Comme tous les ans c’est un énorme plaisir de retrouver les personnes qui nous accueillent avec tant de gentillesse à l’Hostalrich et au cinéma le Lido, de prendre nos repas et de flâner dans ce jardin paradisiaque et surtout de se retrouver tous ensemble les Cramés de Montargis, autour de ces pique-niques en soirée.
Maintenant un peu de cinéma – une année assez inégale, mêlant d’impérissables chefs-d’œuvre bien sûr certains films de G.W.Pabst dont «Loulou» «La rue sans joie» et inconnu mais génial «La tragédie de la mine» et d’autres films plus décevants-
Dans la rubrique « belles découvertes », il y a tous les films de Rafi Pitts dont le très beau «Sanam» une belle œuvre, colorée, déchirante sur le plan humain, et bien en correspondance avec cet homme exilé au pays de Trump qui nous parle si bien de ses films de son pays l’Iran et des autres pays d’exil.
Les plus belles pépites viennent d’un réalisateur chevronné, Tony Gatlif et d’une très jeune réalisatrice italienne, Irène Dionisio.
Cette jeune femme qui s’exprime parfaitement en français et qui après des documentaires s’est lancée dans un premier long de fiction «Le ultime cose» nous livre au travers de trois portraits de turinois, tous plus ou moins en difficulté une peinture acerbe et humaniste de la société italienne, de ses travers, de ses mutations au travers d’un mont-de-piété et des objets mis en gage (un cadre, un manteau de fourrure, des bijoux).
Un couple âgé à la retraite, mais qui n’arrive pas à joindre les deux bouts et dont le mari arrive à des magouilles financières pour s’en sortir et aussi aider sa fille et son petit-fils.
Un transsexuel (très émouvant) qui se débat avec un passé douloureux, les problèmes quotidiens d’argent, une mère distante, et se résout à abandonner une partie de sa vie plus heureuse.
Et un jeune expert qui découvre comment une banque et ses dirigeants dépouillent sciemment les plus pauvres de cette ville. Un film plus complexe qu’il n’y paraît, et qui habilement, par l’intermédiaire des objets (La dernière chose) nous parle des humains aux prises avec la crise de la société, de l’économie.
Une jeune réalisatrice qui filme à la bonne distance, qui sait où elle va, ce qu’elle veut. Vraiment une belle rencontre.
Enfin une mention spéciale pour le dernier film de Tony Gatlif «Djam», une pépite même si le rythme du film est inégal (dans la première partie). Ce portrait d’une jeune femme qui danse, chante, le rébétiko, et déambule de la Turquie à la Grèce, occasion de multiples rencontres est haut en couleur, dynamique (l’actrice est formidable).
Surtout sur un sujet dramatique, l’exil et le dénuement matériel, le film grâce à son énergie, à ses couleurs, sa musique, est porteur d’espoir et nous donne une pêche d’enfer.
Merci à tous ces réalisateurs d’exister, sans qui notre vie et nos imaginaires seraient bien pauvres.