WEEK-END DU CINEMA ITALIEN 29 et 30 septembre 2018

 

Après Tours, Nantes, Villerupt, Toulouse, Bastia, Reims… à Montargis l’Alticiné, les cramés de la Bobine ont organisé un WE du nouveau  cinéma Italien.   Animé par Jean-Claude Mirabella, un universitaire, l’un des spécialistes et promoteurs reconnus du cinéma italien. Il parle de ce cinéma d’une manière savante mais pas trop, les spectateurs avec qui j’ai pu échanger l’ont jugé ouvert, compétant, sympathique. Impeccable.

Les films de ce Week-End ont réuni de nombreux spectateurs, particulièrement une famille Italienne de Gabriéle Muccino. Vous vous souvenez, « une famille se réunit  sur une île, pour célébrer les cinquante ans de mariage de leur aîné, un orage inattendu les surprend et ils sont contraints de cohabiter pendant deux jours et deux nuits ». Un film choral,  drôle, rythmé. Le personnage principal c’est  la famille. Un magma,  une chose qui tient ensemble et qui bouillonne avec ses petites et grandes rivalités internes, entre époux, entre frère et sœur etc… Bref rien de plus naturel en somme. Tous ces personnages sont magnifiques avec toutefois mon meilleur souvenir pour le couple Ginevra/Carlo. Ce film comme le signalait J.C Mirabella, la distribution  montre la vague montante, la fine fleur des jeunes et moins jeunes acteurs italiens.

 

Mais revenons au début, Fortunata de Sergio Castelitto, J.C Mirabella disait qu’il  commençait comme un très grand film qui, c’est dommage, devenait trop profus vers la fin. N’empêche, nous pouvons voir et revoir des films de ce tonneau-là. J.C Mirabella disait que le cadre des films italiens, était un protagoniste. Et en effet ce Rome des faubourgs et sa banlieue nous sortent de nos clichés habituels. Sans oublier  de signaler l’actrice principale, Jasmine Trinca, belle comme de grandes artistes italiennes à l’image de Sofia Loren par exemple, elle incarne l’optimisme, la résolution, le courage. Soulignons que les hommes ne sont pas franchement à leur avantage dans ce film.

 

Suit Bienvenue en Sicile de Pierfrancesco Diliberto (Pif).Pif, donc est un réalisateur sympathique, que nous avons eu l’occasion de voir à Tours, j’avais alors noté ceci : « Ça a l’allure d’une comédie, il y a des passages drôles et jamais vus, et ça gagne en gravité sans jamais perdre l’humour. On imagine que le réalisateur a été séduit par « la Vie est belle ». Le sujet qu’il traite est sérieux : Comment les États-Unis ont installé durablement la mafia en Sicile. Un film drôle et intelligent qui n’est pas sans rappeler une histoire actuelle ».Le personnage principal (PIF lui-même),  sans me l’expliquer, j’ai  sur la fin, une vague réminiscence de Forrest Gump. Un film qui arrive à parler d’une histoire grave et méconnue : la renaissance de la mafia à cause de décisions douteuses de Washington et qui en même temps est drôle, ce n’est pas si fréquent.

 

Et le soir Dogman de Matteo Garonne, un réalisateur important de ce jeune cinéma italien pour ce film primé à Cannes.  Ici encore le cadre est protagoniste, on est  saisi par ce quartier en déshérence, à la fois misérable et vivant, où vivent  pauvres, exclus et dealers. Idéal pour faire évoluer une brute épaisse, cocaïnomane,  barbare, incapable de concevoir qu’on lui résiste, ne reculant devant aucun affront, tel est Simoncino (Edouardo Pesce). Son « ami » c’est  Marcello (Marcello Fonte), un toiletteur de chien, un peu chétif, sensible, fragile,  souffre-douleur, dealer occasionnel qui finit par se venger. Mattéo Garonne une palette, une touche et l’humour.

 

Il Padre d’Italia de Fabio Molloavec qui commence les projections du dimanche, demeure mon préféré, non qu’il soit le meilleur mais c’est celui que je trouve le plus touchant. Une sorte de film entre road movie et picaresque, deux individus dissemblables,  faits pour se rencontrer, pour cheminer ensemble  d’un rateau à l’autre. Mia, une jeune femme borderline, Isabella Ragonese, prodigieuse, et Paolo, Luca Marinelli, l’acteur séduisant et caméléon que les habitués des cramés de la bobine ont  pu voir dans una questionne privata. Ce film aborde les thèmes  de la fuite en avant, de l’attachement et l’abandon. La fuite en avant, c’est le film. L’abandon est constitutif de la vie de Mia et de Paolo. L’attachement, c’est la magie très provisoire de la rencontre. Et rien que les dernières images du film sont émouvantes. On peut imaginer qu’Italia la nouvelle née de la fin du film va permettre à Paolo de s’élever en l’élevant. Après tout, Jean Valjean a commencé de même avec Causette.

 

Le Week-End se termine par Cœurs Purs de Roberto de Paolis,qui par ses décors dessine tout comme Dogman et Fortunata,une Italie en souffrance. Et par son thème, sa vitalité,  l’amour, si évanescent qu’il soit, donne la note d’espoir dans un monde ou le pire semble toujours à venir. Les Italiens n’ont pas peur d’être drôles quand ils sont sérieux, et inversement.  Curieusement, ce film en forme de conte moderne, est le seul des six retenus qui ne comporte pas la moindre  note d’humour. L’humour, cette forme de recul, cette touche, qu’on retrouve plus rarement dans le cinéma français. Alors de Paolis cinéaste à la française ? A suivre…

Sur ces deux journées à succès disons que  ceux d’entre nous qui ont vu histoire d’une nation sur France 2, savent que outre la culture…ce qui lie Italiens et Français, (et ce n’est pas toujours honorable pour les Français)

Et concernant la culture, il y a toujours eu des connivences, une proximité culturelle entre les Italiens et les Français, on ne s’étonne donc pas que le nouveau cinéma italien séduise autant que l’ancien.  « Nous l’avions tant aimé » !

…Et le public des cramés pourrait parler de ce WE de mille autres manières que celle-ci, tant il est connaisseur ou simplement curieux, et le plus souvent l’un et l’autre. Tout heureux du retour, sous une autre forme,  du génie créatif de ce Nouveau Cinéma Italien.

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