça n’a rien à voir avec le cinéma)

…  émotion provoquées par une voix. 

(2025. « Lila accueille chez elle son amie Agathe qui vient vivre en colocation avec elle. Lila doit aussi se débarrasser d’une encombrante batterie laissée par son ex. La vendre ou la donner, la donner à qui et comment ? ») 

… présenté cette année à Cannes dans la section Semaine de la critique.

Fable morale sur la question du don.

Rappelle Reinette et Mirabelle d’Eric Rohmer.

Les trois courts métrages sont remarquables. Carmen Leroi : une cinéaste à suivre.

Je ne retourne pas voir Mademoiselle de Jonquières,d’abord parce que je l’ai revu récemment, ensuite parce que la séance…

(D’abord prévue dans le jardin de la sous-préfecture, elle est rapatriée au Lido en raison de risque d’orage) 

… est à 21h 30.

8h 11. J’émerge. Panique quand je vois l’heure à mon téléphone : j’ai oublié de mettre le réveil et j’ai, dans trois quarts d’heure, une séance de trois films (dont deux courts que je ne connais pas) d’Emmanuel Mouret, ce n’est donc pas un acte manqué.

Je m’habille en vitesse sans faire de toilette, prend la moitié de mon petit déjeuner habituel et fonce au Lido.

(2019. « Au XVIIIe siècle, un noble demande à une jeune fille de la bourgeoisie de lui offrir un baiser des plus doux. Celle-ci va alors lui démontrer que les femmes ne succombent pas aisément à ce genre de demande »)

… tourné dans la continuité de Mademoiselle de Jonquières

Dialogues d’Emanuel Mouret à la manière de Diderot.

Tout est dans les points de suspension.

Exercice de style. 

Décalage avec ce qu’Emmanuel Mouret…

(Il retrouve Frédérique Bel avec qui il a eu moins envie de faire des films à partir d’un moment : personnalité qui accapare son rôle, souci qu’elle a de son image. Ainsi, à moins d’être nue, elle n’a pas voulu tourner une scène où elle devait refuser de faire l’amour parce qu’elle lisait un livre)

… a fait jusqu’à présent.

(2006. « David joue du cor, instrument pratique pour faire des lapsus auditifs. Anne lui propose de venir habiter chez elle mais lui interdit formellement de tomber amoureux. Julia voudrait bien apprécier David, mais c’est surtout Julien qui l’attire, avec sa grosse voiture, son restaurant à New York et sa fâcheuse tendance à ne pas la rappeler. L’amour qui vient et s’en va les rend tous un peu fragiles, un peu ahuris, mais ne les empêche pas de continuer à y croire »)

… premier film d’Emmanuel Mouret réalisé hors de ses terres marseillaises et premier film parisien.

Le producteur lui propose Frédérique Bel. Emmanuel Mouret lui donne la réplique pour les essais, ça marche et le producteur lui dit, C’est toi qui vas jouer le rôle masculin.

Film d’apparence légère, tourné pour 300 000 euros.  

Rencontre avec le public. 

11h 15. Table ronde avec Emmanuel Mouret.

Ce qui l’a amené au cinéma ? Il voyait, à la télévision chez son grand-père, des films avec des personnages maladroits…

(La maladresse = constitutive de notre condition humaine. Elle raconte quelque chose de très intime. C’est avec elle que ses personnages explorent leurs ressentis) 

… → vers l’âge de 12-13 ans lui est venue la lubie de faire des films.

Tourne ses premiers à Marseille, dans les quartiers sud (les quartiers nord = territoire de Robert Guédiguian) qu’il découvre avec surprise (les calanques, pas encore filmées) quand il obtient son permis. Mais dès qu’il y a accent, on est moins libre, on pense à Pagnol, à Guédiguian → il monte à Paris (le monde entier connaît les capitales).

A la Femis, il rencontre Frédéric Niedermayer qui étudie la production. Ils font leurs premiers longs métrages chacun de leur côté, après quoi Niedermayer produit ses films. Ils en font deux avec peu d’argent. Rapport de confiance dans la difficulté. 

L’accueil de Caprice ayant été aimable sans plus, il faut que le cinéaste rebondisse en faisant autre chose, en surprenant : ce sera Mademoiselle de Jonquières. A partir de ce film, apparaît quelque chose de plus sombre, avec la préméditation et même la mort (Trois amies). Emmanuel Mouret ne se trouve pas très bon comédien → il voulait faire rire. Ne plus jouer lui a permis de changer de registre et de donner dans la cruauté. Il s’est trouvé un alter ego en Vincent Macaigne.

Une question revient d’œuvre en œuvre : comment filmer la parole. Le champ/contre-champ = classique. Autre possibilité : en marchant, comme faisait Éric Rohmer.

Prévalence du son. Les films d’Emmanuel Mouret sont tournés dans le plus grand silence afin de pouvoir ajouter de l’ambiance. Il demande à son équipe une certaine forme de disponibilité et d’écoute afin que les choses soient apaisées.

14h. Seconde séance de courts métrages en compétition pour le prix Bernard Jubard.

16h. Rencontre avec Thierry Laurentin à laquelle, ayant fait des courses, je n’assiste qu’à la fin.

(2024. « La location et la vente de pelleteuses dans l’entreprise familiale exigent toute l’attention. Lorsque la fille est victime d’un accident mortel, la famille cesse de fonctionner. Ils n’ont jamais appris à parler de leurs sentiments et doivent maintenant s’unir pour régler la succession de l’entreprise. Mais le chagrin conduit au mutisme. Les actions remplacent les conversations. La perplexité entraîne des malentendus. Les malentendus conduisent à la colère. Et la colère mène à la haine »)

… film suisse de Piet Baumgartner. Note 3, mais j’aurais pu lui donner 4 si j’avais mis 5 aux deux premiers.

de Stéphane Brizé, second invité des Ciné-Rencontres. Encore une fois j’ai revu le film récemment et, malgré tout le bien que j’en pense, je reste dans ma chambre afin de me reposer et pouvoir affronter les jours qui viennent sans trop de fatigue.

Le Journal de Dominique-Claude Lelouch à la cinémathèque de Paris

​14h 30 à la Cinémathèque. Projection de L’Aventure c’est l’aventure

​(1972, Claude Lelouch. « Cinq petits mafieux, devenus les meilleurs amis du monde, enchaînent les escroqueries. Du kidnapping de Johnny Hallyday à la démarche mythique d’Aldo Maccione, les séquences mémorables se succèdent dans une comédie politiquement incorrecte, qui fait la part belle aux joutes verbales et à un réjouissant éloge de la farce »

​« C’est l’histoire de cinq salopards qui vivent l’aventure telle qu’elle est possible en 1972. Leur seule qualité est d’être sympathiques et je montre par ce film à quel point les gens sympathiques sont dangereux et à quel point il faut s’en méfier, car, pour arriver à exécuter leurs méfaits, ces cinq salopards utilisent les principes les plus généreux de ceux qui veulent améliorer le monde ». Claude Lelouch)

​… que je n’ai jamais vu…

​(Frédéric Bonnaud demande à ceux qui sont comme moi de lever la main, il y en a un certain nombre, On voit que vous ne regardez pas la télévision, commente-t-il)

​… et qui est suivi d’une leçon de cinéma par le réalisateur interrogé par l’animateur cité trois lignes plus haut.

​Selon Claude Lelouch, qui a fait partie, comme Godard, Truffaut et Polanski, de ceux qui se sont opposés à la tenue du festival de Cannes en 1968, le général De Gaulle voulait changer le monde quand il y avait ceux qui voulaient changer leur quotidien.

​En 1972, tout était politique. Quand on avait un alibi politique on vous pardonnait tout → des voyous en ont profité.

L’Aventure c’est l’aventure : mélange de rationnel et d’irrationnel.

​Les scènes d’action n’y sont pas : on n’assiste pas à l’enlèvement de l’ambassadeur de Suisse. Ce qui y est : la loufoquerie.

​Ses protagonistes : des pieds nickelés (Lelouch : fan de cette série de BD) qui vivent du système D.

​Au départ, le cinéaste avait pensé faire tourner Jean-Louis Trintignant qui refuse : il ne peut pas faire le film car celui-ci ne rentre pas dans sa ligne politique.  Il pense alors à Jacques Brel, mais l’idée ne séduit pas Lino Ventura, C’est un chanteur, dit-il. A quoi Lelouch répond qu’un chanteur ça interprète, ça joue ses chansons. Comme Brel est en tournage à Knokke-le-Zoute, ni une ni deux, les voilà partis en voiture (ç’est pas la porte à côté) à Knokke où le chanteur (s’en fout de la politique), chaleureux, les reçoit à bras ouverts → Ventura est immédiatement séduit.  

​Charles Denner : un comédien classique, cartésien (c’est d’ailleurs lui qui donne aux autres la leçon de politique) et fou.

​La séquence de la fameuse démarche d’Aldo Maccione = fruit du hasard. C’est un dimanche, donc jour de repos. Claude Lelouch est devant son bungalow quand il voit Maccione marcher penché en avant en balançant les bras devant quatre jeunes femmes assises sur la plage. Il appelle les autres et leur demande de se joindre à lui. Ventura se fait prier mais finit par y aller aussi…

(Il se prend même au jeu et va jusqu’à prétendre, C’est moi qui lui ai appris, j’vais vous montrer !) 

… et Lelouch les filme…

(Charles Denner = le plus empoté sur ses jambes grêles. Jacques Brel, grand échalas, ne vaut guère mieux) 

… depuis son bungalow. Le plus drôle c’est que les nanas (elles recevront le salaire de figurantes) ne réagissent pas. Comme si rien ne se passait. Pour la suite du film, les acteurs garderont les mêmes chemises afin qu’il y ait raccord.   

Claude Lelouch essaie de faire un cinéma libre. Il aime la liberté, avec la possibilité de se tromper qui va avec. La liberté : un cascadeur qui prend des risques.

Il filme à la manière de la Nouvelle vague sans en faire partie. 

Pour Un Homme et une femme (1966), il n’a pas les moyens de bloquer la gare Saint-Lazare → Anouk Aimée descend du train au milieu des voyageurs ordinaires. De même Jean-Louis Trintignant et Lelouch participent vraiment au rallye de Monte-Carlo, On n’a pas gagné, dit le cinéaste qui ajoute, La contrainte sollicite l’imagination.

Les Américains ne voulant pas d’un film en N & B (il l’est, également pour raisons financières), Lelouch les a assurés que ce n’était pas le cas → quelques séquences en couleurs. 

