Perdrix de Erwan Le Duc

Perdrix : Affiche

Le réalisateur, Erwan Le Duc, est journaliste sportif à la base. Genre, le type couvre le Mondial de foot en Ukraine !!!
Comme quoi il ne faut jamais désespérer de rien puisque, avec « Perdrix », son premier film long métrage, Erwan Le Duc nous offre une comédie romantique, déjantée, soignée, signée.

Une telle émotion, une telle fantaisie avaient bien besoin de sortir !
D’abord sur nos gardes, on plonge vite dans l’histoire et on prend un plaisir mélancolique à être avec cette famille loufoque mais pas tant que ça, soudée, mais pas tant que ça, figée dans l’empêchement.
Ca parle d’amour. L’amour naissant et évident entre Pierre et Juliette, l’amour pudique, débordant, étouffant, d’une mère pour ses fils, d’un père pour sa fille, l’amour préservé et ravageur d’une femme pour son mari disparu, l’amour fraternel.
L’équilibre est trouvé entre la fantaisie et l’émotion.
Dans la famille Perdrix, le gardien du temple c’est Pierre (Swann Arlaud, épatant en gradé lunaire), le fils aîné, gendarme bienveillant qui n’ a pas grand chose à gendarmer dans sa bourgade perdue des Vosges. A part garder un œil sur la colonie de nudistes, arrivés là depuis peu, voulant faire reconnaître leur droit à se présenter sans artifices, sans masque, nus donc et signifier à tous par des « actions » l’urgence à adhérer à leur cause, à se débarrasser du superflu, à participer à leur révolution.
Pierre Perdix doit aussi encadrer les reconstitutions historiques. Il y a des tanks, des jeeps à garer. Et les bénévoles à accompagner. Ils se passent l’uniforme tantôt français, tantôt allemand. Interchangeables, pareils. Un seul mot d’ordre : zénitude.
Nicolas Maury (le Hervé de Dix pour cent) est Julien dit Juju, le frère de Pierre. Juju père opaque, biologiste réfugié dans la géodrilologie, vouant une passion totale à ces animaux fouisseurs, précieux indispensables alliés du futur, acteurs majeurs dans la qualité du fonctionnement des agroécosystèmes. Juju a une fille, Marion, ado, dans la honte du père, faute de mère,  et le sien lui tape l’affiche format XXL ! Elle, ce qu’elle veut c’est partir en sport études option ping-pong, échapper à sa grand-mère aussi, Thérèse, formidable Fanny Ardant, enfermée dans son deuil avec tous les siens, réfugiée dans son garage, dans l’écoute des autres. Car cette tribu, entre eux, ne se parle pas. Ça s’est décidé comme ça, quand le père est mort, il y a des années. Ils se sont groupés et figés. Thérèse inconsolable d’avoir perdu l’homme de sa vie, l’homme idéal, croque désormais tous les autres, simples mortels, ce qui ne la console nullement.
Un beau jour,  Juliette débarque et Juliette (Maud Wyler formidable en malheureuse électrisée), c’est le contraire. Son cas est tout aussi pathologique, remarquez ! Juliette c’est la fuite en avant avec sa vie consignée sur des petits carnets qui la retiennent en arrière.
Qu’est-ce qui pourra bien rompre ces malédictions ?
L’amour évidemment !
L’amour qui les fera tous sortir du cadre pour les remettre sur le chemin du possible bonheur.

Beaux personnages, dialogues travaillés,
Une jolie comédie, originale et émouvante.
C’est rare.

Marie-No

Compte rendu (en retard) du 60ème Festival de Cinéma de Prades!

Le lundi commence allègrement le 60eFestival du Cinéma de Prades, eh oui ! 

Avec « Vire-moi si tu peux », deuxième court métrage d’un jeune réalisateur,   Camille Delamarre, c’est aussi un acteur et surtout un monteur reconnu. Ici, il  bénéficie d’un sacré casting et donc d’un bon coup de pouce, avec deux acteurs principaux, Patrick Timsit et Richard Berry, c’est drôle et très bien fait.  Et donc nous allons guetter son premier long-

