Michel Piccoli 1925-2020

Michel Piccoli, né un 27 décembre, est mort ce 12 mai, à l’âge de 94 ans.

En 1943, à 18 ans, il décide que sa vie sera vouée au jeu et il peut commencer son itinéraire en 1945, la guerre finie, sur les planches avec Vitaly, Michel de Ré, Douking, J.M. Serreau, Sundström, Vitold, Jean Vilar, Barsacq, J.L. Barrault, Peter Brook, Boulez, Bob Wilson … et sur les plateaux avec Christian Jaque, Louis Daquin,GettyImages 607404800 Le Chanois, Delannoy, Renoir, Astruc, René Clair, Buñuel, Chenal, Lorenzi, Melville, René Clément, Godard,
Michel Piccoli : 90 ans d'une légende - Le PointAgnès Varda, Costa-Gavras, Alain Resnais, Peter Ustinov, René Clément, Jacques Demy, Nadine Trintignant, Michel Deville, Marco Ferreri, Cavalier, Clouzot, Hitchcock, Allégret, Claude Sautet, de Broca, Faraldo, Girod, Rouffio, Tavernier, Bertuccelli, Bellocchio,
Avec Michel Piccoli dans Mauvais Sang, un film de Leos ... Granier Deferre, Ettore Scola, Lelouch, Youssef Chahine, Claude Chabrol,
Doillon, Leos Carax,
Louis Malle, Jacques Rivette, Manoel de Oliveira, Ruiz, Bonitzer, Marcel Bluwal, Bertrand Blier, Elia Suleiman, les frères Larrieu, Bonello, Angelopoulos, Nanni Moretti, Thomas de Thier, Bertrand Mandico …
Vertigineux

Michel Piccoli a mené sa barque au fil des temps de sa belle vie de comédien, nous a accompagnés, plaçant des marques et des repères, des histoires et des images qui se proposent chacune leur tour, selon les jours, à nos mémoires.
Merci d’avoir existé, merci pour tout ce que vous nous avez donné, merci pour tout ce que vous nous laissez.

Marie-No

Anna Karina (1940-2019)

Un charme fou

« qu’est-ce que j’peux faire ? J’sais pas quoi faire … »

Vous l’entendez sa voix ? Douce et rapeuse avec cet accent qui ondule dans sa gorge et suggère que les mots, elle les pense aussi dans la langue de Hamlet, prince de Danemark.

Quand elle parlait, quand elle marchait, bougeait, chantait , quand elle apparaissait, tout s’arrêtait. Elle fascinait autant qu’ Anne fascinait.

Jean-Luc Godard a perdu ses deux Elles.
On est cloué au sol.

Charles Gérard (1922-2019)

L\'acteur Charles Gerard, le 5 décembre 2016 à Paris.

Ses parents avaient fui l’Arménie soviétique en 1920, car son père était un général tsariste et Charles était né sous le prénom de Gérard en 1922 à Istambul qui s’appelait, alors, Constantinople.
Emigrés en France courant des années 20, les Adjémian s’étaient installés à Marseille puis au Pré-Saint-Gervais.
Sous l’occupation, Gérard Adjémian se retrouve seul. Il a 20 ans.

Boxeur souvent KO, c’est autour du ring qu’il fait la connaissance, et deviendra ami pour la vie, de Jean-Paul Belmondo qui l’emmène dans le monde du Cinéma où, sous le nom de Charles Gérard, il s’essaie à l’écriture de scénario et à la réalisation.
Mais c’est comme acteur, dans une soixantaine de films pour, entre autres, Claude Lelouch, Henri Decoin, Nadine Trintignant, Gérard Oury, Philippe de Broca, Henri Verneuil, Francis Veber, Claude Zidi, Georges Lautner, Elie Chouraqui, qu’il fera carrière.
Pour Lelouch, depuis « Un homme et une femme », il était Charlot.
Immédiatement sympathique, il incarnait à merveille le pote de toujours, la bienveillance, le soutien inconditionnel.

Aujourd’hui, on mesure combien Charles Gérard nous était familier.