​En 1956, pendant trois semaines, il travaille comme assistant sur L’homme aux clés d’or de Léo Joannon. Il voit la débutante Annie Girardot, magnifique, de l’autre côté de la lourde caméra, donner la réplique à Pierre Fresnay lui aussi magnifique. Quand vient le tour de filmer Annie Girardot, elle a tout donné face à son partenaire et n’atteint pas son meilleur niveau, d’autant plus que c’est la scripte qui lui donne la réplique…

(Pierre Fresnay : dans sa loge, Ce qui n’était pas très sympa de sa part, constate Frédéric Bonnaud) 

… → quand il y a échange entre deux comédiens, Claude Lelouch se jure d’utiliser toujours deux caméras afin de pouvoir les filmer en même temps.

Et pour Un Homme et une femme, afin d’avoir le son direct…

(Ce qui n’était pas possible jusqu’à présent en raison du bruit généré par la caméra : tous les films étaient post-synchronisés)

… il filme au téléobjectif (la caméra : moins encombrante que celle de L’homme aux clés d’or mais toujours bruyante)

Françoise Fabian, intello (Ma nuit chez Maud) a besoin de premier degré. Lelouch la met face à Lino Ventura dont le personnage ressemble, même s’il a fait des progrès, à celui qu’il interprète dans L’Aventure c’est l’aventure. Cela donnera La Bonne année (1973).

Avec le succès d’Un Homme et une femme, Claude Lelouch devient riche, donc capitaliste. Comme Jean-Pierre Melville qui avait son propre studio, il monte une maison du cinéma (il a même été distributeur). Mais c’est chiant d’être producteur. Ce qu’il aime, c’est tourner.

Il a toujours acheté ses caméras.

Lelouch : cinéaste des déplacements. 

Au milieu des années 1980, il ne va pas bien du tout. Impression d’être un frein pour ses enfants. Il part, pour il ne sait pas où, dans sa voiture équipée d’un téléphone, une toute récente innovation technologique avec une portée de 50 kms pas plus. Arrivé à Fontainebleau, il reçoit un appel : c’est Jean-Paul Belmondo qui lui demande, Comment ça va, Pas fort, je m’en vais, Mais fais-en donc plutôt un film ! Ainsi est né Itinéraire d’un enfant gâté.  

Claude Lelouch : ne sollicite pas ses acteurs, ce sont eux qui viennent à lui. Quand il tourne, il ne les dirige pas. La direction d’acteurs se fait en amont. Il a besoin de les connaître avant et pour cela il les rencontre, mange avec eux etc. 

Il n’est pas fait pour le cinéma de commande. Il admire les cinéastes qui peuvent faire des films avec un casting choisi par d’autres et des scénarios qu’ils n’ont pas écrits eux-mêmes, mais ça n’est pas pour lui. Il fait du cinéma comme il vit etdes propos travaille avec une grande scénariste : la vie, dont il est le reporter. La vie : on marche sur un fil et les excès font tomber.

​Il voit encore aujourd’hui un film par jour (en salle ?).

Claude Lelouch, 87 ans, sort son dernier film en date, intitulé Finalement.

Le prochain Charlie Hebdo rapportera des propos que Claude Lelouch a tenus le 13 novembre sur CNews, « On est fidèle tant qu’on n’a pas trouvé mieux. C’est vrai que ce soit pour une voiture, une femme, un frigo… ».

Claude Lelouch c’est Claude Lelouch (finalement).

Le journal de Dominique -Le Jour des Morts Vivants-George A. Romero

(1985. À la suite de l’invasion planétaire de morts-vivants, un petit groupe arrive [dans une ville] en hélicoptère pour rechercher d’éventuels survivants. Peine perdue, ils regagnent leur base, un camp militaire fortifié.  Dans ce camp qui est en fait un silo à missile datant de la guerre froide, la tension est forte entre les deux factions présentes, les militaires et les scientifiques. Les militaires sont partisans de l’éradication pure et dure des zombies — les scientifiques recherchent un moyen d’éradiquer la contamination[1] »)

… dernier volet de la trilogie de George A. Romero, après La nuit des morts-vivants et Zombie, le seul que je n’avais pu voir à Paris pour cause d’horaires tardifs et qui m’arrive à Montargis dans le cadre de Ciné-Culte !

Opposition militaires/scientifiques, mais lesquels sont les plus fous ? Le militaire obtus qui ne voit qu’une seule façon de réaliser sa mission (me rappelle celui d’Abyss de James Cameron), veut tout dézinguer et soumettre à sa loi ses compagnons d’infortune ? Ou le scientifique qui, ayant charcuté dépecé les zombies (cobayes dans un laboratoire ; images tout aussi peu ragoûtantes que celle des morts-vivants dévorant les humains) afin de savoir comment ils fonctionnent, cherche à leur rendre leur humanité, ce qu’il réussit avec un spécimen, mais ça prend du temps (s’occuper d’eux un par un) et ils ont des millions. C’est perdu d’avance.

Question : par où entrent dans le silo les quelques zombies qui sont capturés pour les expériences de Frankenstein ? Comment eux seuls (juste la quantité nécessaire) trouvent-ils le chemin quand des hordes se trouvent derrière les grillages qui protègent les lieux ?

Autre question : qui des militaires ou du zombie domestiqué qui apprécie Beethoven est le plus (ou le moins) humain ?

Une seule chose est sûre : l’espèce humaine est foutue (ce qui est vrai aussi dans la réalité) et ce ne sont pas les trois rescapés qui, sur leur île déserte, repeupleront la Terre : une femme (scientifique) et deux hommes (pilote d’hélico et radio), cela peut donner des enfants,  tels ceux d’Adam et Eve, mais ensuite, la consanguinité ? Après ça, comment s’étonner que l’humanité soit dingue…

Dominique


[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Jour_des_morts-vivants

Le Journal de Dominique-Prades 2024 (4)

            Sur mon portable, un sms : « Info trafic : Votre train 877658 du 25/07 (départ 12h 14) est impacté en raison de contraintes de production. En conséquence la gare de  n’est plus desservie ». On pourrait savoir de quelle gare il s’agit ?

            (A mon retour à Montargis, un mél m’en apprendra un peu plus : « Bonjour, Nous vous informons que la circulation de votre train 877658 du 25/07 à destination de  PERPIGNAN est perturbée en raison de contraintes de production. En conséquence la gare de  PRADES – MOLITG-LES-BAINS n’est plus desservie. Nous vous invitons à vous rendre sur les canaux habituels pour avoir plus d’informations sur la possibilité de suivre votre voyage ». Il était temps de me prévenir, le message datant du 27, soit le lendemain de notre voyage présumé)

            Heureusement que nous avions annulé les billets… 

            (2004. « Irène est en tournée avec « Sale Affaire », un One Woman Show, dans le nord de la France. Elle rencontre Dries, un porteur de géants… C’est le début d’une histoire d’amour ! Histoire d’amour, qui a d’étranges résonances avec le spectacle qu’Irène joue sur scène[1]… »)

            … que Yolande Moreau a co-réalisé avec Gilles Porte, son directeur de la photographie. Elle pensait que le film passerait sur Arte à minuit mais il reçoit deux César (meilleur premier film et meilleure actrice) ainsi que le prix Louis Delluc. Il bénéficie du bouche à oreille → bien qu’elle n’aime pas les biopics, possibilité de faire Séraphine (Elle est attirée par ce qui est borderline +, à l’âge de 17 ans, a fait de la peinture parce qu’elle était interdite de sortie -voir plus bas-. Elle aime l’écriture cinématographique, proche de la peinture).

            Film qui traite de la solitude des acteurs pendant leurs tournées. Quand elle jouait Sale Affaire, Yolande Moreau était parfois seule, parfois avec son mari. Elle se souvient de la vieille DS dans laquelle il lui arrivait de dormir.

            Le titre fait référence…

            (« Quand la mer monte / J’ai honte j’ai honte / Quand elle descend / Je l’attends / A marée basse / Elle est partie hélas / A marée haute / Avec un au autre »)

             … à la chanson de Raoul de Godewarsvelde.

            Dans les dunes, les nattes qui s’envolent sont soulevées par un fil à pêche.

            10h 45. Salle Jean Cocteau, rencontre avec Yolande Moreau.

            Vient d’une famille de trois enfants avec pas beaucoup d’argent. En boulle avec ses parents qui posaient beaucoup d’interdits quand elle voulait vivre. Fulminait de ne pouvoir sortir avec des garçons.

            A l’âge de 21 ans, se sépare du père de ses deux enfants en bas âge qu’il s’agit de faire vivre.

            Prend des cours de diction.

            Commence par faire des spectacles pour enfants.

            A un déclic en voyant un spectacle de Zouc.

            Fait une école de clown à Paris. Son prof lui dit, Tu dois écrire. C’est flatteur et  déterminant.

            Vit de petits boulots et d’impros dans les cafés bruxellois (pas de hiérarchie comme à Paris) où elle passe, masquée, cinq minutes entre deux autres, essaie des choses devant les gens, encouragée par un ami magicien qui la pousse, Tu penses pas à l’avance, tu vas sur scène. Se souvient que la première fois elle est restée sans rien dire, au bout d’un moment elle a tapoté le micro, ça a fait rire, alors elle l’a retapoté. Mais ensuite il faut bien trouver autre chose.

            Repérée à Avignon par Agnès Varda qui l’engage pour son court métrage 7 p., cuis., s. de b., … à saisir et lui dit, A bientôt pour un long. Ce sera Sans toit ni loi. Agnès Varda : la femme la plus surprenante et anti-conventionnelle qui soit. Ses scénarios tiennent sur deux pages, elle écrit ses dialogues sur le capot d’une voiture. Travaille avec une équipe soudée, On se revoit.

            Rejoint en 1989 la troupe de Jérôme Deschamps et Macha Makeieff. Interprète Lapin chasseur et C‘est magnifique dont des extraits nous sont projetés. Confiance envers les toutes petites choses. Pendant douze ans (1993-2002) : fait partie de Les Deschiens sur Canal +, aux côtés (entre autres) de François Morel et Philippe Duquenne. C’est avec ce dernier qu’elle teste sa popularité en se rendant très lentement aux toilettes d’un café pour voir si les autres consommateurs les reconnaissent (ne nous dit pas si ce fut le cas, je gage que non).

            Difficile de faire autre chose (il faut une autorisation de sortie) quand on fait partie de la troupe Deschamps. Joue, contre son avis, dans le film, pas très bon, Tout doit disparaître, ce qui lui vaut un tsss désapprobateur quand elle le revoit.

            Fait une apparition dans Le Hussard sur le toit

            Parcours marginal : théâtre, cinéma à plus de 50 ans → syndrome d’imposture.

            Dix ans ce sont passés entre chacun des films qu’elle a réalisés, Si je fais le prochain… En 2016, a néanmoins tourné, en trois semaines, un documentaire pour Arte, Nulle part en France, sur la jungle de Calais, C’était agressant de venir filmer là, dit-elle. Raconte le camp à travers l’histoire d’un jeune. Il y a peu de femmes, ce n’est pas évident pour elles. Poèmes de Laurent Gaudé sur la distance, le vent.

