C’est ça l’AMOUR de Claire Burger

C'est ça l'amour : Affiche

Variation sur le thème de l’amour.
Quand on quitte le film, on aime les personnages, on les connaît et on ressent l’amour puissant qui les lie.
« Toute ma vie, c’est vous aimer »
C’est le « vous » que Mario, à ce stade de sa vie, va devoir revoir. Pour lui-même et pour ceux qu’il aime. Changer en mieux, changer en plus grand, pour lui et pour les autres. Élargir et ouvrir son cœur, pour que ceux qu’il aime déjà s’y sentent bien et que d’autres s’y nichent.
C’est montrer cet éveil à soi qui était le plus casse-gueule et c’est particulièrement bien réussi.

Scénario très bien écrit, comédiens épatants ! et j’ai aimé voir, ce qu’on voit rarement au cinéma, que, chez les gens simples aussi, la Culture est une évidence au quotidien, qu’elle est tissée dans la trame des jours.

Présenter un film et animer le débat … Pas simple .
Mais faire des recherches en amont, grâce à internet, ça, c’est vraiment top ! On tire un premier fil et on déroule. Les interviews, les extraits, les articles, les musiques …

Grâce à « C’est ça l’amour » j’ai fait la connaissance de Geminiano Giacomelli (1692-1740)  qui, pour Carlo Brochi, plus connu sous le nom de Farinelli, le plus célèbre des castrats, composa pour son opéra La Merope en 1734, l’aria « Sposa non mi conosci ».
A l’époque, le succès des castrats était tel que parfois, le nom du compositeur restait dans l’ombre et Vivaldi (1678-1741) reprit cette aria un an plus tard (pratique courante à l’époque) dans son opéra Bajazet en 1735, en adaptant les paroles « Sposa, son disprezzata »
Dans le film, c’est la version Vivaldi par Cecilia Bartoli.

Depuis j’écoute cette aria dans ses 2 versions et ses multiples interprétations. Un bonheur.

C’est ça aussi, le cinéma

Marie-No

Anémone (1950-2019)

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Anne avait joué au cinéma dans le rôle titre du film de Philippe Garrel « Anémone ».
C’était sa première fois et ce nom lui allait si bien, qu’elle le garda pour 70 films, 20 pièces de théâtre et pour le reste de ses jours.
Longtemps pressée « de rire de tout de peur d’être obligée d’en pleurer »,  elle semblait depuis avoir laissé l’amertume creuser son lit dans le vague accueillant de son âme.
Troublante, désopilante, triste, désenchantée, belle, détachée, si attachante, Anémone était hors champ, hors circuit et l’éclairagiste de la vie ne semblait plus être très drôle.
Absent mais présent quelque part, le sourire inquiet de son regard perdu reste et nous reste..

Jean-Pierre Marielle (1932-2019)

Jean-Pierre Marielle au Festival de Cannes 2013

« Il faut bien partir, un jour, que diable  ! »

Votre voix, tonitruante et douce, si singulière, la malice clairement bienveillante de vos yeux sombres, votre stature puissante nous accompagnaient depuis longtemps et nous vous retrouvions toujours avec un plaisir infini. Campé solidement sur vos longues jambes,relevant la tête en parlant, la penchant un peu pour être raccord avec la vie toujours un peu bancale, vous incarniez à merveille le colosse aux pieds d’argile, l’Humanité.
Vous nous enchantiez et nous pleurons votre disparition.
Salut, Monsieur Marielle.

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Sibel de Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti

