» Les oiseaux de passage »de Ciro Guerra et Cristina Gallego

Film ethnique, thriller, drame antique et contemporain ?

Une première vision dimanche soir, un peu décevante, j’avais trouvé le film un peu long, un peu inégal et pas toujours clair sur la description certes brillante de cette ethnie mais aussi sur le rôle de l’ultra violence, tous ces morts, cette vengeance qui semble contredire les principes d’existence de la communauté.

La deuxième vision, mardi soir, m’a paru plus claire et cohérente, le drame prenait sens. Le début du film est très séduisant avec ces belles femmes habillées de superbes robes aux couleurs vives. Cet environnement attractif pour nous autres occidentaux, cette nature ( pas toujours facile ) ces beaux objets  » ethniques » que les touristes aiment tant rapporter de leur voyage (sans parler des photos !) et cette superbe introduction en forme de cérémonie pré-nuptiale, un vrai régal. Tout va bien jusqu’au meutre de Moisé par Rapayet son  » frère » et meilleur ami. Le crime a été commis créant la déchirure, la souillure et ne sera « compensé » que par d’autres meurtres.

L’apogée du clan est bien dépeinte pendant la période de prospérité financière ( l’argent de la drogue ) surtout matérielle ( belle maison incongrue en plein désert, camions à foison, alcool à flot et montres bling bling, pistes d’atterrissage, et flingues avec port d’armes ! ). Les deux derniers chapitres ne se remplissent plus que des meurtres, de sang, de détonations et de descente aux enfers pour la famille. Les cadavres jonchent les plans, la maison explose, les sentiments se réduisent à la vengeance et la mort physique mais aussi culturelle, civilisationnelle plane sur tout le film. Rapayer dit avant de mourir  » de toute façon, nous sommes déjà morts » et sa femme Rahia rappelle à sa mère  » qu’il ne sert à rien de vivre en Wajùu si l’on meurt ».

On peut avoir en mémoire les plans de début du film; colorés, joyeux, bavards, le bonheur arrive. Et les derniers où un chant nous raconte cette triste histoire et dans l’image on voit Indira petite fille perdue au milieu du désert avec trois chèvres ! la perte du paradis et la porte de l’enfer..

Sur le sens chacun y verra que la tribu des Wajùus est mortelle comme la Colombie et peut être l’Humanité ?

Pour le cinéma on retiendra des images splendides de femmes, d’hommes d’enfants, d’animaux de paysages, tout ce qui fait la beauté du monde et en lien permanent avec une musique formidable qui comme avec les percussions se fond avec l’image. C’est du grand cinéma.

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