            14h. Je fais l’impasse sur The Queen de Stephen Frears…

(Mais comme j’assiste à la projection du septième épisode de State of the union, je bénéficie de la présentation que N. T. Binh fait du film, à savoir que :

            S. Frears est un peintre ironique de la société britannique mais il échappe aux étiquettes.

            Il a été surpris de la réception chaleureuse qu’a reçue le film en France et en Espagne.

            C’est la suite d’un téléfilm, The Deal, qui a pour sujet la rivalité entre Tony Blair et son concurrent Gordon Brown.

            Le scénariste a ensuite écrit la série The Crown.

            Stephen Frears vient de terminer un tournage épuisant. Il est réconforté par l’accueil que lui fait Prades. Richesse des échanges avec le public, inconcevable en Grande Bretagne)

…revu il y a peu, pour aller à l’Espace Martin Vivès où sont exposées des marines du peintre pradois, il était temps qu’on le retrouve en lieu et place des photos de films qu’on y voyait depuis plusieurs années en cette époque.

            Au passage, je découvre le rideau métallique baissé…

(Il était temps, une dame arrive pour ouvrir la boutique -une librairie-, Ça vous plaît ? Oui)

… peint de lecteurs à minces corps rouges et grosses têtes vertes (des grenouilles ?) affublées de lunettes. A côté, sur le mur d’une étroite galerie, une jeune femme assise dans une barque (La Justinette, nom d’une boulangerie-pâtisserie) tient sous son bras gauche une baguette tandis qu’au dessus de sa main droite se tient, entouré d’un halo de lumière quasi divine (ce qui n’a pas empêché la boutique de fermer), un gâteau crémeux aux fraises.

17h. L’Amour du monde

(Suisse, 2023. « Sur les rives du lac Léman, la douce Margaux, 14 ans, rencontre Juliette, une enfant rebelle de 7 ans placée dans un foyer, et Joël, un pêcheur récemment rentré d’Indonésie suite au décès de sa mère. Trois âmes solitaires qui cherchent leur place dans la vie et qui, dans la moiteur fiévreuse de l’été, se soutiennent mutuellement pendant un bref moment. Un port de pêche idyllique devient leur lieu de retraite, le lac et la nature leurs alliés, jusqu’à ce que la réalité fasse à nouveau éclater ce trio[2] »)

… de Jenna Hasse. Encore un truc d’adolescents. Quatre films sur les six en compétition pour le prix Solveig Anspach ont pour sujets des teenagers ou des jeunes adultes à comportement d’ados. Y’en a marre !

21h. Les Vœux

(2008. « Une jeune femme fait deux promesses. Ainsi débute le conte amoureux de Bjorn le tailleur et de Colbrune la brodeuse[3] ».

Bien que l’héroïne promette son corps et non son âme -quoique-, il s’agit d’un pacte avec le diable dont elle se tire grâce à la ténacité de son amoureux)

… court métrage de Lucie Borleteau est suivi de

A mon seul désir

(2023. « Vous n’avez jamais été dans un club de strip-tease ? Mais vous en avez déjà eu envie … au moins une fois… vous n’avez pas osé, c’est tout. Ce film raconte l’histoire de quelqu’un qui a osé[4] »)

… de la même.

Regard féminin sur le strip-tease.

Intérêt pour l’ailleurs.

Le film aborde aussi la vie sentimentale (compliquée du fait de leur activité) de ses deux protagonistes principales et leurs aspirations artistiques (être actrice) plus « sérieuses ».

 La réalisatrice, qui devait être là ce soir, a été retenue à Montpellier par le tournage d’une série. On ira la chercher demain.

            Je zappe la séance de 9h. Pas envie de revoir Chanson douce (Lucie Borleteau, 2019) vu avec JC parce qu’il aimait bien Karin Viard, mais le sujet… Et un peu de repos ne me fera pas de mal.

            Je  me  pointe  au  restaurant   vers 12h 15.  La  table  habituelle  des  Cramés  est  vide

d’occupants → j’attends dans le canapé du palier. A 12h 25, personne n’est arrivé. Je retourne

dans la salle de resto et c’est là que je les aperçois, à une autre table, en compagnie de Stephen Frears et de N. T. Binh ! Toutes les chaises sont occupées. Constatant mon embarras, la dame qui prend les tickets me trouve une place avec le jury jeune.

Bientôt, Annie vient me trouver. Elle me dit que le cinéaste et le critique, voyant deux places libres, leur ont demandé s’ils pouvaient déjeuner avec eux : il n’était of course pas question de dire, Non, nous attendons Dominique Bonnet (qui ça ?). Mais ce qui me fait marronner, c’est qu’elle m’apprend qu’ils ont pris des photos avec eux. Merde alors !

Pendant que je mange mon poisson plein d’arêtes en essayant de ne pas en avaler  m’étrangler avec pour finir à l’hosto comme le grand Def, je cogite sec cerveau en ébullition. Et après avoir attendu la fin du dessert (une sorte de brazo de gitano bourré de crème), je prends mon courage à deux mains : je me lève, me dirige d’un pas ferme vers la table et, m’adressant à Stephen Frears, je dis…

(Quand je rapporterai ma phrase à mon amie Annick, je ne m’appliquerai pas à bien prononcer et elle s’en amusera, Oh, l’accent ! -Du pur Maurice Chevalier-)

… avec mon meilleur anglais sorti du fin fond de ma mémoire : I am a Cramée de la bobine like all the people (excepté le barbudo mais je ne le dénonce pas) around the table. I heard they took a photo with you. Could I have one too ?

Inutiles efforts linguistiques puisque le bruit de la salle couvre ma voix, seul m’entend N. T. Binh qui répète ma demande au cinéaste, lequel acquiesce tandis que très élégamment (ah merci merci) le critique se lève, me laissant sa place près de Stephen Frears et s’offrant à prendre le (les, sur les premières je suis un peu crispée mais la quatrième est la bonne) cliché(s) du siècle. Et quand les autres ont une photo de groupe (j’en prendrai ensuite une, superbe, de tous les deux), j’ai Mr Frears pour moi toute seule. Na na nè reu !

Après quoi je regagne ma table vidée de ses occupantes (le jury jeune : rien que des filles, mais où sont les garçons ?) et, lassée de ma solitude, vais me rasseoir dans le canapé du palier quand, dans le fauteuil d’à côté, j’avise un monsieur aux yeux fermés derrière ses lunettes, on dirait bien… Stephen Frears, cependant les lunettes… Mais quand le barbudo lui apporte un café, qu’il ôte ses verres et dit avec un délicieux petit accent anglais, Le sommeil… mais oui, c’est bien lui, ce sont les lunettes (première fois que je le vois en porter) qui m’ont perturbée ! Alors, discrète telle Shéhérazade, je m’éclipse afin de le laisser se reposer et qu’il ne croie pas que je le harcèle…

Ce soir, N. T. Binh annoncera qu’à la demande de son assistante le cinéaste était censé rentrer à Londres hier. Obliger un vieux monsieur de 83 ans à prendre l’avion en fin de journée après son intervention sur The Queen ! L’Inhumaine ! Mais il s’est doucement  rebellé (thank you Mr Frears), Vous voulez que je reste, Oui, Eh bien je reste. Et c’est cet après-midi seulement, après sa courte sieste dans le fauteuil susmentionné, qu’on l’a emmené à Blagnac, là où les avions sont plus beaux.

14h. Nievaliachka – La Poupée qui ne tombe pas, court métrage documentaire (2003) de Lucie Borleteau, pas très clair pour moi. Elle accompagne dans sa famille en Russie une amie dont je ne comprends pas très bien qui elle est : elle dit que sa mère, qui avait quitté son pays pour la France, lui envoyait des cadeaux pour Noël (et encore pas tous les Noël) alors qu’elle-même semble vivre aussi en France (elle parle un français comme vous et moi). Les deux n’ont-elles pas vécu ensemble ? Bref soit je suis idiote (ou fatiguée) soit le film n’est pas maîtrisé, (me fait l’effet d’un brouillon). Il est suivi de

Fidélio, l’Odyssée d’Alice

(2014. « Alice, 30 ans, est marin. Elle laisse Félix, son homme, sur la terre ferme et embarque comme mécanicienne sur un vieux cargo, le Fidelio. A bord, elle apprend qu’elle est là pour remplacer un homme qui vient de mourir et découvre que Gaël, son premier grand amour, commande le navire[5] ». Sexe et désir, déjà)

… premier long métrage (romanesque et intime à la fois ; femme seule au milieu d’hommes) de Lucie Borleteau (elle a fait l‘expérience du voyage sur un porte-container), que j’ai plaisir à revoir et qui est, à mon avis, son meilleur.

Emotion quand un personnage se met à chanter quelques vers de Mémère.

17h. Je n’assiste pas à la projection de 1996 ou les malheurs de Solveig de Lucie Borleteau. Pas plus qu’à la rencontre qui suit avec elle, tant pis, besoin de prendre un peu le large pour me préparer, ce soir à

21h 15, à la soirée de clôture et la remise des prix.

Coup de cœur du jury jeunes : Séraphine. Parfait.

Mention spéciale : Emilia Pérez. Bravo.

Prix du court métrage : Maman t’avait dit

(France, 2023. « Dans la peau d’une femme qui rentre tard chez elle après une soirée… sous la forme d’un jeu vidéo[6] »)

… de Cécile Cournelle. Très bien.

Prix Solveig Anspach : Young hearts. Bof… De toute façon, pour mon goût aucun ne méritait le prix, alors pourquoi pas celui-là, au moins il est bien réalisé.

Le film qui met fin à ces belles rencontres : En fanfare

(France, 2024. « Thibaut est un chef d’orchestre de renommée internationale qui parcourt le monde. Lorsqu’il apprend qu’il a été́ adopté, il découvre l’existence d’un frère, Jimmy, employé́ de cantine scolaire et qui joue du trombone dans une fanfare du nord de la France. En apparence tout les sépare, sauf l’amour de la musique. Détectant les capacités musicales exceptionnelles de son frère, Thibaut se donne pour mission de réparer l’injustice du destin. Jimmy se prend alors à rêver d’une autre vie[7]… »)

… d’Emmanuel Courcol.

Comédie d’auteur portée par les comédiens (Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin).

« Attention les trompettes, je voudrais qu’on attaque ensemble ». Et je pense à l’orchestre d’amateurs dans lequel la maman de JC jouait du violon et à la remarque du chef, Là, vous êtes censés terminer tous ensemble… Ça me fera toujours rire.


[

            DansL’Indépendantdu jour, interview de Stephen Frears. Il y déclare avoir appris un mot qui lui était inconnu : laïcité. Qu’un homme cultivé comme lui, au courant de faits de société, n’en ait jamais entendu parler en dit long sur le multiculturalisme d’Etat britannique. Un sujet de film ?

