Antigone de Sophie Deraspe est un grand premier film. La tragédie est ici transposée à notre époque et au Quebec. Rappelons-la : Antigone est la petite dernière de Jocaste et Œdipe, une famille est en proie à la malédiction. Elle a trois frères et sœur Ismène, Etéocle, et Polinyce. Nous en sommes au moment où Polynice combat contre Etéocle son frère dans une guerre aux Portes de Thèbes, tous deux se blessent à mort et alors ?
« Créon décide que Polinyce sera laissé « aux bêtes et aux oiseaux de proies » et il punira de mort qui lui désobéira. Antigone n’accepte pas. Elle le fait inhumer sur sa terre natale.
Créon : Tu connaissais mon édit ?
Antigone : Oui
Créon : Et tu as transgressé la loi ?`
Antigone : Ta loi n’est pas celle des Dieux, ni de la justice. Les lois non écrites, qui nous viennent des Dieux, ne sont ni pour hier, ni pour demain, mais pour tous les temps. »(1)
ANTIGONE transpose la tragédie grecque à l’époque actuelle et au Québec : Sur fond de drame familial pendant la guerre civile en Kabylie et le meurtre de ses parents vécu par Antigone à l’âge de trois ans, elle vit donc au Québec, c’est une bonne élève, peut-être pourra-t-elle devenir Canadienne à sa majorité, si elle en fait la demande, du moins, peut-elle valablement l’espérer. C’est une superbe adaptation libre, moderne, actuelle. L’actrice principale Nahema Ricci est à la hauteur de son personnage, avec son regard, beau et courageux, on imagine qu’Antigone de la mythologie grecque ne pouvait pas en avoir un autre. Le Québécois colle bien à ce drame, lui donne sa note familière et dépaysante. C’est une réussite. Nous assistons aux naissances d’une grande réalisatrice qui est aussi scénariste, photographe, et à celle d’une une actrice puissante et juste. Sur la plateforme d’échanges, l’ensemble des spectateurs était séduit et enthousiaste. Un film à voir et revoir !
Note : (1) La mythologie d’Edith Hamilton édition Marabout1992