« Demain et tous les autres jours » de Noémie Lvosky (2)

Continuons la conversation, bien volontiers.
Pour tout dire, je partais avec un a priori, n’ayant déjà pas aimé « Camille redouble » (que je préfère quand même maintenant à « Demain et tous les autres jours » )
J’ai vu, avec quelque distance,  Mathilde, cette enfant d’une dizaine d’années qui vit seule avec sa mère malade mentale. Aimante, oui, entre deux crises. Parce que, dans ces cas là, elle n’est plus en état d’aimer ni sa fille, ni personne. En crise, elle part. Au sens propre et au sens figuré. Et la petite reste, se ronge les sangs, absorbe tous ces soucis, se posent les questions qui ne sont pas de son âge, qu’elle ne devrait pas devoir se poser, suit des intuitions qu’on n’a, habituellement, qu’une fois adulte …
Mathilde trouve le moyen d’évacuer tout ça en le faisant exprimer par sa chouette. C’est la trouvaille du film mais Noémie Lvosky en use  et abuse un peu cf. la séquence où la chouette vient prévenir l’enfant du départ de ses parents vers l’hôpital psychiatrique. Ce n’est visuellement pas très bien fait. De plus inutile car Mathilde est déjà au courant, son père lui a dit, de visu.
C’est criminel ce qu’on lui fait porter comme fardeau à cette petite !
Mathilde aime sa mère. Mais est-ce qu’on est bouleversé par cet amour ? Non, car il n’a rien d’exceptionnel. Tout enfant aime ses parents, fussent-ils les pires bourreaux.
Elle aime son père aussi et le protège aussi -c’est un comble !- par exemple en ne le dérangeant pas quand il est 21h30 et que sa mère n’est toujours pas rentrée. Il a été dit, au débat, que son père est bien là, qu’il ne l’a pas lâchée ! Et qu’il l’a laissée parce qu’elle est un remède pour sa mère ! Elle, surtout elle, ne soignera jamais sa mère, ça, c’est certain. Et, selon moi, le père l’a bel et bien abandonnée, chevillée au sort de sa mère, son ex-femme. Lui, en attendant, s’est bien fixé ses oeillères et tant que ça tient, ça tient … Il l’a laissée seule avec cette mère-là. Comment pourra-elle lui pardonner ses jeunes années plombées.
Il la skype !!! Il ne vit pas son quotidien. Mathilde lui signifie clairement le manque de lui qu’elle éprouve : elle s’allonge sur son lit avec l’ordi et lui dit, sur skype, qu’elle va s’endormir. Et que comme ça, il la verra dormir … Mais lui quand il arrête Skype, il la zappe. Il retourne à ses patients (je le crois psychiatre).
On peut parler de la caricature d’institutrice, de son enseignement bien clair, de sa compétence qui fait que tous les enfants participent, récitent en mettant le ton comme des acteurs, chantent en ar-ti-cu-lant à s’en déboîter les mâchoires ! Parler de la maîtresse qui repousse, elle aussi, la balle dans le camp de Mathilde quand il s’agit de sortir la mère du spectacle de l’école où elle se donne en spectacle.
On pourrait discuter de toutes les scènes avec Mathilde petite que j’ai trouvées toutes très douloureuses. Mais mon problème est que je n’ai pas été émue par cette relation mère-fille, pourtant épouvantable. Aliénante.
SORTEZ CETTE ENFANT DE LA ! A la place des parents de Luce Rodriguez, je l’aurais éloignée de toute cette psychose. Luce Rodriguez, qu’on imagine hyper sensible, a dû prendre tout ça de plein fouet et si tous les nuages qui passent, pour de faux, dans ses beaux yeux si vifs, avaient fini par assombrir, pour de vrai, ses journées et ses nuits de petite Luce ?
Noémie Lvosky est effrayante et pour ma part je n’ai pas vu la tendresse d’une mère dans les scènes où on est sensé constater combien elle aime sa fille, comme elles s’aiment toutes les deux. Elle ne diffuse  pas de tendresse. C’est comme ça.
Il aurait été souhaitable, à mon avis,  de confier le rôle de la mère à une actrice « extérieure ». Georges dit que Valéria Bruni-Tedeschi avait été envisagée. Elle aurait été parfaite si … elle n’avait pas déjà tiré presque toutes ses cartouches dans ce genre de rôle.
Et puis pourquoi, toujours, Mathieu Amalric ? On peut, peut-être, un peu, renouveler le paysage, non ?
Dans la vraie vie on ne comprend pas souvent l’alchimie qui a fait que tel et telle se rencontrent, s’aiment, mais là on ne comprend rien à ce couple, même défait ! Au cinéma, on a besoin de croire aux personnages, sinon à l’histoire.
Et puis la partie finale avec Anaïs Demoustiers (magnifique actrice au demeurant. Elle aura rendu service …) ! C’est pas possible !!!
On a enfermé la mère depuis des années, Mathilde a fini de grandir loin d’elle, a passé son adolescence sans elle, même si, comme suggéré lors du débat, rien ne nous dit qu’elle n’a pas continué à la voir . A venir la voir à l’HP. Oui, sûrement. Est ce que ça a été bénéfique ? Les grands moments de lucidité chez les adultes, c’est finalement la mère qui les a : dans la première partie, quand elle pleure et  dit plusieurs fois à sa fille d’appeler son père, elle est consciente du désastre et que toutes les occasions de demander pardon à son enfant se multiplient et quand à l’arrivée en HP , elle dit qu’elle  ne retournera jamais dans son appartement, qu’elle le sait.
Et la fin ? parlons en …
Quand Mathilde et sa mère dansent en mimétisme comme des folles, selon l’expression consacrée, sous une pluie diluvienne, avec des violons (image un p’tit peu usée), l’une devant l’autre, comme séparée par une vitre invisible et que Mathilde arrive à sortir sa mère de cette transe, elles se retrouvent, courent, se sèchent et fabriquent un poème. Le poème ! Tout un poème … Enregistré. Pas de copie pour moi, merci.
Et, enfin, sous le clair de lune,  Ondine sort de l’eau, lavée, ruisselante de son pur avenir !
Il était temps que ça s’arrête.
Finalement, je me dis que Noémie Lvosky aurait dû jouer les deux rôles, la mère et la fille.
C’aurait été parfaitement auto-centré. Parfait pour faire la ronde.

