Demain et tous les autres jours de Noémie Lvovsky

Du 2 au 7 novembre 2017
Soirée débat mardi 7 à 20h30

Film français (septembre 2017, 1h31) de Noémie Lvovsky avec Luce Rodriguez, Noémie Lvovsky, Mathieu Amalric,  Anaïs Demoustier     Distributeur : Gaumont

Présenté par Georges Joniaux

Synopsis :Mathilde a 9 ans. Ses parents sont séparés. Elle vit seule avec sa mère, une personne fragile à la frontière de la folie. C’est l’histoire d’un amour unique entre une fille et sa mère que le film nous raconte.

Pour continuer la conversation :

Un film qui parle de maladie mentale d’une mère du point de vue de son enfant, voilà qui doit être salué. Même si ce film utilise des métaphores, du merveilleux,  même si parfois il atténue la dureté de vivre avec une mère souffrant de troubles schizo-affectifs, passant de la bizarrerie au repli sur soi, de l’errance solitaire à la tendresse excessive…Ce film dit une souffrance  et en même tant un bonheur, un amour, une tentative toujours recommencée d’amour. Cette enfant sait qu’elle est aimée. Même si cet amour souffre de contradictions,  même si parfois seule, livrée à elle-même, elle est en danger.

Enfant soignant, enfant prothétique ? non, disent Marie-No et Françoise, elle n’apporte aucun réconfort à cette mère qui va dérivante. J’ai tendance à penser  qu’on n’en sait rien. Qu’on ne sait pas par exemple si la vie de cette mère n’a pas été adoucie, rendue plus sensée par cet amour réciproque. Je ne sais pas si cette enfant  n’a pas développé une sensibilité, une éthique et une compassion plus solide en fin de compte.

Voici un bout d’article sur lequel je tombe dans doctissimo :

« Maladies mentales : des pathologies fréquentes : Selon l’OMS, les maladies mentales affectent une personne sur cinq chaque année et une sur trois si l’on se réfère à la prévalence sur la vie entière. Des travaux plus récents menés en Europe ont réévalué à la hausse le nombre de personnes affectées par un trouble psychiatrique. Ainsi, selon une étude menée en 2011, 38 % de la population européenne ont souffert d’une maladie mentale au cours des douze derniers mois. »

Parmi eux,  combien de troubles schizo-affectifs ? 2% de la population, ça fait 1million 300 000 personnes tout ça…Tout cela dans le plus parfait silence, dans le déni total. On ne se connaît et se reconnaît qu’entre gens « normaux ».

On observe aussi que la plus grande part des dégâts  causés aux enfants le sont par des gens normaux. Il est vrai qu’ils  sont les plus nombreux. Par exemple, l’habitus allemand d’avant guerre  fait de rigidité, d’hyper normalité  de masse a provoqué une éducation des enfants propice au suivisme et aux meurtres de masse . La normalité d’Eichman et celle de Douch font frémir. J’ai pris des exemples criants. N’allons pas si loin, on voit à longueur de temps les gens raisonnables mentir, voler, exploiter,  spolier, détourner, amasser, exclure, être de mauvaise foi,  devenir tels un certain président des Etats Unis etc… Par bonheur, tous les gens normaux ne sont pas méchants, bien loin de là. Mais la normalité est un argument trop facile, trop passe-partout, trop assuré, trop impératif.

A ce propos, permettez-moi une citation de Roger Caillois que je viens de lire et qui m’a donné l’impérieux besoin de la  taper sur mon micro : « Je ne puis m’empêcher de penser que cette réussite insensée, lente puis précipitée d’un primate obscur pour avoir pu lui inspirer le goût désormais instinctif, c’est à dire à la fois salutaire et aveugle, pour les démarches de l’esprit et pour avoir suscité en lui cette crédulité à leur égard qui, par instant m’épouvante et qui continue de me cabrer ».

Tout ça pour dire que J’aime ce film de Noémie Lvosvky parce qu’il cherche à dire vrai. Il montre l’une de ces êtres fragiles qui souffre de troubles schizo-affectifs, en débat avec le monde et elle-même, dont la rationalité nous échappe autant peut-être qu’à elle-même. Et qu’en ça, Noémie Lvovsky ne fait pas seulement de l’art, elle fait oeuvre utile. Elle le fait avec poésie, tendresse,  sincérité, courage…et comme une artiste tout de même.

Georges

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