Jean-Pierre Mocky 1929 ou 1933 /2019

Au début, Jean Pierre Mocky était peintre,  et il l’est resté,  une peinture par d’autres moyens.

Jean-Pierre Mocky, la dernière fois que je l’ai aperçu c’était dans la rue quelque part dans Paris, vers le quai Branly,  avant cela,  c’était  à la télé en 2013, dans « On n’est pas couché » une émission tardive et très regardée,  il présentait son dernier film d’alors,  « le Renard Jaune », face à lui  Natacha Polony et  Aymeric Caron (Laurent Ruquier, « Modérateur »). Nul ne s’étonnera d’apprendre que lors de cette émission,  Jean-Pierre Mocky,  les a très rapidement  traités de cons, leur a dit qu’ils représentaient exactement ceux qu’ils n’aimaient pas.   Les deux journalistes n’étaient pas de reste, dans un autre genre, une autre grossièreté.

On peut être gêné par le style de prise de parole de Jean-Pierre Mocky, mais il a souvent eu le mérite de mettre en lumière verbiages et impostures, et à travers ces deux journalistes d’un soir,  l’imposture et la vacuité générale de ces gens qui font l’opinion.  (Comme avant lui l’ont fait Thomas Bernhard et quelques autres)  

Et dans cet orage, il y avait tout Mocky : « Vous démolissez un film qui n’a pas de pognon et qui fera 15 spectateurs ! Foutez-moi la paix ! » « Il y a toujours eu des gens comme vous » (et Il cite des  cinéastes empêchés de travailler pour les mêmes raisons).

Mocky pour ce film comme pour tous les autres, a tourné sans argent, là c’est un copain « Marchand de Vin », « C’est Jean Bellaïsch, qui a financé le film,  quelqu’un qui aime le cinéma et qui s’y connaît »  

Je me souviens qu’alors nous nous étions précipités pour voir « Le Renard Jaune » dont la distribution, comme souvent chez Jean-Pierre Mocky était prodigieuse. Et comme presque toujours, nous avons aimé.  Mocky a travaillé avec les meilleurs acteurs, meilleurs opérateurs, meilleurs musiciens. Ces gens l’aimaient, et il les aimait, il les connaissait mieux que personne, car si cet homme pouvait être bourru, il devait aussi être  amical et c’était  une encyclopédie vivante du cinéma, à l’égal d’un Tavernier. 

Je recherche dans ma vieille collection de « L’autre Journal » j’ai retrouvé un numéro de Mai 1986 »,  c’est une  splendide revue de Michel Butel, et je tombe alors sur un article de Paul Sabini « Mocky, donc aime faire des films et pourtant, depuis quelque temps, ceux pour qui il les fait n’ont pas le temps de le lui rendre. Ces films comme dit la comptine, font trois petits tours et puis s’en vont des salles, parce que ceux qui tiennent le marché aiment beaucoup l’argent et que lui n’en rapporte pas assez…Mocky, lui, réussit à dissoudre la gangue  qui étouffe le travail des autres, de ceux qui lui ressemblent. »

La vie de Mocky  c’est le cinéma, il a commencé avec les plus grands, et fut même un acteur, il l’est demeuré en tous points.  Mais, c’est le réalisateur anar que je préfère, lui et son œuvre ne font qu’un. Il y aura un temps où l’on considérera l’ensemble plutôt que de dire « il a fait le meilleur et le pire ». En attendant, si je ne me sens nullement qualifié pour qualifier son travail , j’imagine tout de même que c’est un chef-d’œuvre.

Mocky, c’était un homme libre qui  a fait un cinéma qu’on ne voit que rarement. Si l’argent  fut un frein, le néopuritanisme de ces dernières décennies en fut un autre. Mais restons confiants,  la galerie des personnages qui  sévit désormais sous d’autres déguisements que ceux  de ses curés trouvera ses Mocky, car  Mocky est éternel.

Je joins deux liens, Strip Tease pour sa drôlerie (mais on y voit aussi l’homme dans l’action, pressé, inquiet, sans un rond )

Et j’ai eu plaisir à écouter Vladimir Cosma et surtout Jean-François Stevenin, qui parle très bien de Mocky.