Marie-No

« Une vie violente » de T. de Peretti

Du 26 au 31 octobre 2017
Soirée débat mardi 31 à 20h30
Film français (août 2017, 1h53) de Thierry de Peretti avec Jean Michelangeli, Henry-Noël Tabary et Cédric Appietto
Distributeur : Pyramide Distribution

Présenté par Georges Joniaux

 

Synopsis :Malgré la menace de mort qui pèse sur sa tête, Stéphane décide de retourner en Corse pour assister à l’enterrement de Christophe, son ami d’enfance et compagnon de lutte, assassiné la veille. C’est l’occasion pour lui de se rappeler les évènements qui l’ont vu passer, petit bourgeois cultivé de Bastia, de la délinquance au radicalisme politique et du radicalisme politique à la clandestinité.

Les histoires des groupes armés corses me dépassent très largement … La trame du film est fondée sur des faits réels qui sont passés aux infos et auxquels je n’ai compris, déjà, sur le moment, ni les tenants ni les aboutissants … pourquoi tout ça ? Une énigme.
Ce film, je l’ai pourtant bien aimé.
Dans ces histoires là aussi il y a des purs, des idéalistes à l’image de Stéphane et de certains de sa bande d’Indépendantistes qui luttent pour leur peuple. On comprend bien leur cause anti-colonialiste et protectionniste et ça m’a plu de voir la situation du point de vue de Stéphane qui perdra sa cause et devra, fatalement, jeter les armes.
Ce jeune idéaliste (pléonasme ?), s’est chargé d’une mission impossible, sur-dimensionnée et il finit par comprendre qu’il n’avait pas droit à l’erreur, que personne ne lui donnera une deuxième chance, que tout ça c’était « pour de vrai ».
Certaines scènes sont particulièrement marquantes comme celle où Christophe dans la cabine téléphonique annonce à Stéphane qu’il va mourir. Il va aller au RdV avec « les autres » qui ont pris son cousin en otage. En conscience, il ne peut pas faire autrement. Y aller et se faire descendre. En tout honneur.
Sur le machisme ambiant, on pourrait souligner les paroles comme la scène dans la voiture avec le futur marié « en pleine forme », mais il y a aussi la scène de la visite en prison où la copine de Stéphane lui dit clairement qu’elle a quelqu’un d’autre. Je me suis dit « Ouh là, on est en Corse ça va pas se passer comme ça ! » Et non parce que, contrairement aux idées reçues, tous les corses ne punissent pas leurs femme infidèle d’un coup de carabine.
Stéphane a des relations courtoises avec les femmes même si c’est un peu caché. Il est bien élevé en toute circonstance.
Il s’entoure de gars qu’il connait bien, en qui il a placé sa confiance depuis son enfance, quand il voyait déjà des hommes tomber. Il fait l’autruche sur certaines de leurs pratiques. Eux doivent gagner leur vie. Pas lui. C’est  plus simple d’être idéaliste quand on n’a ni faim, ni froid.
La scène du repas entre femmes, entre mères, est édifiante. Elles communiquent, partagent, s’écoutent, se comprennent. Ces mères vivent un calvaire et finissent de trembler seulement quand leurs fils sont morts. Avant de recommencer à trembler pour leurs petits fils.
Quand Stéphane, à la maternité prend sa filleule dans les bras, son cœur chavire. La pièce est remplie de jeunes femmes, celles qui restent et resteront quand leurs hommes seront tombés. Il est devenu adulte et s’éloigne pour pleurer. Il a baissé les armes. Son gilet pare-balles restera là où il l’a caché en arrivant. De toutes façons ils tirent dans la tête.
Ce film nous montre ces femmes qui ne « parleront » jamais . C’est tellement évident que les hommes exposent leurs plans en toute liberté devant celles qui « n’entendent » pas.
J’ai bien aimé le film pour sa construction presque géométrique. Tout est carré, bien ordonné, aucune scène n’est superflue.
Un bel équilibrage avec le sujet qui, lui, est tentaculaire.

