Sans Filtre- Ruben Östlund (2)

Huit jours après je découvre encore de nombreuses scènes dont l’importance et la signification ne m’étaient pas toutes apparues au moment de la projection.

La scène finale quand Abigail extrait de la falaise une grosse pierre avec laquelle elle s’apprête à fracasser le crâne de Yaya : Va-t-elle le faire ?

Yaya vient de lui dire que lorsque tout sera redevenu comment avant elle la prendra…. disons le clairement comme servante, ce qu’elle a toujours été dans le monde d’avant. Pourtant la terre ferme est lointaine, pourtant l’hôtel de luxe dont on voit les restes sur la plage est désert signes que le monde est entrain de changer, Yaya a l’espoir de retrouver le monde d’avant et Abigail veut écraser cet espoir, cette possibilité – comme l’ont fait les révolutionnaires français de 1789 et russes de 1917 en faisant régner la terreur dans les années qui ont suivi.

Abigail vient de prendre le pouvoir (dictature du prolétariat ?) et tous les attributs qui vont avec. Elle va pouvoir choisir l’homme qui partagera sa couche, Carl semble finalement l’accepter : lâcheté ? Peut-être, mais dans le monde d’avant c’était aussi ceux qui avaient le pouvoir (les hommes) qui pouvaient choisir leur partenaire (des femmes).

Cette métamorphose de Carl va même plus loin quand il fouille dans les tonnes de détritus (là aussi le monde d’avant a failli) il s’intéresse à un flacon de parfum, à quelque chose de futile alors qu’il faut trouver du bois pour le feu. Est-ce pour cette scène que certains spectateurs ont parlé de misogynie, ce comportement étant supposé être celui des femmes dans le monde d’avant ?

Le rapport homme/femme avait été aussi abordé dans la première partie au moment où la note du repas est présentée, je crois qu’elle est déposée au milieu de la table. Souvent c’était aux hommes de payer (ils avaient le pouvoir et économique) mais maintenant que les mannequins femmes gagnent trois fois plus que les hommes Carl demande à Yaya de payer. Les réalités matérielles peuvent changer mais les mentalités évoluent beaucoup plus lentement et Yaya continue de penser que c’est aux hommes de payer.

Autre scène qui ne prend pas immédiatement sa signification : des hommes et des femmes à quatre pattes en train de nettoyer le pont, on retrouvera cette scène à la fin du « repas du commandant », après cette orgie de nourriture et de boisson.

Sur ce bateau, chacun est à sa place, Paula et Darius essayent d’assurer le déroulement de la croisière, pendant ce temps le milliardaire russe propriétaire du bateau se dispute avec le capitaine communiste américain et cela malgré la tempête qui survient (les dirigeants du monde, américains et chinois ; européens et russes se disputent et pourtant la catastrophe climatique annoncée est à nos portes).

Est-ce la tempête (le dérèglement climatique) ou une bombe nucléaire qui a mis fin à la croisière ?

Henri

Un hélicoptère débarque en urgence un colis de Nutella, on nous explique que pour faire la promotion d’un produit bas de gamme on peut sourire et qu’il faut par contre être sérieux pour un produit haut de gamme, on se dispute pour savoir qui de l’homme ou de la femme doit payer le repas, la jalousie (ou la connerie) entraine le licenciement d’un matelot, une explosion inattendue et d’origine inconnue détruit un paquebot (non cela ne peut pas être une simple grenade même défensive), une cliente oblige tout le personnel de bord à prendre un bain, un homme s’intéresse à un flacon de parfum trouvé parmi de nombreux déchets alors qu’il y a urgence à trouver de la nourriture.et du bois pour survivre, un hôtel de luxe est déserté sa plage est pourtant bien garnie de mobilier de plein air, le commandant du bateau laisse son navire dériver dans la tempête, une femme brandit une pierre pour fracasser le crane d’une autre qui pourtant ne lui veut aucun mal. On est témoin d’une discussion absurde entre le capitaine et le propriétaire du paquebot de croisière …..
Le réalisateur enfonce-t-il des portes ouvertes?
est-ce du déjà vu sans intérêt ? Si oui alors n’allez plus au cinéma.
Suffit-il de montrer une femme mannequin, avec toutes ses contradictions pour dire qu’il s’agit d’un film misogyne ? Alors il y beaucoup de travail pour les censeurs dans beaucoup de films et dans les oeuvres artistiques en général.

Henri (01.12.22)

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