Le temps a passé depuis le W.E Italien, et tout de même, j’ai aimé « Giulia » ce film touchant et sobre. Je voulais laisser une trace dans le blog.
Gros plan sur son visage joli mais un peu triste, sur sa chevelure intense remontée en ananas et sa robe d’été à bretelles. (Admirablement interprétée par Rosa Palasciano)
Elle est face à deux personnes pour un entretien d’embauche :
– Chi è Giulia ?
– Sono Io
Elle sort trois curriculum vitæ, tous différents, les deux recruteurs ont un léger mouvement…
– Comment vous voyez-vous dans l’avenir Giulia ?
– Avec une famille, un mari des enfants…
– À quoi rêvez-vous ?
– À la mer…
On devine la suite…
On la voit ensuite faire les poubelles, elle ne cherche pas à manger, non elle y ramasse des jouets d’enfants. On sent qu’elle les trouve précieux et beaux, qu’elle les aime.
Autre plan, elle est chez un jeune type, peut-être contacté par internet,
Ils ont fait l’amour, ils ne se connaissent pas mais au moins, elle a dormi quelque part. Déjà, il change les draps car sa copine doit venir. En partant, elle veut s’emparer du préservatif…
Elle fait des petits boulots, des courses pour une vieille dame et quelques heures d’animation dans une maison de retraite.
Là elle organise une partie de loto avec le jeu qu’elle a trouvé dans la poubelle. Elle chante aussi a cappella « Funiculi funicula »…(une chanson napolitaine à la gloire d’un funiculaire qui bien après fit un flop, car il n’a pas résisté aux coulées de lave). Sergio un jeune homme lui aussi précaire et admiratif de ses talents, lui propose de s’associer. Elle refuse.
Autre plan, elle va retrouver son ancien compagnon :
-Toi et moi, c’est fini lui dit-il, d’ailleurs j’ai rendez-vous chez ma sœur.
-J’y vais avec toi…
-Mais tu n’as jamais aimé ma sœur !
L’ancien compagnon est attablé avec sa sœur, son mari, et d’autres invités, arrive Giulia, elle dit : « J’ai apporté le dessert », elle sort des biscuits industriels sous célophane, récoltés çà et là… L’accueil est froid, réprobateur et gêné.
On ne sait de sa bizarrerie et des événements de sa vie, comment ils se confortent pour aboutir à tant de précarité matérielle et morale. La vie de Giulia est ainsi faite, peu adaptée à la vie sociale en général et très adaptée et même fantaisiste dans les espaces de combats et de survie où elle est confinée.
Son rêve d’une vie comme tout le monde, de mère de famille, ce Graal se heurte à la réalité. Sergio, un type qui lui ressemble éprouve des sentiments pour elle, et sans doute, une histoire aurait pu naître, mais elle se méfie. On ne sait si c’est la peur de perdre ou l’anticipation de la vie future avec ce garçon, une vie faite de mouise et d’échecs, de petits boulots et de petites combines, une fuite sans fin.
Tout le film nous montre les élans de vie et de joie de Giulia, et leurs impasses, toujours…
En final de cette vie entrevue, on la voit de dos, gracieuse, son épaisse chevelure remontée sur le dessus de la tête, comme à son habitude. Elle plonge dans la mer, (la mer!) elle nage, elle nage d’un style gracieux et décidé…la caméra la suit sur la gauche, puis elle se décale pudiquement sur la droite… La plage, la mer calme, il fait beau.
Laissant les spectateurs sur leur fin…
Georges
La juxtaposition de personnages différents (matérialistes vs fantaisistes) est toujours un régal et j’aime beaucoup la thématique du film. Je te remercie pour ce bel article qui ne me laisse pas sur ma fin ! Et n’est pas sans me rappeler Louise Wimmer de Cyril Mennegun.