Une nouvelle rubrique?

Chers amis cramés de la bobine,

Nous tentons l’expérience de placer dans ce blog des notes de présentation des films de la sélection mensuelle des cramés de la bobine.

Vous trouverez une partie de notes de « l’Avenir », puis celle de « l’eau à la bouche », un film présenté par Delphine et ensuite?

A suivre… Vous pourrez trouver ces notes dans la nouvelle rubrique « notes de présentation. »

Amitiés

 

 

 

L’AVENIR

L’AVENIR
Ours d’Argent du Meilleur réalisateur
Film français (avril 2016,1h40) de Mia Hansen-Løve avec Isabelle Huppert, André Marcon, Roman Kolinka, Edith Scob, Elise Lhomeau et Sarah Le Picard

Quelques mots sur Mia Hansen Love, elle a 35 ans, elle doit son nom à un grand père Danois, et étrangement dit-elle, son prénom à sa mère, impressionnée par Mia Farrow dans Rosemary Baby.

Sa carrière commence comme actrice dans deux petits rôles dans les films d’Olivier Assayas :

-1998 Fin Août, début septembre, elle a un petit rôle, elle faisait du théâtre au Lycée, elle aurait été recrutée lors d’un casting sauvage.

-2000 destinées sentimentales, elle interprète le rôle de la fille d’Isabelle Huppert.

 Ces deux films ont aussi été pour elle l’occasion de jouer avec André Marcon.

 -2001 elle entre au conservatoire d’art dramatique, 2003, 2005, elle fait des critiques pour les cahiers du Cinéma et elle réalise 2 courts métrages : Après mûre réflexion et offre spéciale. 

Ensuite viennent 5 longs métrages, chaque fois elle est réalisatrice et scénariste de ses films.Ce sont des films très personnels, qui dialoguent entre eux. Ils transposent des choses de sa vie que transfigure le jeu de ses acteurs.

4 des films de l’œuvre de Mia Hansen Love concernent la perte et le deuil amoureux.

Et tous ses films sont une recherche sur la pensée, la vérité, la parole, l’effet du temps. (Comme en témoignent ses interviews) En ce sens,  au plan littéraire, elle est proche de Proust et de Modiano par exemple)

Dans son univers cinématographique, il y a Eric Rohmer auquel sa mère l’a initiée toute jeune. (Avec Rohmer,  la parole est un acte en soi la pensée en train de s’élaborer devient quelque chose de presque tangible).Tout comme chez Rohmer, il y a quelque chose de performatif  dans la parole des personnages de Mia Hansen Love. Ajoutons  Robert Bresson, François Truffaut, Philippe Garrel et Olivier Assayas qui est l’homme avec qui elle vit et dont elle a un enfant.

-En 2006 avec son premier long métrage, TOUT EST PARDONNE   a obtenu le prix Louis Delluc du 1er film, c’est un film touchant qui parle des retrouvailles entre un père, un temps « addict », et sa fille.

On remarque que ce premier film est dédié à Humbert Balsan un producteur qui compte pour elle.

 -En 2009 elle réalise LE PERE DE MES ENFANTS

Qui s’inspire de la vie d’Humbert Balsan, acteur et producteur, un homme qui prenait tous les risques pour produire… par amour des films et de ceux qui les font, et qui a fini par se pendre mettant ainsi fin à sa vie et… à ses difficultés.

 -En 2011, UN AMOUR DE JEUNESSE,Retrace les affres, la douleur d’un chagrin d’amour de jeunesse… dont en fait, elle est sortie gagnante, par le cinéma

-En 2014, EDEN, film qui s’inspire du parcours musical (musique électronique) de son grand frère.

-Quant à L’AVENIR, en voici le Pitch :

Nathalie est professeur de philosophie, elle aime par-dessus tout transmettre son goût de la pensée. Mariée, deux enfants, elle partage sa vie entre sa famille, ses anciens élèves et sa mère, très possessive. Un jour, son mari lui annonce qu’il part vivre avec une autre femme…

M.H.L connaît bien cette situation, ses parents sont philosophes et tous deux séparés. Mais son film est bien autre chose que ça. Il y a le scénario déjà complexe est sublimé par la subtilité du jeu  d’Isabelle Huppert qui incarne le rôle d’une manière qui lui appartient. (et qu’on aime!)

