Quel film avez-vous détesté ? Aujourd’hui : Elle de Paul Verhoeven

Thalia nous confessait son ennui face à Barry Lyndon, pourtant salué par la critique.

Inspirée par son article, j’ai décidé de revoir un film que j’avais détesté au cinéma pour être sûre de ne pas avoir changé d’avis tant la critique est dithyrambique.

Et bien non, je le confesse, je déteste… Elle de Paul Verhoeven que tout le monde a trouvé génial, m’a recommandé et qui a eu des prix nombreux.

Elle (#1 of 4): Extra Large Movie Poster Image - IMP Awards

Non mais, Elle ? Vraiment ? Je suis peut-être passée à côté du film, il y a peut-être deux films éponymes avec Isabelle Huppert, je cherche à comprendre parce que ça me semble insensé qu’on puisse apprécier cette mascarade. Je vais tenter de défendre mon point de vue sans demi mesure, quitte à irriter ceux qui l’ont aimé, le film m’ayant tellement irrité moi-même (deux fois), qu’ils me doivent bien ça !

D’abord, le propos du film lui-même me semble douteux.

Après avoir donné l’impression de banaliser le viol, tellement la violence vécue ne semble pas avoir touché la protagoniste principale qui en a été victime (qui est certes, de par son histoire, particulièrement insensible), cette agression devient carrément désirable et désirée par cette dernière. 

Ce qui me pose deux problèmes.

Un problème d’abord éthique, je trouve discutable l’idée de mettre en scène une histoire où le viol est au mieux anodin, au pire enviable : le fantasme du viol, belle invention masculine. Mais la qualité d’un film ne doit pas être évalué à son éthique. Ce n’est donc pas le plus grave.

Le deuxième problème l’est plus. Cette banalisation est absolument irréaliste et sort le spectateur de toute empathie pour le personnage, mais pire encore, de toute foi en l’histoire. Dès les cinq premières minutes, les scènes sont si peu crédibles qu’il est impossible d’y croire. MichElle (je vous laisse imaginer mes yeux monter au ciel pour tenter de se délester de tant de lourdeurs) se fait agresser chez elle, peut-être violer dit elle à ses proches au restaurant, reçoit des messages d’un manque de finesse affligeant, mais continue sa petite vie. L’empathie étant l’un des moteurs du cinéma, je ne peux m’empêcher de hurler intérieurement en me disant «non mais sérieusement, tu te fais violer et tu travailles tranquillement dos à une baie vitrée d’où est venu ton agresseur ?» «Tu fais changer les serrures mais quand on te dit que la porte cassée restera ouverte, tu réponds « ah, tant pis. » » « Après avoir stigmatiser (au sens chrétien du terme) avec une paire de ciseaux le violeur avec son masque de ninja, c’est lui que tu appelles pour venir te sauver après avoir eu un accident ???».

‘Elle,’ Starring Isabelle Huppert as a Rape Victim Who ...

Et Paul Verhoeven pousse cet irréalisme à un niveau jamais atteint. J’aime l’absurde, au théâtre notamment. Mais malheureusement, ce n’est pas l’absurde qui dérange dans ce film, mais les trop nombreuses absurdités. Le point culminant étant quand le fils de Michelle et sa petite amie, tous deux blancs comme neige donnent naissance à un bébé noir, et que personne ne trouve rien à y redire. Et comme le scénariste n’a absolument pas confiance en son public, il en rajoute encore en montrant le meilleur ami du dit papa, noir bien sûr, sourire bêtement en attendant l’accouchement. Mais Paul, franchement, tu nous prends pour quoi ?

Sans compter que :

  • Les personnages n’ont pas la moindre profondeur, ils sont caricaturaux et stéréotypés au possible : la voisine catholique pleine de bienveillance qui installe une crèche géante pour noël, le fils décérébré, la belle fille hystérique, la mère cougar et son gigolo, la meilleure amie avec qui elle fonde un studio de jeux vidéos aussi peu crédible que cliché et à qui elle fait des petits bisous lors d’une soirée pyjama improvisée, et son mari débile mais avec qui elle couche pour parfaire le manque d’originalité.
  • Les dialogues sont dignes du café du commerce :

– J’ai une bombe lacrymogène.
– C’est bon à savoir !

– Montrez moi, j’ai fait du foot, les blessures à la jambe ça me connaît !

À son ex mari :

«Tu dirais que je suis étroite pour mon âge ?».

  • Les acteurs pourraient essayer de leur donner un peu de profondeur, mais non, on touche le fond à grand renfort de mouvements de mains guignolesques et de regards beaucoup trop appuyés. Isabelle Huppert m’est depuis devenue insupportable et Laurent Lafitte n’a fait que confirmer ce que je pensais de son regard creux et de son sourire niais.
You Couldnt Make It Up Isabelle Huppert GIF by Film ...

Rien n’est à sauver.

Les critiques disent que c’est drôle. En effet j’ai ri devant le film. Mais nerveusement tellement le ridicule des scènes et du jeu des acteurs sont affligeants. Mais ça dure tellement et c’est tellement tordu que la dernière parole de Virginie Efira : « Merci de lui avoir donné ce dont il avait besoin, pour un temps au moins» donne moins envie de rire que de vomir.

Bref, j’ai détesté Elle, et je laisse ceux qui l’ont aimé détester cet article comme doux retour de bâton. 

Une réflexion sur « Quel film avez-vous détesté ? Aujourd’hui : Elle de Paul Verhoeven »

  1. 👏👏👏 Bravo, Pauline ! Je suis entièrement d’accord avec toi.
    J’avais détesté ce film encore que détesté est peut-être un peu fort. Même pas la matière nécessaire à la détestation 😀
    Je me souviens avoir fait un article dans le blog, je crois même que c’était mon premier, mais je ne le retrouve pas.

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