1] https://www.lacid.org/fr/films-et-cineastes/films/quand-la-mer-monte

[2] https://www.youtube.com/watch?v=rPPhahZPaBQ

[3] https://www.unifrance.org/film/29718/les-voeux-histoire-de-colbrune-et-bjorn

[4] http://distrib.pyramidefilms.com/pyramide-distribution-a-l-affiche/a-mon-seul-desir.html

[5] https://store.potemkine.fr/dvd/3760129730475-fidelio-l-odyssee-d-alice-lucie-borleteau/

[6] Catalogue des Ciné-Rencontres

[7] https://diaphana.fr/film/en-fanfare/

Le Journal de Dominique-Prades 2024-(3)

            (2008. « Quelque part en Picardie, le patron d’une entreprise vide son usine dans la nuit pour la délocaliser. Le lendemain, les ouvrières se réunissent et mettent le peu d’argent de leurs indemnités dans un projet commun : faire buter le patron par un professionnel[1] »)

            … tourné en un mois par Gustave Kervern et Benoît Delépine, en vacances de Groland sur Canal +. Ils ont envie d’aller plus loin en se tournant vers le cinéma et une histoire (le film ne se fera pas tel quel) d’handicapés qui ont envie d’aller en Finlande voir Aki Kaurismaki. Quant à leur deuxième réalisation, expérimentale, elle est hermétique.

            Louise Michel : inspiré d’un fait divers. Toujours des sujets graves de société.

            Kervern et Delépine : pas de laïus sur la psychologie des personnages. Ne font pas beaucoup de prises. Sont contre la direction d’acteurs. L’acteur espère aller dans le sens voulu par le réalisateur, il est friand de ce qu’on peut lui proposer → Bouli Lanners regrette un manque d’indications (« on nous parle pas ») → au lieu de ça, Kervern applaudit.

            La fiction au cinéma : tant mieux si en sortant on a un sujet de réflexion, si on en est un peu grandi.

            Bonheur de revoir le Familistère, dehors d’abord, avec la statue de Godin, dedans ensuite, grande cour sous verrière, étages d’appartements. Mais celui des parents de Bouli Lanners était-il réellement l’un d’entre eux ? Pas sûr.

Plus tard. Au départ, Yolande Moreau refuse de jouer dans Mammuth parce qu’elle trouve le film misogyne. Un jour, elle reçoit un coup de fil de Depardieu : « Ils envoient le gros au charbon ! ». Elle et lui doivent s’embrasser : « Depardieu a un gros ventre, moi aussi » (petit rire dans les yeux). Ça a été très vite, en deux prises.

14h. Henri

(2013. « Henri, la cinquantaine, d’origine italienne, tient avec sa femme Rita un petit restaurant près de Charleroi, « La Cantina ». Une fois les clients partis, Henri retrouve ses copains, Bibi et René, des piliers de comptoirs. Ensemble ils tuent le temps devant quelques bières en partageant leur passion commune, les pigeons voyageurs. Rita meurt subitement, laissant Henri désemparé[2] »)

… deuxième film (en solo) de Yolande Moreau, le seul d’elle (ou avec elle) de la sélection que je n’ai jamais vu (ne connaissais même pas son existence).

Avec Pippo Delbono, comédien italien qui déteste les pigeons et a pris sur lui pour le rôle.

Avec aussi Miss Ming, rencontrée lors du tournage de Louise Michel. Comédienne atteinte de handicap…

(Comme les acteurs de la compagnie roubaisienne de l’Oiseau-mouche, souffrant tous d’un déficit mental,  que Yolande Moreau  embauche  « pour la  totalité  du tournage pour

effectuer de la figuration voire quelques seconds rôles de plus grande importance[3] »)

… ce qui la relie à Pippo Delbono qui avait sorti Bobò de l’asile…

( « Atteint de microcéphalie et sourd-muet, Bobò [est] interné à partir de 1952 dans un hôpital psychiatrique à Aversa [où] il est remarqué par le metteur en scène italien Pippo Delbono, venu organiser un atelier théâtre en 1995. « Il avait quelque chose de doux et de poétique. Une tendresse… quelque chose de rare ». Delbono le prend en charge et en fait dès lors son comédien fétiche, le plaçant au cœur de toutes ses mises en scène. Bobò meurt des suites d’une pneumopathie bronchique le 1er février 2019[4] »)

… et qu’il a intégré à tous ses spectacles jusqu’à sa mort.

Pas eu l’autorisation d’utiliser le nom de Les Papillons blancs

(Association « créée par des parents d’enfants en situation de handicap mental en 1949, « les Papillons blancs de Paris », régie par la loi de 1901, œuvre pour la défense des intérêts matériels et moraux, la recherche de l’épanouissement, le développement de l’autonomie des personnes en situation de handicap mental/cognitif ; et le soutien de leurs familles. Elle contribue à la sensibilisation de la société au handicap[5] »)

… comme titre du film → Henri, un peu terre à terre.

Rencontre d’un homme éteint avec quelqu’un qui a envie de normalité.

Pas de flot de paroles qui explique tout.

Yolande Moreau affectionne les petits personnages dans la vastitude de grands espaces + les films pas bavards (mais elle aime bien les mots). Il y a plein de manières de faire des films.

17h. Slow

(2023. « Elena, danseuse et Dovydas, interprète en langue des signes se rencontrent et tissent un lien profond. Alors qu’ils se lancent dans une nouvelle relation, ils doivent apprendre à construire leur propre type d’intimité[6] »)

… film lituano-hispano-suédois de la Lituanienne Marija Kavtaradze. Du sexe et de la danse filmée en plans rapprochés, ce qui est une aberration → le prix de la mise en scène au festival de Sundance aussi.

21h 15. Dans le parc du château Pams. My beautiful laundrette

(1985. « Dans la banlieue sud de Londres, un jeune immigré pakistanais entreprend par tous les moyens de sortir de la pauvreté. Son oncle Nasser, un affairiste douteux, lui confie alors une laverie automatique décrépite. Avec l’aide de Johnny, un voyou anglais, il va tenter d’en faire une affaire rentable[7] »)

… de Stephen Frears, en sa présence (ça y est, il est arrivé ! En 2012, à l’occasion des JO de Londres, les Ciné-Rencontres avaient déjà organisé une rétrospective de ses films   mais sans lui). Ovation.

N.T. Binh : Comment trouvez-vous Prades ? S. Frears : Je ne savais pas que ça existait.

Il dit que le scénario…

(De Hanif Kureishi, qui est venu à lui. C’est le deuxième grand écrivain d’origine pakistanaise né en Grande Bretagne. Il fait partie de la seconde génération de Pakistanais -les pères sont arrivés par bateau-. Voulait faire une sage façon Le Parrain)

… de My beautiful laundrette lui avait semblé stupide mais qu’il l’avait fait rire. Choix de faire une comédie légère mais avec quelque chose en plus.

Pour le rôle de Johnny, Daniel Day-Lewis l’a emporté sur Tim Roth et Kenneth Branagh grâce aux filles (« Il est beau ! »).

Mardi 23 juillet

            Quand j’écrivais avoir vu tous les films de Stephen Frears projetés en ces Ciné-Rencontres, j’aurais dû préciser « de fiction » car je ne connais pas celui de

            9h, A personal history of british cinema (1995), partie d’un projet international pour les 100 ans du cinéma. Récit à plusieurs voix : entretiens d’une part de Frears avec un critique et Alexander Mackendrick, réalisateur américain…

(Né à Boston de parents émigrés mais, suite à la mort de son père, élevé à partir de l’âge de sept ans par son grand-père écossais. Il étudia à la Glasgow School of Art)

… qu’en raison de son nom et de nombre de ses films je croyais britannique, d’autre part avec des cinéastes anglais (Michael Apted et Alan Parker) ayant fait carrière aux USA.

Film autobiographique (ses propres mémoires cinéphiliques) d’un réalisateur aimant le cinéma. Appartient à une génération nourrie des classiques hollywoodiens. A commencé comme assistant avec la Nouvelle vague britannique.

            10h 45. Espace Jean Cocteau, rencontre avec Stephen Frears.

            A fait ses classes sur Charlie Bubbles (1967) d’Albert Finney.

            Puis a travaillé sur If  (Lindsay Anderson, 1968).

            Reçoit ensuite une subvention du British Film Institute pour réaliser un film de trente minutes se passant en Afrique du Sud (The Burning, 1968) et tourné à Tanger.

            Rencontre le scénariste Neville Smith qui écrit son premier long métrage, Gumshoe, histoire d’un personnage incarné par Albert Finney qui « passe son temps à s’identifier aux personnages de détectives privés imaginés par Dashiell Hammett ou par Raymond Chandler. Fasciné jusqu’à l’obsession par Humphrey Bogart, il fait passer une annonce dans les journaux sous le nom de Sam Spade[8] ». Les Britanniques : obsédés par la culture américaine. Travaille pour la BBC (c’est très mal payé mais on a une totale liberté) comme Ken Loach…

(Il a inventé les téléfilms et révolutionné la façon de filmer : si on peut tourner une semaine en extérieur, pourquoi pas un film entier)

… et Mike Leigh, tous trois individus excentriques issus de l’éducation britannique, dont l’ego ne se met pas en avant au détriment de l‘histoire.

Va à Hollywood…

(Tous les cinéastes du Royaume-Uni veulent aller aux USA mais Hollywood est une industrie dure : difficile de survivre là-bas)

…  mais en gardant les pieds sur terre. S’est aperçu combien c’est effrayant…

(Hitchcock a pris son temps avant de faire des films américains. Son premier film aux USA a été Rebecca qui se passe en Angleterre et est interprété par des acteurs britanniques)

… mais personne n’a été méchant avec lui. A eu la chance qu’après avoir vu My beautiful laundrette Martin Scorsese lui demande de réaliser Les Arnaqueurs.

A eu un projet (non réalisé) sur Martin Luther King après The Queen. Reçoit alors celui d’une adaptation de Colette, Chéri (voir plus bas).

Qu’est-ce que la justice a à voir avec la loi ? demande Stephen Frears à propos de je ne sais plus quoi, avant d’ajouter avec un rire dans la voix, Je dis n’importe quoi…

14h. Chéri

(2009. « Dans le Paris du début du XXème siècle, Léa de Lonval finit une carrière heureuse de courtisane aisée en s’autorisant une liaison avec le fils d’une ancienne consœur et rivale, le jeune Fred Peloux, surnommé Chéri. Six ans passent au cours desquels Chéri a beaucoup appris de la belle Léa, aussi Madame Peloux décrète-t-elle qu’il est grand temps de songer à l’avenir de son fils et au sien propre[9]… »)

Juliette Binoche est d’abord pressentie mais elle est trop jeune pour le rôle qui échoit finalement à Michelle Pfeiffer.

Provoquer l’adhésion du spectateur envers un personnage (Chéri) plus ou moins antipathique.

Derrière la façade couve un volcan : ce monde va disparaître avec la Première guerre mondiale.