Marie-Noël

 

Barbara

 Film français (septembre 2017, 1h37) de Mathieu Amalric avec Jeanne Balibar, Mathieu Amalric, Vincent Peirani et Aurore Clément 
Distributeur : Les Films du Losange

Présenté par Marie-Noëlle Vilain

Synopsis : Une actrice va jouer Barbara, le tournage va commencer bientôt. Elle travaille son personnage, la voix, les chansons, les partitions, les gestes, le tricot, les scènes à apprendre, ça va, ça avance, ça grandit, ça l’envahit même. Le réalisateur aussi travaille, par ses rencontres, par les archives, la musique, il se laisse submerger, envahir comme elle, par elle.

C‘est Barbara, celle qu’on aime, que Mathieu Amalric nous raconte dans ce très beau film.
Ce n’est pas tant la biographie de Barbara qui intéresse Amalric que l’esprit de la chanteuse, ses vertiges, ses sensations, ses émotions et les émotions qu’elle diffuse à ceux qui l’écoutent. Il s’est servi principalement de deux documents : le livre de Jacques Tournier Barbara ou les parenthèses (1968) et le documentaire de Gérard Vergez sur la tournée de 1972. On y voit Barbara en voiture, en train de tricoter, de divaguer ou de roucouler. Amalric refait jouer cette scène à l’identique par Jeanne Balibar et il mixe le tout si bien qu’on ne sait plus très bien laquelle est vraie, laquelle est fiction. Les images se superposent. On hésite parfois pour distinguer Barbara de Balibar. Notre regard est dédoublé : sur Barbara et sur Brigitte qui cherche à appréhender Barbara, à la comprendre.
Ce que filme Amalric c’est le point de rencontre de ces deux femmes. Par imprégnation.
On capte en sourdine, délicatement, son enfance de petite fille juive, la guerre, le père incestueux, la mère envahissante, comme on les capte en sourdine aussi dans ses chansons. Amalric y fait allusion sans jamais forcer le trait.
Il réussit très bien à nous montrer la Barbara fantasque, accro aux médocs, croqueuse d’hommes, capricieuse, tendre, autoritaire, drôle, dyslexique, fuyant la routine, généreuse …
Il réussit à rendre les soupirs, les silences, le murmure, tout ce dont le chant de Barbara est aussi constitué, les respirations, les profondes expirations proches de l’asphyxie suivies de grandes bouffées d’air jubilatoires.
Il joue lui même le metteur en scène, transis d’admiration, pétrifié par son sujet, qui se lève entre dans le champ de sa caméra. On perçoit sa fascination pour Barbara. Et pour Jeanne Balibar
Barbara exerce sur lui comme un sortilège qui nous enveloppe aussi.
Mathieu Amalric nous donne un film magnifique qui enchante tous ceux qui, comme moi, ont grandi, mûri, vieilli avec les chansons de Barbara.
Sans forcément l’écouter régulièrement, l’oubliant même un peu, parfois. Et soudain elle réapparaît ici ou là, de près ou de loin et alors on reprend le fil de ses chansons, on les ré-écoute certaines plus que d’autres, certaines même en boucle comme pour rattraper le temps où on en a été privé, on les murmure, l’émotion est intacte, quasi viscérale.

Voilà, c’est, aussi, ça le plus fort : le film de Mathieu Amalric, à l’unisson, nous renvoie toutes nos émotions. Intactes.

Marie-Noël

« Djam » de Tony Gatlif

Film français (août 2017, 1h37) de Tony Gatlif avec Daphne Patakia, Simon Abkarian et Maryne Cayon

Du 12 au 17 octobre 2017
Soirée débat mardi 17 à 20h30
Présenté ar Françoise Fouillé

 

Synopsis : Djam, une jeune femme grecque, est envoyée à Istanbul par son oncle Kakourgos, un ancien marin passionné de Rébétiko, pour trouver la pièce rare qui réparera leur bateau. Elle y rencontre Avril, une française de dix-neuf ans, seule et sans argent, venue en Turquie pour être bénévole auprès des réfugiés. Djam, généreuse, insolente, imprévisible et libre la prend alors sous son aile sur le chemin vers Mytilène. Un voyage fait de rencontres, de musique, de partage et d’espoir.

