Hier, nous étions à l’enterrement de Melaine, 43 ans, morte tragiquement sur la route dans un accident de voiture, nous ne savons rien des circonstances si ce n’est ceci : quelqu’un aurait grillé un stop avant de percuter son véhicule.
Melaine était la plus jeune d’entre-nous à la commission de choix de films des Cramés de la Bobine, on la distinguait aussi par son port de corps bien droit, droit comme son regard également un peu rieur et ouvert. Elle était jolie. Elle s’exprimait avec une grande franchise et toujours avec bienveillance, c’est un exercice difficile, mais pas pour elle. Quant à ses jugements sur les films, ils étaient souvent originaux, elle y débusquait des sens inattendus, insolites qu’elle exprimait avec une touche d’humour et toujours avec élégance . D’ailleurs, sa personne était élégante. Et puis au cinéma comme dans la vie, elle savait s’émerveiller, être naïve et profonde à la fois.
Melaine , un moment a travaillé à la caisse de l’Alticiné, c’était sympathique de la voir là, de plus, ça ne la décourageait nullement de venir voir un bon film au cinéma parmi les cramés de la bobine, durant ses temps de repos.
Mélaine aimait également les animaux, on ne sait pas ce qu’est devenu ce merle éclopé qu’elle avait recueilli, à qui elle avait laissé le plus grand espace possible, chez elle, pour qu’il puisse voleter, et vivre en toute sécurité. Et son merle continuait de chanter. Elle avait également un chat. Un univers où il n’y aurait pas eu d’animaux à aider et à aimer n’aurait jamais pu être le sien, il n’aurait tout simplement eu aucun sens. Elle aimait les animaux comme elle aimait les gens, aimer c’était facile pour elle.
Avec Melaine, nous avons vécu de bons moments, je me souviens d’un joyeux et chaleureux jour de l’an chez Henri ; de sorties de prévisionnements et je repense à cette histoire qui la décrit bien : Un jour qu’à Châteauroux, nous avions prévu de casser la croûte ensemble. Faisant nos courses dans un super marché, Melaine avait choisi une bouteille de vin, qu’elle voulait nous offrir. Il y avait une longue file d’attente et pas de caisse rapide…sauf ces fameuses caisses robotisées vers laquelle une employée voulu la diriger. Tout bonnement, elle est allée reposer la bouteille en lui disant : « Je ne vais pas la prendre, ce ne sont pas les robots qui vont payer nos retraites ! »
Nous pensions d’elle, si disponible, qu’elle avait un petit cercle de connaissances, en fait elle avait un grand réseau d’amis sincères à qui elle se consacrait de la même manière, et qui l’aimaient. Il nous a fallu attendre son enterrement pour le mesurer. Nul ne sait si la vie lui fut tendre, toujours est-il qu’elle était présente aux autres, généreuse. Le mesurions nous ? Sans doute, on aurait aimé en être davantage conscients.
Que la terre te soit légère Melaine.