Allez savoir pourquoi…

(It’s a disaster, dit Stephen Frears de son film. Il a fait une erreur dès le début mais ne tient pas à nous dire laquelle. Tout ce que nous saurons c’est que, intimidé par la mythologie qui entoure Colette, il n’a pas trouvé la manière de la filmer)

… le cinéaste n’aime pas Chéri. Les spectateurs lui trouvant des qualités, J’aurais dû avoir cette conversation avec vous avant de faire le film, conclut-il.

Ce que je ne m’explique pas : pourquoi alors avoir mis le paquet sur Chéri (choix de le projeter + une photo du film sur l’affiche des Ciné-Rencontres) ?

Quoi qu’il en soit, Michelle Pfeiffer « Nounoune » habitant l’hôtel Mezzara, ça me donne la joie de revoir la belle façade (je ne saurais dire avec certitude si les intérieurs sont aussi les siens, l’escalier peut-être) de cette œuvre d’Hector Guimard visitée avec JC le samedi 9 décembre 2017 (sept ans, déjà).

17h. Paradise is burning

(2023. « Dans une région ouvrière de Suède, trois jeunes sœurs se débrouillent seules, laissées à elles-mêmes par une mère absente. La vie est joyeuse, insouciante et anarchique, loin des adultes, mais interrompue par un appel des services sociaux qui souhaitent convoquer une réunion. Laura, l’aînée, va alors devoir trouver quelqu’un pour jouer le rôle de leur mère sous peine d’être emmenées en famille d’accueil et séparées[10]… »

Mouais…

            Et c’en est fini pour moi aujourd’hui. Ce soir c’est Séraphine et la projection a lieu en plein air dans le parc du château Pams, à point d’heure (21h30), il faut attendre que la nuit soit tombée, en plus je l’ai revu récemment, l’ai bien en tête et besoin de me reposer.


[1] https://www.senscritique.com/film/louise_michel/432284

[2] https://www.unifrance.org/film/35400/henri#

[3] https://www.lavenir.net/regions/wallonie-picarde/2012/10/19/un-casting-des-plus-heteroclites-DJGNJ74S

[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/Bob%C3%B2

[5] https://www.lespapillonsblancsdeparis.fr/notre-association/

[6] Catalogue des Ciné-Rencontres

[7] Id.

[8] https://www.senscritique.com/film/gumshoe/376923

[9] https://www.google.com/search?q=ch%C3%A9ri+film&sca_esv=0d4a60feda95d33d&source=hp&ei=

[10] Catalogue des Ciné-Rencontres

Le Journal de Dominique-Prades 2024 (2)

            9h. The Hit (Le tueur était presque parfait)…

(1984. «Le gangster Willie Parker dénonce ses comparses. Dix ans plus tard, il coule des jours heureux en Espagne mais deux hommes ont été engagés pour le faire disparaître. The hit va retracer la dérive de ces trois hommes à travers la péninsule entre le moment où le gangster est enlevé et celui où le contrat sera finalement honoré[1]… »)

            … deuxième long métrage de Stephen Frears (le premier : Gumshoe), les scénarios pour la télévision étant plus intéressants.

Projet de The Hit prévu d’emblée pour le cinéma.

Film de genre (gangsters) tourné de manière somptueuse. C’est finalement Terence Stamp…

(Après être parti dans un ashram en Inde, il souhaite ne plus jouer les jeunes premiers mais faire des rôles de composition)

… qui interprète le rôle de Willie, prévu initialement pour Ian McKellen, icône du cinéma britannique.

Premier film de Tim Roth.

John Hurt : connu pour ses rôles de composition.

Stephen Frears a conçu le personnage du tueur en pensant à Margaret Thatcher mais en moins cruel.

Ce qui lui plaît : tourner en Espagne.

Musique d’Eric Clapton (générique) et Paco de Lucía.

De ce film, je me souvenais surtout que la décontraction dont fait preuve Terence Stamp vole en éclat quand arrive, à l’improviste, le moment fatal.

10h 45. Hommage à Michel Ciment à travers le film Le Cinéma en partage de Simone Lainé et le témoignage de N.T. Binh.

Pour Michel Ciment, le cinéma est la synthèse de tous les arts → il faut s’intéresser à tout, particulièrement à la peinture. Il a légué sa collection de livres d’art à l’Institut Lumière.

Il attendait les films et les cinéastes guettaient ses appréciations. Il lui était douloureux d’être déçu par l’un d’eux. Pas de préjugés : être prêt à changer d’avis.

S’est excusé auprès de Catherine Breillat au nom de la critique qui avait descendu 36 Fillette.

Cultivait l’art de la polémique.Regrettait qu’aujourd’hui le cinéma soit devenu plus prévisible.

Les sept vertus cardinales pour lui :

• L’information : préparer chez soi.

• L’analyse : savoir dire pourquoi.

• Le style : la critique est un genre littéraire.

• La passion : il faut de l’enthousiasme.

• La curiosité.

• Le sens de la hiérarchie : le critique doit se mouiller.

• Le coup d’œil : quand on ne sait rien d’un film et qu’on remarque que quelque chose vaut la peine.

14h. Un court métrage documentaire réalisé par une classe de collège avec un slameur est suivi d’autres en compétition pour le prix Bernard Jubard.

17h. Young hearts

(2024, d’Anthony Schatteman. « Elias, 14 ans, vit dans un petit village de Flandre. Lorsqu’Alexander, son nouveau voisin du même âge venant de Bruxelles, emménage en face de chez lui, Élias réalise qu’il est en train de tomber amoureux pour la première fois. Il devra alors faire face au chaos intérieur provoqué par ses sentiments naissants afin de vivre pleinement son histoire avec Alexander et de la révéler à tous[2]… »)

… que la sélectionneuse nous présente comme étant proche de l’univers de Lukas Dhont. Certes il y a un peu de Close. Mais ici (si on excepte quelques gamins qui harcèlent les amis au début et qu’on ne reverra plus, le coming out se passe à merveille, tout le monde il est gentil tout le monde il est compréhensif aimant : le grand-père, la mère, le père chanteur populaire, le frère, la bande de copains, jusqu’à l’ancienne petite amie, c’est l’harmonie parfaite. Un vrai conte de fée. Ce que le film est peut-être, au final.

21h. Arrivée triomphale de Yolande Moreau qui, sous les applaudissements, nous salue de l’allée en levant sa canne…

(En bois, à poignée courbe, comme celle qu’avait mon grand-père Germain. Une canne de famille ?) 

… avant de recevoir une standing ovation…

(Après quoi Louis Héliot chante La Brabançonne dont les paroles défilent sur l’écran sur fond de drapeau belge, c’est la fête nationale en Belgique aujourd’hui)

… et d’aller diner pendant la projection de La Fiancée du poète

(2023. « Amoureuse de peinture et de poésie, Mireille s’accommode de son travail de serveuse à la cafétéria des Beaux-Arts de Charleville-Mézières tout en vivant de petits larcins et de trafic de cartouches de cigarettes. N’ayant pas les moyens d’entretenir la grande maison familiale des bords de Meuse dont elle hérite, Mireille décide de prendre trois locataires. Trois hommes qui vont bouleverser sa routine et la préparer, sans le savoir, au retour du quatrième : son grand amour de jeunesse, le poète[3] »)

… que j’ai vu à sa sortie en octobre dernier mais que j’ai grand plaisir à revoir.

            Photo : Yolande Moreau par Dominique Bonnet

Yolande Moreau (de retour pour nous parler du film) avait choisi d’intituler son film : Même au milieu des ruines comme signe de résistance par rapport au monde d’aujourd’hui mais le distributeur n’en a pas voulu. Cependant elle aime bien le nouveau titre.

            Film sur les faussaires (→ le faux cerf !) avec un côté ludique, la cinéaste faisant sienne la phrase de Paul Valéry selon laquelle, sans eux, le monde serait bien triste. Tous trichent, même le curé.

            Sans donner de leçon de morale, Yolande Moreau pose la question des valeurs qu’on nous oblige à avoir et celle de la désobéissance. Trouver d’autres codes que ceux qu’on nous a inculqués.

            Le rêve : une nécessité. Besoin d’utopie.

            Pourquoi tourner à Monthermé ? Parce que c’est une région que la cinéaste connaît bien : elle a jadis vécu à une quinzaine de kilomètres de là, parmi une communauté hippie vivant dans des cabanes en plastique à Oignies-en-Thiérache, sur un terrain mis à sa disposition par un bûcheron qui haïssait les tronçonneuses et ne jurait que par la hache.

            Film fait avec des copains. Faire des choses avec des gens qu’on aime = le luxe de la vieillesse. Si la scripte, Héloïse Moreau, est la fille de Yolande, en revanche c’est un hasard (un signe ?) si la coscénariste (Frédérique) porte le même patronyme, elle n’est pas de sa famille.

            Le brouillard de la fin (partir sans savoir où on va) est réel et, s’il y en a beaucoup l’hiver dans le coin, ça n’était pas facile d’en trouver en juillet. Il fut repéré par le mari de la cinéaste, Le moustachu…

(Ne me retournant pas, je ne le verrai que demain, il a en effet de belles moustaches grises tombantes)

… dans le fond de la salle.

Dans le rôle du faux poète plombier : Sergi Lopez, qui n’était pas le premier choix de Yolande Moreau (elle avait d’abord écrit à Benoît Poelvoorde, il ne lui a pas répondu). Problème d’accent mais il est très bien et lui correspond mieux côté corpulence.

Et la phrase « Ce n’est pas le poète »…

(Il en fallait un qui ne soit pas trop connu ou soit un peu oublié → André Pieyre de Mandiargues qui, dans la bouche de Sergi Lopez, devient comiquement « André Pieyre de Mandiarguesse »)

… « qui aurait débouché tes canalisations »  me fait autant rire que la première fois, de même que ricanent bêtement les quatre bras cassés qui, derrière la porte de Mireille retranchée dans sa chambre, tentent de l’attendrir.

            9h 30. Louise Michel

            (2008. « Quelque part en Picardie, le patron d’une entreprise vide son usine dans la nuit pour la délocaliser. Le lendemain, les ouvrières se réunissent et mettent le peu d’argent de leurs indemnités dans un projet commun : faire buter le patron par un professionnel[4] »)

            … tourné en un mois par Gustave Kervern et Benoît Delépine, en vacances de Groland sur Canal +. Ils ont envie d’aller plus loin en se tournant vers le cinéma et une histoire (le film ne se fera pas tel quel) d’handicapés qui ont envie d’aller en Finlande voir Aki Kaurismaki. Quant à leur deuxième réalisation, expérimentale, elle est hermétique.

            Louise Michel : inspiré d’un fait divers. Toujours des sujets graves de société.

            Kervern et Delépine : pas de laïus sur la psychologie des personnages. Ne font pas beaucoup de prises. Sont contre la direction d’acteurs. L’acteur espère aller dans le sens voulu par le réalisateur, il est friand de ce qu’on peut lui proposer → Bouli Lanners regrette un manque d’indications (« on nous parle pas ») → au lieu de ça, Kervern applaudit.