 

Djam/Daphné Patakia chante et danse comme personne, elle éblouit et charme jusqu’à l’envoûtement, sourit et rit. Dans ses yeux se lit, pourtant, toujours, la gravité de la vie. Djam réagit à tout, intervient toujours. Elle avance, consciente de la précarité des situations, consciente de la fragilité des êtres. Elle sait déjà que la vie ne tient qu’à un fil. C’est à la gravité dans leur regard qu’on reconnaît les exilés. Quel que soit leur âge, leurs yeux ne rient plus complètement.
C’est un trait commun à tous les personnages de ce très beau film. Dans la tourmente, des larmes plein les yeux, rester debout, ne pas baisser la tête, ne pas courber l’echine, rester bien droit, les yeux ouverts sur le malheur et garder l’espoir, faire de la musique, chanter : c’est la consigne que donne Kakourgos à tous.
Rester digne.
Tony Galif nous donne à voir le monde actuel : plus méconnaissable de jour en jour, foutraque, injuste, mouvant, irréel. Cruel. Dans un des rebetiko, les paroles disent «mon père, je n’en veux pas de ce monde que tu me donnes ». On ne choisit pas son époque.
J’ai vu ce film deux fois et à chaque fois j’ai la gorge serrée et je pleure aux mêmes scènes.
Par exemple, celle où Pano dans le bar est venu dire adieu à son pays avant de s’exiler. On le voit près de l’entrée, de dos, assis à une table devant son verre d’ Ouzo, regardant devant lui, ceux qui restent, écoutant les chants qui, maintenant lui entament le cœur. Il se lève, enlève sa veste. Mais la remet. Et il part dans les ruelles dont la beauté nous apparaît. Dans son exil, il portera chaque jour son lourd fardeau, attendant de pouvoir un jour le reposer à l’endroit précis où il l’avait chargé. On souhaite qu’en Norvège, la vie, les hommes lui permettent d’en oublier, parfois, un peu, le poids.
Celle aussi où Simon Akarian/ Kakourgos, dans son bar bientôt englouti par la banque, se lève, étend les bras comme deux grandes ailes et commence à danser. Il est d’une grâce saisissante, ce grand escogriffe à la démarche raide si reconnaissable, qui soudain se plie et se déplie, souple et aérien.
Les dernières images nous montre la « famille » regroupée sur le bateau réparé et voguant sur les flots. Kakourgos laisse le gouvernail à son ami qui lui demande si le Nord est bien le cap à garder. Il aquiesce, indifférent. Peu importe, on ne les attend nulle part. Il rejoint les autres, la musique, le rebetiko.
Les photos encadrées.
La mer est filmée d’abord au bas de la coque puis le plan s’élargit.
On est dans ce vaisseau fantôme, condamné à errer, pour longtemps.

Marie-Noël

« Gabriel et la Montagne » (2)