Sibel : Affiche

Présenté par Georges Joniaux
Soirée débat 16 avril 2019

Des femmes enfermées dans le regard de l’autre qui juge et condamne, qui bannit et qui tue. Comme on sait, c’est ainsi que des femmes vivent. Des hommes aussi car, pour s’être exprimé devant tous les autres dans la langue de sa fille, le père se condamne et la fin du film annonce la brutale déchéance qui attend, ce « chef de village ». En admettant qu’il finisse son mandat, pas la peine qu’il se représente !
En aucun cas, il ne s’agit de progrès ni d’espoir. Il s’agit d’obscurantisme et de désespoir.
Fatma, sa sœur, et Çiçek, la jeune mariée forcée, sont les alliées de Sibel, mais tacitement et en aucune façon ces trois jeunes femmes n’ont le pouvoir de faire changer les traditions de Kusköy, village des oiseaux.
Que peuvent ces malheureuses contre le chapelet multicolore de femmes accrochées dans le paysage ? Rien. Il ne leur reste que l’exil impossible. Ou la montagne, comme Narin, la villageoise fugitive qui continue à attendre Kuat, son amoureux massacré cinquante ans plus tôt sous ses yeux pour sauver les traditions, la condamnant, elle, à perpétuité.
Sibel aura-t-elle la même destinée ? Peut-être. Si tous les loups enragés guidés à distance par les louves serviles et furieuses, visages durs, silhouettes lourdes, retrouvent Ali et le sacrifie sur l’autel de la moralité, la plongeant, elle, dans les ténèbres de sa vie perdue. C’est toute cette horreur qu’on entend dans son cri muet assourdissant.

On aurait voulu sentir nos cœurs se révolter mais si Sibel, haletante, ride du lion activée, en permanence, enjambe du même pas décidé les obstacles de sa route, nous, on bute sur les raccourcis déblayés, le manque de nuances du récit, de l’interprétation, le simplisme, finalement, de l’intrigue.

On nous le siffle. Heureusement.

Marie-No

Les Eternels de Jia Zhangke

Les Éternels (Ash is purest white) : Affiche

Présenté par Françoise Fouillé
Soirée débat le 9 avril 2019

Comment ça se fait qu’un film aussi dense, aussi rempli, nous laisse sur notre faim ? Si c’était un met je dirais un soufflé, un soufflé bien réussi, beau, gonflé, très riche et aérien, léger en bouche, presque fuyant. Consistant inconsistant.
On est demain matin comme disent les enfants et c’est pareil qu’hier après la projection … Le sentiment qu’il manque quelque chose. Pourtant le style est indéniable, la construction solide, les personnages existent. Jia Zhangke est un virtuose.
La Chine, la vraie nous est montrée sans ambages : immense, monumentale, très peuplée. On voyage avec Qiao (Zhao Tao) et curieusement et sans doute à dessein, le grand écran est trop petit pour prendre assez ces paysages en pleine figure. Les dimensions sont tellement hors norme qu’elles ne cadrent pas avec « l’humain ». Jamais on ne pourra envisager, réaliser vraiment ce qu’est le barrage des Trois Gorges. C’est trop grand.
Les principes, les croyances restent actuels et dans le milieu de la pègre aussi. Pour preuve, le brigand, menteur comme un arracheur de dent, qui se fait tout petit quand il s’agit de jurer sur la statue d’un dieu à longue barbe, qu’on va chercher en cas de doute. S’ils sont tous comme ça, les secrets ne doivent pas être très bien gardés à Datong ! Je ne me souviens plus comment ils l’appellent … Le gouverneur ? « vas chercher le gouverneur » ? Possible. Qui est ce Dieu ? Tudigong, Dieu du sol, Esprit/Dieu d’influence locale qui veille à la façon d’un fonctionnaire sur le bien-être des habitants ? J’aurais dû poser la question à Françoise.
Chien : Principal atout : Fidélité, loyauté. Les jumeaux, qui ont massacré la rotule de Bin à coup de barre de fer, sont du signe du chien : on peut les libèrer. Ils sont en laisse, au pied, enfermés dehors, et pas très malins. Mais, quand même,  quelle drôle de question sur le signe astrologique. C’est très chinois. On imagine mal un Corleone posant la question …
Plus avant dans le film, un truand se vantera d’être du signe scorpion … contaminé par l’occident, ce que Qiao refuse d’être, même pour danser.
Qiao pourrait être du signe du Chien, fidèle et loyale envers Bin, comme si elle se l’était juré, pour la vie, et elle s’obstine, niant les marques de veulerie de son élu, mais sachant les voir pour le récupérer. Lâcheté masculine worldwide oblige, elle sait que, jamais, il ne lui dira en face qu’il la quitte. Il est à elle, il doit être à elle, à la vie, à la mort. Il se laisse aller à être à elle, il s’en remet à elle. Pas romantique mais c’est aussi ça l’amour ! Eh oui !
Avant de l’admettre, on peut, éventuellement, être perplexe sur le sentiment qui  lie ces deux-là. Perplexe et distant car quand l’amour n’est pas passionné, il ne passionne pas. Pourtant, au fur et à mesure, on envisage la situation différemment, on progresse en cours de route. Jusqu’à la scène finale des écrans de surveillance. Qiao est désemparée. Bin, là, épatant !,  est parti, seul, infirme, sans l’argent qu’elle lui octroie. Il a brisé ses chaînes et Qiao est terrassée.
Les écrans de surveillance la filment. On dirait la vidéos surveillance d’une cellule carcérale. Qiao est abandonnée par l’homme qu’elle avait décidé d’aimer et c’est toute sa vie qui se referme sur elle.

