Abou Leila-Amin Sidi-Boumediene

Film franco-algérien de 2 heures 13 minutes tourné en Algérie et dont la sortie a été retardée par le confinement. Réalisation, scénario et montage sont l’œuvre d’Amin Sidi-Boumediene.

Interprètes : Slimane Benouari (S.), Lyes Salem (Lofti),

Synopsis : Algérie, 1994. S. et Lotfi, deux amis d’enfance, traversent le désert à la recherche d’Abou Leila, un dangereux criminel. La quête semble absurde dans l’immensité du Sahara. Mais S., dont la santé mentale est vacillante, est convaincu d’y trouver Abou Leila. Lotfi, lui, n’a qu’une idée en tête : éloigner S. de la capitale. C’est en s’enfonçant dans le désert qu’ils vont se confronter à leur propre violence.

Amin Sidi-Boumediene avait 10 ans en 1990 quand la violence a commencé à frapper en Algérie et il ne mesurait pas les tenants et les aboutissants de la situation. Son grand frère lui a transmis son amour du cinéma. Il est parti en France faire des études au Conservatoire libre du cinéma pour se former à la technique. Il y a appris le métier d’assistant réalisateur et travaille depuis 10 ans en Algérie.

Amin Sidi-Boumediene ainsi que la script Sandra di Pasquale ont répondu à l’invitation des Cramés de la bobine et ont participé à l’animation de cette soirée.

Film – Révélé en 2019 à Cannes à la semaine de la critique, Abou Leila, road movie halluciné à travers une Algérie cernée par la violence, est enfin sorti en salles le 15/07/2020. Le réalisateur explique que son projet de long métrage est né d’un court métrage qui relatait la chasse au guépard d’un homme recueilli par les touaregs. Il est à rappeler que l’Algérie, un pays musulman, a été la première victime du terrorisme islamique.

Abou Leila est, avant tout, un thriller policier par moment fantastique et par moment un film d’horreur qui montre un pays imaginaire, qui nous fait rentrer dans la sensibilité des personnages, dans leur regard, leur fiction. C’est aussi une histoire de traumatismes qui ne sont ni guéris, ni pris en charge. Ce film parle de l’humanité, au sens large, de n’importe quel pays plongé dans la violence où l’être humain fait l’expérience d’une réalité oppressante, qui peut être traumatisante jusqu’à la folie.

Le spectateur est plongé dans une confusion étrange et importante sans début ni fin et qui n’est jamais expliquée. Le film ne cesse de muter. Il débute au son du chargement d’un revolver, un homme ouvre le feu et tue un avocat qui sort de chez lui.

Loin de la ville une voiture fonce vers le sud, à travers le Sahara algérien. A son bord, Lofti policier de la brigade anti-terroriste et S., ami et ancien policier que Lofti a sorti de son asile psychiatrique, qui poursuit de manière obsessionnelle un mystérieux homme : Abou Leila. Ils quittent la folie urbaine pour une folie sans limite dans le désert.

Ce film à l’atmosphère anxiogène montre la fraternité de deux hommes en fuite, désireux de s’extraire de la violence en traversant le désert. Les hallucinations de S se superposent au réel et finissent par le dissoudre : des hommes deviennent des bêtes sauvages, d’autres viennent et disparaissent. Les illusions et la narration sont perturbées par des pistes constamment brouillées.

Face à cette sauvagerie incontrôlable, les rapports peuvent se renverser. En effet, dans l’immensité du désert les âmes et leurs lois ne sont plus qu’animales.

Une chose est sûre : ce film ne laissera personne indifférent.

Marie-Christine

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