Convoi exceptionnel de Bertrand Blier

Convoi exceptionnel : Affiche

Le destin, qui l’écrit ? Quand ? à l’avance , du jour au lendemain ? à l’arrachée, là pour tout de suite ? Quand est-ce qu’on nous le distribue ? Faut-il pleurer pour l’avoir ? Faut-il attendre que ça tombe, ne rien faire et attendre ? Ne peut-on jamais l’écrire soi-même ?
Il y a Foster (Clavier) qui a son scénario avec lui, tout est écrit, plein de pages bien reliées, il sait où il va et y entraîne Taupin, Raoul Taupin (Depardieu) parce que c’est écrit, c’est comme ça, alors on y va. Et voilà nos deux énergumènes réunis pour accomplir leur morceau de destin commun. Taupin lui navigue à vue, n’a jamais son texte … Et, contre toute attente, ils se prennent d’amitié. Parce que c’est dans le scénario, c’est invraisemblable, c’est la vie. Les rencontres s’orchestrent, les sentiments se placent et se déplacent au fil des pages.
L’amitié entre potes, si c’est écrit, c’est écrit et pour toujours, les aléas de la vie n’y changent rien, les amis se retrouvent. Sauf que … dernière image du film, Blier est revenu de tout, « les copains d’abord » semble avoir fait naufrage …
De l’amour, il est revenu aussi et ça depuis longtemps ! Ah ! Les femmes chez Blier ! Pas des poèmes !
Ici, la boulangère, sorte d’ogresse, mère nourricière qui nourrit évidemment mais laisse dans la rue. Esther, vieillissante et perdue, qui s’accroche à ceux qui passent comme à autant de radeaux, qui attend d’être au bout de sa vie pour qu’enfin elle la chante sa chanson. Danse avec moi … C’est peut-être juste trop tard … L’occasion s’était présentée avant pourtant ! Ce n’était sans doute pas écrit dans le scénario qu’il fallait l’image et le son, ou alors c’est l’image qui ne collait pas alors le son … ou alors elle a sauté une ligne et faut pas sauter de ligne ! Jennifer, partie depuis longtemps, disparue et que Taupin, abandonné, a laissée envahir sa vie. Sabine, vénale, cruelle, si belle !
Sabine, debout, magistrale et dorée et Foster assis sur un banc, au clair de lune … Quelle scène !

Foster trompé, abandonné, déchu et Taupin, trompé, abandonné, relevé
Un duo d’artistes qu’on regarde déambuler, se cogner à la vie, essayer de comprendre toute cette histoire où ils ont été empêtres.

Même en rajoutant l’impro de Gégé, sur la recette du poulet truffé, rôti en cocotte, au four et du lapin au sang (faudra essayer le chocolat pour nacrer la sauce, vous, pas moi, jamais de lapin), le scénario est sans doute un peu court, il manque ce qui est écrit dans la marge, avec les ratures, à l’encre sympathique, pour que le film soit plus enlevé, plus fini.
Pour que l’ esquisse devienne eau forte.

N’empêche, un film intéressant sur le destin, et original , du Blier quoi !
On le reconnaît toujours, convoi exceptionnel !

Marie-No

« Nous les coyotes » de Hanna Ladoul et Marco La Via

 

Du 21 au 26 février 2019
Soirée débat mardi 26 à 20h30

Autres séances jeudi et dimanche en fin d’après-midi et mardi après-midi

Film américain ( décembre 2018, 1h27) de Hanna Ladoul et Marco La Via avec Morgan Saylor, McCaul Lombardi, Betsy Brandt

Distributeur : New Story

Présenté par Georges Joniaux

Synopsis : Amanda et Jake ont la vingtaine et veulent commencer une nouvelle vie ensemble à Los Angeles. Rien ne se passe comme prévu pour le jeune couple. Leur première journée dans la Cité des Anges va les emmener de déconvenues en surprises d’un bout à l’autre de la ville

 