            La fiction au cinéma : tant mieux si en sortant on a un sujet de réflexion, si on en est un peu grandi.

            Bonheur de revoir le Familistère, dehors d’abord, avec la statue de Godin, dedans ensuite, grande cour sous verrière, étages d’appartements. Mais celui des parents de Bouli Lanners était-il réellement l’un d’entre eux ? Pas sûr.

Plus tard. Au départ, Yolande Moreau refuse de jouer dans Mammuth parce qu’elle trouve le film misogyne. Un jour, elle reçoit un coup de fil de Depardieu : « Ils envoient le gros au charbon ! ». Elle et lui doivent s’embrasser : « Depardieu a un gros ventre, moi aussi » (petit rire dans les yeux). Ça a été très vite, en deux prises.

14h. Henri

(2013. « Henri, la cinquantaine, d’origine italienne, tient avec sa femme Rita un petit restaurant près de Charleroi, « La Cantina ». Une fois les clients partis, Henri retrouve ses copains, Bibi et René, des piliers de comptoirs. Ensemble ils tuent le temps devant quelques bières en partageant leur passion commune, les pigeons voyageurs. Rita meurt subitement, laissant Henri désemparé[5] »)

… deuxième film (en solo) de Yolande Moreau, le seul d’elle (ou avec elle) de la sélection que je n’ai jamais vu (ne connaissais même pas son existence).

Avec Pippo Delbono, comédien italien qui déteste les pigeons et a pris sur lui pour le rôle.

Avec aussi Miss Ming, rencontrée lors du tournage de Louise Michel. Comédienne atteinte de handicap…

(Comme les acteurs de la compagnie roubaisienne de l’Oiseau-mouche, souffrant tous d’un déficit mental,  que Yolande Moreau  embauche  « pour la  totalité  du tournage pour

effectuer de la figuration voire quelques seconds rôles de plus grande importance[6] »)

… ce qui la relie à Pippo Delbono qui avait sorti Bobò de l’asile…

( « Atteint de microcéphalie et sourd-muet, Bobò [est] interné à partir de 1952 dans un hôpital psychiatrique à Aversa [où] il est remarqué par le metteur en scène italien Pippo Delbono, venu organiser un atelier théâtre en 1995. « Il avait quelque chose de doux et de poétique. Une tendresse… quelque chose de rare ». Delbono le prend en charge et en fait dès lors son comédien fétiche, le plaçant au cœur de toutes ses mises en scène. Bobò meurt des suites d’une pneumopathie bronchique le 1er février 2019[7] »)

… et qu’il a intégré à tous ses spectacles jusqu’à sa mort.

Pas eu l’autorisation d’utiliser le nom de Les Papillons blancs

(Association « créée par des parents d’enfants en situation de handicap mental en 1949, « les Papillons blancs de Paris », régie par la loi de 1901, œuvre pour la défense des intérêts matériels et moraux, la recherche de l’épanouissement, le développement de l’autonomie des personnes en situation de handicap mental/cognitif ; et le soutien de leurs familles. Elle contribue à la sensibilisation de la société au handicap[8] »)

… comme titre du film → Henri, un peu terre à terre.

Rencontre d’un homme éteint avec quelqu’un qui a envie de normalité.

Pas de flot de paroles qui explique tout.

Yolande Moreau affectionne les petits personnages dans la vastitude de grands espaces + les films pas bavards (mais elle aime bien les mots). Il y a plein de manières de faire des films.

17h. Slow

(2023. « Elena, danseuse et Dovydas, interprète en langue des signes se rencontrent et tissent un lien profond. Alors qu’ils se lancent dans une nouvelle relation, ils doivent apprendre à construire leur propre type d’intimité[9] »)

… film lituano-hispano-suédois de la Lituanienne Marija Kavtaradze. Du sexe et de la danse filmée en plans rapprochés, ce qui est une aberration → le prix de la mise en scène au festival de Sundance aussi.

21h 15. Dans le parc du château Pams. My beautiful laundrette

(1985. « Dans la banlieue sud de Londres, un jeune immigré pakistanais entreprend par tous les moyens de sortir de la pauvreté. Son oncle Nasser, un affairiste douteux, lui confie alors une laverie automatique décrépite. Avec l’aide de Johnny, un voyou anglais, il va tenter d’en faire une affaire rentable[10] »)

… de Stephen Frears, en sa présence (ça y est, il est arrivé ! En 2012, à l’occasion des JO de Londres, les Ciné-Rencontres avaient déjà organisé une rétrospective de ses films   mais sans lui). Ovation.

N.T. Binh : Comment trouvez-vous Prades ? S. Frears : Je ne savais pas que ça existait.

Il dit que le scénario…

(De Hanif Kureishi, qui est venu à lui. C’est le deuxième grand écrivain d’origine pakistanaise né en Grande Bretagne. Il fait partie de la seconde génération de Pakistanais -les pères sont arrivés par bateau-. Voulait faire une sage façon Le Parrain)

… de My beautiful laundrette lui avait semblé stupide mais qu’il l’avait fait rire. Choix de faire une comédie légère mais avec quelque chose en plus. Pour le rôle de Johnny, Daniel Day-Lewis l’a emporté sur Tim Roth et Kenneth Branagh grâce aux filles (« Il est beau ! »).


[1] Id.

[2] Catalogue des Ciné-Rencontres.

[3] https://www.google.com/search?q=la+fianc%C3%A9e+du+po%C3%A8te&sca_esv=12268370a69439

[4] https://www.senscritique.com/film/louise_michel/432284

[5] https://www.unifrance.org/film/35400/henri#

[6] https://www.lavenir.net/regions/wallonie-picarde/2012/10/19/un-casting-des-plus-heteroclites-DJGNJ74S

[7] https://fr.wikipedia.org/wiki/Bob%C3%B2

[8] https://www.lespapillonsblancsdeparis.fr/notre-association/

[9] Catalogue des Ciné-Rencontres

[10] Id.

Journal de Dominique-Prades 2024-

            Ciné-Rencontres, année d’exception. En effet, sont invités : Stephen Frears…

(Dont j’ai vu tous les films présentés, mais pour certains, besoin de me rafraîchir la mémoire) 

… et Yolande Moreau ! Aussi, Lucie Borleteau.

Le programma débute à

            14h par Les Liaisons dangereuses

(1988. « Deux aristocrates brillants et spirituels, la marquise de Merteuil et le séduisant Vicomte de Valmont, signent un pacte d’inviolable amitié à la fin de leur liaison. C’est au nom de celui-ci que la marquise demande à Valmont de séduire la candide Cécile de Volanges qui doit prochainement épouser son ex-favori, M. de Bastide, mais Valmont a entrepris de séduire la vertueuse Mme de Tourvel[1] »)

… de Stephen Frears dont la carrière, nous apprend N. T. Binh, a eu du mal à démarrer. Ce sont les films qu’il a tournés pour la télévision (BBC, Channel 4) qui ont fait sa réputation (My beautiful laundrette a été d’abord un téléfilm en 16mm avant d’être projeté au cinéma). Emergence de scénaristes à la même époque.

            Les Liaisons dangereuses est sa première grosse production, avec des stars américaines confirmées (John Malkovich, Glenn Close) ou montantes (Michelle Pfeiffer). Le scénario est de Christopher Hampton qui avait écrit une pièce d’après le roman épistolaire de Choderlos de Laclos.

            Quand Milos Forman fait de son Valmont (tourné la même année) une comédie sociale, Stephen Frears réalise un thriller amoureux, en s’appuyant sur le jeu des stars. Il décide des gros plans qui font passer les émotions, leurs répressions et les mensonges, s’attirant l’incompréhension du créateur des somptueux costumes, mais au contraire, lui objecte le réalisateur, les gros plans les mettent en valeur. Costumes et maquillages sont au service du film.  

Stéphen Frears et Dominique

Musique de  thriller, comme celle des films d’Hitchcock.

Stephen Frears n’a jamais arrêté de tourner, même pendant le covid. Il se partage entre plateformes et grand écran.

            Importance des scénarios, qu’il reçoit par la poste et dont il fait des films quand il est emballé. Depuis une quinzaine d’années, ceux-ci sont inspirés par des histoires réelles.

            La problématique de son cinéma : dichotomie et ambigüité.

            Chaque film de Stephen Frears est précédé d’un épisode (dix minutes) de la première saison de la série State of the union qu’il a tournée en 2009. Le pitch : les discussions d’un couple avant qu’il n’aille en thérapie de couple. Avec Rosamund Pike et Chris O’Dowd.

17h. Je zappe la projection de The Lost king

(Complicité avec Sally Hawkins, double casquette de Steve Coogan, scénariste et interprète du rôle du mari)

… vu aux Cramés cette année.

21h. Avant-première d’Emilia Pérez

(Jacques Audiard, 2024. « Surqualifiée et surexploitée, Rita use de ses talents d’avocate au service d’un gros cabinet plus enclin à blanchir des criminels qu’à servir la justice. Mais une porte de sortie inespérée s’ouvre à elle : aider le chef de cartel Manitas à se retirer des affaires et réaliser le plan qu’il peaufine en secret depuis des années : devenir enfin la femme qu’il a toujours rêvé d’être[2] »)

… Prix du jury et quadruple prix d’interprétation féminine…

(Zoe Saldaña, danseuse de formation ; Karla Sofía Gascón, actrice trans ; Selena Gómez, revue récemment chez Woody Allen ; Adriana Paz)

… au dernier festival de Cannes.

Au départ, Jacques Audiard hésite entre un opéra, une comédie musicale et un thriller d’action. Il cherche un compositeur, Clément Ducol, mais celui-ci n’a pas le temps d’écrire un opéra sur demande : ce sera donc une comédie musicale (Jacques Audiard engage un chorégraphe) doublée d’un thriller.

Film original, étonnant, Palme d’Or de cœur de Positif.

            9h 30. Philomena

(2013. « Irlande, 1952. Philomena Lee, encore adolescente, tombe enceinte. Rejetée par sa famille, elle est envoyée au couvent de Roscrea. En compensation des soins prodigués par les religieuses avant et pendant la naissance, elle travaille à la blanchisserie, et n’est autorisée à voir son fils Anthony qu’une heure par jour. A l’âge de trois ans il lui est arraché pour être adopté par des Américains. Pendant des années, Philomena essaiera de le retrouver[3] »)

… de Stephen Frears.

            Film de la filière irlandaise, dont le réalisateur aime les contradictions religieuses et l’esprit rebelle par rapport à l’establishment britannique.

            Judy Dench : actrice (quasi aveugle, ce qu’on ne remarque pas) très estimée (comme Helen Mirren et Maggie Smith) qui a le droit de choisir ses réalisateurs. Stephen  Frears n’est pas convaincu par le scénario mais il est attiré par l’idée de travailler avec elle. C’est en même temps une croix : il faut qu’il soit à la hauteur.