STRIP TEASE – Le parapluie de Cherbourg – YouTube
https://www.youtube.com/watch?v=rrbXkUvOTVg

https://www.franceinter.fr/emissions/le-6-9/le-6-9-09-aout-2019

Jean-Pierre Mocky (1933-2019)

Jean-Pierre Mocky au Clap Ciné !

Bouleversant, drôle, provoquant, choquant, étonnant, époustouflant, impressionnant, touchant, séduisant, charmant.
Dans la vie, Mocky avait mis des distances, ses distances avec les imbéciles, les hypocrites, les malotrus dont il n’a cessé, à l’écran, de brosser des portraits depuis 1959, infatigable enthousiaste mélancolique, attachant détaché. 66 films ! Et il avait encore du pain sur la planche.
On n’a pas fait gaffe qu’il pouvait s’envoler et voilà !
Le 8 août, Jean-Pierre Mocky est parti rejoindre les irremplaçables.

Anémone (1950-2019)

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Anne avait joué au cinéma dans le rôle titre du film de Philippe Garrel « Anémone ».
C’était sa première fois et ce nom lui allait si bien, qu’elle le garda pour 70 films, 20 pièces de théâtre et pour le reste de ses jours.
Longtemps pressée « de rire de tout de peur d’être obligée d’en pleurer »,  elle semblait depuis avoir laissé l’amertume creuser son lit dans le vague accueillant de son âme.
Troublante, désopilante, triste, désenchantée, belle, détachée, si attachante, Anémone était hors champ, hors circuit et l’éclairagiste de la vie ne semblait plus être très drôle.
Absent mais présent quelque part, le sourire inquiet de son regard perdu reste et nous reste..

Jean-Pierre Marielle (1932-2019)

Jean-Pierre Marielle au Festival de Cannes 2013

« Il faut bien partir, un jour, que diable  ! »

Votre voix, tonitruante et douce, si singulière, la malice clairement bienveillante de vos yeux sombres, votre stature puissante nous accompagnaient depuis longtemps et nous vous retrouvions toujours avec un plaisir infini. Campé solidement sur vos longues jambes,relevant la tête en parlant, la penchant un peu pour être raccord avec la vie toujours un peu bancale, vous incarniez à merveille le colosse aux pieds d’argile, l’Humanité.
Vous nous enchantiez et nous pleurons votre disparition.
Salut, Monsieur Marielle.

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Agnès Varda (1928-2019)

Description de cette image, également commentée ci-après

Marquée, par bonheur, à son adolescence par Sète, ses odeurs, ses couleurs, sa lumière, Agnès, à 24 ans, s’en était remis à elle pour son premier film, La Pointe courte.
Alors jeune photographe, elle devint cadreuse. Cadreuse à vie.
Aimant la Peinture, elle mit tous ses talents dans les images qui bougent et les faisait parler.
Agnès Varda filmait comme elle respirait, elle regardait et imaginait le reste, vivait dans son époque avec ses joies et ses épreuves qu’elle nous rapportait. Elle filmait les gens simples, des gens « sans importance », des pécheurs, des glaneuses, des ouvriers. Elle filmait, avec amour,  la vraie vie, disant, avec une apparente simplicité, les choses difficiles, secrètes du cœur, ses égratignures, ses tourments, ses blessures et le Bonheur aussi.

Agnès Varda était féministe naturellement, évidemment et avait dit regretter qu’on la regarde comme une femme qui réalise. Il y a seulement des films. Ceux qui les font sont hommes ou femmes, aucune différence.
Quand les gens ne sont pas contents, ils vont dans la rue et c’est dans la rue qu’elle trouvait ses idées.
Agnès Varda avait une force de création immense et embellissait tout ce qu’elle touchait. Jusqu’au bout.

En novembre 2012 sortait le coffret de 22 DVD, « Tout(e) Varda », l’ensemble de ses œuvres, certaines, comme « Oncle Yanco », un peu oubliées.
Depuis, se sont ajoutés « Visages, Villages » et « Varda par Agnès », sa révérence.
Notre dernière rétrospective lui était consacrée …
Agnès est partie.
Quelle belle vie !
Merci

Marie-No