Les coyotes sont des animaux sauvages à l’allure majestueuse qui coexistent avec les humains, parce que les humains ont envahi leur habitat naturel. Ils errent à la recherche de nourriture et d’un endroit où passer la nuit. Amanda et Jake, avec lesquels nous vivons les premières 24 heures de leur arrivée à L.A., sont des coyotes qui cherchent à se faire une petite place parmi les anges.
Lacher la rampe et se lancer sans filet dans ce nouveau monde et l’envers de son décor, est courageux et, respectueux de cette entreprise, nous nous attachons très vite à ces amoureux qui, s’ils ne savent pas encore exactement où ils vont et comment y aller, savent très bien ce qu’ils ne veulent pas devenir et à qui ils ne veulent pas ressembler.
Parce qu’ils partent sans rien et qu’elle ne peut pas faire part de son projet à ses parents, Amanda a emprunté de l’argent à son père, sans son accord.
C’est blâmable sans doute. Pourtant, malgré les apparences,  c’est une jeune femme bien sous tout rapport et son honnêteté la fait se dénoncer quand ses géniteurs attribuent le larcin à Jake,  évidemment, car chez ces gens-là, l’habit fait toujours le moine.
Jake est un peu débraillé, il n’a pas de « situation », mais il a la vie devant lui. On lui devine de belles qualités humaines et il connait Francis Ponge.

« L’huître
L’huître, de la grosseur d’un galet moyen, est d’une apparence plus rugueuse, d’une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C’est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l’ouvrir : il faut alors la tenir au creux d’un torchon, se servir d’un couteau ébréché et peu franc, s’y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s’y coupent, s’y cassent les ongles : c’est un travail grossier. Les coups qu’on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d’une sorte de halos.
A l’intérieur l’on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d’en dessus s’affaissent sur les cieux d’en dessous, pour ne plus former qu’une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l’odeur et à la vue, frangé d’une dentelle noirâtre sur les bords.
Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d’où l’on trouve aussitôt à s’orner. » 
Francis Ponge – Le parti pris des choses (1942)

 

Il est comme ça le monde.
Celui qu’ils ont choisi dans la cité des Anges, patiemment, avec la force de leur jeunesse (et un peu de chance aussi), Amanda et Jake le feront s’ouvrir pour y boire leurs jours.

L’american way of life, en mode today.
Joli film, jolis personnages qu’on prend le temps de bien regarder.

 

Marie-No

L’Homme fidèle de Louis Garrel

Du 7 au 12 février 2019Soirée débat mardi 12 à 20h30


Autres séances jeudi et dimanche en fin d’après-midi et mardi après-midi

Film français ( décembre 2018, 1h15) de Louis Garrel avec Laetitia Casta, Louis Garrel et Lily-Rose Depp

Distributeur : Ad Vitam

Présenté par Françoise Fouillé

Synopsis : Abel et Marianne sont séparés depuis 10 ans.
Alors qu’ils se retrouvent, Abel décide de reconquérir Marianne.
Mais les choses ont changé : Marianne a un fils, Joseph, et sa tante, la jeune Ève, a grandi.
Et ils ont des secrets à révéler….

Brigitte Sy et Philippe Garrel

Brigitte Sy in Les baisers de secours

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ont eu un fils, Louis

Image associée

Devenu grand,

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là, souffle coupé, on prend une grande inspiration …
Louis est à tomber ! Jamais vu ça
Même les plus grands ex. Trintignant, Piccoli, Depardieu, Dutronc ne sidèrent, stupéfient à ce point
Il est un film. Regarder l’acteur, le réalisateur,  les deux. Fascinant.
Il a fait deux films longs métrages épatants : Les deux amis et L’Homme fidèle. Vivement le troisième !

J’ai aimé L’Homme fidèle et tous ses personnages. J’ai aimé  les dialogues et l’image, le rythme soutenu et léger et les situations bien vues et enchaînées.
J’ai été captivée *