Les actrices et acteurs, une de sa constellation affective et artistique. 

Et, dans le casting, il y a une constante, elle dit : « Pour moi, le choix des comédiens, est une chose absolument capitale, et je ne pourrais pas choisir des acteurs – et c’est vrai du rôle principal jusqu’au plus petit rôle, pour lesquels je n’ai pas un désir, même un amour authentique. »

Faisons l’hypothèse que  l’avenir,  Mia Hansen Love, peut être vu comme un prolongement d’un amour de jeunesse, elle a certainement eu le désir de montrer ce que peut être une rupture à l’autre bout d’une vie.

Pour cela Isabelle Huppert est la bonne personne, non seulement parce que Mia Hansen Love connaît et aime cette actrice, que cette actrice joue avec d’autres qu’elle connait bien,  mais aussi probablement parce qu’elle a joué, au début de sa vie d’actrice, Pomme dans la Dentelière, une histoire de rupture amoureuse destructrice. (Or dans l’Avenir à la soixantaine, Nathalie, l’héroïne n’est pas détruite au contraire, elle devient libre.

Dans le même genre de spéculation, on peut se risquer à parler de la musique du film :

La musique de Schubert qu’on entend à plusieurs reprises, dont en Bretagne « « Auf dem Wasser zu singen » qui signifie quelque chose comme « chanter sur l’eau » est une métaphore sur l’eau et le temps qui passe. Cette chanson est en rapport avec la dernière chanson Unchained Melody. La première est interprétée par Dietrich Fischer-Dieskau. Ce choix doit aussi être en rapport avec Helena Fischer Dieskau, la petite fille pianiste qui joue dans le film « tout est pardonné ».

De même Unchained Melody écrite en 1955, il y a aussi une métaphore sur l’eau. « Toutes les rivières solitaires s’écoulent vers la mer, les grands bras solitaires de la mer ».

Le film Unchained pour laquelle a été composée cette belle mélodie est un film de 1955, année de naissance d’O.Assayas, mais là, je sur-interprète certainement.

On sera certainement frappé par la dimension spirituelle et le travail d’agencement des films   de Mia Hansen Love.

CAFÉ SOCIETY

CAFÉ SOCIETY
La séance sera précédée de la retransmission de « La Montée des marches » à 19h15
Film d’ouverture au Festival de Cannes 2016, présenté Hors Compétition
Soirée mercredi 11 à 20h30 (19h15 pour la « Montée des marches »)

Présenté par Danièle Sainturel
Film américain (mai 2016,1h36) de Woody Allen avec Jeannie Berlin, Steve Carell, Kristen Stewart et Jesse Eisenberg  

Synopsis : New York, dans les années 30. Coincé entre des parents conflictuels, un frère gangster et la bijouterie familiale, Bobby Dorfman a le sentiment d’étouffer ! Il décide donc de tenter sa chance à Hollywood où son oncle Phil, puissant agent de stars, accepte de l’engager comme coursier. À Hollywood, Bobby ne tarde pas à tomber amoureux. Malheureusement, la belle n’est pas libre et il doit se contenter de son amitié. 
Jusqu’au jour où elle débarque chez lui pour lui annoncer que son petit ami vient de rompre. Soudain, l’horizon s’éclaire pour Bobby et l’amour semble à portée de main…

The assassin

THE ASSASSIN
Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2015
Soirée-débat mardi 3 à 20h30
 

 Présenté par Jean-Louis Rocca sinologue

FilmTaïwanais (vo, mars 2016,1h45) de Hou Hsiao-Hsien avec Shu Qi, Chang Chen et Yun Zhou

Bavardage du mercredi  :

Salle comble pour ce film  somptueux et curieux,  à la fois lent et fulgurant   dont la revue  7ème obsession de février mars, fait l’éloge dans un  article   « apprendre à devenir soi même »,  de Xavier Leherpeur.

Il  nous met vertement en garde avant de regarder ce film :

« …Ce n’est pas attendre qu’il soit ce que nous lui demandons d’être. mais au contraire, qu’il nous arrache à nos certitudes, à notre confort de spectateur repu de facilités. Non, le scénario de The assassin n’est pas confus. Bien au contraire » .