Ensuite nous faisons la connaissance de Serge Bromberg qui a fondé Lobster, une société un peu folle, dont la mission consiste à  retouver et à rénover des films disparus ou anciens, on n’imagine pas combien le hasard est généreux,  comment s’agencent les coïncidences pour ceux qui cherchent, pour ce genre  « d’archéologue du cinéma ». Serge Bromberg est un découvreur. Il est cabotin, mais c’est un artiste,  personne n’est parfait. Ce qui est parfait c’est le travail de sa maison. Vient le ciné, le temps de voir du muet ! On regarde parfois ça avec un peu de condescendance, on n’y tient pas plus que ça, mais que la séance commence et on remise très vite nos préjugés.  Ma culture cinématographique concernant Meliès, se bornait à l’image de la lune qui reçoit une fusée dans l’œil, celle qui illustre le 60èmeFestival de Prades ! Mais le film ? Eh bien nous avons eu droit à une projection colorisée, comme lors de sa première projection!  Dès ses débuts, le cinéma se rêvait en couleurs. Avec Meliès, on est dans un imaginaire débridé,  à l’époque de Jules Vernes, on songe à la conquête de l’espace, six savants fous alunissent, rencontrent des lunaires, (des sélénites), ces drôles d’extraterrestres ! Les trucages commencent dès les débuts du cinéma. 

Autorisons-nous cet aparté, l’histoire compare souvent  deux tendances, Melies, sa fantaisie et ses trucages et les Frères Lumières (l’artiste et le scientifique),  pour leur mise en lumière du réel. Observons aussi que lorsqu’on regarde la galerie de portraits des fondateurs du cinéma on n’y voit que des messieurs.  On oublie Alice Guy née en 1873, dont pourtant Wikipédia nous dit : « Avec La fée aux choux, qu’elle tourne en 1896, elle est la première réalisatrice de l’histoire du cinéma. Elle joue un rôle de pionnière en ayant l’idée de filmer du contenu de fiction pour faire vendre des caméras proposées par Gaumont. En 1910, elle est aussi la première femme créatrice d’une société de production de films, la Solax Co3 ». Une paille ! Mille films presque tous disparus ou mal identifiés. Pour l’essentiel  Serge Bromberg et ses collègues n’en ont  probablement jamais eu la restauration, car il nous apprend qu’en quelques décennies, les bobines de 35 mm en nitrate de cellulose durcissent  deviennent compactes, indébobinables, avant  que de se ratatiner sur elles-mêmes.  (Mon explication est un peu sommaire, j’en conviens, mais ça ne change rien au résultat). Autant dire que les films que nous propose Serge Bromberg sont de purs miracles ! Sauvés, reconstitués grâce des recherches folles dans le vaste monde et à des techniques impossibles (science et  patience !)

Et au total, nous avons vu quelques muets, dont quelques magnifiques Laurel et Hardy et particulièrement « Vive la Liberté » qui se déroule au sommet d’un gratte-ciel… Terreur époustouflante, et rire libérateur garanti !  Nous avons aussi vu la plus grande bataille de tarte à la crème de l’histoire du cinéma, et bien d’autres trésors. 

Serge Bromberg nous quitte, il était un véritable showman,  accompagnateur pianiste (très Jazzy)  des films, conteur, et drôle. Alors, une petite anecdote  pour finir : Serge Bromberg  est dans la salle et nous discutons avec lui en petit groupe, et le piano qui devait lui permettre d’accompagner un film manquait. Alors, il nous dit : « On va sans doute me trouver un peu excessif, mais dans la mesure où j’accompagne ce film au piano, j’en ai exigé un !». 

 Arrive Nicolas Philibert et ses  documentaires. On se souvient de l’immense succès d’Être et Avoir.

Au physique, imaginez Marilyn Monroe sur la grille de métro,  maintenant, mettez à sa place Nicolas Philibert, qu’obtenez-vous ? Un homme avec tous les cheveux sans exception,  dressés sur la tête. 

Blague à part, c’est un homme de petite taille,  un peu austère et réservé, mais qui immédiatement captive. Son visage, son timbre de voix, cette manière  de parler sans jamais élever le ton, et lentement, pesant chaque mot,  scrupuleux, très attentif. Lorsqu’on lui demande pourquoi, il fait du cinéma, il cite Henry James : « j’écris des livres pour savoir ce qu’il y a dedans disait-il, et moi je fais des films pour savoir ce qu’il y a dedans ». 