L’Homme fidèle éclaire l’infidélité subie, volontaire, occasionnelle, permanente, culpabilisante, libératrice. Marianne est fidèle à ses deux hommes, Abel est infidèle à Marianne et en même temps est fondamentalement fidèle à Marianne, la femme qu’il aime.
Marianne, maîtresse de cérémonie, qui orchestre, organise et distribue les cartes dans sa vie professionnelle et dans sa vie privée et qui relaie cette totale implication, son énergie vitale à son jeune fils, Joseph qui, pour ce qui le concerne et pour se rassurer, revisite la réalité pour trouver une explication, une cause et donner une suite aux injustices de la vie.
Et protéger sa mère dont il se veut le seul à savoir les grands secrets.
Joseph (formidable Joseph Engel !) est l’allié de sa mère, son chevalier, à vie.
Laetitia Casta est Marianne, une femme de 40 ans qui a vécu, souffert aussi, en a les marques et l’élégance de les faire paraître légères, qui s’applique à accueillir les sentiments simplement, sans faire un drame de rien. Elle fait des choix, elle marche sans se laisser envahir par les convenances, les habitudes, la peur. La meilleure défense c’est l’attaque alors vaillamment, elle va attaquer le noeud du problème. Ainsi, il n’y aura plus de doute. La situation sera comme elle : claire. Très beau personnage.
J’avais quelques réserves sur le choix de Lily Rose Depp parce que fille de et pourquoi ne pas choisir une jeune actrice qui a besoin de travailler .Mais il faut reconnaître qu’elle est parfaite dans le rôle de la très jeune Eve pour qui Abel est un fantasme d’enfant qu’elle croit devenu passion.
Marianne saura contrer les armes de cette chasseresse de vingt ans tout simplement en lui offrant sa proie désamorçant ainsi la relation qui se dégonfle comme un ballon de baudruche. Stratégie courageuse d’une femme fidèle.
Abel revient. Ils se sont accordés. C’est toujours elle qui donne le la.

Après …
Les instruments de musique toujours se désaccordent
Toujours, il faut les ré-accorder. Parfois changer une pièce devient inévitable.

Marie-No

PS : Louis Garrel filme beaucoup en gros plans.
* Cette interview de Jean Renoir illustre ce que le cinéma de Louis Garrel nous fait ressentir.

Amanda (2) Mikhael Hers

 

Amanda : Affiche

Vous prendrez bien un peu de pathos ? Non, merci.
Et surtout pas en tisane.

C’est le premier film sur la vie post attentats, bien.
Mais, placés sans échappatoire possible parmi les gentils, qu’avec des gentils, on manque d’air sous les grosses ficelles du scénario : une petite orpheline grassouillette (surnommée « mon p’tit lardon » par son oncle et que sa mère laisse se gaver de paris-brest), une autre mère anglaise absente qui va immanquablement surgir (c’est amené à la truelle avec le coup des billets pour Wimbledon), la parabole autour de « Elvis has left the building » et le match de tennis qui sonne tellement faux quand elle débarque enfin, en bouquet final, c’en est presque gênant !
Tout se passe comme si les personnages, proches des survivants des attentats, et survivants en rôles secondaires, étaient dans du coton et la mise en scène et le jeu des acteurs, assez moyen, tentent de nous y envelopper. Trop peu de mal à ne pas se laisser faire, hélas et on reste à distance, peu ému par cette histoire de deuil et de reconstruction dans un décor où tout est amorti, lissé, normalisé.
Comme si toute la violence du monde était dans l’attentat et leurs auteurs, Mikhaël Hers nous impose la bonté incontestable de ses personnages, des gens simples, transparents, normaux, nous et en forçant l’émotion par leur sincérité mêlée de maladresse, subrepticement, il amène le pathos, sans en avoir l’air (mais en oubliant d’ôter ses gros sabots, mince !), dans un Paris qui n’existe pas, n’a jamais existé, mais ce n’est pas gênant puisque au contraire l’histoire s’insère parfaitement dans ces parcs ensoleillés, si verts. Forcément verts. Définitivement verts. Aseptisés.

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Marie-No

High life de Claire Denis

Nominé au Festival International du Film de Toronto 2018

Du 27 décembre 2018 au 1er janvier 2019

Soirée débat jeudi 27 à 20h30Autres séances jeudi et dimanche en fin d’après-midi et mardi après-midiFilm anglophone (vo, novembre 2018, 1h51) de Claire Denis avec Robert Pattinson, Juliette Binoche et André Benjamin

Distributeur : Wild Bunch

Présenté par Danièle Sainturel 

Synopsis : Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
Un groupe de criminels condamnés à mort accepte de commuer leur peine et de devenir les cobayes d’une mission spatiale en dehors du système solaire. Une mission hors normes…

Grand ! On n’est pas emporté dans cette dimension : on y est, dès le début !
Sans encore rien connaître de l’histoire, on sait avec la scène d’ouverture, avec la chute symbolique de l’outil, qu’il n’y a désormais plus moyen de réparer.
Il faudra que ça tienne.
Et ça tiendra. Le temps que Willow grandisse et qu’arrive la seule chance de rédemption.

