« Lady Bird » de Greta Gerwig (2)

Résultat de recherche d'images pour "LADY BIRD AFFICHE"Meilleure comédie et meilleure actrice aux Golden Globes 2018

Du 19 au 24 avril 2018

Soirée débat mardi 24 à 20h30
Film américain (vo, février 2018, 1h35) de Greta Gerwig avec Saoirse Ronan, Laurie Metcalf et Tracy Letts

Distributeur : Universal Pictures

Présenté par Marie-Annick Laperle

Synopsis : Christine « Lady Bird » McPherson se bat désespérément pour ne pas ressembler à sa mère, aimante mais butée et au fort caractère, qui travaille sans relâche en tant qu’infirmière pour garder sa famille à flot après que le père de Lady Bird a perdu son emploi. 

Je ne savais pas que Lady bird voulait dire coccinelle.
Christine veut qu’on l’appelle « coccinelle », c’est mignon, ça, mais ça ne nous met pas« delighted », non plus. En fait on n’est enchanté de rien.
Tout se passe comme si Greta Gerwig avait voulu suivre point par point un cahier des charges précis pour coller au stéréotype de la comédie douce-amère, indépendante et cool avec de la jolie musique sucrée nineties et des protagonistes un peu en marge, pas trop quand même et tellement attachants avec un bon fond bien ripoliné qui ressort toujours de toutes façons. Obligé, on est en Amérique, quoi !
Lady bird a 17 ans, vit à Sacramento, dans une famille modeste, qui se prive pour l ‘envoyer dans un lycée privé (puisque dans le public on se fait égorger) et elle vit de l’autre côté du periph euh … de la voie ferrée. Dès le début du film, Greta Gerwig se plante sur le rythme. Pour biffer la case « comédie enjouée », elle nous fait subir un tourbillon de scènes montées dans une frénésie de fête foraine. Stop ! On voudrait faire connaissance et puis voir un peu que la vie de « coccinelle » à Sacramento, c’est une succession de jours interminables où on s’ennuie ferme, même que c’est pour ça qu’elle veut absolument aller étudier ailleurs. A New York de préférence. On est en 2003, elle a des chances d’y arriver, le 11 septembre joue en sa faveur !
Être ailleurs, ne plus être cataloguée du mauvais côté, ne plus se serrer la ceinture en famille et surtout fuir sa mère avec qui la connexion est presque totalement interrompue.  Au mieux, ça grésille fort sur la ligne ! Comme pour 9 adolescentes sur 10, sa mère représente, à l’instant T, ce qu’elle ne veut jamais devenir.
Lady bird découvre l’amour x2 , se trompe, pleure un peu. Délaisse sa meilleure amie pour la fille branchée de la classe, plus riche, plus fun. Bilan des courses : un homosexuel, un pseudo intello contestataire blasé chic, une obèse et une bimbo. Emballez, c’est pesé.
Et bien sûr, à la fin, on se recale, la mère et la fille se parlent bien et Sacramento … Ah ! rouler dans Sacramento … Et le dimanche à New York, après une nuit bue au goulot, le nez au vent elle retrouve le droit chemin et l’église du coin de la rue, devant le chœur d’enfants … et se revoit, c’etait hier …
Et tout est tellement attendu !
C’est bien interprété. La mère et le père sont très bien. Mais les rôles sont tellement caractérisés, les bornes des personnages tellement marquées … Le supplément d’âme ne fait pas partie du package. Ca peut plaire. Du bon boulot, bien ficelé, bien récompensé.

Balisé, sans surprises, hyper-conventionnel … surévalué.
Pas très intéressant
Assez énervant

Marie-No

« Phantom Thread » de Paul Thomas Anderson

Phantom Thread : AfficheUn film réalisé par Paul Thomas Anderson avec Daniel Day-Lewis, Vicky Krieps. 

Synopsis : Dans le Londres des années 50, juste après la guerre, le couturier de renom Reynolds Woodcock et sa soeur Cyril règnent sur le monde de la mode anglaise. Ils habillent aussi bien les familles royales que les stars de cinéma, les riches héritières ou le gratin de la haute société avec le style inimitable de la maison Woodcock. Les femmes vont et viennent dans la vie de ce célibataire aussi célèbre qu’endurci, lui servant à la fois de muses et de compagnes jusqu’au jour où la jeune et très déterminée Alma ne les supplante toutes pour y prendre une place centrale. Mais cet amour va bouleverser une routine jusque-là ordonnée et organisée au millimètre près.