Les cendres de la Chine moderne ne recouvrent pas celles de la Chine ancienne. Elles se mélangent pour faire le nid des tragédies éternelles

Intriguée, intéressée, pas rassasiée … et 2h16 quand même !

Marie-No

PS : pour info
Zhao Tao est Dragon
Jia Zhangke est Chien 😉

Dernier amour de Benoît Jacquot

Dernier amour : Affiche

Dernier amour … Vincent Lindon …  Non ce n’est pas possible que Casanova ait été celui-là. Vincent Lindon tenait au rôle et Jacquot a dit oui. Erreur fatale de casting. Déjà par l’âge du personnage. Casanova à Londres avait 39 ans. Vincent Lindon en a 59 ans. Il y a là un écart que même lui ne peut combler. Mais le gros problème, c’est l’allure. Cet air de chien battu, ces yeux d’ami fidèle ne reflètant jamais ni perversité, ni luxure, ces épaules tombantes (mais qui a validé ces vestes molles sans épaulettes ???). Mou, morne, sans panache … On a l’impression qu’il a remis ses habits de Joseph croqué par Célestine. Jamais, jamais on ne voit Casanova, jamais on n’est à Londres, jamais on ne comprend quel effet peut bien produire cette jolie petite personne, portant certes bien la toilette, taille mannequin, mais ne dégageant aucune sensualité, n’incarnant rien..
The charme féminin, l’effet fulgurant qui met les hommes à terre. Voilà ce qu’il eût fallu voir.
Pareil que pour Lindon, la séduction, qui passe d’abord par le regard, n’existe pas, ne se lit jamais dans les yeux de Stacy Martin. Aucun des deux ne dégage le charme sulfureux, essentiel à cette histoire et donc on ne voit pas trop à quoi rime tout ça … Casanova n’arrive pas à mettre La Charpillon dans son lit et par pur instinct de chasseur, s’obstine. Normal. Banal.
Rapidement, on rit de ces indices grossiers semés sur les graviers de ces décors superléchés. Casanova qu’on nous montre épicurien, bon vivant, de bel appétit devant des mets raffinés et se jetant dans le lit des femmes (encore que la scène montre un rendez-vous sans gloire avec deux prostituées)  perd soudain et très ostensiblement l’appétit et le goût pour l’alcool , signe d’état amoureux bien sûr et on a bien compris le message mais quand, seul,  il commande un lemon juice sous la tonnelle, même table, même lumière et même costume que la scène de référence … oh, non ! Quel manque de subtilité.
On voulait voir, dans ses yeux, couler le jus de citron dans la gorge de l’aimée et sentir l’acidité du moment. 
Casanova, à peine assis dans un salon de musique, cœur attendri, adouci par l’amour, happé par la musique, regard embué de larmes … artificielles.
Là on a carrément envie de rire ! Quel poseur !
Pendant le film, un Marielle me soufflait à l’oreille, de sa voix tonitruante : « qu’ils baisent et qu’on en finisse ! »
Donc …

Marie-No

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Agnès Varda (1928-2019)

Description de cette image, également commentée ci-après

Marquée, par bonheur, à son adolescence par Sète, ses odeurs, ses couleurs, sa lumière, Agnès, à 24 ans, s’en était remis à elle pour son premier film, La Pointe courte.
Alors jeune photographe, elle devint cadreuse. Cadreuse à vie.
Aimant la Peinture, elle mit tous ses talents dans les images qui bougent et les faisait parler.
Agnès Varda filmait comme elle respirait, elle regardait et imaginait le reste, vivait dans son époque avec ses joies et ses épreuves qu’elle nous rapportait. Elle filmait les gens simples, des gens « sans importance », des pécheurs, des glaneuses, des ouvriers. Elle filmait, avec amour,  la vraie vie, disant, avec une apparente simplicité, les choses difficiles, secrètes du cœur, ses égratignures, ses tourments, ses blessures et le Bonheur aussi.