            Philomena : catholique fervente quand le journaliste…

            (Steve Coogan : à l’origine, un comique d’improvisation. Le réalisateur lui impose de respecter le texte : une impro ne sera jamais aussi bonne que ce qui est écrit.

Il est aussi co-scénariste : c’est lui qui choisit le sujet, l’autre écrit le scénario qu’ensuite il embellit. Tel Hugh Grant qui en a eu assez de faire des comédies et a voulu grandir un peu, Steve Coogan, ennuyé par ce qu’il était devenu, a voulu avancer)

            … s’est détaché de la religion.

            Comédie romantique dans laquelle deux personnages que tout oppose finissent par tisser un lien très fort, sur le modèle de New York-Miami que Stephen Frears a fait voir à son équipe. Allusion aussi à M. Smith au Sénat. Le film dit beaucoup sur le monde politique.

            Eléments de Psychose (sœur Hildegarde, vieille nonne méchante aigrie frustrée qu’on aperçoit s’éloignant en s’appuyant sur ses cannes et qui disparaît à un tournant de couloir, je suppose)

            14h. Courts métrages en compétition pour le prix Bernard Jubard.

            17h. Deux courts métrages réalisés par des collégiens sont suivis de

Jezdeca/Riders, film…

(2022. « Slovénie, printemps 1999. Deux amis d’un petit village transforment leurs mobylettes en choppers et partent en voyage, traversant les rêves du passé et les visions de l’avenir, à la recherche de la liberté et de l’amour. Sur la route, ils traversent la Slovénie et la Croatie, deux pays qui viennent tout juste d’être séparés de la Yougoslavie, accompagnés par un motard et une jeune femme en fuite avec un passé mystérieux. Les valeurs personnelles sont mises à l’épreuve et le libre arbitre remis en question. Un road-movie qui dépasse les contrastes entre le vie à la campagne et à la ville, effleurant les temps et les espaces[4] »)

… slovène de Dominik Mencej en compétition pour le prix Solveig Anspach.

            Inégal. Ne m’emballe pas.

            20h 30. Passés recomposés

            (Dix courts métrages réalisés lors d’un atelier de création de films sur le thème du souvenir. Partage de petits bouts de vie)

            … est suivi de

El Vasco/Dear grandma

            (2022. « Mikel a décidé que sa vie avait besoin d’un changement radical. Il accepte donc l’invitation d’un parent éloigné à se rendre en Argentine pour y refaire sa vie. Mais peu de temps après son arrivée, Mikel se rend compte que son « oncle » Chelo n’est rien d’autre qu’un joyeux drille alcoolique et accro au jeu, qui n’a absolument rien à lui offrir. Comme si cela ne suffisait pas, les choses commencent à se gâter lorsque la grand-mère Dolores, la mère de Chelo, se réveille d’un sommeil de dix ans après avoir entendu Mikel chanter une berceuse en langue basque et le confond avec Juanito son frère et le grand-père de Mikel[5] »)

… film hispano-argentin (2022) de Jabi Elortegi, également en compétition pour le prix Solveig Anspach.

            A le mérite d’avoir une histoire construite et d’être une comédie.

           

Journal de Dominique, À Prades (5)

Vendredi 21 juillet

10 HEURES :

(2023. « Serbie, 1996. Pendant les manifestations étudiantes contre le régime de Miloševic, Stefan, 15 ans, mène dans le feu des événements sa propre révolution : voir dans sa mère une complice du crime et trouver la force de la confronter[1] »)

                      

            … du Serbe Vladimir Perišić. En compétition pour le prix Solveig Anspach.

            Un film fort. Quand, les yeux enfin dessillés, Stefan ramasse des cailloux, on espère que, se joignant à la révolte, il va affronter la police. Mais quand il en remplit son sac à dos, le cœur se serre. Oh mon dieu non, il ne va pas faire ça, il n’est pas tout seul, il a une petite amie qui le cherche et un père à Sarajevo.

Mon seul regret concernant le film : le manque d’ouverture de la fin.

14h. Dernière séance de courts métrages.

17h. Le Ravissement

(2023. « Lydia, sage-femme très investie dans son travail, est en pleine rupture amoureuse. Au même moment, sa meilleure amie, Salomé, lui annonce qu’elle est enceinte et lui demande de suivre sa grossesse. Le jour où Lydia recroise Milos, une conquête d’un soir, alors qu’elle tient le bébé de son amie dans ses bras, elle s’enfonce dans un mensonge, au risque de tout perdre[2]… »)

… film français d’Iris Kaltenbäck.

Encore une fois le coeur se serre au fur et à mesure que Lydia (Hafsia Herzi) s’enfonce dans le mensonge, comment va-t-elle pouvoir s’en sortir ?

            Aujourd’hui, rien que des bons films en compétition pour le prix Solveig Anspach.

Samedi 22 juillet

9h. Kitchen…

(2005. « Une jeune femme prépare une recette de homard à l’américaine, qui prévoit de découper par morceau le homard vivant, avant de le jeter, toujours vivant, dans l’huile bouillante. Seule dans sa cuisine, face aux deux homards qui bougent encore, elle essaye de les tuer le plus proprement possible[3]… »)

… court métrage d’Alice Winocour…

(Troisième invitée des Ciné-Rencontres. Elle précise que les homards étaient vivants à l’issue du tournage…)

… est suivi de

Augustine

(2012. « À l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, le professeur Charcot étudie une mystérieuse maladie : l’hystérie. Augustine, 19 ans, devient son cobaye favori, la star de ses démonstrations d’hypnose[4] »)

… premier long métrage de la réalisatrice et premier pour Vincent Lindon dans un film d’époque.

Film sur le regard, celui porté sur les malades et le développement des symptômes.

La révolte s’exprime par le corps. Charcot n’a pas réduit l’hystérie à une maladie de femmes : elle peut être aussi masculine.

Les maladies évoluent avec les époques.

Histoire racontée du point de vue du rat de laboratoire.

Séquences d’examen filmées comme des scènes sexuelles. L’hystérique est dénudée à l’époque des corsets. Mélange de science et d’érotisme. Fantasmes des hommes sur les femmes. Mise en scène de la maladie.

Œuvre inspirée par les films d’horreur (L’Exorciste) en voyant des bonus (corps agités par des cordes) sur des DVD. Iconographie de peep show.

Il semblerait qu’Augustine se sauve habillé en homme. Moi, je vois surtout qu’elle se mêle à la foule invitée au grand spectacle organisé par l’ambitieux Charcot pour impressionner ses confrères de l’Institut où il rêve de se faire élire.

13h 30. Piña colada

(2008. « Sandrine travaille dans un grand palace parisien et vit à distance de Vincent, son mari américain. La veille de son départ, elle doute de cette relation et hésite à le rejoindre. Alors que son avion décolle dans quelques heures, Sandrine part dans un hippodrome[5] »)

… court métrage d’Alice Winocour avec Aurore Clément, est suivi de

Maryland

(2015. « De retour du combat, Vincent, victime de troubles de stress post-traumatique, est chargé d’assurer la sécurité de Jessie, la femme d’un riche homme d’affaires libanais, dans sa propriété « Maryland ». Tandis qu’il éprouve une étrange fascination pour la femme qu’il doit protéger, Vincent est sujet à des angoisses et des hallucinations[6] »)

… second long métrage de la réalisatrice qui, suite à un accouchement où elle-même et sa fille ont failli mourir, s’intéresse aux situations post-traumatiques (voir aussi Revoir Paris que, tout comme Proxima dont nous souvenons bien, nous n’avons pas revu.).

Alice Winocour aime les scènes d’action, de destruction, de failles chez les personnages.

Rapport au corps.

Film tourné à la villa Eilenroc sur la Côte d’Azur.

Au cours de la table ronde qui s’ensuit avec Alice Winocour, j’apprends aussi que Revoir Paris fait référence à Psychose : Virginie Efira s’arrête dans le café fatal à cause de la pluie.

17h. Le Temps d’aimer

(2023. « 1947. Sur une plage, Madeleine, serveuse dans un hôtel restaurant, mère d’un petit garçon, fait la connaissance de François, étudiant riche et cultivé. La force d’attraction qui les pousse l’un vers l’autre est à la mesure du secret dont chacun est porteur. Si l’on sait ce que Madeleine veut laisser derrière elle en suivant ce jeune homme, on découvre avec le temps ce que François tente désespérément de fuir en mêlant le destin de Madeleine au sien[7] »)

… film sentimental en avant-première de Katell Quillévéré, décevant par rapport à la formidable série Le Monde de demain vue sur Arte l’année dernière. De plus, Vincent Lacoste ne me convainc pas. Mis à part dans Les Beaux gosses et Illusions perdues, je ne suis pas très fan.   

21h 15. Soirée de clôture avec la remise des prix.

Coup de cœur du jury jeunes : Proxima (Bof. S’il suffisait de se désinfecter en se frottant énergiquement avant un vol spatial, à quoi sert la quarantaine à laquelle sont soumis les astronautes ? Les rapports d’Eva Green avec sa fille en général, d’accord, mais son manque de rigueur professionnel final fiche tout en l’air) et mention spéciale à Six weeks (bien).

Prix du court métrage : Délivrez-nous du mâle (2022. « Tandis qu’elle subit les brimades de son subalterne sexiste, Naomi, jeune policière promue, enregistre l’audition de David. Celui-ci a laissé son père alcoolique entre la vie et la mort pour l’empêcher de battre sa mère[8] ») de Tony Le Bacq. Bravo.

Et le prix Solveig Anspach est attribué à (Alice Winocour fait durer le suspense en dépliant son papier) : Le Ravissement. Mon cœur balançait entre trois films, celui-ci en faisait partie, c’est parfait.

Après quoi est projeté Rosalie

(2023. « Rosalie est une jeune femme dans la France de 1870 mais elle n’est pas comme les autres, elle cache un secret : depuis sa naissance, son visage et son corps sont recouverts de poils. Elle est ce qu’on appelle une femme à barbe mais n’a jamais voulu devenir un vulgaire phénomène de foire. De peur d’être rejetée, elle a toujours été obligée de se raser. Jusqu’au jour où Abel, un tenancier de café acculé par les dettes, l’épouse[9] »)

… de Stéphanie Di Giusto, avec la star montante Nadia Tereszkiewicz et Benoît Magimel qu’on retrouve partout mais je ne m’en plains pas.

Et c’est la fin des Ciné-Rencontres. Mon grand souvenir…

(Même si je n’ai pas bien pu profiter de la conversation, j’étais à un bout de la table -de huit- et lui à l’autre. Merci à Annie d’avoir répété certains de ses propos pour moi.

Ce que j’apprends :

Pour Des goûts et des couleurs, Rebecca Malder a passé le casting en cinquième position et c’était elle.