 

Ce film déroutant captive de bout en bout. On est totalement séduit par Reynold Woodcock et son allure, mais d’abord par son regard obscur si clairement enfantin, sa mère y étant enfermée dans la robe qu’il lui avait cousue, adolescent, pour convoler en secondes noces … Il avait alors commencé le rituel de coudre des voeux dans les doublures de ses créations. Il crée depuis, tout près du giron de sa sœur, Cyril, inébranlable soutien à sa profusion artistique. La maison de couture Woodcock, London, est devenu un lieu de Haute Couture fréquenté par les têtes couronnées et autres privilégiées de la vieille Europe des années 50. La relation amoureuse en moins, encore que …, le génie créatif progressiste en moins, aussi, Reynold restant enfermé dans le carcan décliné à l’infini dont il habille ses riches clientes, l’organisation pratique, la gestion du talent, le succès des affaires fait penser à l’alliance Yves Saint-Laurent/Pierre Berge. Lunaire/Terrien.
Reynold collectionne les muses féminines qui, le charme envolé, finissent toujours pas déranger avant d’être immanquablement congédiées par Cyril.
Un matin dans une auberge de « sa » campagne, Reynold rencontre Alma.Et ce moment est une des scènes magistrales du film : on assiste vraiment à une rencontre. Quelque chose se passe entre ces deux-là et on le voit, on le ressent. Du grand art. De mise en scène du réalisateur Paul Thomas Anderson et des deux acteurs Daniel Day Lewis et Vicky Krieps. C’est là, c’est arrivé, ils sont liés par un phantom thread (fil fantome). Ce n’est pas une romance et la relation entre eux est un désastre au quotidien. Mais ça continue. Ils se cherchent, s’enlacent , se rejettent, s’éloignent et se rapprochent. C’est un apprentissage douloureux. Il l’humilie, elle l’exaspère mais le fil est solide. Incassable. Par deux fois elle tentera le diable de la rupture pour mieux le forcer à sortir de lui-même et lui déclarer enfin son amour. La deuxième fois, Reynold retient la première bouchée d’omelette aux champignons, devinant qu’Alma est en train de l’empoisonner . Ils se regardent, s’interrogent du regard : il sait ? sait-elle que je sais ? Champ, contre-champ, champ, contre-champ. Reynold avale cette bouchée salvatrice.
« tu souffriras, jusqu’à, peut-être, vouloir mourir. Mais tu ne mourras pas »
Le rapport amoureux entre Reynold et Alma est bancal. Mais quel rapport amoureux ne l’est pas ?
L’histoire se passe dans une maison de couture mais pourrait se passer dans un autre lieu.
Pourtant c’est captivant de vivre dans ce microcosme de velours et de dentelles, de mètres de satin blanc étalés sur les grandes tables de couture. Paul Thomas Anderson montre de véritables ouvrières au travail dans l’urgence de la création, leurs mains habiles courant sur les tissus, pinçant ici, relâchant là, froissant, drapant, magnifiant encore les corps gracieux, sublimant toujours ceux qui le sont moins. On a le sentiment pendant tout le film de vivre l’art de la Haute Couture. On entend le froissement des étoffes.

« Phantom thread » m’a bien fait plaisir.
Paul Thomas Anderson est américain et son film est subtil.
Je le reverrais bien une deuxième fois. Re-goûter à la mise en scène, aux décors, à l’atmosphère, savourer le jeu des acteurs.
(et voir si les deux/trois lourdeurs américaines ressenties sont toujours là)

Marie-No

PS : Woodcock étant un personnage de fiction, pourquoi ce nom ?

 

Tesnota, une vie à l’étroit (3) de Kantemir Balagov

Tesnota – Une vie à l’étroit : Photo Darya Zhovner« Maintenant, tu n’as plus personne à aimer ».
Dans la dernière scène, Ilana se laisse embrasser, enserrer par sa mère. On ne peut pas forcer l’amour et Dina ne l’aimera jamais de cet amour éperdu dont elle a comblé son frère, de cet amour absolu qu’elle voulait en partage. Ilana est si tendre.
Elle farfouille dans les moteurs avec son père, les mains dans le cambouis, une clé de 12 toujours à sa portée, tenant les stocks possibles de pièces accessibles à Naltchik, active et complice de son père. Son égale. Pas supposée laver les tasses. 1998. Les femmes russes exercent des métiers d’homme, sans doute, mais rentrées à la maison se changent et se féminisent, sans doute. Pas Ilana. Pour le repas des fiançailles de David avec Léa, sa mère lui dégote dans un placard, une vieille robe à rayures, d’un autre temps, « C’est tes couleurs » lui dit-elle. Mais c’est les couleurs de personne, ça ! La mère décide et obtient. Sans élever la voix.
Ilana et David sont frère et soeur et leur relation s’égare peut-être tout près des chemins de l’inceste mais sans s’y perdre vraiment.  L’exiguïté des pièces ne favorise pas la pudeur  et les russes ne s’embrassent-ils pas tous sur la bouche ?
Ce film est composé de scènes très fortes, parfois insupportables, qui semblent toutes avoir été comprimées pour tenir dans le cadre. Elles s’y installent, débordent. Scènes « coup de poing » qui percutent et désorientent, assomment.
Ilana la juive et Zalim le musulman s’aiment d’un « drôle » d’amour. Il est brutal mais tendre, aussi. Quand elle se risque à monter l’escalier extérieur menant chez lui et à frapper à la porte de sa vie familiale, il entrouvre, la repousse  puis vient la rejoindre sur une marche métallique pour la blottir contre lui. On pense à  West side story.
Peu de temps avant, elle l’avait entraîné dans un couloir sordide pour perdre sa virginité bien gardée jusque là mais désormais vendue par ses parents à un autre pour payer la rançon et libérer le fils. En 98, un Zalim apprenait-il déjà par des videos pornos  que le sexe est violence, que le viol est amour ?
Suit la scène d’anthologie du simple goûter de fiançailles où  Ilana jette sur la table familiale, dans l’assiette de sa mère, les traces de son hymen  offert à un autre !
Et il y a la video interminable de l’égorgement. L’horreur incommensurable. Kantemir Balagov , kabarde musulman, nous montre un homme, kabarde musulman,  se repaître de ces images, les justifiant, glorifiant les meurtriers ici au nom d’Allah. D’autres le font ailleurs, aux noms d’autres dieux. Depuis la nuit des temps. Ces meurtres il faut les voir et les croire, avoir bien en tête les massacres et les horreurs dont l’être humain est capable. C’est à chacun des spectateurs que Kantemir Balagov s’adresse. Des hommes, des femmes, des enfants sont martyrisés, égorgés, décapités, tués tous les jours. L’être humain est capable de toujours pire. L’utilisation d’armes chimiques, par exemple. Il ne suffit pas de suggérer ces horreurs. Il faut  pouvoir les regarder, bien en face,  savoir les regarder venir.  Cette video datant de 1998 nous fait aussi réfléchir et prendre conscience de ce qui, en 2018, vingt ans après,  est diffusé sur les réseaux sociaux. L’horreur banalisée, en boucle, non stop, tout public.

