Le dernier jour d’YITZHAK RABIN

LE DERNIER JOUR
D’YITZHAK RABIN
Nominé à la Mostra de Venise 2015
Semaine du 18 au 23 février 2016
Soirée-débat mardi 23 à 20h30

Présenté par Sylvie Braibant en présence de la scénariste  Marie José Sanselme
 Film israélien (vo, décembre 2015, 2h30) de Amos Gitaï avec Ischac Hiskiya, Pini Mitelman et Tomer Sisley

 

Chers Amis cramés bonjour,

Je ne sais pas si vous étiez dans la salle hier pour voir ce film, si vous n’y étiez pas, vous avez doublement loupé. D’abord, c’est Marie José Sanselme, coscénariste d’Amos Gitaï qui présentait ce film. Elle ressemble à son film, elle est précise, mesurée. Ensuite, c’est un très bon film qui tient du documentaire, qui en a la rigueur, et qui avec ses 2heures30 passe très vite parce qu’il a du rythme, qu’il est remarquablement scénarisé. Durant la discussion, nous n’avons pas manqué de souligner que jusqu’à sa musique, ce film est impeccable.

Comme nous tous dans la salle, je connaissais l’homme Yitzhak Rabin et son assassinat, j’en savais le contexte. Ce que je ne savais pas, c’est la mécanique de cet assassinat. Lors de la discussion, quelqu’un d’entre nous évoquait l’assassinat de Jaurès… même climat de haine et mêmes haineux, mêmes déchainements ; même type d’assassin…sûr de son fait.

Cela étant dit, je souhaite ici réagir aux propos que j’ai entendus, et qui me faisaient un peu gesticuler dans mon fauteuil, non parce que je pense détenir une vérité, mais plus simplement pour en débattre, si le cœur vous en dit :

Il a beaucoup (trop) été question de l’intégrisme religieux dans le débat d’après film. Eh bien, je trouve que nous avons là une fausse cause. Dieu n’a rien à voir là dedans. Je l’affirme, bien que jusqu’à présent, il soit arrivé à se passer de moi comme défenseur. L’idée religieuse n’est à mon sens que l’apparat dont s’habille les extrémistes politiques, les va t’en guerre – Une subversion du religieux à des fins tout à fait terre à terre- (C’est le cas de le dire). Certes certains hommes projettent  leur flamme et leur folie dans l’idée religieuse, mais les sincères sont-ils si nombreux? Pour beaucoup, la religion n’est qu’une autre manière d’affirmer une puissance. Une puissance politique partout, jusque dans leur lit. Leur kitch, leur ostentation les dénoncent, comme ils dénonçaient Tartuffe.

Quelqu’un dans la salle comparait à Daesh l’assassin de Rabin. Je trouve que c’est aller un peu vite en besogne, car contrairement aux combattants de Daesh, relativement bien rémunérés en moyenne, ce tueur n’a certainement pas été payé pour tuer. Non, l’assassin de Rabin est un bénévole, un pur. Il est sincère et « providentiel ». Il est tellement sûr de son fait, qu’il se demande comment on peut lui reprocher une chose pareille. Et ça… ce mariage à l’intérieur d’un même homme, de la stupidité la plus crasse avec une intelligence normale, c’est déprimant. Avec des gens comme lui, les Tartuffes ne manqueront jamais de moyens au service de leurs fins haineuses.

Georges

 

PS : Rassurez-vous, autre article, autre auteur sur ce sujet en préparation. G

 

 

Une réflexion sur « Le dernier jour d’YITZHAK RABIN »

  1. Propos sur la séquence « justification par une psychologue de la «nuisance» d’Yitzhak Rabin »:
    Il n’y a pas de fumée sans feu, dit-on, « s’il n’y a pas de feu, un bon tas de fumier bien frais fera aussi bien l’affaire » ajoutait Alexander Roda Roda.
    Sur la séquence de la psychologue, j’ignore comment a été documenté le discours de la psychologue, s’il est authentiquement reproduit. J’ignore si le personnage « passionnel » de cette psychologue du film est fidèle à la vraie. Mais dans le réel, il est certain qu’une psychologue a été consultée par les religieux extrémistes. Elle ne l’a pas été dans un souci de modération ou d’objectivité, mais pour apporter sa pierre à un système de négation et destruction. Dans le film, elle allègue que Y.Rabin est fou, elle reproduit fidèlement une description livresque de la schizophrénie à la façon des grands aliénistes Bleuler et Kraeplin qui utilisaient les mêmes termes, à d’autres fins, au début 1900. Sauf qu’à aucun moment, elle n’indique en quoi sa description s’applique à Y. Rabin. Et pour cause, avec son parcours de vie, son âge, son niveau intellectuel, cette « démonstration » serait grotesque.
    Mais ne retenons que le côté objectif du film, une psychologue a ajouté scientisme et manipulation aux convictions meurtrières d’extrémistes religieux. Il est frappant de souvent remarquer à quel point des cautions prétendument scientifiques soutiennent des causes infâmes. Et c’est une autre vertu de ce film que de nous le rappeler.
    G

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