A 28 ans, on se croit encore immortel.
Au Malawi, Gabriel va provoquer la Montagne et périra en son sein, après avoir atteint le pic Sapitwa, souriant et murmurant le chant de la petite Rachel rencontrée au début de son voyage en Afrique.
On sait depuis le début du film que Gabriel va mourir : on voit deux hommes marchant dans la montagne, cueillant un peu de tout ce vert illuminé et découvrant son corps gisant sur le flanc gauche, le visage serein, les yeux ouverts.
On revient 70 jours en arrière, au début de son périple en Afrique.
Ceux qui ont connus Gabriel se souviennent. Ils racontent un garçon enthousiaste, énergique, joyeux, solaire, généreux, tendre mais aussi impatient, impétueux, exigeant, capricieux, buté, arrogant, infantile. Un garçon brésilien aisé et diplômé qui va à la rencontre des plus démunis et veut devenir un des leurs sans jamais réussir à se défaire de ses origines. Là où les autres, sa fiancée comprise le voient déguisé en Massaï, lui est, à ce moment-là, dans sa tête, devenu un Massaï. Il a un nom, un bâton, un coupe-coupe Massaï, est envahi des histoires, des contes de cette tribu et croit, par exemple possible de se fondre parmi un troupeau de zèbres, les enfants Massaï de 13-14 ans étant capables, eux, de réussir le rite initiatique et passer à l’age adulte en terrassant un lion après que l’un d’eux l’a attrapé par la queue. « Et tu le crois ? » demande Cristina. Il ne répond pas. Elle en doute ? Mais oui, bien sûr, qu’à ce moment-là de sa vie, il le croit. Son bâton Massaï lui échappe dans les eaux du lac Malawi.
Bientôt, il va falloir rentrer à Rio retrouver ses « semblables », faire face à sa déception de ne pas avoir eu la bourse pour Harvard, devenir adulte, retrouver Cristina avec laquelle il veut vivre un amour romantique mais qui ne se laissera rien imposer, qui a déjà mis un coup de canif dans le contrat même pas encore signé, et un peu de distance entre eux, qui est déjà un peu « redescendue » après que Gabriel a tenté d’empêcher sa rencontre à elle avec un homme proposant de leur faire visiter les bains persans, homme atteint de paludisme, à qui elle veut offrir le traitement dont il a besoin. Il arrête son geste, se met en avant en payant, lui, Gabriel. Comme si l’Afrique, c’était son domaine réservé. Elle est déçue qu’il l’ait empêchée de faire ce qu’elle tenait tant à faire avant de partir : monter sur le dos d’un éléphant. Activité qu’il juge peut-être trop touristique, lui qui, pourtant, voulait sauter à l’élastique …
Gabriel va rentrer vivre sa vie, très loin du chef Massaï et de ses deux femmes, bientôt trois, « riche » de ses huit enfants. Au Brésil, chaque enfant coûte cher …
Il n’a manifestement pas envie de rentrer et tentera de ralentir le temps qui passe. Echec assuré même en sandales Massaï …
C’est un beau film complexe, mystérieux qui dans sa dernière partie m’a particulièrement angoissée.
Fort de sa réussite de l’ascension du Kilimandjaro quelques semaines plus tôt, où, à l’inverse, il voulait capituler avant le sommet et où son guide l’avait persuadé de continuer, l’en sachant capable, ici dans le massif Mulandje dans l’ascension du Sapitwa,« N’y va pas », présumant de ses forces, il renvoie le guide qui voulait arrêter cette sortie la déclarant, un peu tard, vouée à l’échec.
On sait que Gabriel va y trouver la mort. Quand est-ce qu’il va tomber ? Il ne tombe pas, s’arrête dans une cavité, crie comme pour appeler les esprits, atteint enfin le sommet, fait la photo, une deuxième plus nette pour FB , ne voit pas la brume glaciale, envahir le décor. Il commence la descente, rattrapé par la nuit, se réfugie dans une cavité de la montagne, attend que la pluie diluvienne cesse, ferme les yeux, couché sur le flanc droit. Le droit donc il va se relever et en effet il repart, claudiquant, affamé, transi de froid, de peur aussi, épuisé … se réfugie dans une cavité, se couche sur le côté, gauche cette fois, dans le sol, le visage se tourne, il chantonne l’air de la petite Kenyane, sourit … Ses yeux resteront ouverts.
Gabriel est mort et c’est bien triste. Je l’aimais bien, Gabriel, mzungu pour l’éternité.

Marie-Noël

« Norma » Opéra de Vincenzo Bellini en live au Cinéma

 

Norma est un opéra de Bellini (1801-1835), en deux actes sur un livret de Felice Romani d’après le tragédie d’Alexandre Soumet. L’Opéra fut créé le 26 décembre (!) 1831 à la Scala de Milan.
« L’action se déroule en Gaule occupée par les Romains, vers l’an 50 avant JC. La druidesse Norma a eu, en secret, deux enfants de son amant Pollione, proconsul romain en Gaule. Mais  ce dernier ne songe désormais qu’à la jeune druidesse novice Adalgisa, qu’il rêve d’emmener à Rome. Venue demander conseil à Norma,  Adagilsa dévoile à la prêtresse le nom de son amant : effroi d’Adalgisa  horrifiée du mensonge de Pollione, et stupeur de Norma, qui ne contient plus sa rage : pourra-t-elle vivre ? devra t-elle tuer ou épargner les fils de Pollione ? En renonçant à Pollione, Adalgisa croit pouvoir panser le mal, mais rien n’y fera : après avoir condamné à mort le père de ses enfants, Norma se sacrifiera elle-même en montant au bûcher, accompagnée d’un Pollione conscient de ses actes et subitement atteint par la grâce ». 

Certains jours, des salles de cinéma en France, en Europe, dans le monde, toutes simultanément, se transforment en METropolitan Museum of Art. A l’Alticiné, nous étions hier (le soir ici) à New York pour assister à la représentation de « Norma » qui débute la saison 2017-2018.
C’est déjà épatant, non ?

La salle 3 est pleine et ça commence …
Le chef d’orchestre, Carlo Rizzi dirige l’ouverture. La caméra insiste sur la flûtiste soliste qui, en plus de jouer au MET, est une superbe jeune femme, très expressive. Elle accroche le regard du chef et on sent veritablement le courant passer entre eux. Que peut-on rêver de mieux pour diriger un opéra italien, qu’un chef Italien ! Il vit la partition, vibre et accompagne du geste chacun des pupitres pour revenir toujours, ne jamais quitter vraiment des yeux sa soliste. C’est magnifique et on sait, en entendant l’ouverture, que l’opéra sera subtil.
Et le fait est. C’est une oeuvre délicate, sans exubérance.

