Des Hommes de Alice Odiot et Jean-Robert Viallet

Des hommes : Affiche

Film documentaire français
19 février 2020 1h23
Présenté par Marie-Annick Laperle
soirée mardi 15 septembre 2020 à 20h30

Sujet : 25 jours en immersion dans la prison des Baumettes. 30 000 mètres carrés et 2 000 détenus dont la moitié n’a pas 30 ans.
Une prison qui raconte les destins brisés, les espoirs, la violence, la justice et les injustices de la vie. C’est une histoire avec ses cris et ses silences, un concentré d’humanité, leurs yeux dans les nôtres.

« toutes les villes ont des particularités : ses remparts, son église du XVIIe, (…). À Marseille, on pourrait dire : son stade, son musée, sa prison. » J.R.Viallet
Achevé en 2018, quelques semaines avant la fermeture du bâtiment, Des Hommes a pour cadre la prison des Baumettes, dont les conditions de détentions ont été jugées inhumaines en 2012 par le contrôleur général des lieux de privation de liberté et a été fermée en 2018. Les deux réalisateurs se sont plongés en immersion totale pendant 25 jours dans le quotidien infernal des détenus, « dans ce lieu de privation de liberté où l’objectif est de punir ».
On a l’impression que tout est mis en place pour qu’ils ne puissent rebondir.
Une plongée saisissante et fascinante dans l’enfer de cette prison insalubre, surpeuplée et mythique, pour esquisser le portrait de détenus à la vie suspendue, englués dans un système judiciaire obtus.
Les Baumettes semblent constituer un cadre pour les jeunes détenus : ils y vont, sortent, reviennent, repartent. Et reviennent.
« Quand la prison commence à devenir un cadre pour la jeunesse, ça interroge, c’est problématique » dit  A. Odiot . « Quand on cherche dans les détails, dans les recoins et dans les petits moments de relations humaines, on voit que l’humanité peut resurgir » confie J.R. Viallet.
Jamais montrée, la violence est omniprésente. Les morts en promenade, à la douche. Un homme condamné pour sept ans dit joliment « la prison, c’est la cuisine du diable – soit t’es le couteau, soit t’es la fourchette ».
La caméra baladeuse chope le quotidien, saisissant autant ce que les détenus veulent dire, essaient de dire, que ce qu’ils laissent échapper, et ce qu’ils veulent taire.
Si l’innocence peut être surjouée le temps d’une commission disciplinaire, la souffrance, elle, n’est pas feinte et transpire à chaque plan.
Des moments de grande lucidité suivis de regards dans le vide,, comme si mieux valait de ne plus penser. On y repère un Benni au masculin.
Un documentaire exceptionnel sur des enfants devenus des hommes.
Des hommes qui nous regardent.
Terrible.

Marie-No

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