Agnès Varda était féministe naturellement, évidemment et avait dit regretter qu’on la regarde comme une femme qui réalise. Il y a seulement des films. Ceux qui les font sont hommes ou femmes, aucune différence.
Quand les gens ne sont pas contents, ils vont dans la rue et c’est dans la rue qu’elle trouvait ses idées.
Agnès Varda avait une force de création immense et embellissait tout ce qu’elle touchait. Jusqu’au bout.

En novembre 2012 sortait le coffret de 22 DVD, « Tout(e) Varda », l’ensemble de ses œuvres, certaines, comme « Oncle Yanco », un peu oubliées.
Depuis, se sont ajoutés « Visages, Villages » et « Varda par Agnès », sa révérence.
Notre dernière rétrospective lui était consacrée …
Agnès est partie.
Quelle belle vie !
Merci

Marie-No

VIII eme Week-end Jeunes Réalisateurs

Oui, Réalisateur de « jeune Réalisateur  » prend un R majuscule !
Il en faut du talent pour réaliser un film et a fortiori un premier film !
Talents d’imagination et d’écriture, talent dans le choix des acteurs, de l’equipe, capacité d’abnégation, force de persuasion  indéfectible tant le financement est un mur difficile à franchir, franchi quand même. Quelle énergie il faut pour rassembler tous les ingrédients nécessaires à l’aboutissement du projet.

Pour que la sauce prenne, tous ces ingrédients doivent être réunis avec, en plus, là, une petite part de mystère, une sorte de part des anges, quelque chose qui échappe à l’auteur, et qui comme par alchimie donne à une œuvre cinématographique réussie sa saveur à chaque fois unique.

 

Pendant ce week-end, on a eu beaucoup de chance. La chance de voir 7 films tous très différents les uns des autres. La chance de rencontrer 3 réalisateurs. 3 passionnés talentueux.

Vu 2 grands films parmi les beaux films proposé.

Les Drapeaux de papier de Nathan Ambrosioni

Obligés de penser à l’âge du réalisateur puisqu’on le connaît  mais peu importe. Ce film est un bijou. Tout est bien et l’emotion est là qui nous guette et nous submerge. Guillaume Gouix, on l’a déjà vu à l’oeuvre quelques fois et on l’a bien repéré. Là il nous livre un personnage hors du commun, hors de contrôle, bouleversant. Avec Noémie Merlant, jusqu’ici inconnue, d’une justesse et d’une  présence  étonnantes, ils nous arrachent les larmes ! Nathan Ambrosioni, à 18 ans, dirige ses acteurs de façon magistrale.

L’Epoque de Matthieu Bareyre

Mon coup de cœur de ce WEJR.

On a vu L’Epoque présenté par son réalisateur et en avant première !  Quelle chance ! Quel film !

»Je savais que tous ces jeunes existaient mais je ne savais pas qu’ils avaient tant à me dire » D., après la projection.

La sortie nationale le 17 avril ne va pas passer inaperçue.

Et, une fois de plus je me dis : Quelle chance, quel avantage, quel privilège j’ai d’être Cramée !