Sondra Radvanovsky interprète Norma avec tout le brio nécessaire pour ce rôle considéré comme un des plus difficiles du répertoire des sopranos (trois contre-ut pour le seul aria Casta Diva), et avec un grand talent de tragédienne. On est transporté et on pleure avec elle sur son désenchantement, sur son amour de mère, abandonnée.
Norma trouvera en elle-même le secret de la paix impossible.

Tous les autres interprètes Joyce DiDonato (Adalgisa), Joseph Calleja (Pollione), Matthew Rose (Oroveso), Michelle Bradley (Clotilde) sont impressionnants et les choeurs, comme souvent, particulièrement dans les opéras italiens, sont puissants, poignants.

Bien sûr rien ne peut remplacer l’atmosphère, l’ambiance, la fièvre d’une salle d’opéra, la communion avec les interprètes, les applaudissements, le salut final, mais les avantages à vivre un opéra dans une salle de cinéma sont nombreux : la programmation et les interprétations sont toujours d’une grande qualité, les scènes étant filmées, on voit très bien les interprètes, en gros plan aussi, les costumes et les décors en détail, les traductions en bas de l’écran sont bien lisibles, on est « bien placé », on voit à l’entracte les interprètes dans l’envers du décor …

Oui, hier a vraiment été une soirée formidable !

Pour les cramés la place est à 18 eur ce qui permet aussi d’explorer des œuvres pour lesquelles on ne se déplacerait certainement pas « en vrai » (je me souviens du Château de Barbe-bleue de Bartok que j’ai tant aimé il y a deux saisons alors que Bartok, a priori, du peu que j’en connaissais, me rebutait plutôt …)
Pour info (et se consoler, quand même un peu) la place au MET pour Norma 2017 est entre 99 $ (place au fin fond du poulailler sur le côté) et 836 $ (place orchestre au milieu).

Marie-Noel

« 120 battements par minute » de Robin Campillo

Résultat de recherche d'images pour "120 battements par minute IMAGES"Grand prix du Festival de Cannes 2017

Soirée débat mardi 26 septembre 2017 à 20h05
Présenté par Laurence Guyon

Film français de Robin Campillo sorti le 23 août 2017
avec Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel, Antoine Reinartz, Felix Maritaud, Aloïse Sauvage
Distribution : Memento Films distribution

Synopsis : Début des années 90. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d’Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l’indifférence générale. Nouveau venu dans le groupe, Nathan va être bouleversé par la radicalité de Sean qui consume ses dernières forces dans l’action…

Une révolte, un cri assourdissant mais est-ce-que cela a servi à booster la recherche dans les laboratoires ? Début des années 80, on n’a pas su prendre la mesure de cette épidémie et les labos ne se sont pas mis sur le sujet sérieusement, ne se sont pas attelés à la tâche. Le Sida, « une maladie de pédés » jugée comme cantonnée à cette communauté (!) n’a sans doute pas été considérée comme assez juteuse. Le retard a été pris, fatal. Les années 90 ont été, ensuite, une hécatombe. Act up y est né.

Faute de faire avancer la recherche, Act up aura servi à alerter formidablement sur la nécessité à se protéger, boostant là, en revanche, c’est certain, l’action des autorités pour mettre en place des campagnes de prévention.
Et Act up a fondé une famille. Une famille où les séropos, les sidéens et leurs sympathisants (= qui souffrent avec) ont pû trouver la force de continuer, d’avancer, de garder espoir. Une famille où il faisait bon, où les regards étaient bienveillants, où on n’était pas un paria. Une famille où on se battait pour vivre.
Merci à Act up pour tout ça.

Par la mise en scène, la photo, les éclairages, le rythme, le montage, les acteurs*, le film saisit et emporte dans ce tourbillon de vie et de mort, de réflexion et de danse, de pleurs et de musique, de souffrance et d’amour.
C’est un film formidable à voir absolument.

Description de cette image, également commentée ci-aprèsRésultat de recherche d'images pour "120 battements par minute IMAGES"

Robin Campillo (n’) a reçu (que) le grand prix du jury à Cannes cet été, la Palme d’or ayant été décernée à « The Square » de Ruben Ostlund.
Ca doit être bien. On verra …

* mention spéciale à Adèle Haenel dont je suis fan Résultat de recherche d'images pour "120 battements par minute IMAGES"