Et je ne sais pas si c’est un effet de sélection, on a l’impression que Nicolas Philibert aime les lieux clos, les systèmes fermés, et il les filme en essayant paradoxalement, d’en savoir le moins possible sur le sujet, en gardant sa capacité d’étonnement : 

« La ville Louvre ; le pays des sourds ; de Chaque instant ; La nuit tombe sur la ménagerie ; La Maison de la Radio ; La moindre des choses ; Un animal des animaux » Musée, institution de sourds, école d’infirmière, zoo, radio, asile, jardin des plantes. Pourrait-il aussi bien filmer dans un lieu mal circonscrit ? Il faut que j’en trouve un pour le voir.

Il ne fallait rien louper. Il y a une sorte de magie dans ses films :  le ton,  la distance, la méticulosité, et son amour des visages, pas du visage qui joue un rôle social, non, celui de l’être en tension, celui qui travaille, qui pense, qui fait. Celui dont le projet, l’action  lui fait oublier qu’il existe, qu’il est en train d’exister. Le style de Nicolas Philibert a quelque chose de fascinant. Pris dans cet engrenage qu’est la succession de ses films, on voudrait que ça ne s’arrête pas, on a l’impression de comprendre, d’être avec, de partager. L’instant de la projection, on est orang-outan, sourd, journaliste ou empailleur…On est en empathie avec les personnages de ses sujets. Lors de son dernier débat, Nicolas Philipbert demandait au public qu’est-ce qu’un grand  film ? Et nous y sommes allés de nos définitions malhabiles ou parfois aiguisées. Il gardait la sienne pour la fin, je n’en ai pas retenu les termes, mais je me souviens que sa définition n’était pas celle d’un film en particulier, mais celle d’un chef-d’œuvre, en substance il dit à peu près : « Quelque chose qui dépasse celui qui l’a fait, quelque chose de plus grand que l’intention de son auteur !  »… C’est ce que Nabokov disait du « Don Quichotte ! »

Mon bémol  c’est « La moindre des choses » ce documentaire passionnant se passe à Laborde, institution pour personnes malades mentales. Qu’est-ce que la psychiatrie institutionnelle avait demandé N.Philibert au Docteur  Jean Oury, fondateur de l’Institution, et lui de répondre laconiquement : « C’est la moindre de choses » … Séduisant, car on est invité à découvrir la chose en question. 

Pourtant, je trouve que ce film ne voit pas assez la part de l’institution dans la maladie de ces braves gens,  sauf un instant fugace, par un personnage du film, (François je crois), élégant, sensible, spirituel, édenté…Pourquoi les vieux et moins vieux pensionnaires n’ont plus de dents en psychiatrie, pourquoi leur rasage devient approximatif ? Comment parmi la multitude de malades, devient-on un vieux pensionnaire qu’est-ce qu’on y gagne, et surtout, qu’est-ce qu’on y perd ? 

Puis vient le moment où l’on quitte Nicolas Philibert, plutôt c’est lui qui nous quitte et nous le regrettons. 

Intermède, Laïla Marrakchi, avec 2 longs et un court… pour ma part, j’aurai sans doute préféré l’inverse car les affres de la jeune bourgeoisie branchée marocaine m’intéressent autant que « la boum » .

Arrive Cédric Kahn, je ne connaissais pas, je n’avais vu qu’un film de lui, et là, belle sélection et autant vous le dire tout de suite, il va succéder avec une classe folle à Nicolas Philibert. Qu’est-ce qu’on nous présente ?  

« Une vie Meilleure, la Prière, Feux rouges, Roberto Succo, l’Ennui, Vie Sauvage ».Mais d’abord un mot de l’homme Cédric Kahn, il succédait bien à Philibert pour l’éthique et dans l’attention portée aux personnages et aux acteurs, aux situations et à la manière de les filmer. Mais l’homme Cédric Kahn m’apparaît plus naturel, moins construit, plus spontané et il fait de la fiction. 

Il a chez lui, une sorte de méfiance pour le « psychologisme » et il feint de ne rien trop savoir des personnages, il laisse à chaque spectateur son libre jugement,  il préfère de loin parler des circonstances et conditions de tournage, des acteurs qu’il a filmés. Au contact, il est simple, direct, attentif (très), et toujours le plus clair et  fluide possible dans ses commentaires, il accepte les critiques les plus dures comme les plus élogieuses avec placidité et bienveillance. Cédric Kahn est son meilleur agent parce qu’il a un contact spontané et fin et  peut-être son plus mauvais parce qu’il n’exprime aucune vanité d’aucune sorte, dans un monde qui n’est pas fait pour ça. 