Ilana la juive et Zalim le musulman se risquent à s’aimer, bravant les interdits. Elle vient se perdre dans les alcools de ses nuits noires enfumées, s’abîmer de ses fréquentations dans cette station service lugubre, s’enivrer surtout de la peine qu’elle fait à sa mère.

Ilana se cogne contre les parois de ses jours et de ses nuits pour trouver une issue de secours vers sa juste route à elle. Dans une ultime nuit à Naltchik, elle s’enivre, fume et danse et chante à en perdre la voix. Le signal rouge clignote, aveugle, marquant la fin de cette vie à l’étroit.

Tesnota – Une vie à l’étroit : PhotoLe petit matin venu, elle respire à l’air libre, avec Zalim, sur une colline surplombant Naltchik. On n’aurait jamais pensé que c’était si grand, Naltchik  !
Avant de prendre la route, conduisant ses parents sur les routes kabardes, vers un autre enfermement. Sans elle.

J’ai beaucoup aimé le personnage d’Ilana et son interprètation par Darya Zhovner, mélange de  Kirsten Stewart, Sigourney Weaver et Alice de Lenquesaincq. A suivre.

Le réalisateur, Kantemir Balagov, a 27 ans. Alors bravo pour cette maîtrise.
Cette histoire lui a été racontée par son père quand il avait 7 ans et on trouve sans doute dans son film certaines de ses images d’enfant.

On en saura un peu plus de lui avec son prochain film. On verra.

Marie-No

Merci à la Sté de distribution ARP Sélection qui m’a communiqué le lien de la chanson entendue dans le film !


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« Gaspard va au mariage » de Antony Cordier (2)

La famille, l’enfance, la fratrie, la place qu’elle occupe, celle qu’on y occupe, les liens du sang , les responsabilités imposées, la couverture de survie qui finit toujours par se déchirer quand on ne la perd pas. Tout ça, quoi, qui donne tellement mal au cœur.

« Gaspard va au mariage » est une tragi-comédie débraillée.
On suit Laura qui dévie sa route pour entrer dans un zoo à la fois féerique et maléfique, protecteur et dangereux, dans une suite de situations, d’événements à première vue loufoques, drôlatiques, désopilants. Mais à y regarder de plus près …

D’abord on voit Laura. Bien perchée, Laura, avec son sac à dos et ses godillots, sur le bord de la route. Elle traverse vers ce groupe qui partage café et croissants et on prend la tangente pour se « percher » avec elle. On l’aime bien, cette grande fille solide, charpentée , qui se fait menotter à des rails par reconnaissance et s’endort …
Arrive Gaspard qui libère la belle et l’entraîne avec lui. Ils tombent amoureux. Ils ne le savent pas encore, nous si. L’histoire peut commencer et  nous, tout doucement, on va commencer, déjà, à un peu moins rigoler …

Dans le zoo familial du limousin, on entre d’abord dans la maison.
Zoom arrière dans le grand salon et le décor rempli, foutraque, avec squelette d’okapi au dessus de la cheminée. Le charme opère. Et pourtant il y a un truc qui cloche … mais quoi ? Bon sang, mais oui, la jeune mère martyre occupe toujours les lieux et aussi les souvenirs sur  bouts de super 8 fixés dans la mémoire des trois enfants. Tout est resté dans son jus.
Près de la future belle-mère, montreuse à ses heures de bête à deux têtes,  se tient Virgil. Le frère Virgil se tient toujours là où il faut. Il s’est toujours appliqué à faire tout comme il faut, il a continué à s’impliquer, à gérer le domaine qui prend l’eau, à veiller sur Coline la sœur ourse, à se battre pour se faire remarquer, pour se distinguer.
Peines perdues : le préféré, le doué c’était, c’est et ce sera toujours Gaspard, omniprésent, même absent. Inventif et génial.

