W-E Italien 2024- Parthénope de Paolo Sorrentino

Avec les belles images et la photographie somptueuse, ce qui rachète un peu à mes yeux un film par ailleurs d’un intérêt limité, c’est la volonté manifeste du cinéaste de montrer tous les aspects de sa ville natale – des perspectives marines magnifiques jusqu’aux bas-fonds de la Spaccanapoli visités en compagnie d’un chef de la Camorra nouvellement sorti de prison – en un hommage aigre-doux où les éléments baroques sur lesquels insistait M. Mirabella se trouvent souvent au service de la caricature.  Dans ce contexte, je voudrais partager une idée qui m’est venue après coup à propos de la scène si étrange où l’on voit monté en spectacle public l’accouplement de deux jeunes personnes.  Et si cette scène était la caricature du « mariage réparatoire » que nous avons vu dans « Primadonna » ?  Ce qui m’a suggéré la comparaison, c’est la phrase « union de deux familles » qui est commune aux deux cérémonies.  On pourrait penser plutôt à une caricature du mariage à l’italienne en général, tel que nous l’avons vu au printemps, satirisé là aussi, dans « Il reste encore demain ».  Mais on pourrait voir plus précisément dans la réticence des deux jeunes à passer à l’acte la contrepartie ironique de la supposition, vraie ou fausse, dans le cas des enlèvements et des fugues, que ce serait déjà un fait accompli, d’où la nécessité d’une « réparation ». Il y a le même genre de renversement ironique dans le fait que la Parthénope de la mythologie était « la sirène à la voix vierge » (de PARTHENOS, « vierge » et ORIS « bouche »), alors que la fille du film est tout sauf vierge.  Et si Naples n’est pas la Sicile, ils partagent néanmoins une certaine mentalité méridionale commune, y compris cette notion de « l’honneur » qu’il s’agit de sauver.  Cette lecture de la scène pourrait en expliquer un certain nombre de bizarreries : toute une salle d’adultes en robes longues et tenue sombre assis comme au spectacle ; la mère qui dit à son fils « fais comme je t’ai appris », ce qui suggère un préalable entraînement incestueux, et qui lui tape sur les fesses pour l’encourager ; les applaudissements une fois l’exploit accompli.  Ce seraient autant d’éléments de charge caricaturale.  Evidemment, je n’aurais pas pensé à un tel rapprochement si je n’avais pas vu l’autre film juste auparavant, mais connaissant mieux que nous la culture de leur pays, le publique italien auquel le film était destiné en priorité aurait peut-être pu le faire sans ce catalyseur fortuit.  Et cela donnerait un sens à une scène bizarre, extravagante, baroque, amusante si l’on veut… mais autrement gratuite.

Don Monson 

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