On est en apesanteur, voyageant dans le temps, avant le début de l’aventure , au temps de la vie sur terre, cette terre dont des images continuent à apparaître sur les écrans du vaisseau spatial et font peur à Willow, au temps de la rage d’avoir été bernés, de la peur de ne plus pouvoir faire demi tour, au temps de la première vie de sang et de chaos, là-bas, au temps où ils étaient encore tous les 7.
7 pauvres hères regroupés à bord de ce vaisseau fantôme.

Leur salut ne peut être que devant, dans ce trou noir, destination ultime de la mission initiée il y a longtemps, et son immense lumière enfin approchée où s’engloutiront, enfin, Monte et sa fille, Willow, petit saule devenu solide, seuls survivants de cette odyssée.

Les images sont superbes de bout en bout, de la lumière bleue à la lumière orange, hypnotiques, fascinantes et, avec la musique ajoutée, on plane, à distance, au dessus des sujets abordés tels l’isolement provoqué, la recherche de la perfection par manipulation génétique interposée, la force de la nature, la terre qui lave et purifie, la violence inculquée indélébile ou remédiable … . On plane, conscients et détachés. Les cadavres cryogénises et l’image de ces corps martyrisés, enveloppés dans leurs cominaisons et casques devenus linceuls, lâchés dans le cosmos, formant un étrange bouquet, est d’une incroyable douceur.  On se sent délestés.

High Life : Photo Robert Pattinson

Bien sûr, on adore Monte ! Sa relation à son bébé fille, ses gestes lents, tendres, ses soins, ses paroles, blotti dans sa confiance en cette toute petite personne blottie contre lui, leur apprentissage de ce monde imposé dont il parvient à extraire suffisamment de sérénité pour qu’elle se lève et marche. Cet amour touche en plein cœur.

Evidemment on adore Robert Pattinson et la scène avec Dibbs abusant de lui dans son sommeil semble, ô combien, évidente. Monte, lui, rêvait de Boyse qui ressemble tant à sa jeune amie du bord de l’eau, Résultat de recherche d'images pour "high life"Boyse qui, sans qu’ils le sachent, va porter son enfant que Dibbs lui ravira, la laissant, elle aussi abusée, ruisselante de lait inutile.
Willow, l’enfant, ne ressemblera à personne jusqu’à la dernière porte et sa transfiguration dans la lumière couleur de feu.

Un film magnifique qui entre naturellement dans mon top 8 de l’année 2018

Marie-No

Mademoiselle de Jonquières (2)

Image associéePrêcher le faux pour savoir le vrai, quelle folie ! Madame de la Pommeray, consciente de son échec à vouloir changer des Arcis, séducteur forcené, en fidèle compagnon, en fait le constat douloureux. Le film est délicat, délicieux dans sa façon de montrer l’évolution des sentiments de cette marquise étonnante.
D’abord, elle se délecte du récit des conquêtes de son ami, le gronde gentiment pour son inconstance, ravie d’entendre ce qu’il réserve à d’autres, ailleurs , là-bas, à Paris. Elle s’est retirée du monde et vit dans sa verte campagne où tout est calme et où il fait toujours beau. Ses toilettes s’accordent aux couleurs pastels des fleurs foisonnantes de son parc verdoyant, fleurs coupées dont elle orne les vases à leurs places idéales dans les vastes pièces lumineuses de sa demeure,
reflet de sa paix intérieure.

Mademoiselle de Joncquières : Photo Cécile de France, Edouard BaerMais des Arcis a pour mission de séduire et la séduire aussi. Il s’y emploie, elle résiste, il la veut , elle baisse la garde et succombe. Son expression en est transformée. Le sourire de courtoisie est devenu sourire de contentement. Des Arcis fait connaître à cette jeune veuve sans expérience des sens, les plaisirs de la chair. Elle rayonne, illuminée de ses extases. La scène où le marquis lui prend son livre et le pose sur le sien à coté d’eux sur la banquette, la caméra restant sur ces deux livres se chevauchant en est l’illustration.
Et puis ses yeux se voilent, elle ne veut pas mais c’est arrivé. Le charme est rompu, il s’éloigne … Ses mains s’agitent, tout est changé, les vases ne sont finalement pas à la bonne place, elle les intervertit et force est de constater qu’ils allaient mieux à leur place d’avant. L’inquiétude est devenue chagrin. Tombé dans le piège, il est parti, léger, belle nature !