Coline, la sœur, jeune fille habillée d’un caleçon d’homme et d’une peau d’ours, aux comportements étranges, nous intrigue, nous amuse ! Pas longtemps car dès la deuxième rencontre, on perçoit un très très gros malaise. C’est tragique, en fait. Coline est amoureuse de son frère Gaspard qui le lui rend presque, et Virgil … Virgil est invisible. La fusion c’est entre Coline et Gaspard, leurs peaux s’attirent. Gaspard aime l’odeur d’ourse de Coline qui en cultive l’essence pour lui. Il s’est dégagé de l’ensorcellement une première fois en fuyant le zoo mais on le voit bien , là il est en train de rechuter …

Laura réussira à le rattraper au vol pour le capturer  à son tour dans les odeurs suaves de sa chair fraîche.

J’ai aimé les décors, j’ai aimé ces images comme aussi celle où on voit Coline lovée contre un grand mâle, couchés tous deux sur un festin d’ours et celle où on voit Max, le père, traiter son eczéma : dans un grand bocal plein de poissons gloutons, il se trempe et finit par s’immerger complètement, grand corps replié en position du fœtus. Liquide amniotique ? formol ? L’image de Max flottant derrière une vitre devant ses trois enfants, assis côte à côte, bien rangés sur un banc, comme au musée. Ou celle où Gaspard dans son bain est rejoint par sa sœur qui s’inquiète tout naturellement de savoir s’il était « en train de se branler avant qu’elle arrive »(sic). Ah, d’accord, très libres, très proches. Zéro tabou, donc

Une famille animale enfermée bientôt échappée du zoo.

J’ai aimé les acteurs. Je trouve qu’Antony Cordier a particulièrement bien réussi sa distribution !
Laetitia Dosch  et son visage si expressif, ses traits mobiles, regard tout à la fois zen et tourmenté, Felix Moati, le type sympa, pas retors, pas pervers, ou alors pas fait exprès, Marina Foïs, la délicate, forte si fragile,  Christa Théret, insaisissable, inquiète, ailleurs, et Guillaume Gouix, qu’on ne peut jamais regarder dans les yeux, qu’il a particulièrement écartés : un nuage est passé dans l’un et on n’a pas vu l’embellie dans l’autre ou inversement. Et Johan Heldenberg, une entière découverte.

Un film qui cache bien le malaise sous sa patte « jungle »

Marie-No

« Centaure » de Aktan Arym Kubat

Prix de la Confédération internationale des cinémas d’art et d’essai à la Berlinale 2017
Du 8 au 13 mars 2018
Soirée débat mardi 13 mars à 20h30

Film kirghiz (vostf, janvier 2018, 1h29) de Aktan Arym Kubat avec Aktan Arym Kubat, Nuraly Tursunkojoev et Zarema Asanalieva 
Distributeur : Epicentre

Présenté par Marie-Annick

 

Synopsis : Dans un village au Kirghizistan. Centaure, autrefois voleur de chevaux, mène désormais une vie paisible et aime conter à son fils les légendes du temps passé, où les chevaux et les hommes ne faisaient plus qu’un. Mais un jour, un mystérieux vol de cheval a lieu et tout accuse Centaure…

Article de Marie-Annick *** Dossier de presse *** Bande annonce *** 
 

Un film kirghize sur nos écrans est chose rare mais si de surcroît il fait la conquête de nos salles obscures, la performance mérite d’être saluée.

Avec son dernier film « Centaure », Aktan Arym Kubat vient nous dire ce qui lui fait mal dans son pays qu’il aime tant. Dans une scène poignante, Centaure, le personnage principal, confie en larmes, à son cousin, qu’il pleure le temps où les hommes et les chevaux étaient unis comme les cinq doigts de la main. En filmant la vie de Centaure et sa petite famille dans un petit village kirghize d’aujourd’hui, le réalisateur nous fait comprendre tout ce que le peuple kirghize, autrefois libre et fier, a perdu après soixante-dix ans de communisme et bientôt trente ans de capitalisme.

Ses belles légendes contant les exploits de valeureux guerriers semblent avoir été remplacées par les ragots de village. Sa langue, pourtant parlée à 70% par la population n’est pas la langue officielle qui est le russe. L’épouse muette de Centaure, dans l’incapacité d’enseigner sa langue à son jeune fils en est le symbole. Le nomadisme séculaire a cédé le pas à la sédentarisation qui a fait fleurir câbles, antennes, paraboles et vidéos surveillance. Le cheval, animal sacré, considéré parfois comme un passeur d’âmes et comme le double de l’être humain à qui il a bien voulu prêter sa force, n’est plus qu’une marchandise, viande de boucherie ou crack de course acheté à prix d’or par les riches propriétaires. Désormais, occidentalisation et mondialisation installent un nouvel ordre des choses, avec d’un côté les riches, ceux qui ont réussi et ont le pouvoir de l’argent et  les plus pauvres. Et comme si ce n’était pas assez, un islam montant intolérant vient balayer les derniers restes de pratiques chamaniques où la nature, le vivant étaient respectés, balayant un peu plus encore les fondamentaux du peuple kirghize.