Cette considération n’est heureusement pas sa meilleure pour défendre un film dont au demeurant il  parle très bien. Et nous lui conseillerions bien volontiers de venir aux cramés pour vérifier si les spectateurs sont repus de facilités…

Ce que nous avons aimé chez Jean-Louis Rocca en plus de sa science, c’est qu’il dit  le contraire de cette mise en garde, il nous met à l’aise, nous dit que lui même n’a pas tout compris et que ce n’est pas bien grave.

A ce propos, pendant que nous prenions un verre, je discutais  avec Georges B,  et je lui demandais : A ton avis,  qui est cette femme au masque d’or avec qui combattait  l’assassin ? il me répond tout de go* (1): l’épouse du roi… femme aimante et jalouse ».

Merci Georges B de tes lumières, les cramés de la bobine c’est aussi ça, le bonheur de pouvoir se mettre à plusieurs pour s’expliquer un film.

G

 

*(1) Je ne vais pas me priver de cette facilité.

Nb : Dans la 7ème obsession, on peut lire aussi  « le combat intérieur » une interview de Hou Hsiao Hsien lui même.

 

Capitaine Thomas Sankara

Le documentaire du mois 
Capitaine Thomas Sankara

Soirée-débat lundi 2 mai à 20h30

Présenté par Henri Fabre
Film suisse (novembre 2015, ) de Christophe Cupelin

 

Belle soirée cinématographique consacrée à un homme-intègre,  on peut sérieusement regretter de ne pas avoir pu noter les commentaires  de chacun des cramés durant le débat. Alors contentons nous de nous remémorer la première, celle d’un homme qui avait travaillé dans l’ex Haute-Volta et connaissait les faiblesses et les aspirations de ce peuple et la dernière qui nous informe que nous pouvons agir avec des femmes et des hommes qui vivent au Burkina Faso  à l’exemple de :

www.zebu.net

 

 

Vierge sous Serment (1)

Les Vierges Jurées :

Signalons 3 sites internet très éclairants sur cette question. Il semble que la première référence ait largement été utilisée par certains critiques du film.

-Laurence Herault 2009 -Les vierges jurées en Albanie-https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00438673/document

-Les dernières « vierges jurées » d’Albanie – Vidéo Ina.fr

Jill Peters www.jillpetersphotography.com

Jacqueline Derens*(1) nous conseille une lecture  :

-L’étude anthropologique d’Antonia Young traduite par Jacqueline Derens qui vient d’être publiée aux editions Non Lieu complétée par une introduction de Nicle Pellegrin et le reportage de Jacqueline Derens  sur celles qu’elle a rencontrées en Albanie en 2007.

…Et aussi le roman qui a librement  inspiré le  scénario  :

-Evira Donès : Vergine giurata, Milano : Feltrinelli, 2007

 

Nb :*(1)  Signalons mais c’est un autre sujet,  que parmi les ouvrages  de Jacqueline Derens il existe aussi : Dulcie September Le Cap 1935-Paris 1988. Une vie pour la liberté ? de Jacqueline Dérens co-édition Arcueil Non lieu.

Avant de voir Jodorowski’s Dune, un coup d’œil au Blog de Léo.

JODOROWSKI’S DUNE
Présenté par Marie-Annick Laperle en présence d’Erik Nicolas écrivain et administrateur de ce site sur Dune

Film américain (mars 2016,1h25) de Frank Pavich avec Alejandro Jodorowsky, Michel Seydoux et H.R. Giger

Amis Cramés bonjour,

Je profite de cette future projection de mai pour vous signaler le  blog vif, rafraîchissant, spirituel,  bien documenté   de notre ami cramé de la bobine,  Léo :

POPCORN AU CAVI’ART…

Popcorn au Cavi’Art #1 – Le Mouvement Surréaliste au …

particulièrement la partie consacrée au surréalisme… Un plaisir!

