Week-End Jeunes Réalisateurs 26 et 27 mars 2022
7 films, 7 mondes
Premier film du week-end, un pur moment de cinéma, la douce imprégnation d’une histoire fascinante dans l’écrin des images superbes du chef opérateur : David Mabille (France de Bruno Dumont)
Dans les années 60 (1860), Louis, photographe français célèbre qui s’ennuie à Paris, réussit à se faire envoyer au Mexique pour prendre des clichés de la guerre coloniale qui oppose français et mexicains et devenir en quelque sorte le premier reporter de guerre. Conflit sanglant, « l’expédition du Mexique », eut bel et bien lieu de 1861 à 1867, sous la direction de Napoléon III.
Seul et ignorant, Louis se perd dans ce territoire et passe son temps à chercher désespérément le lieu des combats, et à survivre. Le film réussit à faire passer les ressentis de Louis : on a faim, on a mal, on a peur. Comme lui. Bientôt accompagné par Pinto (Cosme Castro), un campesino mexicain qui lui a sauvé la vie, on assiste à la naissance d’une amitié entre ces deux-là qui ne parlent pas la même langue et ne peuvent communiquer que par les bonnes ondes qu’ils s’envoient.
Louis lui ayant transmis son art, Pinto partira photographier ses vivants.
C’est fort, subtil, délicat. On sillonne avec eux la sierra avec un petit passage poétique comme un rêve dans la selva nimbée de lucioles, âmes légères …
Passant par une formidable scène de guerre, fake news XXL, véritable mise en scène, allant jusqu’à échanger les vêtements des soldats, pour composer un « cadre » et rapporter leurs images « bankable » !
On s’achemine vers le cœur de l’histoire, la marche éperdue de Louis vers son enfant, vers la folle recherche du cliché inexistant, inaccessible, impossible. Les kilos de matériel dont il se charge illustre l’encombrement qui est le sien et qu’il porte vers la bataille, l’ultime bataille, son chemin de croix vers sa délivrance. Comme il doit souffrir, persévérer pour atteindre son fantôme !
Le rôle de Louis devait, au départ, être tenu par Bouli Lanners qui n’était pas libre et on peut juste imaginer qu’avec Bouli Lanners, ça aurait été une autre version de cette histoire, un autre film donc.
Pour l’heure, Malik Zidi est formidable dans le rôle et son physique très jeune le mène à se confondre avec l’absent, nous mène à l’assimiler à ce fils disparu qu’il finit enfin par rejoindre.
Vers la bataille est un long métrage bouleversant et sensoriel, rempli d’idées de cinéma et si bien accompagné par la musique bluesie de Stuart Staples
Aurélien Vernhes-Lermusiaux ne puise pas son sujet dans son vécu, ce n’est pas autobiographique et c’est à souligner car assez exceptionnel pour un premier film.
Un premier film en costumes qui impressionne par son ampleur, par le sujet, les décors … Un premier film audacieux et ambitieux.
Un premier film demande une grande foi et beaucoup d’abnégation.
Aurélien Vernes-Lermusiaux, venu nous parler du sien, nous dira qu’il lui aura fallu 7 ans … 7 ans pour faire aboutir son projet !
La foi, Aurélien Vernhes-Lermusiaux l’a, sans aucun doute.
Il est habité par le cinéma. Le cinéma existe, il l’a rencontré !
Ce Week-End Jeunes réalisateurs a pour ambition de faire découvrir les nouveaux réalisateurs, ceux qui prendront la suite.
Aurélien Vernhes-Lermusiaux promet de venir présenter son second long métrage aux Cramés de la bobine.
Début de tournage janvier 2023, rendez-vous donc en 2024.
Marie-No