Alors Centaure, héros frère de Don Quichote, vole des chevaux prestigieux pour galoper toute la nuit comme un fou en toute liberté, pour éprouver la griserie de la liberté. Une liberté à laquelle il donne une dimension sacrée, les deux bras tendus vers le ciel. Que cherche-t-il à atteindre tout là-haut  ? Le cosmos ? Manas, le héros des légendes kirghizes ? Kambar Ata le protecteur des chevaux ? Tchal Kouyrouk le cheval fabuleux qui permit à un humain de retrouver son âme qu’il avait perdue ? Dieu ?

Quand le peuple kirghize retrouvera-t-il son âme, se demande le  réalisateur ?

Peut-être quand l’Homme aura retrouvé son lien profond avec la nature, quand les individus coexisteront librement au sein d’un groupe,et quand la liberté individuelle pourra s’exprimer  à l’intérieur d’une société.

En filmant la scène où Centaure laisse aux deux jeunes gens la malette contenant la bobine du film  « la pomme rouge » qu’il a conservée intacte toute sa vie, Aktan Arym Kubat semble nous dire qu’il a fait son travail et qu’il laisse à la jeunesse, avec ce maigre bagage, la responsabilité de son avenir.

Marie-Annick

« Seule sur la plage la nuit » de Hong Sang-soo

Ours d’Argent de la Meilleure actrice

Du 22 au 27 février 2018

Soirée débat mardi 27 février à 20h30

Film coréen (vostf, janvier 2018, 1h41) de Sang-soo Hong avec Min-Hee Kim, Young-hwa Seo et Hae-hyo Kwon

Distributeur : Capricci Films / Les Bookmakers

Dossier de presse *** Bande annonce ***Présenté par Françoise Fouillé

Synopsis : Quelque part en Europe. Younghee a tout laissé derrière elle : son travail, ses amis et son histoire d’amour avec un homme marié. Seule sur la plage, elle pense à lui : elle se demande s’il la rejoindra. Gangneung, Corée du Sud. Quelques amis trinquent : ils s’amusent de Younghee qui, ivre, se montre cruelle à leur égard. Seule sur la plage, son coeur divague : elle se demande combien l’amour peut compter dans une vie. 

 

« le cinéma, c’est mieux que la vie » François Truffaut

La fiction c’est mieux que la réalité, mieux qu’une réalité imposée, mieux que la vie. « Seule sur la plage la nuit » en est une illustration.
Illustration à la Hong Sang-soo, c’est un film mais aussi son histoire, donc bien compliquée dans de très belles images bien limpides, zoomées souvent. C’est clair comme de l’eau de roche sauf que quand les images commencent à s’ajouter, à s’empiler, on serre bien fort le fil conducteur et on finit cramponné pour être sûr de ne pas le lâcher. Et comprenne qui peut, qui veut.

D’abord il y a Schubert. Pourvu que le pianiste soit européen… ouf ! il l’est ! J’ose dire dans ce blog assez confidentiel que, autant j’admire la virtuosité technique des musiciens du soleil levant autant je trouve que pour interpréter les pièces classiques de notre vieille Europe, il faut en avoir reçu l’âme en héritage. Ca fait la différence. A coup sûr.
Hong Sang-Soo est de mon avis (ça fait drôle d’écrire ça !)
Une seule et unique phrase du Quintet en ut majeur de Schubert revient en leitmotiv encercler son héroïne Young-hee, toute à l’écoute de son enfermement.

1ère partie
Hamburg, Bratwurst, nature, extérieur et courtoisie. Et plage.
Young-hee (on ignore tout d’abord qu’elle est actrice) et l’homme marié adoré (on ignore tout d’abord qu’il est (son) réalisateur) se sont quittés et la jeune femme cherche à trouver la sérénité, à se débarrasser de ce poids sur le cœur. Elle explique sa détermination à son amie. Peut-être viendra-t-il par le vol de 06h30 … Elle est arrivée par ce vol. Elle dit qu’elle va le rejoindre. Il est peut-être déjà là. Peut-être sont-ils arrivés ensemble ?   Dans une salutation au soleil impromptue sur le petit pont de bois, elle en fait le serment : elle va vivre sa vie. Sa vie à elle. Quitte à être seule. Elle est jeune, les hommes la regardent, l’un d’eux, l’aborde dans le parc où elles se promènent pour lui demander l’heure, en coréen. Lui rappeler que le temps passe, que l’horloge tourne. Mais elle ne veut pas le voir, fuit quand elle l’aperçoit, au loin. A Hamburg, elle se régénère, mange, parle beaucoup de nourriture. Ca commence par une Bratwurst (miam, miam), déplore l’absence de soupe aux légumes pour cause de fermeture du petit restaurant  « de contes de fées »(!) et reprend de la pasta al sugo chez l’ami de son amie. A Hamburg Young-hee  est belle, elle a faim, elle marche. Arrivée sur la plage elle s’éloigne, enlevée par l’inconnu du parc, sans connaissance, pliée sur son épaule. Extérieur jour.