Marie-Noël

« Le Redoutable » de Michel Hazanavicius

Mai 68. Godard est à une période charnière de sa vie d’homme, de sa vie de réalisateur. Il a déjà tourné ses films majeurs dont le dernier en date « La chinoise ». Il cherche autre chose. Il est « en révolution » contre tout et surtout contre lui-même. Et il est amoureux d’Anne La Chinoise qu’il épouse. Godard est un monument et Anne l’admire et en est très amoureuse. Elle écrira cette époque et ce chapitre de sa vie  dans son livre « Un an après » qui aurait servi de trame au film d’Hazanavicius.
Ca donne « Le Redoutable » … une parodie de Godard, de son univers, de ses idées, de ses aspirations. C’est un film qui ne dégage  aucune énergie. On est la plupart du temps dans des appartements, dans la villa de Pierre Lazareff sur la Côte d’Azur au moment de « Cannes 68 n’aura pas lieu » semi traité. On se traîne … Même les scènes dans les amphis sont plombées ! Hazanavicius a choisi de faire une comédie, de tourner Godard en dérision. Pourquoi ? C’est quoi l’idée ? Un règlement de compte ? C’est insupportable, en fait. Un exemple : il était sûrement un peu « encombré » dans la vie pratique. Est-ce qu’il fallait lui faire casser ses lunettes 4 fois pour qu’on comprenne ? Il tombe, ses lunettes sont cassées, il se relève, myope, plissant les yeux, démuni (et là, Michel Hazanavicius, pour continuer sur la lancée, pourquoi pas tant qu’on y est,quelques pas de claquettes  ? ) Ou bien les scènes de dialogue JPG-AW au moment où le torchon commence à brûler, les sous titres pour nous dire ce qu’ils pensent vraiment en réalité !

Louis Garrel a bien travaillé le zozotement chuinté et le restitue parfaitement. Il semble ne penser qu’à ça. C’est un peu le problème : le film repose sur le défaut de prononciation et les blagues de Godard, la BA, quoi (Mr et Mme Nous ont une fille …). Encore un film qui se résume ou presque à sa BA ! Et ce qui est rageant c’est le portait d’Anne Wiazemsky par Hazavanicius. Ou est-il allé chercher cette évaporée si jeune et déjà éteinte. Il donne à  Stacy Martin un rôle sans consistance, sans aspérité, lisse, insipide qui ne correspond absolument pas à  Anne Wiazemsky ni à cette époque ni jamais.

Ce film est insignifiant, décevant. Mais je m’attendais à quoi au juste ?

Pourtant rIen n’aurait pu m’empêcher d’aller le voir. Très bonne promo.

« Bonne Pomme » de Florence Quentin

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Eh oui, j’y suis allée !
Je vais voir tous les films avec Gérard Depardieu. Je l’aime.

J’aime l’acteur et j’aime l’homme qui tend le bâton pour se faire battre, qui se suicide à petit feu en se jouant  » la grande bouffe » non stop, devenu quasi impotent, prenant des positions politiques plus que contestables, nouant des amitiés impossibles, provoquant le rejet.  Autant de signaux de détresse. Pas des appels au secours. Je pense qu’il ne veut pas être secouru. Il s’est lesté et a commencé sa descente depuis quelques temps …
En « Bonne Pomme », sur un scénario improbable, voire misérable, il est magistral dans le sens où il EST le garagiste … Et là, c’est très très fort !
Florence Quentin a eu pour ce film le (seul) talent de la distribution des rôles !  Le grand talent de choisir Gérard Depardieu pour le rôle principal et la chance qu’il l’ait accepté ! Pourquoi ? Qu’est-ce-qui fait que Gérard Depardieu accepte un tel rôle ? Il savait bien, au vu du scénario, que l’histoire n’allait pas loin, que tout ça était cousu de fil blanc … Florence Quentin le lui a sans doute vendu grace à sa belle carte de visite de scénariste mais quand même … Ce qui l’a décidé, c’est peut-être  la perspective de retrouver Catherine Deneuve ?
Catherine Deneuve … Elle est presque Barbara, la restauratrice malheureuse mais comme, hélas, le temps fait son œuvre et  qu’elle a écouté le chant des sirènes (personne ne songera à lui jeter la pierre : vieillir pour une actrice qui incarnait la beauté à l’état pur doit être un calvaire), elle porte, désormais, un masque inamovible, son visage est figé. Ca nous fait mal quand elle sourit … Alors, dans le rôle de la toujours virevoltante Barbara, imprévisible, souvent saoûle, spontanée …
Tous les seconds rôles sont bien tenus. En tête Chantal Ladesou que j’ai trouvée très bien en Mémé Morillon.
Les décors : c’est tourné à Flagy, Seine et Marne (sud de Fontainebleau) et que dire ? Rien. Ca ressemble à des villages qu’on connaît par ici. C’est moche.
Pour rester dans le Gâtinais, on note que la vaisselle du restaurant de Barbara, c’est du Gien, décor Oiseau de Paradis.