Dans cette sélection, deux films étaient inspirés de livres, l’un « feux rouges » de Simenon, et « L’ennui » de Moravia, je réunis ces deux films très différents, parce qu’il se trouve que j’ai  un peu lu les auteurs. Cédric Kahn s’inspire, il ne reproduit pas, il ne craint pas de modifier les histoires. Pourtant, les Simenon et Moravia de Cedric Kahn y sont mieux que sentis, ils y sont eux-mêmes. Cedric Kahn est un cinéaste de l’ambiance, du climat.  De ces films, il faut tout voir et revoir si l’on peut. « La vie sauvage » d’abord, vous savez ce marginal un peu mégalomane qui  décide de soustraire ses enfants à la décision de justice et à leur mère, et les élève en fugitifs comme des Sioux. C’est presque un documentaire, c’est aussi un remarquable travail d’acteurs. A l’exemple aussi de « L’ennui », le fameux Moravia dont je parlais à l’instant, le héros fait aussi penser à « un amour de Swann » en moins soft au plan physique mais en aussi vif et douloureux sur le plan affectif… il y a des voies où il ne faut pas s’embarquer !  Un film remarquablement joué là aussi. (Charles Berling, Sophie Guillemin (quel rôle ! elle y est parfaite) et Arielle Dombasle. Mais surtout, il faut attendre avec impatience le prochain film de Cédric Kahn « Fête de famille » et ne pas le manquer, Les Cramés de la Bobine seront vigilants.

Avant de finir ce billet, déjà bien long,  trois choses : 

-Il y a un prix du public  du Court-Métrage à Prades, et il y a une rigoureuse présélection qui aboutit à nous présenter 15 courts-métrages. Ambroise Michel, l’un des réalisateurs était présent, c’était le seul, il n’a pas gagné, mais tout de même,  son « court » était bien fait et drôle.  Presque tous étaient bons. Si un jour près de chez-nous, un ciné projette des courts, je serais un bon  client. Nefta Foot Club a obtenu le prix, je ne sais pas comment les organisateurs ont fait pour trouver un vainqueur, pour ma part,  à 80 % d’entre eux, j’ai mis la note maximum… Mais je le reconnais  volontiers, Nefta est un franc moment de ciné, drôle, original et inattendu.

-En bref : Signalons deux films légèrement anciens,  « Parlez-moi de vous » de Pierre Pinaud, un premier long métrage, avec dans le rôle  principal, magnifique,  Karine Viard, elle est en compagnie de Nicolas Duvauchelle et bien d’autres. Puis vint  « Larguées, d’Eloïse lang »  Camille Cottin, Camille Chamoux, Miou-Miou, ce n’est pas ce que je préfère, les bonnes actrices ne font pas nécessairement de bons films. Et deux prévisonnements : Papicha de Mounia Médour, remarquable, dans la lignée du grand « Mustang » puis Alice et le Maire de Nicolas Pariser( Avec  Fabrice Lucchini et Anaïs Demoustier.) Superbes  et à retenir !

-Enfin, le Festival de Prades,  demeure une joie dans la vie de ses festivaliers. Pas seulement parce qu’on y reconnaît les visages amis, qu’on y apprécie les compétences, la gentillesse, le travail, les choix, mais aussi pour le style du Festival de Prades, son climat sympathique. 

Et puis, l’essentiel du Festival est mono Salle…et rien que ça,  rend ce festival distinct et agréable, les habitués des festivals musique, théâtre, ciné, comprendront. Décidément, Prades, cette belle petite ville touristique, avec ses 6000 habitants, demeure  une grande ville de la Musique et du Cinéma.

Jean-Pierre Mocky 1929 ou 1933 /2019

Au début, Jean Pierre Mocky était peintre,  et il l’est resté,  une peinture par d’autres moyens.

Jean-Pierre Mocky, la dernière fois que je l’ai aperçu c’était dans la rue quelque part dans Paris, vers le quai Branly,  avant cela,  c’était  à la télé en 2013, dans « On n’est pas couché » une émission tardive et très regardée,  il présentait son dernier film d’alors,  « le Renard Jaune », face à lui  Natacha Polony et  Aymeric Caron (Laurent Ruquier, « Modérateur »). Nul ne s’étonnera d’apprendre que lors de cette émission,  Jean-Pierre Mocky,  les a très rapidement  traités de cons, leur a dit qu’ils représentaient exactement ceux qu’ils n’aimaient pas.   Les deux journalistes n’étaient pas de reste, dans un autre genre, une autre grossièreté.