2ème partie
Gyeongju, soju, bière, béton, intérieurs et colère. Et plage.
Young-hee retrouve ses « amis » enfin ceux qu ‘elle connaissait avant  et ne reconnaît pas. Comme cet ami plus âgé revu à la sortie du cinéma, où on la voit d’abord seule, dans la salle peuplée de sièges vides, fixant un point, l’écran, de ses yeux rougis. Ces gens ordinaires vivent leurs petites vies étriquées alors qu’elle … Elle a rencontré l’Amour. Elle chante son air de reine de la nuit à elle debout devant le restaurant d’un autre ami où son amour à lui, lui  fait trier des haricots. Ils ne peuvent pas comprendre. Elle les exècre, images de vies qu’elle rejette absolument. Elle se fane, boit, assise, a « le soju mauvais »et s’emporte. Elle n’est plus en marche vers ailleurs, elle tourne en rond. Dans l’apparthotel avec vue sur la plage et le bleu de l’océan, de l’autre coté de la bow-window, il est là, l’inconnu. Il frotte la surface vitrée, tente de lui ouvrir les yeux, gesticule mais elle ne le remarque pas. Les autres ne peuvent pas le voir pas : il n’est visible que d’elle seule. Il s’immobilise enfin, comme scotché à la vitre, la fixe, Schubert, est venu la re-cueillir et l’éloigne, encore. C’est un moment fort. Non, le commun des mortels ne peut pas la comprendre. C’était le Grand Amour, retourné à son mariage, à son enfant. Elle l’a dit à son amie à Hamburg « Il a même un enfant ! et contre ça je ne peux rien ». Seule sur la plage, dans un sommeil glacé, elle revoit en rêve les déclarations d’amour de cet homme encensé … Il pleure. Et là, c’était comment ? « Très émouvant » s’accordent à lui répondre les stagiaires et autres assistante et scripte qui tiennent à garder leur job. On est où, là ?
Seule sur la plage, l’inconnu, hors champ, la sort de ce sommeil glacé, la remet debout. Plantant là l’inconnu, l’ange gardien, un bel homme supposé de sa vie à venir. Resté hors champ. Elle s’éloigne, seule sur la plage, extérieur jour.

Ce film m’a happée. C’est compliqué. Sûrement. On a eu bien froid en Corée le jour …  Il nous en dit beaucoup Hong Sang-soo sur l’amour,  les blessures de l’amour, les mirages de l’amour et finalement nous laisse imaginer Young-hee seule sur la plage la nuit.
Réveillée.

A revoir (- de 79 fois)

Marie-No

 

 

« Les Bienheureux » de Sofia Djama

réalisation et scénario : Sofia Djama

Image : Pierre Aïm

Montage : Sophie Brunet

Interprétation : Sami Bouajila (Samir), Nadia Kaci (Amel), Amine Lansari (Fahim), Lyna Khoudri (Feriel), Adam Bessa (Reda)…

Distributeur : Bac Films Date de sortie : 13 décembre 2017 Durée : 1h42

Synopsis : Alger, quelques années après la guerre civile. Amal et Samir ont décidé de fêter leur vingtième anniversaire de mariage au restaurant. Pendant leur trajet, tous deux évoquent leur Algérie : Amal, à travers la perte des illusions, Samir par la nécessité de s’en accommoder. Au même moment, Fahim, leur fils, et ses amis, Feriel et Reda, errent dans une Alger qui se referme peu à peu sur elle-même.

 

