Atlantique-Mati Diop

Soirée débat mardi 3 décembre à 20h30

Film franco-sénégalais (octobre 2019, 1h45) de Mati Diop avec Mama Sané, Ibrahima Traore et Abdou Balde

Synopsis : Dans une banlieue populaire de Dakar, les ouvriers d’un chantier, sans salaire depuis des mois, décident de quitter le pays par l’océan pour un avenir meilleur. Parmi eux se trouve Souleiman, qui laisse derrière lui celle qu’il aime, Ada, promise à un autre homme. Quelques jours après le départ en mer des garçons, un incendie dévaste la fête de mariage d’Ada et de mystérieuses fièvres s’emparent des filles du quartier. Issa, jeune policier, débute une enquête, loin de se douter que les esprits des noyés sont revenus. Si certains viennent réclamer vengeance, Souleiman, lui, est revenu faire ses adieux à Ada.

Présenté par Marie-Christine Diard

Dans une banlieue populaire de Dakar, les ouvriers du chantier d’une tour futuriste, sans salaire depuis des mois, décident de quitter, sans prévenir, le pays par l’océan pour un avenir meilleur.

Parmi eux, se trouve Souleiman, l’amant d’ADA, promise à un homme riche qu’elle n’aime pas. Quelques jours après le départ des garçons, un incendie dévaste la fête de mariage de la jeune femme et de mystérieuses fièvres s’emparent des filles du quartier.

Ce film, qui tient à la fois du documentaire et du film fantastique, et dont l’originalité consiste à suivre celles qui restent les yeux rivés sur l’océan houleux : les petites amies, les sœurs, les mères de ces migrants, a été réalisé par  la franco-sénégalaise, Maty Diop et est soutenu :par Claire Mathon, cheffe opérateur habituée des démarches documentaristes,

par Fatima Al Qadiri dont la musique électronique prend en charge toute la dimension invisible du film. Tout ce qu’on ne voit pas et qu’on ne peut pas filmer : le monde des esprits. Cette musique qui est sombre, sensuelle, hantée tout en étant ancrée dans une réalité géopolitique très précise, est nourrie d’éléments populaires et folkloriques qui incarne la tension de ce film déchiré et coupé entre l’Afrique et l’Europe.

Le choix du genre cinématographique provient des dimensions documentaire et fantastique inhérente à la réalité vraie ou simplement fantasmée. C’est aussi un film sur la hantise, l’envoûtement et l’idée que les fantômes prennent naissance en nous : les garçons morts en mer reviennent en prenant possession des femmes aux yeux révulsés, zombifiés car ils n’ont pas de sépulture mais aussi parce qu’ils ne seront pas en paix tant que l’argent qu’on leur doit ne sera pas rendu.

En effet, pour la réalisatrice, il n’y a pas d’un côté, les morts en mer et de l’autre les jeunes en marche. Les vivants portent en eux les disparus qui en partant avaient emporté quelque chose des vivants restés à terre. Les fantômes qui hantent ce film et les vivants, représentent toute une génération sacrifiée, condamnée à l’errance, à l’exil ou à la mort.

En ce qui concerne les interprètes, un casting sauvage a eu lieu à Dakar, dans l’environnement social des personnages du film, ce qui n’était pas une nouveauté pour la réalisatrice car elle n’avait jusqu’à présent travaillé qu’avec des acteurs non professionnels.

Le personnage d’Ada, trouvé après 7 mois de recherche, est interprété par Mama Sané, une actrice non professionnelle. Ada qui passe de la vie d’adolescente à femme. Autre acteur non professionnel : Ibrama Traoré qui interprète Souleiman.

Enfin, il est à remarquer que les plus beaux moments du film sont matérialisés par :

des plans larges de la périphérie de Dakar surplombée par la fameuse tour géante, un fantôme architectural, 

un champ-contrechamp amoureux séparé par le passage d’un train,

la mer agitée comme une séduisante chimère, le soleil dont la couleur des rayons résonne avec les sentiments des personnages.

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