Marie-Noël

« L’Amant d’un jour » de Philippe Garrel

primé en 2017 à la Quinzaine des Réalisateurs
Du 31 août au 5 septembre 2017
Soirée débat mardi 5 à 20h30

Présenté par Georges Joniaux
Film français (mai 2017, 1h16) de Philippe Garrel avec Eric Caravaca, Esther Garrel et Louise Chevillotte
Distributeur : SBS Distribution

Synopsis : C’est l’histoire d’un père et de sa fille de 23 ans qui rentre un jour à la maison parce qu’elle vient d’être quittée, et de la nouvelle femme de ce père qui a elle aussi 23 ans et vit avec lui.

C’est un vrai bonheur ce film ! Un régal pour les yeux et une mélodie de chaque instant. J’aime le cinéma de Philippe Garrel et j’aime cet homme qui aime les femmes et les comprend bien, finalement. Ca a dû être un long chemin et rien n’est gagné, mais il les comprend, et son coeur transparent …
Et ses acteurs ! Eric Caravaca (Waouh!), Ester Garrel, Louise Chevillote. Le charme incarné. Trois fois. Sans oublier, Felix Kysyl … Petit rôle mais une vraie présence !
Au contraire du spectateur qui disait à Georges à propos du personnage d’Ariane que les femmes n’étaient pas comme ça, je pense, moi, que les femmes sont comme ça.
Comme Ariane
Comme Jeanne aussi
Ariane (Louise Chevillotte) le dit très clairement quand elle parle avec Jeanne, de la fidélité. Les hommes sont naturellement infidèles et naturellement ne supportent pas que les femmes le soient. Alors la clé c’est d’être, de faire et de ne rien dire. En même temps, ne rien dire … Les femmes resteront donc fidèles par nature et les hommes infidèles par nature ? Ariane est un Dom Juan, Gilles (Eric Caravaca) le sait et est bien placé pour la reconnaître, ayant été lui même séducteur et avouant avoir fait souffrir tant de femmes « qui ne le méritaient pas » . En voilà une réflexion intéressante … Quelles femmes le méritent, donc ? Les séductrices ? Ariane ? Elle a failli souffrir par Jeanne (Esther Garrel). Désemparée devant l’amour paternel et filial contre lesquels elle ne peut pas lutter. Obligée de les accepter.
Ariane se fait « pincer »en flagrant délit d’infidélité et Gilles ne supportent pas ce qu’il voit. Il ne demandait qu’une chose : ne rien savoir, ne rien voir. Faire l’autruche tranquillement. Il est fatigué, Gilles, il voudrait maintenant vieillir en harmonie à côté d’une femme qu’il aime et qui l’aime. Il est marrant, ce Gilles ! Il voudrait construire en accéléré ce qu’il a passé sa vie à déconstruire au jour le jour. Et, en plus, il choisit Ariane pour ses jours paisibles ! Mais c’est elle qui l’a mis dans sa toile, elle qui a jeté ses filets sur lui et a réussi à le « pêcher ». Il est pris et sera relâché quand elle le décidera. Ariane qui baise debout, où elle veut, sur le champ. On remarque que les deux scènes de plaisir, celle avec Gilles et celle avec Stéphane (Felix Kysyl)  sont exactement les mêmes. Cadrées pareil, mêmes éclairages, mêmes râles, mêmes soupirs, même visage extasié d’Ariane … C’est elle qui orchestre. C’est sa jouissance à elle qui importe. On revoit la scène de repos après l’amour Ariane-Stéphane allongés sur un lit, nus à peine recouverts d’un voile. Scène d’une beauté picturale bouleversante. J’ai pensé à un tableau, je le vois … (mais je n’arrive pas à retrouver lequel !) De nombreuses scènes du film mériteraient des arrêts sur image tant la photo est belle, les gris lumineux. Et le rythme nous emmène, dans la danse aussi quand Philippe Garrel filme Ariane et Jeanne tournant, chaloupant, jeunes, aériennes, légères et gracieuses.
Ariane est égoïste, libre . Elle a eu pour modèle « un père qui divorce » et « une mère qui s’en fout ». Elle est libre d’être son propre modèle. Une chance.
Et puis il y a Jeanne (Ester Garrel) … Alors filmer comme Philippe Garrel la détresse d’une femme quittée, chapeau ! Jouer ces scènes comme Esther Garrel, avec autant de vérité, chapeau ! Le déni, l’obsession, la folie, la perte de contrôle, l’envie de tout arrêter, le besoin d’espionner, de harceler, le visage transformé par la douleur, l’abandon de soi … Je n’ai jamais vu cette situation sentimentale aussi bien traduite au cinéma. Jeanne imagine, interprète, s’embrouille, doute de tout, d’elle-même surtout. Pas de chance.

Si j’avais su, si j’avais pu, je serais allée voir le film, en plus, aux autres séances, pour en profiter encore davantage.

Marie-Noël