Alger éblouit encore. On y passe quelques heures, une fin d’après-midi, une soirée, store relevé par Samir sur l’air devenu moins chaud, plus respirable, une nuit d’errances et de menaces.
Le matin revenu, Amal face à Alger fera coulisser le store à deux mains vers le bas, définitivement. Rideau.
La jeune réalisatrice, Sofia Djama nous présente ses personnages avec le brio qui caractérise les films choral limpides et instille par petites touches l’inquiétude. On ressent la peur installée saturant progressivement l’air ambiant. Ca poisse. L’espérance a depuis longtemps commencé sa fuite en arrière et enserre tour à tour dans ses filets ses derniers fidèles qui renoncent à lutter et se laissent emporter ou s’éjectent par une maille lâche pas encore réparée dans l’ailleurs, amputés.
Ce qui m’a frappée aussi c’est la maîtrise étonnante de la direction d’acteur dont fait preuve Sofia Djama. C’est un premier film !
Samir/Sami Bouajila est fatigué, fragile mais continue à donner le change, souriant, la tête haute.
Amal/Nadia Kaci, très belle, est magnifique en mater dolorosa, forte de sa détermination, de son obstination. Sa vie à elle ne compte plus depuis longtemps. Morte à petit feu avec les massacrés qu’elle n’a pas même pas eu le droit d’accompagner au cimetière, devenue fantôme, elle a posé les armes et ne rassemble les forces qui lui restent que pour « sauver » son fils. Malgré lui.
Feriel/Lyna Khoudri (prix d’interprétation à Venise dans la section Orizzonti et pré-sélectionnée aux Césars pour la révélation féminine 2018), est l’incarnation d’une génération en sursis. Elle doit négocier en permanence, batailler pour exister en tant qu’être humain à part entière, jeune fille encore libre de sortir, d’étudier, de courir, de conduire, de tomber amoureuse, de dire qu’un tapis, c’est un objet. Les règles changent et sa liberté devient conditionnelle. Elle sait bien que la lutte a commencé.
Le flic, personnage flou, flouté par l’Histoire, et Feriel ont un lien ambigu. Il a perdu ses femme et fille dans le même massacre qui les a, elles, tuées et a laissé pour morte Karima, la mère de Feriel. Karima, qui a choisi de succomber juste après, de se défenestrer, ne pouvant vivre avec la torture gravée dans sa chair. Ce flic qui n’a pas pu sauver sa famille, a-t-il sauvé Feriel, rescapée de l’horreur mais marquée à la gorge par les mêmes sauvages qui ont laissé sa mère morte-vivante ? Feriel condamnée à passer sa vie à essayer de combler des vides, à cacher des traces. bientôt déclarée responsable de ces marques qui dégoûtent ! Feriel se rend chez ce flic, elle a les clés, et ils peuvent vivre leurs douleurs ensemble dans la quiétude de l’appartement. « – je m’ennuie mais j’aime bien comment tu m’ennuies – moi aussi, j’aime bien m’ennuyer avec toi » . Il y a une douceur autour d’eux jusqu’au jour où il la serre trop fort. Ayant eu recours à lui pour secourir Fahim, ils se retrouvent dans la rue. Il l’invite à boire un café, dans un lieu public. Elle marche, cinq pas derrière. Déjà.
Et Fahim, Reda, Amine … rôles travaillés, personnages, tous, intéressants.
Toutes les scènes composent et tissent ce film intense, si beau.

Alger, 2008, sans voile, montrant ses blessures.

Marie-No

« La Villa » de Robert Guédiguian (2)

Dans le cadre du Festival Télérama

Du 25 au 30 janvier 2018Soirée débat mardi 30 janvier à 20h30
Film français (novembre 2017, 1h47) de Robert Guédiguian avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Jacques Boudet, Anaïs Demoustier, Robinson Stevenin et Yann Tregouët

Distributeur : Diaphana Distribution

Présenté par Laurence Guyon

Déçue hier. Presque fâchée ce matin
Qu’est-ce qu’il a fabriqué là , Robert ? L’impression qu’il a surfé sur sa vague et en a fait le minimum , oublié d’être Guédiguian …
Dieu sait si je l’attendais son nouveau film !
C’était plié, j’aimais tout : lui, Robert, d’abord, la belle Ariane, Anaïs, Darroussin et tous les autres. Marseille et ses calanques, la villa. Tout.
Et pschitt !
Pour qui comprend l’expression « être resté comme deux ronds de flanc », c’est à peu près l’état dans lequel je suis, et je le déplore. Evidemment, ma question est  : « Qu’est-ce que j’ai, qu’est-ce qui m’arrive ? » Blasée, vu trop de films ces temps-ci ? Certainement pas. Je trouve que Robert Guediguian a mis trop de sujets dans La Villa, qui devient comme un panier garni …
La fratrie abîmée par la vie, le temps qui passe, la perte d’un enfant, la douleur et le refus de faire son deuil, la culpabilité,la maladie, la douleur et la résignation devant la maladie d’un père si lourd, devenu absent. La transmission dans la continuité, la nouvelle donne dans le monde du travail, la peur de vieillir, l’entretien des forêts, les idées politiques d’hier, le choix de mourir et … les migrants ! C’est trop ! Ca déborde !
Tout est effleuré, mal condensé, simpliste.