G

 

A PERFECT DAY

A PERFECT DAY
Goya de la meilleure adaptation, sélectionné à la quinzaine des réalisateurs
Soirée-débat mardi 26 à 20h30

Présenté par Danièle Sainturel
Film espagnol (vo, mars 2016,1h46) de Fernando León de Aranoa avec Benicio Del Toro, Tim Robbins, Mélanie Thierry et Sergi López

Chers amis cramés,

Nous étions nombreux et, comme ça arrive parfois,  plutôt silencieux dans la salle au moment du débat. Il est vrai que les commentaires étaient éclairants.

Tout de même, c’est un superbe film qui nous a été présenté :  L’essentiel du film  tourne autour d’un puit… avec dedans, flottant,  un cadavre humain bien gonflé. Cette situation est vécue du point de vue  de courageux et opiniâtres travailleurs d’une ONG spécialisée dans l’assainissement et la surveillance de l’eau. On est  quelque part dans les Balkans, c’est la guerre.

Drame, horreur et absurdité de la guerre, on a déjà vu ? Non pas comme ça. Il y a un ton, un mélange de situations tragi-comiques, d’horreur, de danger, de violence, de tendresse et  d’humour, tout à la fois, et jamais de cynisme. En outre c’est très bien filmé, il y a du rythme, ça avance.

Tout ça pour vous dire que si parmi les cramés, l’un d’entre nous nous offrait son commentaire, nous serions bien heureux de le lire, car je suis sûr que beaucoup ont aimé ce film.

G

 

 

 

L’Armée des ombres

Film mythique sur la Résistance tant de fois projeté à la télévision, « L’Armée des ombres » gagne à être vue au cinéma, tant pour son atmosphère froide et oppressante, accentuée par une image sépia et la couleur automnale des paysages, bleutée des intérieurs que pour une amplification dramatique que l’on n’ose qualifier d’épique : en effet, cet opus de Melville tient moins de la reconstitution historique que de l’hagiographie gaulliste, avec l’apparition quasiment surnaturelle du Général décorant à Londres Gerbier et Jardie, et surtout du film noir virant au fantastique.
On ne voit pas en effet – ou si peu – les Nazis mais, fulgurants, l’arrestation de Félix ou le masque défiguré, tuméfié de Jean-François ou de son ami recruteur après leur torture par un officier allemand : on perçoit des ombres, au sens guerrier de combattants clandestins, comme au sens sépulcral de spectres, de morts-vivants, de combattants promis tôt ou tard au supplice ou à une élimination inéluctable, attestée par le hors-champ du générique final et de la nécrologie en médaillons – Gerbier lui-même refusant cette fois de courir devant le peloton d’exécution… Cette noirceur policière – s’il en est – tient de l’épure car les Résistants sont traqués mais d’une traque souterraine, invisible, imprévisible, à l’image de leur action – le danger pouvant surgir de partout, d’une voiture – celle de la Milice s’arrêtant à la hauteur de Félix pour l’arrêter et l’emmener à la Gestapo, ou celle de camarades transformés en « tueurs » pour éliminer Mathilde la vaillante, la sacrificielle au terme d’une âpre discussion, bien loin de l’épopée « résistante » : soumise par l’Occupant à un odieux chantage car elle a commis l’imprudence de garder sur elle la photo de sa fille, elle doit ou livrer ses camarades ou voir son enfant arrêtée, et peut-être tuée… Dès lors, malgré son dévouement, bien qu’elle ait tenté, en vain, déguisée en infirmière, de sauver Félix, et réussi à arracher Gerbier à la mitrailleuse grâce à une corde miraculeuse, elle doit être éliminée : la décision est prise par Jardie parce qu’elle-même – prétend-il sans en être trop sûr – en prierait ses amis… Oui, si l’on ne peut véritablement parler d’épopée collective, c’est que le combat commun implique une totale dépersonnalisation, par l’action nocturne, la clandestinité, le déguisement, l’oubli des liens familiaux ou amicaux, et bien sûr l’abnégation, fût-elle parfois peu incompréhensible : ainsi de l’apparente lâcheté de Jean-François écrivant à ses amis qu’il ne se sent pas assez fort pour poursuivre le combat mais se dénonçant dans une lettre anonyme aux Allemands pour être emprisonné auprès de Félix et peut-être le sauver…
Pour autant, on ne peut, dénier à ce film paradoxal, une vraie dimension historique, nous parût-elle tronquée ou contestable : on nous montre ici non la résistance communiste, l’action immédiate ou efficace – distributions de tracts ou sabotages en tout genre – mais l’effort permanent de protection des chefs et d’organisation au sommet, même si ce parti-pris relève d’une certaine vision aristocratique, illustrée par le baron : ce personnage pittoresque, voire haut en couleurs, offrant son domaine pour cacher Gerbier ou permettre l’atterrissage de parachutistes, ne le paiera pas moins de sa vie…
Reste une œuvre prenante, palpitante, ce dont témoignent de subtils raccords ou effets de montage : on passe d’une ruelle marseillaise à une agence de théâtre lyonnaise, du couloir d’hôtel londonien parcouru par Gerbier au long corridor de la Gestapo vers la salle de torture où agonise Félix. Terrible image de la vie qui télescope les contrastes et ne ménage pas toujours, surtout en temps de drames, les transitions !

