« Jalouse » de David et Stéphane Foenkinos

 

Synopsis :Nathalie Pêcheux, professeure de lettres divorcée, passe quasiment du jour au lendemain de mère attentionnée à jalouse maladive. Si sa première cible est sa ravissante fille de 18 ans, Mathilde, danseuse classique, son champ d’action s’étend bientôt à ses amis, ses collègues, voire son voisinage… Entre comédie grinçante et suspense psychologique, la bascule inattendue d’une femme

 

 

Jalouse, moi ? C’est la dernière réplique du film et on comprend, a posteriori pour moi, que là n’est pas le problème.
Nathalie est, à ce moment là de sa vie, foncièrement malheureuse et le malheur rend jaloux, méchant, fou. Elle a perdu le fil de sa vie, petit à petit sans le voir venir : son mari l’a quittée, sa fille s’est métamorphosée en une jeune fille superbe. Nathalie aborde la ménopause dans le déni, elle voit arriver dans le lycée chic où elle est prof,  une jeune femme qui va enseigner les mêmes classes qu’elle !  Et, patatras, un jour, commence son égarement …
C’était comment juste avant, un peu avant ? Son mari était parti, oui, bon, ils ne s’aimaient plus et t’as vu sa nouvelle femme, jeune mais quelle conne !, sa fille Mathilde, elle, suit sa lubie, la danse … ma fille, une danseuse ! elle n’en parle même pas … seuls les métiers de l’esprit sont dignes de sa considération.

Nathalie a cinquante ans, et elle n’a pas réalisé qu’elle avait changé, que son corps changeait, que dans « son » lycée où elle règne en khâgne, la suite, jeune et brillante arriverait forcément et serait accueillie à bras ouverts ! Que sa fille était devenue une jeune femme magnifique et qu’elle serait regardée de plus en plus et elle, femme devenue « mûre » le serait moins, de moins en moins.
Un jour, elle se réveille, et c’est tout son monde qui semble avoir changé. Son ressenti est d’une puissance telle qu’elle perd pied,  «disjoncte » . Elle va commencer sa défense , pour survivre, et s’en prendre à la terre entière, à ceux qui l’entourent en particulier. Ça va être d’une grande violence et elle va mettre sa seule énergie dans son acharnement à faire du mal aux autres. Elle va se perdre et aller très loin.
En sortant de la projection, je trouvais que c’était pousser un peu loin pour qu’au final tout redevienne bien lisse …
En y repensant, je vois Nathalie comme une métaphore de la fragilité féminine à cet âge de la vie et des tourments concomitants. Et c’est réjouissant que ce thème soit proposé et,  tout compte fait, si justement traité par des hommes. Certains âges  de la vie peuvent être des cataclysmes. Ils l’ont bien cerné. Savoir marcher sur des œufs pour répondre à une ruée dans les brancards. C’est la grande sagesse de l’ex mari et de sa jeune femme, qui toute « conne » qu’elle est, est d’une bienveillance à toute épreuve, de son amie Sophie et de son mari. Ils l’accompagnent pour l’aider à se remettre debout.
La fin qui semble un peu optimiste, ne l’est pas tant que ça. Nathalie s’est occupée des autres dans sa vie, de son mari, de sa fille, de ses amis, de son amie Sophie,  de ses élèves. Maintenant elle a franchi un cap. Elle va continuer sa route mais elle aura changée. Elle cherchera à élargir son cercle, à se préoccuper des autres, à les voir tout simplement, comme la vieille dame de la piscine, elle essayera de rattraper l’amoureux potentiel vertement econduit, de « reconquérir » sa fille, surtout.  Mais fragile elle restera.

Alors attention, danger. Nathalie est forte mais fragile. C’est ça qu’elle vient de crier. Très fort.

Marie-No

PS : Nathalie est considéré comme le deuxième prénom féminin le plus porté en France. Hier, aujourd’hui, demain … on sent (presque) toutes, un jour, un peu de Nathalie en nous, non ?

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