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La marquise, elle, chancelle, pleure beaucoup. Mais ne s’éteint pas. Elle réfléchit et son sourire de convenance revient.

L’orgueil l’emporte sur la peine.
La deuxième partie du film va montrer le déroulement, pas à pas, du plan machiavélique mis en place pour assouvir sa vengeance. Pour cela, sans vergogne, elle va se servir de deux malheureuses « créatures », en usant, en abusant, dénuée de tout sentiment ni de compassion, ni de regret, ni de remord. Seule la déchéance du marquis lui importe. Qu’il soit la risée de tous, qu’il soit banni de leur société ! Sa coiffure a changé, l’anglaise désormais serrée dans le chignon et les toilettes de la marquise sont devenues criardes, soie jaune poussin, associée même parfois à de la  dentelle noire, goût de catin.
L’estocade finale la montre dépassionnée, misérable de médiocrité, presque détruite.
Alors que le marquis, en bon épicurien et bien obligé de se faire une raison, choisit de profiter de ce que sa situation lui apporte : une jeune épouse ravissante, conquise, sincère. Et honnête. Et peut-être même, grâce à la vengeance de son ancienne amante, trouvera-t-il le bonheur …

Ironie du sort ! Voilà bien ce qui serait le coup de grâce pour Madame de la Pommeray : que des Arcis soit heureux !

Ce film m’a ravie, les acteurs sont épatants. Bravo à Cécile de France qui se sort brillamment de ce contre emploi.
Sans surprise, Edouard Baer est formidable !
Du beau travail, sans de très gros moyens. Comme quoi …
Enfin, Emmanuel Mouret place son talent dans un écrin qui lui convient parfaitement.

Marie-No

 

Le Bonheur d’Agnès Varda

 

Ours d’Argent au Festival de Berlin 1965 – Prix Louis Delluc 1965 – David O’ Selznick Award 1966 – Visa pour Varda à la Cinémathèque de Moscou 1995

Présenté par Brigitte Rollet, universitaire
Dimanche 25 novembre 2018 à 10h30
Film en version restaurée (1965, 1h19) Avec Jean-Claude et Claire Drouot et leurs enfants Sandrine et Olivier et Marie-Françoise Boyer

Distributeur : Ciné-Tamaris

Synopsis : Un menuisier aime sa femme, ses enfants et la nature. Ensuite il rencontre une autre femme, une postière, qui ajoute du bonheur à son bonheur. Toujours très amoureux de sa femme, il ne veut pas se priver, ni se cacher, ni mentir. Un jour de pique-nique en Ile-de-France, le drame va se mêler aux délices : l’épouse se noie dans un étang. Le menuisier et la postière vivront ensemble et élèveront les enfants. Ils iront en pique-nique, mais c’est l’automne. 

« Tout bonheur commence par un petit déjeuner tranquille » William Somerset Maugham et Ricoré.

Le bonheur, c’est simple.
François et Thérèse sont heureux avec leurs deux enfants, calmes et joyeux. Leur amour se reflète dans leurs yeux sages et rieurs et le bonheur coule de source, un bonheur sans nuages, coloré, plein de fleurs. Un bonheur vert tendre et jaune tournesol. Des instants simples, complets, parfaits.
« Paix et tranquillité, voilà le bonheur » Proverbe chinois

Ils s’aiment, ils aiment leur vie, ne pensent pas à autre chose, autrement. Les jours heureux s’enchainent, raisonnables. Gisou, l’aînée de leurs enfants  a dans les 3 ans, eux deux ça fait au moins 4 ans, donc.
François, qui ne cherche rien rencontre Emilie qui, elle, cherche.
Elle le regarde, elle le capte , elle l’attrape.
Et lui, ben, un homme, c’est fragile … Emilie, c’est pour lui comme une soif de plein été qu’on étanche et qui revient pour qu’on l’étanche encore en goûtant pleinement la fraîcheur de l’eau. Un bonheur bleu azur comme les yeux d’Emilie. L’orangeade, pour la soif ordinaire, quotidienne, est délicieuse, aussi. Où serait le mal puisque cela ne nuit à personne ? Et Emilie fait si bien l’amour. Thérése est plus sage.
« Le bonheur, c’est le plaisir sans remords » Socrate

