Voici les réponses pour LES PROMENADES EN VOITURE (les Quizz de Chantal) :

Comme souvent, Marie-No 5/5, puis Laurence. 3/5 ont trouvé, elles sont très fortes ! Vous aviez trouvé ? Vous pouvez nous le dire, vous trouverez plus bas une adresse mail pour répondre.

Pour tous ceux d’entre-nous qui n’ont pas trouvé, Chantal nous donne les réponses :

  1. La main au collet / To Catch a Thief, 1955 (Cary Grant & Grace Kelly)
  2. Jeune et Innocent / Young and Innocent, 1937 (Nova Pilbeam & John Longden)
  3. Les Enchaînés /Notorious, 1946 (Cary Grant & Ingrid Bergman)
  4. Rebecca,1940 (Laurence Olivier & Joan Fontaine)
  5. Soupçons / Suspicion, 1941 (Cary Grant & Joan Fontaine)

Et c’est amusant, qui a créé ce genre de cadre ? On ne serait pas étonné que ce soit Hitchcock, en tous les cas, il le mériterait, voici d’autres exemples :

Pas de printemps pour Miss Marnie – Alfred Hitchcock
A son tour, Claude Lelouch dans un homme et une femme
Et ce dernier clin d’œil avec les valseuses, Bertrand Blier

NEVER RARELY SOMETIMES ALWAYS, un film de Eliza Hittman

Film américain (vostf, août 2020, 1h42) de Eliza Hittman avec Sidney Flanigan, Talia Ryder et Théodore Pellerin 

Synopsis : Deux adolescentes, Autumn et sa cousine Skylar, résident au sein d’une zone rurale de Pennsylvanie. Autumn doit faire face à une grossesse non désirée. Ne bénéficiant d’aucun soutien de la part de sa famille et de la communauté locale, les deux jeunes femmes se lancent dans un périple semé d’embûches jusqu’à New York.

Présenté par Chantal Levy

Une salle plutôt clairsemée pour ce troisième film d’Eliza Hittman : vacances de toussaint, changement d’horaire pour cause de couvre-feu ? Le film étant disponible sur plateforme VOD  ̶  volonté de la réalisatrice dont le film n’a pas pu sortir en salle comme prévu aux Etats-Unis pour cause de Covid  ̶  certains pourront se rattraper. 

Douloureux, délicat, tel est ce film à mes yeux, et « utile » pour reprendre l’adjectif d’Eliza Hittman. Ce film qu’elle a voulu « utile » l’est sans conteste.

Il raconte le périple d’Autumn Callahan et de sa cousine Skylar, un voyage odyssée qui mène les deux adolescentes de 17 ans d’une petite ville de Pennsylvanie, à New York City où Autumn, enceinte, pourra avorter malgré une grossesse de 18 semaines et cela sans autorisation parentale.  

Ce film n’a rien d’un réquisitoire, mais il déroule de façon quasi documentaire les difficultés auxquelles Autumn va devoir se confronter : les centres de planning familial, les cliniques d’aide aux femme en détresse, Autumn allant de l’un à l’autre, obligée de remplir à chaque fois le même formulaire, répondre aux questions quasi similaires, refaire des examens médicaux déjà faits, Autumn n’ayant d’autre choix que celui d’accepter ce processus qui alourdit son fardeau pour pouvoir finaliser son choix, celui de mettre fin à une grossesse non désirée, expliquant qu’elle ne « se sent pas prête à être mère« . 

Voilà une jeune fille qui a fait son choix, sans agressivité aucune : lorsque la doctoresse, qui l’a auscultée au centre familial de sa petite ville natale, lui téléphone afin de fixer un rendez-vous de suivi médical, Autumn, qui est dans le bus roulant vers New York, décline poliment le rendez-vous et dit simplement qu’elle la recontactera.   

