Le nom des gens – Michel Leclerc-Prades 2023

Une cuvée très drôle, comique et humaniste. (Ça fait du bien !)

 » Le nom des gens » est sorti en novembre 2010 et beaucoup d’entre nous en avait de bons souvenirs mais lointains. Le revoir fut un vrai délice et une franche rigolade mais pas que.

Il s’agit du second long-métrage du couple Baya Kasmi et Michel Leclerc, les scénarios étant écrits à quatre mains et en général, leur vraie vie est à la source de leurs histoires filmées.

Leurs films sont ouvertement politiques et de gauche. Pour eux  » l’objectivité c’est la conscience du parti pris », d’où la présence de Lionel Jospin, ancien Premier ministre socialiste qui joue dans le film et prononce ses propres paroles tandis que la France est dirigée par Jacques Chirac (à l’époque la droite c’est l’UMP). Cette apparition de Jospin (justifiée par le fait que le personnage masculin, Arthur Martin interprété par Jacques Gamblin est fan de Jospin et c’est son cadeau d’anniversaire). Séquence surprenante et très drôle qui vaudra à L. Jospin de fouler le tapis rouge de Cannes.

C’est l’histoire d’une jeune femme, la trentaine, extravertie, interprétée par l’extraordinaire Sara Forestier (M. Leclerc nous expliquera que le rôle avait été proposé à Leila Bekhti et Maïwenn, qui avaient refusé car il y avait des scènes à poil). Elle s’appelle Bahia Benmahmoud et tout le monde pense qu’elle est brésilienne alors qu’en fait sa mère est une bobo française et son père un immigré algérien. Lui, c’est Arthur Martin comme l’électroménager, superbement interprété par Jacques Gamblin et dont le père dans le film est l’acteur Jacques Boudet (reconnu grâce à ses rôles chez Guédiguian).

Elle est vraiment de gauche et pense que  » tous les mecs de droite sont des fachos » alors pour que la gauche l’emporte elle décide de coucher avec le maximum de mecs de droite pour les convertir aux idées de gauche. Et c’est là que sa route croise celle d’Arthur Martin. Elle pense qu’il est de droite, en fait il est vaguement d’origine juive, partisan acharné du principe de précaution (c’est un scientifique spécialiste de la grippe aviaire) et politiquement il aime Jospin…

Une comédie politique, qui fonctionne aussi bien dix ans après. Oui car ce n’est pas un film militant mais avec un humour constant, une belle histoire d’amour, un rythme effréné, des acteurs au top dont la formidable Sara Forestier qui en 2011 décrochera le César de la meilleure actrice. Sous des dehors un peu foufous et un foisonnement de scènes se révèle des sujets graves ; l’identité, l’histoire familiale et celle de la France, la colonisation, le communautarisme, l’intégrisme religieux, la laïcité.

Les références cinématographiques de M. Leclerc sont ici celles de Woody Allen et de R. Guédiguian. L’image incorpore le « 8 mm » et le « 16 mm » sur la vidéo HD, tandis que la musique originale mêle le romantisme aux rythmes orientaux, toujours le mélange. Mélange des espaces, des temps, des idées.

Le couple improbable du film ressemble finalement à tous les couples français et le film se termine par une naissance et l’élection de N. Sarkozy. Le bébé crie tandis que M. Mathieu braille La Marseillaise… Arthur et Bahia avec leur bébé se promènent main dans la main, tandis que la voix off pose une question le film :  » de qui nos enfants seront-ils les étrangers ? » Donc l’espoir reste on peut construire un monde pour tous les êtres humains.

Merci à Michel Leclerc pour sa sincérité, son franc-parler, son humanité et son humour indéfectible.

Françoise

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