Article de Gérard Jonval-16.03-2016
Comme l’a dit Martine Paroux., la fin du film est « ouverte ».
On peut imaginer beaucoup de choses et notamment que Kate va faire sa valise. Pourquoi?
C’est à cette question qu’on peut essayer de répondre en reprenant la chronologie des faits.
Il y a plus de 50 ans, Geoff a connu une histoire qui a duré 3 ou 4 années et qui s’est achevée par la disparition de sa compagne.
On apprend cette tragédie dès le début du film.
Lorsque Geoff a rencontré Kate, il n’a pas jugé utile de revenir sur un passé douloureux. Quand bien-même il l’aurait fait, j’imagine que Kate n’aurait pu faire que compatir.
Geoff avait tourné la page pour commencer une nouvelle histoire qui semble, pour avoir passé 45 années communes, avoir été faite avec plus de hauts que de bas, sinon comment expliquer cette longévité du couple.
Il faut souligner aussi qu’ils se préparent à fêter leurs 45 ans d’union, faute d’avoir pu fêter les 40 ans en raison de la maladie de Geoff. Cet évènement (différé) suppose une certaine complicité.
D’ailleurs, dans son petit discours, Geoff exprime de façon maladroite et touchante, l’amour qu’il continue de porter à Kate.
Alors, est-ce que c’est cette nouvelle, faisant ressurgir un lointain passé, qui bouleverse la vie du couple, ou plus précisément la vie de Kate (car comme cela a été dit le film tel qu’il est tourné montre le regard de Kate sur son mari et sur le passé et non l’inverse)?
Je pense que non. Oui Geoff se serait marié avec son amour du passé. Il y a 50 ans. Kate ne faisait pas partie de sa vie. On ne peut même pas dire qu’il y a prescription puisqu’il n’y a pas eu trahison.
Alors où est le problème? D’où vient cette douleur exprimée dans le regard de Kate (à cet égard le choix de Charlotte Rampling s’imposait pour le rôle).
C’est peut être à cet instant qu’on est tenté de porter un regard sur soi-même. L’interrogation de l’âge, du vieillissement qui vient trop vite, de l’avenir incertain (sauf l’issue!).
J’ai retenu deux images qui montrent le désarroi de Kate et qui lui font prendre conscience de la réalité.
La première est celle de la salle de bain, le spectacle d’un homme physiquement vieilli, affublé d’un slip qui ne soigne pas la mise en valeur.
La seconde où Kate inspecte son visage, image filmée directement dans le miroir, volontairement terne ou en demi-teintes, regard triste et douloureux.
J’en reviens à la question initiale, pourquoi? Pour quoi faire? Rejoindre un autre homme qui n’existe pas? Se consacrer aux enfants et petits enfants qu’elle n’a pas?
Ce qui la rend malheureuse, ce ne sont pas les 45 années passées, mais c’est la prise de conscience qu’il faut continuer avec le vieillissement du corps et de l’esprit, les accidents de la vie et l’échéance inexorable.
S’il faut donner une suite à la fin « ouverte » du film, ce n’est pas forcément une image d’espoir. Mais on pourrait suggérer à Kate de faire sienne la parole de Jacques Salomé qui disait que « vieillir ensemble ce n’est pas ajouter des années à la vie, mais de la vie aux années ».
Gérard Jonval
« 45 ans » – C’est quand même une histoire tragique qu’a vécu cet homme dans sa jeunesse. Kate va comprendre cela et va être touchée, si elle l’aime vraiment. Non?
Elle va rester avec son mari et l’estimer encore plus ; essayer de lui faire oublier tout cela.
Y réussira-t-elle?
Kate, en culpabilisant son mari sur
sa vie antérieure pour ne pas s’avouer ni lui avouer la fin de son
sentiment amoureux se montre bien « vache ». Décidément, je n’aime pas
Kate.
Marie N