Bien sûr, le film se concentre sur Autumn : d’une part le fardeau qu’elle porte, l’enfant non désiré, mais aussi l’unique valise emportée par Skylar comme métaphore du fardeau  et d’autre part le regard qu’elle porte sur ce qui l’entoure : les hommes, que ce soit dans la famille ou au travail, car comme beaucoup de jeunes aux Etats-Unis, Autumn et Skylar travaillent dans un supermarché après l’école, les hommes croisés durant le périple, dans le bus, le jeune Jasper, autre personnage important du film, ou dans le métro ; la ville avec son rythme effréné et effrayant, ses bruits, ses mouvements, ses lumières, ses transports, la grande ville où le mode de vie est à des années lumières de celui de Pennsylvanie ; enfin Autumn et son regard perdu, à certains moments, un regard d’incompréhension lorsque qu’on lui parle des différentes étapes qui mèneront à l’avortement, son regard inquiet toujours empreint d’incompréhension lorsqu’à proximité de la clinique qui va la prendre en charge elle voit une foule de manifestants pro-life, son regard écœuré qu’elle détourne lorsque la travailleuse sociale de centre familial de Hillsboro, sa ville natale, ayant compris qu’Autumn souhaite avorter,  lui montre une vidéo anti-avortement qui martèle le fait qu’avorter c’est tuer un être vivant. On veut culpabiliser la jeune fille, après l’avoir trompée sur le nombre de semaine de sa grossesse. Tous ces regards ne sont-ils pas aussi nos propres regards de spectateurs ? 

En effet, la réalisatrice décide de filmer en 16mm, de filmer au plus près, de filmer souvent en gros plan, nous rapprochant ainsi de ces deux adolescentes que l’on sent à peine sorties de l’enfance et découvrant un monde qui leur est étranger et que l’on aimerait aider. L’argent, autre facteur important, elles en ont volé un peu à leur employeur pour payer le trajet et essayer de survivre pendant 24h qui se transformeront en 48, l’argent nécessaire pour payer un avortement, pour se loger et se nourrir, cet argent qu’Autumn et Skylar n’ont finalement pas en quantité suffisante et qui va pousser Skylar à se sacrifier en acceptant les avances de Jasper connu pendant le trajet : un gros plan magnifique sur la main tendue d’Autumn cherchant celle de Skylar qui, adossée à un pilier dans une gare routière subit le long baiser de Jasper en échange d’argent.

Et comment ne pas être submergé de douleur, d’émotion et d’empathie lors de la scène clé qui donne au film son titre, Never Rarely Sometimes Always, réponses à un QCM posé par la travailleuse sociale Kelly Chapman, jouant son propre rôle, devant le visage d’Autumn qui se crispe à certaines questions, et se défait à d’autres ?

Ces deux adolescentes, ces deux jeunes femmes dont c’est le premier film en tant qu’actrices nous livrent une performance époustouflante : notons que Talia Ryder, Skylar, était mineure au moment du tournage ce qui posait des problèmes à la réalisatrice car elle ne pouvait pas la faire tourner à n’importe quand. 

L’avortement, sujet tabou, dans un pays où les états tentent par des lois qui leur sont propres de restreindre le droit à l’avortement autorisé par la Cour Suprême, loi fédérale, en 1973 et réaffirmé en 2016 par cette même cour, sujet sensible dans d’autres pays, l’Irlande par exemple dont la loi ne date que de janvier 2019 et qui depuis essaie aussi de la restreindre, en Pologne où les femmes manifestent aujourd’hui pour ce droit remis en cause, sujet sensible donc choisi par Eliza Hittman qui a mis plusieurs années à faire le film et qui en a parfois tu le thème de peur d’essuyer des refus de tournage. 

Autumn et Skylar sont à la fois matures et innocentes, solides et fragiles ; elles sont deux mais elles n’en sont pas moins seules, une solitude accentuée par certains plans de foule, par un entourage familial qui n’écouterait pas et ne comprendrait pas ; elles pourraient être nos filles, elles incarnent tout simplement l’adolescence meurtrie, blessée qui doit payer le prix fort pour renaître.      

Chantal

Quel film avez-vous détesté ? Barry Lyndon de Stanley Kubrick

J’ai détesté Barry Lyndon…..

Quand le film de Stanley Kubrick est sorti en 1975, j’avais dit que je n’irai pas le voir. Pourquoi ? Parce que j’avais lu le roman qui m’avait profondément ennuyée.

Seulement parfois on se laisse piéger par un/une ami/e  qui vous y traîne, vous assurant que c’est génial, beau, sublime, que l’esthétique du film est irréprochable, bref que c’est un chef d’œuvre et que, qui dit chef d’œuvre dit obligation d’avoir vu ! 