On peut être gêné par le style de prise de parole de Jean-Pierre Mocky, mais il a souvent eu le mérite de mettre en lumière verbiages et impostures, et à travers ces deux journalistes d’un soir,  l’imposture et la vacuité générale de ces gens qui font l’opinion.  (Comme avant lui l’ont fait Thomas Bernhard et quelques autres)  

Et dans cet orage, il y avait tout Mocky : « Vous démolissez un film qui n’a pas de pognon et qui fera 15 spectateurs ! Foutez-moi la paix ! » « Il y a toujours eu des gens comme vous » (et Il cite des  cinéastes empêchés de travailler pour les mêmes raisons).

Mocky pour ce film comme pour tous les autres, a tourné sans argent, là c’est un copain « Marchand de Vin », « C’est Jean Bellaïsch, qui a financé le film,  quelqu’un qui aime le cinéma et qui s’y connaît »  

Je me souviens qu’alors nous nous étions précipités pour voir « Le Renard Jaune » dont la distribution, comme souvent chez Jean-Pierre Mocky était prodigieuse. Et comme presque toujours, nous avons aimé.  Mocky a travaillé avec les meilleurs acteurs, meilleurs opérateurs, meilleurs musiciens. Ces gens l’aimaient, et il les aimait, il les connaissait mieux que personne, car si cet homme pouvait être bourru, il devait aussi être  amical et c’était  une encyclopédie vivante du cinéma, à l’égal d’un Tavernier. 

Je recherche dans ma vieille collection de « L’autre Journal » j’ai retrouvé un numéro de Mai 1986 »,  c’est une  splendide revue de Michel Butel, et je tombe alors sur un article de Paul Sabini « Mocky, donc aime faire des films et pourtant, depuis quelque temps, ceux pour qui il les fait n’ont pas le temps de le lui rendre. Ces films comme dit la comptine, font trois petits tours et puis s’en vont des salles, parce que ceux qui tiennent le marché aiment beaucoup l’argent et que lui n’en rapporte pas assez…Mocky, lui, réussit à dissoudre la gangue  qui étouffe le travail des autres, de ceux qui lui ressemblent. »

La vie de Mocky  c’est le cinéma, il a commencé avec les plus grands, et fut même un acteur, il l’est demeuré en tous points.  Mais, c’est le réalisateur anar que je préfère, lui et son œuvre ne font qu’un. Il y aura un temps où l’on considérera l’ensemble plutôt que de dire « il a fait le meilleur et le pire ». En attendant, si je ne me sens nullement qualifié pour qualifier son travail , j’imagine tout de même que c’est un chef-d’œuvre.

Mocky, c’était un homme libre qui  a fait un cinéma qu’on ne voit que rarement. Si l’argent  fut un frein, le néopuritanisme de ces dernières décennies en fut un autre. Mais restons confiants,  la galerie des personnages qui  sévit désormais sous d’autres déguisements que ceux  de ses curés trouvera ses Mocky, car  Mocky est éternel.

Je joins deux liens, Strip Tease pour sa drôlerie (mais on y voit aussi l’homme dans l’action, pressé, inquiet, sans un rond )

Et j’ai eu plaisir à écouter Vladimir Cosma et surtout Jean-François Stevenin, qui parle très bien de Mocky.

STRIP TEASE – Le parapluie de Cherbourg – YouTube
https://www.youtube.com/watch?v=rrbXkUvOTVg

https://www.franceinter.fr/emissions/le-6-9/le-6-9-09-aout-2019

Jean-Pierre Mocky (1933-2019)

Jean-Pierre Mocky au Clap Ciné !

Bouleversant, drôle, provoquant, choquant, étonnant, époustouflant, impressionnant, touchant, séduisant, charmant.
Dans la vie, Mocky avait mis des distances, ses distances avec les imbéciles, les hypocrites, les malotrus dont il n’a cessé, à l’écran, de brosser des portraits depuis 1959, infatigable enthousiaste mélancolique, attachant détaché. 66 films ! Et il avait encore du pain sur la planche.
On n’a pas fait gaffe qu’il pouvait s’envoler et voilà !
Le 8 août, Jean-Pierre Mocky est parti rejoindre les irremplaçables.