Paterson de Jim Jarmusch (2)

 

Présenté par Jean-Pierre Robert

 Film américain (décembre 2016, 1h58) de Jim Jarmusch avec Adam Driver, Golshifteh Farahani et Kara Hayward

Synopsis : Paterson vit à Paterson, New Jersey, cette ville des poètes, de William Carlos Williams à Allen Ginsberg, aujourd’hui en décrépitude. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura, qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme et de Marvin, bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas…

 Avec Paterson, Jim Jarmusch réalise un exercice de style. De style minimaliste. Peu d’acteurs, peu de dialogue, une musique réduite à quelques sons…peu de tout.

Il nous présente un film dont l’originalité tient au fait que son histoire n’a aucune originalité, puisqu’il filme la banalité même d’une vie quotidienne, ritualisée, d’un couple ordinaire (pas tout à fait). Soit une femme au foyer et un chauffeur d’autocar, dans une ville ordinaire, pauvre où il ne se passe pas grand chose.

Elle, fait de la décoration d’intérieur, des expériences culinaires, et se rêve musicienne. Lui, écrit des poèmes, une poésie des choses ordinaires, des petites choses de la vie -La magie de ces petites choses qui lorsqu’elles se déploient, font entrevoir en un surgissement, l’Univers-

Et de même que lorsque l’autocar de Paterson tombe en panne, « il ne se transforme pas en boule de feu », en amour, on ne voit pas ce couple se désirer, s’étreindre ou s’embrasser furieusement. Jarmusch nous montre deux personnes  simplement heureuses de vivre ensemble, de se comprendre – De s’accorder- Paterson, fable poétique, est avant tout un film d’amour.

C’est  un film pour « les foules sentimentales d’Alain Souchon », un enchantement simple.

Mais peut-être en fin de compte préférions nous ceci ?

« S’asseoir au volant d’une BMW, toucher l’écran d’un iPad, entrer dans un magasin Sephora, acheter des chaussures sur Zappos : autant d’expériences uniques. Guy Kawasaki vous livre ses secrets pour parvenir au même degré d’enchantement que ces marques célèbres. »Robert Scoble, blogueur sur Rackspace.

J’ai la faiblesse de ne pas le croire.

Georges

 

 

 

3 réflexions au sujet de « Paterson de Jim Jarmusch (2) »

  1. Ce n’est, à mon sens, certainement pas un film d’amour ou alors d’amour tiède. A trente ans ???
    Paterson est sous l’emprise de Laura qui, bien que « roots » en apparence, est bien à l’aise pour commander sur internet une guitare (très belle par ailleurs), sa nouvelle lubie, qu’elle ne peut pas payer mais ça ne fait rien, elle négocie un crédit et il pourra rembourser en plusieurs fois. Cool !
    Elle a une vocation par jour et consomme à fond les ballons ! Un jour c’est la guitare, le lendemain les rideaux, le surlendemain la peinture, après ça les ingrédients pour les cupcakes. Fatiguant pour un garçon comme lui. Ca sent la poudre d’escampette …

  2. Ah Marie-Noël ! Quand je lis ton commentaire, je suis presque convaincu et… toujours la note drôle… Je suis un fidèle lecteur. Cependant, j’ai une autre lecture de ce film. Et de ce pas, je vais essayer de la préciser.

    D’abord tous ces personnages sont attachants et paradoxaux : Un joueur d’échecs qui s’inflige une pâtée magistrale, un suicidant qui menace tout le monde avec un pistolet à balle de mousse, un contrôleur qui évoque ses malheurs avec humour, un chien qui dévore la poésie, un touriste japonais qui comprend qu’il parle à un poète et le montre d’un cadeau symbolique.

    Et surtout une relation de couple faites de milles petites attentions. Elle : aime décorer, prépare les repas du midi en y ajoutant sa photo, s’intéresse à l’œuvre de son époux, « apprécie » son odeur de bière. Lui : est attentif à ce qu’elle créé, mange une tarte au cheddar fondu et choux de Bruxelles préparée avec amour par sa femme et la trouve bonne…et quoi d’autre ? Rien que par cette tarte, c’est un héros de la vie quotidienne !

    Paterson est une fable, une fable poétique. Une utopie. Une tentative de nous montrer un monde où les gens seraient bienveillants. Simples, compréhensifs et légers, où chacun chercherait à donner à l’autre ce qu’il a de meilleur.

  3. C’est toujours intéressant de confronter deux commentaires aussi différents. Paterson et sa compagne sont très attendrissants dans leur volonté de mettre de la poésie dans leur vie, au travers des petites choses du quotidien… et je pense qu’ils y parviennent très bien car ils dégagent du bonheur – que demander du plus? Ce film peut être vu comme un éloge du bonheur sans chercher midi à quatorze heures ; une leçon de bonheur simple. Qui a dit « Une vie simple aux travaux ennuyeux et tranquilles est une œuvre de choix qui veut beaucoup d’amour » ? Mais là encore, c’est un autre point de vue !

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