Journal des Ciné Rencontres de Prades 2021 (1)

Les ciné-rencontres sont de retour, comme chaque année (ou presque) entre le 17 et le 23 juillet.

J’avais lu l’avant programme et 2021 s’annonçait comme un cru moyen, et puis les Cramés de la Bobine n’y sont pas venus en nombre cette année, seuls, Martine et moi…

…Et puis il y a eu l’ouverture le dimanche soir. Ça commençait par un film de Bertrand Tavernier « La princesse de Montpensier » sorti en salle en 2010, avec une distribution que je ne vais pas détailler, mais où l’on peut voir les jeunes acteurs qui nous sont désormais familiers : Mélanie Thierry, Grégoire Leprince-Ringuet, Gaspard Ulliel etc… Un film alerte, sur l’apprentissage de la condition de « jeune femme prête à marier » de cette jeune princesse…

Tout de même, ces films qui en leur temps sont passés dans les salles puis régulièrement sur nos télévisions, il faut les revoir en Salle, c’est un truisme de le dire, les films sont faits pour le cinéma. Ce Dimanche commence une rétrospective Simone Signoret, la lumière de son visage et de ses yeux, son regard, on pourrait presque dire son intériorité, je me demande comment je n’ai pu voir la plupart de ses films que sur petit écran.

Les films sont présentés et débattus par Franck Loiret Directeur de la Cinémathèque de Toulouse, et c’est une chance de l’entendre dans sa simplicité et sa précision et avec la sincérité d’une admiration qui n’est ni pesante, ni superlative. (ce qui ne sera pas mon cas).

Ça commence par « les Chemins de la Haute Ville » un film de l’anglais Richard Clayton 1959, Simone a 38 ans, c’est étrange ce film à mi-chemin où l’on reconnait à la fois la ravissante jeune femme de ses débuts et la femme mure et marquée de ses derniers rôles. Pour ce film, elle a été la première française à obtenir l’Oscar de la meilleure actrice, puis à Cannes celui d’interprétation féminine.

Voici en bref l’histoire : Joe, un jeune homme pauvre, une sorte de Julien Sorel, qui vient de sa ville industrielle, fier de ce qu’il est, convoite de devenir amoureux d’une femme riche, « de première classe » comme il dit. Il va en en convoiter deux, l’une Susan jeune dont le père est très riche, Alice (Simone), 18 ans plus âgée que lui… C’est Simone Signoret qui joue ce rôle, celui d’une femme délaissée qui séduit ce Joe, cette belle illusion. Ce film est à la fois une peinture sociale qui nous fait naviguer entre les deux mondes peu conciliables des pauvres et des riches dans cette Angleterre début de siècle.

On enchaîne avec « Casque D’or », un petit tour chez les « apaches ». Je n’avais vu ce film que deux fois et à la télé. Aujourd’hui c’est au Lido de Prades ! Je ne vais guère vous en parler, vous le connaissez, le débat sur ce film portait à la fois sur Jacques Becker qui réalise avec « Le Trou » l’un de ses deux plus grands films. « Casque d’Or » est un chef-d’œuvre. Franck Loiret nous fait remarquer deux choses, tout d’abord la banalité des échanges dans le film, tout y est simple, limpide, ensuite la rareté des répliques. Serge Reggiani qui joue le grand rôle masculin n’en a que très peu, pourtant, il ne joue pas moins que l’un de ses plus grands films. (Après ce film, il lui a fallu cinq ans pour rebondir). Jacques Becker avec son sens du détail se fait peintre fidèle d’une époque, de quartiers, ceux de Belleville et les bords de marne avec ses guinguettes à la Renoir, des milieux interlopes de cette époque et mieux que personne, la splendeur de Simone.

Pour faire une rétrospective d’actrice, on ne doit rien laisser au hasard, il faut prendre les films qui parlent le mieux d’elle, et puisqu’elle a disparu, ceux qui à chaque film nous la font regretter. Le jeu de Simone, les mots, la gestuelle, le corps peut-être ! Mais d’abord les yeux, le visage traversé d’émotions presque imperceptibles. Un prodigieux film dramatique interprété par Simone avec une exquise subtilité.

En ce moment, ce sont les Diaboliques, et demain matin ce sera « La vie devant Soi » Mais ce soir 12 courts-métrages ! Je ne vous dis que ça !

Lundi matin : « La vie devant soi » de Moshé Mizrahi qui a obtenu l’Oscar du meilleur film étranger. Bien heureux de revoir ce film qui a su conserver bien des choses de Romain Garry. Pour ma part, grand amateur d « Ajar » qui m’avait alors ravi, je regrette un peu le manque de distance humoristique du film, et celle de sa fausse naïveté, ce petit côté swing (pulsion-détente) de l’écriture de Garry. Pour le reste tout est parfait, Madame Rosa, le petit Momo, on ne pouvait imaginer mieux. Et Simone Signoret obtiendra le César de la meilleure actrice. Distinctions totalement justifiées, ce temps qui transforme les corps et les visages ne l’affecte pas, elle dépasse ça. Il y a une chose que Moshé Misrahi réussi tout comme Ajar/Garry avant lui, c’est d’émouvoir. D’ailleurs, sur ce registre, je ne sais pas si Sophia Lauren qui a interprété Madame Rosa il y a peu (pour Netflix!), a pu être aussi bouleversante que Simone Signoret.

A bientôt, Demain un documentaire de Chris Marker sur Simone Signoret, je vous en toucherai un mot, mais nous entrons désormais dans une sélection de Cinéma Iranien Féminin.

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