Ca commence mal
Quand Angèle arrive, Joseph lui présente Bérengère, sa « trop jeune fiancée» … Et là, flop, ça ne colle pas. Elle veut le quitter, Ok, mais on se demande comment il a fait pour lui plaire et comment elle ne l’a pas déjà quitté. Elle voulait revoir le père qu’elle aime beaucoup . Alors elle le connaît bien, elle l’a vu souvent, malgré son job hyper prenant, ses business trips fréquents (dont Londres), elle est avec Joseph depuis un bail alors … Ca serait possible mais pas avec un Darroussin version veste en velours et bouc ! un bouc ! Elle ne lui a pas dit Anaïs à Robert que ça ne collait pas ?
Le personnage de Joseph est pas mal. Jeune, il a cru que les ouvriers étaient ouvriers par choix comme lui qui, bien qu’ayant fait des études, avait choisi de l’être. Un sacerdoce. Lui pouvait rendre l’habit et c’est ce qu’il a fait. Il s’est mis dans le camp des « cols blancs » et a fini par se faire virer. Il est aigri, Joseph. A la question pourquoi est-il si méchant, il répond « C’est comme ça, je le fais pas exprès » Sa meilleure réplique.
J’aurais supprimé ce rôle de fiancée trop jeune et de fils médecin pour recentrer sur la fratrie.
Le fils médecin ! Yvan ! Qui distribue les cachets à ses parents à tirelarigo. C’est pour soigner quelle pathologie ? Pas grand chose de grave puisqu’ils peuvent les stocker jusqu’à ce qu’il y en ait assez et les utliser pour se suicider… Amoureux et unis
Il l’aurait bien voulue un peu plus « cochonne » (c’est bien l’adjectif qu’il emploie juste avant sous la pluie ?) Mais ça ne s’est pas fait. Elle lui jette un regard coquin … Trop tard, donc. Ils rentrent se suicider !
Bérengère et Yvan se ressemble et s’assemble en suivant. Ca commence dès la chambre mortuaire. Aucun respect, les jeunes loups. Pressés de vivre. Le temps passe pour eux aussi.
Benjamin le jeune amant d’Angèle. Pécheur-acteur très bien ! mais pas avec ce sourire jusqu’aux oreilles (ce n’est pas une image) en permanence, cet air allumé. Au lieu de valoriser et défendre le droit à l’écart d’âge dans ce sens là, aussi, pour 3 heures, 6 mois, 10 ans … on prend peur devant ce faciès de Jack Nicholson dans « Vol au dessus d’un nid de coucou ».
Les trois petits migrants mignons, cheveux propres, mental d’acier (deux garçons, une fille comme eux). On est au pays de Candy …
Même l’humeur, l’esprit du tournage m’ont échappé

Le lot de consolation c’est
toutes les images, la Méditerranée, la calanque.
les archives du temps de Ki lo sa
Et la dernière scène des voix en écho

Marie-No

« Une femme douce » de Sergei Loznitsa

Pays d’origine :
France, Ukraine
Pays-Bas
Allemagne
Russie, Lituanie

2h25 dans les bas-fonds de la grande Russie. Il est conseillé, pour voir le film, « d’avoir le cœur bien accroché » …
Film délibérément sans mesure, excessif. Un banquet de trop quand même (on avait bien enregistré tous les profils. Peut-être pas nécessaire de nous les présenter à nouveau lors de ce banquet « de rêve »).
J’ai pensé en vrac à Gogol, Fellini, Victor Hugo aussi. La misère humaine frappe et on est le punching ball.
La femme douce, incarnée par Vasilina Makovceva est un tableau. Visage impassible, happant nos émotions, fascinant. Ses traits rappellent à la fois ceux de Charlotte Rampling, Elisabeth Badinter, Mélanie Thierry, Claudia Cardinale par exemple … Tour à tour. Très troublant.
Tout semble étranger à la femme douce qui déambule sans peur, ne semblant prêter attention ni aux faits divers monstrueux qu’on lui relate, ni aux scènes orgiaques qui se déroulent sous ses yeux, ni aux dangers qui la cernent. Elle flotte pour un temps au-dessus, lestée toujours de ce colis dont elle ne peut se débarrasser, comme soulevée avec lui, en errance dans cette no-go zone, précédant, sans hâte, son destin. La galerie de portraits des résidents de la ville prison nous heurte mais ne l’atteint pas. Tout est normal, elle est habituée à la violence, elle est partout dans sa vie.
Dès lors où plus aucun espoir de laisser le colis ne reste, elle suivra la monstrueuse Zinka* vers son martyr et sa perte. En conscience. Résignée.
Russie de malheur laissée en héritage au peuple dévasté par les résidents de la grande URSS ?
Sergei Loznitsa, ukrainien, vivant en Allemagne depuis 2001, traite son sujet avec maestria, brio. C’est puissant, violent. Sa peinture de ce pays nous laisse sur le carreau …

Marie-No

*Zinka c’est aussi le nom de la fille coupée en morceau, de la fille qui trouve la fille coupée en morceaux. Et, donc, aussi, de la maquerelle gigantesque.

Addict et Rétro

Semaine Télérama, soirée Opéra, sorties Alticiné … passer sa vie au cinéma et puis le temps d’un jour, de plusieurs même, ne pas y aller … Ressentir le manque du Grand écran, une belle sensation assurément !

Pas pour aujourd’hui « Une femme douce », ni pour demain « La villa », pour mercredi ?
pas pour jeudi « Maria by Callas » (à 20h), et vendredi ?

Mercredi et vendredi, en profiter pour revoir, à la maison, en « petit » quelques films des frères Taviani.

Les Frères Taviani : une suggestion pour la prochaine rétrospective.
Vittorio a 88 ans et Paolo 86 ans. Il ne faudrait pas trop tarder.
Voir « Padre Padrone » sur grand écran, le rêve …
Revoir « Cesare deve morire » sur gtand écran !
Qu’en dites-vous ?

Paolo et Vittorio Taviani – Ciné-club de Caen

Marie-No