« Loving » de Jeff Nichols (2)

nominé au Festival de Cannes 2016 et aux Golden Globes 2017Du 16 au 21 mars 2017Soirée-débat mardi 21 à 20h30
Présenté par Chantal Levy et Georges Joniaux

Film américain (vo, février 2017, 2h03) de Jeff Nichols avec Joel Edgerton, Ruth Negga et Marton Csokas

L’histoire des époux Loving est bouleversante.
C’est une histoire qui nous réconcilie, un peu, momentanément, avec la nature humaine. L’heureux dénouement est acté, entériné. C’est réglé. En apparence. Car l’opinion publique, le verdict populaire sur le mariage mixte, qu’il s’agisse de couleurs de peau, de religions, d’origines sociales, restent implacables, aux Etats-Unis comme dans le reste du monde. On sait bien que rien ne sera sans doute jamais réglé, au fond.
Le film raconte le chemin des époux Loving qui a mené à l’arrêt « Loving v.Virginia », abrogeant, en 1967, les dernières lois contre le métissage. Force est de constater que si Jeff Nichols a voulu nous raconter cette histoire sans pathos, tout en retenue, c’est réussi. Trop. Car, justement, c’est ce qui m’a rebutée. Qu’il n’enfonce pas, quand même, un peu le clou. Le climat social était violent en 1958 ! Et le sujet est tellement grave.
J.Nichols décide de nous faire deviner. Pas à demi mot, ici, car on ne parle pas beaucoup, mais à tel et tel regard … Dans le contexte, ça ne pouvait pas se passer comme ça. Le sujet de la ségrégation est violent en soi. Exemple : le pavé enveloppé de l’article de journal, ne peut pas avoir été déposé gentiment sur le siège ! Il ne peut qu’avoir fracassé le pare brise. Comme la scène du prisonnier noir que le policier fait passer devant la cellule de Mildred en disant qu’il devrait le mettre dans la même cellule qu’elle. On imagine la suite. Subtilement, Jeff Nichols choisit de nous le suggérer.
Et j’ai trouvé la scène cruciale du bar complètement ratée, surjouée. Trop et pas assez.

Mais, surtout, ce que je n’ai pas aimé c’est la version que Jeff Nichols fait de Richard.
Il veut tellement qu’on comprenne son origine modeste, son esprit simple qu’il en fait un personnage quasi simple d’esprit ! C’est effrayant. Ce n’est pas parce qu’on est simple, qu’on n’a pas d’esprit. Il n’est pas comme ça, Richard. Ils n’étaient pas comme ça les Loving. Ils sont simples mais surtout jeunes, amoureux, vivants, quoi ! Leur amour inconditionnel aurait mérité d’être plus palpable . Il manque pour moi un élément essentiel dans ce film : l’étincelle au fond des yeux de Richard (et Dieu sait qu’elle n’y est pas l’étincelle !). Cette étincelle qu’on voit très bien, à la fin du film, sur la photo des vrais Loving : Richard et Mildred sont sur le sofa. Richard s’est allongé et a posé la tête sur les genoux de Mildred. Il rit. Elle rayonne. Ils sont en fusion.

J’aurais voulu que le cas Loving soit traité autrement.
Voilà, je suis passée à côté du film et je me sens bien seule …

Marie-Noël

PS : mais qu’est-ce-qui a poussé J.Nichols à faire faire ce brushing bizarre (zarbi serait plus approprié) à la pauvre petite Peggy ???

 

 

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