Si ce n’est pas un des films les plus connus de Ernst Lubitsch, « One hour with you » réalisé en 1932, est une belle illustration de la « Lubitch touch », ce savant dosage de luxe, d’humour et d’érotisme, l’élégance et sophistication dans la satire, le rythme et l’utilisation de l’ellipse pour faire du spectateur un personnage à part entière.
La « Lubitsch touch », c’est aussi la façon subtile d’utiliser l’ellipse pour provoquer l’émotion, l’émotion déclenchée aussi par un signe particulier, un indice, une image-situation, c’est le moyen subtil aussi de faire avec, de contourner la censure de l’époque pour tourner des scènes très sexuelles !
Tout commence par le branle-bas-de-combat de flics parisiens chargés de traquer les couples illégitimes dans les parcs. « C’est le printemps ! » L’ordre est donné de vider les parcs… pour remplir les bars et faire tourner le commerce !
Et tout finit par un cours d’amoralisme conjugal : l’adultère, réel ou imaginaire, permet de faire triompher le bonheur et l’euphorie.
Beaucoup de sexe dans ce film jubilatoire.
Mitzi, faussement malade, se voit prescrire par le docteur Bertier « un remontant, trois fois par jour ». Administré par ses soins, il va sans dire.
Et le noeud pap évidemment. Mitzi le défait « Pourquoi avez-vous fait ça ? gémit-il. « Mais les noeuds, ça me connaît, ô combien ! » réplique Mitzi…
Il fallait ruser avec la censure et Ernst Lubitsch est très doué
Il va vite, très vite et rend le spectateur complice de son esprit.
Il fait dans son œuvre, on le sait, preuve d’une certaine… souplesse quant à l’impératif de fidélité conjugale.
S’ils sont si bons amants, Colette et André devraient se suffire. Mais le désir ne fonctionne pas en terme de satiété.
Placer la fidélité au cœur de cet éloge de la séduction et de la sensualité est bien sûr une astuce pour tromper la vigilance de la censure;
Oui, André Berthier est heureux en mariage et, à tous les hommes qui s’ennuient chez eux, il conseille ce petit tour polisson au parc. Comme sa femme l’appelle mon chéri et qu’il répond de même, il commente ces apartés et indique au spectateur au moyen du discours-caméra, figure boulevardière par excellence, qu’il va maintenant rentrer dans la chambre. Le couple entonne alors en chœur « avec une simple alliance tout est permis : tout est légal, quel régal ! »
Chez Lubitsch, la musique joue un rôle très important en tant que suppléante de la parole et véritable « personnage ».
Dans « Angel », le thème mélodique (signé Friedrich Holländer) improvisé par un violoniste tzigane, le soir où Lady Barker et Anthony Halton se rencontrent, va précipiter l’action : Lady Barker le joue sur son piano et le fait passer pour une composition personnelle auprès de son époux, mais celui-ci entend via le téléphone Anthony Halton l’interpréter également. Le pot-aux-roses est découvert !
C’est Oscar Straus, autrichien et auteur à succès d’opérettes, qui compose la musique originale de « One hour with you » (il signa aussi la musique de «Madame de …, le thème de la valse, de Max Ophüls)
Ernst Lubitsch regardait la vie et ses concitoyens avec recul et malice
« Ma théorie de base est que l’être le plus digne est ridicule au moins deux fois par jour »
Maurice Chevalier et son accent gouailleur, Jeanette MacDonalds, Genevieve Tobin … dans les décors et robes 1930
« One hour with you » est un bonbon acidulé.
Marie-No