Marie-No

La Favorite de Yorgos Lanthimos

La Favorite : Affiche

présenté par Henri
Soirée débat mardi 19 mars 2019

La Favorite, par sa brutalité, son parler cash, sa modernité, sa mise en scène cadencée, son rythme, sa lumière sombre, m’a emportée.
Séduite, je l’ai été aussi par ses actrices et particulièrement Rachel Weisz, le double effet Sarah.
Sarah émeut à mort. Si violente, elle subjugue par son intelligence, captive par son assurance et sa beauté. Elle est reine et surnage avec tout ce « beau monde » dans ce grand bocal d’eaux troubles, regardant  cette petite sardine prendre le risque de se jeter à l’eau, n’y prenant d’abord pas garde. Or, le petit poisson prend des forces.
L’effet bocal est rendu par le fish eye* qui, occasionnellement et opportunément nous ramène toujours dans le bocal quand, par inadvertance, on en était sorti pour prendre l’air, un air rare et dévastateur.
Par exemple pour une partie de « canard trap », un des nombreux sports où l’élève dépasse vite le maître, ou bien dans la chevauchée sauvage finissant en supplice de Sarah, empoisonnée, croupissant, pour un temps, dans un autre bocal nauséabond. Sarah si solide.
Sarah, la guerrière, manipulant consciemment et avec dextérité la reine sur le grand échiquier de ce qu’elle sait être l’Histoire, devra pourtant rendre les armes. Faite échec et mat par Abigail, sa jeune cousine incontournable.
A part d’être atteinte, en plus, du mal suprème, Abigail, ne pouvait pas à son arrivée au château se présenter plus mal, être tombée plus bas. Mais le grand coup de pieds qui fait remonter à la surface, elle saura le donner, sourdement, mais de toutes ses forces.
De sorte qu’elle pourra à son tour prendre la place de favorite auprès de Anne, reine vieillissante, passablement libidineuse et dont il faut calmer tantôt les ardeurs, tantôt les jambes putréfiées. Il faut vraiment avoir faim !
Abigail a très faim.
La reine, dans un sursaut de lucidité, un instinct de survie,  provoqués par le cri d’un de ses lapins maltraités par le petit pied chaussé de soie de sa nouvelle favorite, finira de prendre conscience de s’être fourvoyée et, dans un effort extrême, traînant son gros corps douloureux à terre jusqu’à la porte de sortie de son alcôve secrète, réussira à se remettre debout.
La faisant plier, à ses genoux, la reine appuie sur la tête de la favorite de tout le poids de ses enfants morts.

Et il y a la musique, les costumes, les décors tout ce qui fait que le film ait mérité tant de prestigieuses récompenses.
Sacré bonhomme ce Yorgos Lanthimos. Sacré film.

Marie-No

*Un objectif fisheye, ou objectif hypergone, est un objectif photographique ayant pour particularité une distance focale très courte et donc un angle de champ très grand, Il introduit par son principe même une distorsion qui courbe fortement toutes les lignes droites qui ne passent pas par le centre.

Rebelles de Allan Mauduit

Rebelles : Affiche

Pour le trio d’actrices et le ton décalé de ce socio polar cartoonisé. Du cinéma populaire, drôle et tendre avec ses personnages croquignols et grand-guignolesques.
Ça commence par une amorce de Rape and Revenge mais dérive très vite vers la comédie, la farce, désamorçant aussitôt le brutal et le sordide, en se jouant de la vulgarité. Ce n’est pas une comédie sociale encore que … On est avec des gens de la vie cruelle, genre qui n’ont jamais eu l’occasion d’employer le subjonctif dans leur quotidien âpre et râpé, usant et usé. Mais ils vivent et c’est jubilatoire !
Une ex miss Nord Pas de Calais virée cagole, qui revient à Boulogne-sur-mer, 15 ans après son titre, et bien cabossée. C’est Cécile de France et, quand on l’a vue et aimée dans Mademoiselle de Jonquières, c’est un régal de la voir ici dans le personnage de Sandra, sur le fil du rasoir, ex miss, ex danseuse de pole dance, maquillée comme un camion volé, revenue de tout, endurcie, sélectivement tendre et gardant cette superbe, cette classe absolue visible au fond des yeux.
Et puis il y a Marylin … Audrey Lamy, déjantée et irrésistible, complètement désarmante avec ses arguments effarants de cohérence basique. Elle ne raisonne pas, instinctivement, la solution pour elles trois, dans cette usine, la nuit, pas besoin de chercher, elle, elle  l’a. Marilyn est désopilante « Je prendrai rdv avec ton prof quand il te mettra des bonnes notes » dit-elle à Dylan son fils d’une dizaine d’années (Tom Lecocq, prometteur). Ben oui, c’est (sa) logique, quoi !
Nadine c’est Yolande Moreau, une évidence. C’est sa retenue toujours présente qui, toujours, inquiète. C’est une bombe en papillote, un filtre de protection devant l’insupportable, un barrage contre la vallée des larmes. Elle est phénoménale.
Entre l’ex fiancé  brutal, le patron violeur, le père absent, le flic ripoux, pas un mec pour racheter l’autre mais super Sandra, même pas peur, regarde devant, voit plus loin et les coiffe tous au poteau.
Rien ni personne ne l’empêchera de manger, tranquille, sa glace au citron, face à l’espoir.

Rebelles est un film d’auteur et populaire. C’est assez rare.

Effet requinquant garanti.

Marie-No