Le Bonheur d’Agnès Varda

 

Ours d’Argent au Festival de Berlin 1965 – Prix Louis Delluc 1965 – David O’ Selznick Award 1966 – Visa pour Varda à la Cinémathèque de Moscou 1995

Présenté par Brigitte Rollet, universitaire
Dimanche 25 novembre 2018 à 10h30
Film en version restaurée (1965, 1h19) Avec Jean-Claude et Claire Drouot et leurs enfants Sandrine et Olivier et Marie-Françoise Boyer

Distributeur : Ciné-Tamaris

Synopsis : Un menuisier aime sa femme, ses enfants et la nature. Ensuite il rencontre une autre femme, une postière, qui ajoute du bonheur à son bonheur. Toujours très amoureux de sa femme, il ne veut pas se priver, ni se cacher, ni mentir. Un jour de pique-nique en Ile-de-France, le drame va se mêler aux délices : l’épouse se noie dans un étang. Le menuisier et la postière vivront ensemble et élèveront les enfants. Ils iront en pique-nique, mais c’est l’automne. 

« Tout bonheur commence par un petit déjeuner tranquille » William Somerset Maugham et Ricoré.

Le bonheur, c’est simple.
François et Thérèse sont heureux avec leurs deux enfants, calmes et joyeux. Leur amour se reflète dans leurs yeux sages et rieurs et le bonheur coule de source, un bonheur sans nuages, coloré, plein de fleurs. Un bonheur vert tendre et jaune tournesol. Des instants simples, complets, parfaits.
« Paix et tranquillité, voilà le bonheur » Proverbe chinois

Ils s’aiment, ils aiment leur vie, ne pensent pas à autre chose, autrement. Les jours heureux s’enchainent, raisonnables. Gisou, l’aînée de leurs enfants  a dans les 3 ans, eux deux ça fait au moins 4 ans, donc.
François, qui ne cherche rien rencontre Emilie qui, elle, cherche.
Elle le regarde, elle le capte , elle l’attrape.
Et lui, ben, un homme, c’est fragile … Emilie, c’est pour lui comme une soif de plein été qu’on étanche et qui revient pour qu’on l’étanche encore en goûtant pleinement la fraîcheur de l’eau. Un bonheur bleu azur comme les yeux d’Emilie. L’orangeade, pour la soif ordinaire, quotidienne, est délicieuse, aussi. Où serait le mal puisque cela ne nuit à personne ? Et Emilie fait si bien l’amour. Thérése est plus sage.
« Le bonheur, c’est le plaisir sans remords » Socrate

« On peut allumer des dizaines de bougies à partir d’une seule sans en abréger la vie. On ne diminue pas le bonheur en le partageant » Bouddha
François parle de pommiers, de verger clos, d’arbre en-dehors, tous pleins de fruits savoureux. Thérèse comprend en quelques secondes que sa vie vient de basculer. En quelques secondes, lui qu’elle aime tant l’a précipitée dans le vide, elle se voit tomber, c’est vertigineux. Il était le seul but de son existence, l’entière occupation de sa pensée. Vivre avec lui, longtemps, toujours, se consacrer à lui était son projet.Elle ne veut pas voir la mélancolie étendre sa toile grise sur les lieux de leur bonheur perdu. La douleur serait insupportable et elle n’essaie pas de lutter. Elle coule et se noie. « Le bonheur est un cristal qui se brise au moment de son plus grand éclat » Proverbe Turc

François retrouvera les bras d’Emilie qui les tend en plus à ses enfants. Ils sont en harmonie, en accord avec la saison et la vie continue. Le bonheur a pris des couleurs d’automne.

Depuis les années 60, l’idée du bonheur, du couple, du travail n’ont pas beaucoup changé et comme dans les années 60 la réalité de la vie, c’est autre chose !
Je repense à un jeune couple, l’incarnation des « Amoureux de Peynet ». Ils étaient si heureux ! Une stagiaire qui passait par là a fait voler leur famille en éclat. Un vrai gâchis !

« Le secret du bonheur en amour, ce n’est pas d’être aveugle mais de savoir fermer les yeux quand il le faut » Simone Signoret 
Essayer, au moins. Une fois.

Un très beau film, libre et poétique qui fait réfléchir et invente l’impressionnisme pop !

Marie-No

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