« Une femme douce » de Sergei Loznitsa

Pays d’origine :
France, Ukraine
Pays-Bas
Allemagne
Russie, Lituanie

2h25 dans les bas-fonds de la grande Russie. Il est conseillé, pour voir le film, « d’avoir le cœur bien accroché » …
Film délibérément sans mesure, excessif. Un banquet de trop quand même (on avait bien enregistré tous les profils. Peut-être pas nécessaire de nous les présenter à nouveau lors de ce banquet « de rêve »).
J’ai pensé en vrac à Gogol, Fellini, Victor Hugo aussi. La misère humaine frappe et on est le punching ball.
La femme douce, incarnée par Vasilina Makovceva est un tableau. Visage impassible, happant nos émotions, fascinant. Ses traits rappellent à la fois ceux de Charlotte Rampling, Elisabeth Badinter, Mélanie Thierry, Claudia Cardinale par exemple … Tour à tour. Très troublant.
Tout semble étranger à la femme douce qui déambule sans peur, ne semblant prêter attention ni aux faits divers monstrueux qu’on lui relate, ni aux scènes orgiaques qui se déroulent sous ses yeux, ni aux dangers qui la cernent. Elle flotte pour un temps au-dessus, lestée toujours de ce colis dont elle ne peut se débarrasser, comme soulevée avec lui, en errance dans cette no-go zone, précédant, sans hâte, son destin. La galerie de portraits des résidents de la ville prison nous heurte mais ne l’atteint pas. Tout est normal, elle est habituée à la violence, elle est partout dans sa vie.
Dès lors où plus aucun espoir de laisser le colis ne reste, elle suivra la monstrueuse Zinka* vers son martyr et sa perte. En conscience. Résignée.
Russie de malheur laissée en héritage au peuple dévasté par les résidents de la grande URSS ?
Sergei Loznitsa, ukrainien, vivant en Allemagne depuis 2001, traite son sujet avec maestria, brio. C’est puissant, violent. Sa peinture de ce pays nous laisse sur le carreau …

Marie-No

*Zinka c’est aussi le nom de la fille coupée en morceau, de la fille qui trouve la fille coupée en morceaux. Et, donc, aussi, de la maquerelle gigantesque.

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