« On peut allumer des dizaines de bougies à partir d’une seule sans en abréger la vie. On ne diminue pas le bonheur en le partageant » Bouddha
François parle de pommiers, de verger clos, d’arbre en-dehors, tous pleins de fruits savoureux. Thérèse comprend en quelques secondes que sa vie vient de basculer. En quelques secondes, lui qu’elle aime tant l’a précipitée dans le vide, elle se voit tomber, c’est vertigineux. Il était le seul but de son existence, l’entière occupation de sa pensée. Vivre avec lui, longtemps, toujours, se consacrer à lui était son projet.Elle ne veut pas voir la mélancolie étendre sa toile grise sur les lieux de leur bonheur perdu. La douleur serait insupportable et elle n’essaie pas de lutter. Elle coule et se noie. « Le bonheur est un cristal qui se brise au moment de son plus grand éclat » Proverbe Turc

François retrouvera les bras d’Emilie qui les tend en plus à ses enfants. Ils sont en harmonie, en accord avec la saison et la vie continue. Le bonheur a pris des couleurs d’automne.

Depuis les années 60, l’idée du bonheur, du couple, du travail n’ont pas beaucoup changé et comme dans les années 60 la réalité de la vie, c’est autre chose !
Je repense à un jeune couple, l’incarnation des « Amoureux de Peynet ». Ils étaient si heureux ! Une stagiaire qui passait par là a fait voler leur famille en éclat. Un vrai gâchis !

« Le secret du bonheur en amour, ce n’est pas d’être aveugle mais de savoir fermer les yeux quand il le faut » Simone Signoret 
Essayer, au moins. Une fois.

Un très beau film, libre et poétique qui fait réfléchir et invente l’impressionnisme pop !

Marie-No

« Le grand bain » de Gilles Lellouche

Le Grand Bain : Affiche

Une fable sur les possibilités des genres, un miroir à facettes du masculin, du féminin. Les hommes peuvent avoir envie d’être Muriel Hermine et les femmes Philippe Lucas. C’est très bien. On applaudit.
Une fable sur la vie et ses embûches.
J’aime bien Gille Lellouche, acteur.
Et il y a quelque chose dans son oeil qui me dit que le mec Gilles Lellouche est sympa, rigolo, bon copain. Séducteur.
Mais p… c’est quoi cette promo de ouf ! Ces critiques dithyrambiques ? Sans blague, c’est pas un peu disproportionné quand même ? On pourrait peut-être remettre les pendules à l’heure parce que « Le grand bain », sans dec c’est quand même pas le film de l’année.
Le film, il faut le voir ! on nous l’a assez rabâché et la promo a été vraiment top. Les (petites) salles de l’Alticiné sont pleines à toutes heures. Le film attire tout le monde. Les Cramés y sont certainement presque tous allés.
Moi, je m’y suis précipitée et je ne peux pas dire que je le regrette mais je ne peux pas dire non plus que je me sois régalée …

Il manque la magie, il manque l’étincelle.

Là où il fait fort, Gilles Lellouche c’est de nous servir cette brochette d’acteurs mais, et c’est le problème sans doute, trop dans leur jus. On les connaît, on les reconnaît, on se dit eh ! eh ! t’as vu Poelvoorde ! Ben, justement c’est peut-être ça qui au final cloche un peu, beaucoup . Chacun leur tour, ils nous font leur numéro, le numéro qu’on connaît, leur show . Poolvoerde prend le devant de la scène, Amalric  écarquille  les yeux , Canet n’a pas un poil qui dépasse, Virginie Effira est à tomber, maquillée, pas maquillée, Leila Bekti, regard profond, belle voix cassée, Philippe Katherine  « over-perché » ah ! ah ! etc…
Les pas connus, circulez !

Attention ! : je les aime tous ! Et ils font tous le job  mention spéciale à Anglade qui crée vraiment un personnage et c’est Simon qu’on voit !
Gilles Lellouche a une belle énergie, il a fait son boulot sérieusement, il a imaginé un scénario original, il a écrit ses dialogues …
Scénariste, dialoguiste, des métiers …
C’est peut-être aussi en direction d’acteurs qu’il est un peu « just ».
Trop laissé la bride sur le cou. Ils bouffent le film.

Pour dire que j’ai marché dans la combine, mais, si j’ai pris le premier départ pour « Le grand bain », j’en suis sortie, pas médusée, mais avec l’impression de m’être faite un peu avoir.
Pas sûr que je le revois à la télé, ça va me faire trop.

Marie-No