Lors du tournage de Le Nom des gens, Jacques Gamblin a piqué une grosse colère contre son réalisateur, ce qu’on peut voir en bonus sur le DVD du film.

Il a réalisé quelques épisodes de la série Fais pas ci, fais pas ça et c’était un plaisir de travailler avec des acteurs rodés comme Valérie Bonneton.

Ce que j’arrive à entendre -même si c’est dérisoire- de mes propres oreilles :

Il prononce « Montargisse », On dit « Montargi »,  Ah oui, c’est comme Paris, on ne dit pas « Parisse »)

… avoir déjeuné en compagnie de Michel Leclerc.


[1] https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=lost+country+vladimir+perisic

[2] https://www.unifrance.org/film/56510/le-ravissement

[3] https://www.festival-cannes.com/f/kitchen/

[4] https://www.senscritique.com/film/augustine/379062

[5] https://www.unifrance.org/film/30044/pina-colada

[6] https://www.senscritique.com/film/maryland/13554039

[7] https://www.senscritique.com/film/le_temps_d_aimer/46655985

[8] https://cinema-series.orange.fr/cinema/tous-les-films-au-cinema/movie-delivre-nous-du-male_2022.html

[9] https://www.premiere.fr/film/Rosalie

Le Journal de Dominique, un jour à Prades (4)

Mercredi 19 juillet

9h. Télé Gaucho

(2012. « Tout a commencé lorsque les caméscopes ont remplacé les caméras. Faire de la télé devenait alors à la portée de tous. Jean-Lou, Yasmina, Victor, Clara, Adonis et les autres ne voulaient pas seulement créer leur propre chaîne de télé, ils voulaient surtout faire la révolution. Ainsi naquit Télé Gaucho, aussi anarchiste et provocatrice que les grandes chaînes étaient jugées conformistes et réactionnaires[1]… »)

… parcours initiatique d’un jeune homme  (Félix Moati, choisi par casting) pas encore fini.

Inspiré par l’expérience de Michel Leclerc à Télé Bocal[2], dans les années 1990, avant internet. Montrer sa fabrication.

Film de troupe, sur un groupe. Difficulté : filmer le bordel sans  être bordélique.

Je ne regarde que le début, dit Michel Leclerc à une dame devant nous qui le voit s’asseoir par terre le long du mur et se pousse pour lui laisser une place. Il restera jusqu’à la fin : difficile de décrocher de cette histoire et de ses acteurs inspirés (mention spéciale à Sara Forestier).

La projection est suivie d’une table ronde animée par Yann Tobin au cours de laquelle on apprend que :

Michel Leclerc est venu au cinéma par la musique et son groupe de rock.

(Cadeau du clip « T’es mon youpin, t’es ma bougnoule » où il se met en scène avec Baya Kasmi -d’origine algérienne- et un groupe d’amis au bord d’une piscine où ces derniers plongent -hommage- façon Busby Berkeley)

Il ne fera plus de films personnels (Sauf si ma femme me plaque) parce que les quinquagénaires sont moins intéressants que les jeunes.

Quand il écrit un scénario, il se trouve enfermé (→ changements sur le tournage) et a tendance à surligner les choses pour le présenter aux producteurs.

Idem au montage  il a du mal à couper mais l’accepte. Il a été monteur pendant des années pour, entre autres, Capital sur M6 et y a beaucoup appris. Le montage = l’art de l’ellipse.

Pour que le spectateur ne s’ennuie pas, il faut jouer avec son attente mais s’il y a manipulation il ne faut pas qu’il ait l’impression de se faire avoir.

Michel Leclerc n’a pas l’esprit militant qui incite à vouloir gagner à tout prix en se foutant du mal que peuvent faire les coups qu’on donne (cf le personnage d’Emmanuelle Béart dans Télé Gaucho).

Il a peur de faire du cinéma macroniste[3].

Il pense qu’on ne peut progresser qu’en se confrontant à des idées opposées aux siennes.

Il a du mal à mesurer l’émotion, avec le sentimentalisme, les violons → met des petites touches d’humour.

Il n’aime pas quand tout va dans le même sens et affectionne les fins heureuses. Ainsi s’en est-il voulu après coup de terminer Télé Gaucho sur une séparation. Dans La Lutte des classes, l’école s’effondre mais, même s’ils s’engueulent, les gens sont réunis.

Il fait des films en autodidacte (n’a pas étudié dans une école de cinéma).

Il a toujours deux projets…

(Actuellement, un sur le féminisme -la parité : si actuellement 31% des films français sont réalisés par des femmes, qu’adviendra-t-il si on arrive à 50/50 : fera-t-il partie des 19% d’hommes éjecté du système ?- et un film historique en costumes dans lequel il organise la rencontre de Cyrano de Bergerac et de Molière)

… en même temps, façon d’avoir plus de chances d’obtenir du boulot l’année suivante.

14h. La première séance de courts métrages en compétition pour le prix Bernard Jubard est suivie, à

17h, de la projection de Foudre

(2023. « Été 1900, dans une vallée du sud de la Suisse. Elisabeth a dix-sept ans et s’apprête à faire ses vœux quand le décès brutal de sa sœur aînée l’oblige à retrouver sa famille et la vie de labeur qu’elle avait quitté cinq ans plus tôt pour entrer au couvent. Elisabeth n’est plus une enfant et les mystères entourant la mort de sa sœur vont la pousser à lutter pour son droit à l’expérience[4] »)

… film suisse de Carmen Jaquier, ennuyeux à périr. Je suis contente d’avoir attribué la note 2 à Tigru, ça me permet de donner à celui-ci la minimale : 1/5.

Le soir, à la télévision : des cons se font photographier dans la Vallée de la Mort près d’un thermomètre affichant 56° qu’ils montrent du doigt en arborant un sourire jusqu’aux oreilles. L’humanité ne mérite pas d’être sauvée.

Jeudi 20 juillet

            9h. Chercheuses d’or 1933

            (« Carol, Polly et Trixie rêvent de faire du music-hall. Elles apprennent que le producteur Barney Hopkins doit monter un show mais elles découvrent avec déception que Barney n’a pas d’argent. Le jeune compositeur Brad Roberts qui aime Polly et qui est beaucoup plus riche que celle-ci ne le croit, investit 15 000 dollars dans le spectacle. Brad, qui a une très jolie voix, refuse pourtant de se produire sur scène[5] ».

« Premier film d’une série de trois ayant pour héroïnes de jeunes artistes de music-hall à la recherche d’un travail, de la fortune et de l’amour durant la dépression[6] »)

… de Mervyn LeRoy, qui vaut surtout (les aventures sentimentales des trois chercheuses d’or sont tirées par les cheveux) pour les numéros musicaux de Busby Berkeley…

(En arrivant à Hollywood, il demanda à un caméraman quel était son secret, La caméra n’a qu’un œil, Je vais être cet œil)

… même si, dans Remember my forgotten man, on peut de nos jours tiquer aux paroles  « Cause ever since the world began, a woman’s got to have a man » et autre « he used to take care of me » chanté par Joan Blondell et repris par Etta Moten, une chanteuse Noire (elle fut Bess dans Porgy and Bess), ce qui, bien qu’aucun Noir ne figure dans le défilé des combattants de la Grande guerre, suggère (c’est mieux que rien) qu’ils participèrent au conflit puisque les mariages mixtes étaient alors interdits.

Suit une table ronde avec Yann Tobin, qu’il illustre avec des extraits de films et au cours de laquelle il évoque précisément la place quasi inexistante des Noirs dans le musical, Fred Astaire, dit-il, dut se battre pour les imposer…

… dans ce qui ne peut être, en 1937, que Slap that bass

 (« Zoom zoom, zoom zoom, The World is in a mess With politics and taxes And people grinding axes There’s no happiness », si ce n’est « When I’m listening to that big bass fiddle »)

…qui se passe dans la rutilante (et donc peu réaliste -le sol est un miroir- mais on s’en fout) salle des machines du paquebot (pas un Blanc parmi les mécaniciens) de Shall we dance.

14h. Deuxième séance de courts métrages.

17h. Rencontre avec Valérie Leroy, talentueuse réalisatrice de cinq courts métrages :

Le Grand bain

(2016. « Mia, trente ans, en instance de divorce, emménage dans un studio au sein d’une résidence HLM. Ancienne championne de natation, elle va se retrouver à donner des cours de natation aux habitants de l’immeuble. Sans piscine[7]… »)

… drôle et loufoque. Développement en long métrage envisagé, Mais il faudrait changer le titre.

Laissez-moi danser (2018. « Mylène, cinquante-cinq ans, est femme de ménage sur un ferry. Ce soir, ses collègues lui ont organisé une fête surprise pour son anniversaire. Mais sur l’enveloppe qu’on lui tend, il y a l’ancien prénom de Mylène, son prénom d’homme, son ancienne vie[8] »)

Belle étoile (2018. « Thu Yen, trente-cinq ans, est venue en France pour se marier mais les choses ne se sont pas passées comme prévu à son arrivée. Sa rencontre avec Marianne, femme de ménage au passé tourmenté, va changer le cours de sa destinée »)

Banc de touche

(2022. « Marjorie est médecin d’une équipe de football. Ce soir, le match est décisif, si l’équipe gagne, c’est la Ligue 1. Sauf que l’entraineur veut faire jouer un joueur blessé. Marjorie doit s’affirmer, entre sa conscience et l’intérêt de l’équipe[9] »)

… qualifié par L’Equipe de « film militant contre le sexisme dans le foot ». Rôle de la médecin confié à Suliane Brahim. Comment fait-on pour travailler avec une actrice de la Comédie Française, On lui écrit tout simplement.

Teen horses

(2019. « Suite à la séparation de ses parents Tania, 14 ans, arrive en cours d’année dans un nouveau collège. Venant de Finlande où elle a grandi, Tania vit cette épreuve comme un véritable déracinement. D’autant qu’en Finlande, elle était dans une équipe très soudée qui pratiquait un sport bien particulier, le hobby horsing ou cheval bâton[10] »)

…  ou, après la natation sans eau, l’équitation sans cheval. Et la boucle est bouclée.

Valérie Leroy : une réalisatrice à suivre.


[1] https://www.senscritique.com/film/tele_gaucho/411831

[2] « Chaîne de télévision associative locale d’Île-de-France, produite par l’association du même nom » (Wikipedia).

[3] N’ayez crainte, ça n’arrivera pas.

[4] https://www.swissfilms.ch/fr/movie/foudre/89D3A47877124A849EA53128CB6E6A98

[5] https://www.cineclubdecaen.com/realisateur/leroy/chercheusesdorde1933.htm

[6] https://vodkaster.telerama.fr/films/chercheuses-d-or/525046

[7] https://www.unifrance.org/film/42564/le-grand-bain

[8] https://www.senscritique.com/film/laissez_moi_danser/29433341

[9] https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=banc+de+touche+valerie+leroy

[10] https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=teen+horses+valerie+leroy