
Curieux ce synopsis, tellement dissocié du contenu du documentaire, après « pendant que les murs résonnent de ce qui se juge ici », tout le reste est presque hors-champ.
Donc, voici le Palais de Justice. Il est présenté par ses détails, comme les pièces d’un vaste puzzle dont nous ne connaîtrons pas l’ensemble. (Boiseries, pierres et serrures, mais aussi obscurité, étroitesse des lieux, WC à la turc en acier. Il y a aussi le bruissement des voix et des choses…chariots et serrures… et résonne parfois des clameurs humaines, sans doute hanté par le convoi du 24 janvier et quelques autres. Il y a aussi des personnages, ils sont là un peu comme dans un jeu des 7 familles, dont nous ne connaîtrions pas exactement les familles, un coursier intérieur et son diable porte-dossiers, une standardiste aveugle, souriante et jolie, des policiers de tous poils, des agents techniques, etc… et un instant, de loin, séparés par une vitre, des gens de loi, revêtus de « robes » rouges ou noires*(1), graves, assis dans un certain ordre, obscure. Ils apparaissent à la fois kitchs et solennels. Bref, ce que nous montre Y.Z, c’est un peu d’histoire, celle du palais et l’évocation de quelques « beaux assassinats » dans le lieu où on les traite. Un lieu aux fonctionnalités et aux pratiques vieillottes.
Curieusement, les seules allusions à la peine tiennent en un objet insolite, l’urne patinée : coupable, non coupable ( Urne qui nous assure-t-on a contenu des condamnations à mort). Ajoutons son complément, une broyeuse à papier électrique dernier cri. Sans elles on oublierait presque que ce palais est le pourvoyeur des prisons, lieu qui peut-être, avec le 16ème arrondissement de Paris, est le mieux préservé de la mixité sociale.
Il y a dans ce doc d’Y.Z une nostalgie sincère, le Palais représente un attachement, une Vie. Une vie d’observation et de travail pour décrire justice et injustices , nostalgie teintée d’ambivalence…(un peu celle de quelqu’un qui dirait c’était mieux avant dans un téléphone portable (2*) « dernière génération »,
…et ce matin, je tombe sur cette citation : « Le verdict ne vient pas d’un seul coup, la procédure se transforme peu à peu en verdict. » voilà qui, comme souvent avec Kafka, tombe à pic.
(1*)A ce propos, Françoise nous informe que l’hermine est remplacée par une peau de lapin… A la bonne heure!
(2*) ou une caméra si on veut.