Claude

10949 femmes

En présence de la réalisatrice Nassima Guessoum

Film documentaire Algérien (avril 2016,1h16) de Nassima Guessoum

À Alger, Nassima Hablal, héroïne oubliée de la Révolution algérienne, me raconte son histoire de femme dans la guerre, sa lutte pour une Algérie indépendante. C’est un récit universel qui met à l’épreuve la question de la liberté : qu’est ce que la liberté ? Quel est son prix

10949 femmes de Nassima Guessoum, projeté dans le cadre du Festival des films de la Méditerranée

10949 femmes est une des belles surprises de cette année. Que savions-nous de cette jeune cinéaste ? Peu de choses : qu’elle avait fait des études d’histoire et de cinéma, qu’elle était franco-algérienne, qu’elle avait fait un beau portrait de la slameuse Tata Milouda. Nous savions que ce film serait également un portrait : celui d’une des 10949 femmes combattantes de la guerre d’indépendance de l’Algérie. Et ce fut une magnifique rencontre ou plutôt deux rencontres : l’une avec la cinéaste Nassima Guessoum présente à l’Alticiné ce soir là et l’autre avec son héroïne Nassima Hablal. Deux Nassima. Dorénavant ce prénom sera pour moi synonyme de grande personnalité.

Enfin, un portrait de femme combattante ! Vous trouvez peut-être que j’exagère, souvenez-vous de notre déception à l’issue de la projection du documentaire Les Jours heureux, où étaient les femmes résistantes ? Et dans « L’armée des ombres » que nous avons présenté à Ciné-culte. Et à chaque fois, une forme hagiographique, pontifiante, voir de l’autocongratulation. Dans 10949 femmes, rien de tel. Nassima Guessoum a choisi de filmer une relation, une histoire incarnée et avec quel brio ! Nous sommes chez cette combattante, âgée de 80 ans qui offre le café, raconte sa jeunesse, sa vie, le tout dans une apparente simplicité. Evidemment, rien n’est simple dans ce splendide documentaire, il est au contraire magnifiquement construit et propice à l’expression de la parole. Les moments difficiles concernant la torture, le viol de son amie Baya, l’emprisonnement avec Nelly Forget à la ville Sésini, (un centre de torture) sont filmés avec beaucoup de délicatesse. Il m’a semblé reconnaître les poupées africaines avec lesquelles Victoria surmontait sa vie difficile dans le film de Jean-Paul Civeyrac Mon amie Victoria, autre très beau film programmé par les Cramés. Et avec un tel sujet, Nassima Guessoum a réussi le tour de force de nous apporter énormément de connaissances et de faire en même temps un film solaire et joyeux. Sa combattante chante beaucoup, des chansons que nous connaissons, que nous avons envie de fredonner avec elle.

Nassima Guessoum avait avec Nassima Hablal une relation de grand-mère à petite fille. Si j’osais, je proposerais bien à la cinéaste d’être ma troisième fille. Il faut absolument voir ce film, c’est un petit miracle d’hommage à toutes les combattantes et un merveilleux moment de partage.

Laurence

Laurence nous conseille vivement de lire une critique qui vient de paraître dans : 

http://www.critikat.com/actualite-cine/critique/10949-femmes.html