Alors j’y suis allée, dans cette belle salle obscure des Champs Elysées qui n’était pas éclairée à la bougie mais remplie comme un œuf  ̶  je ne vous raconte pas la queue sur le trottoir  ̶  salle remplie donc, de spectateurs avertis, ou non d’ailleurs… J’étais assise dans les cinq premiers rangs et j’allais en avoir plein les yeux.

Alors, oui c’est beau, les costumes, les décors, les éclairages (lumière naturelle et bougies), la musique (merci messieurs Bach, Haendel, Vivaldi, Mozart, Schubert, j’en oublie sans doute)…

Mais quel ennui ! Une histoire qui était la même que celle du roman de Thackeray ! Fidèle adaptation donc.

J’avais dû lire le roman en 3ème année de licence, mais le pire était à venir, peu de temps après, je recommence pour un concours, que je n’ai pas eu, la faute à Barry the rogue, à coup sûr !  

Désolée chers amis, je sais, la critique a adoré, et vous aussi je suppose. Mais on a le droit de détester un film que tout le monde aime et inversement, non ?  

Il n’y aura pas de rétrospective Kubrick aux cramés : tant mieux,  Barry Lyndon y aurait figuré en bonne place : j’aurais boudé la séance.

Thalia

https://youtu.be/EHQLPojPESc

Quel est votre film préféré? Aujourd’hui Le Messager de Joseph Losey

Titre originalThe Go-Between.

Vous souvenez-vous de ce film, The Go-Between? Joseph Losey, Palme d’Or 1971 à Cannes.

Adapté d’un roman de L. P. Hartley  publié en 1953, The Go-Between raconte l’histoire de Leo, jeune garçon de famille modeste, qui est invité par Marcus Maudsley à passer l’été dans la somptueuse maison du Norfolk de cette famille d’aristocrates. Ce sera pour Leo l’occasion de découvrir deux mondes qui lui sont étrangers et dont il ne connaît pas les codes : celui de l’aristocratie et celui des adultes. Leo va faire la connaissance de la belle Marian, sœur de Leo, qui va l’utiliser à des fins que ce dernier ne soupçonne pas. 

Le film est basé sur un retour en arrière : Leo adulte se remémore l’été chaud de ses 13 ans qu’il passa dans le Norfolk, été des découvertes et des déceptions, de l’illusion et de la désillusion, de l’humiliation, du mensonge, qui le firent brutalement basculer de l’enfance à l’adolescence. Été d’apprentissage…

Losey filme du point de vue de Leo, et montre cet apprentissage cruel qui marquera Leo à jamais. L’aristocratie britannique du début du XXème siècle est reconstituée avec grand raffinement, la différence sociale est accentuée par des mouvements de caméra allant sans cesse du haut vers le bas, les Maudsley regardant Leo avec mépris, et jouant de sa naïveté, se moquant de ses manières frustes. 

Voilà un film est très British ; les acteurs sont tous dans la justesse, Julie Christie (Marian) et Alan Bates (Ted Burgess) sont inoubliables, quant au jeune Dominic Guard, âgé de 14 ans à l’époque, il fait merveille.  La musique de Michel Legrand ‘court’ tout le long du film, à l’instar de Leo qui, tel Mercure, messager des dieux  ̶  on le surnomme ainsi, court apporter les lettres de Marian à Ted Burgess, régisseur du domaine et amant de celle-ci.

J’ai vu ce film dès qu’il est sorti, à l’époque je n’ai pas tout compris, et dans la foulée en cet été 1971, j’ai acheté et lu le roman : sublime!

Il fut adapté à l’écran mais aussi au théâtre. Certes le film est magnifique et si vous l’avez aimé, revoyez-le et lisez le roman qui commence par cette phrase reprise au début du film,  « Le passé est une terre étrangère : ce que l’on fait là-bas est différent. » (“The past is a foreign country: they do things differently there.”)

Chantal

https://youtu.be/ItRXk-2SnCI


Quel est votre film préféré ? aujourd’hui : Les Enchaînés de A.Hitchcock.

Pendant cette période de confinement, quoi de mieux que de revoir ou de se souvenir des films qu’on aime ? nous vous proposons de nous en parler ici, aujourd’hui Chantal.

Mon film préféré ? C’est du même genre que la question « qu’emporteriez-vous sur une île déserte ?»

Comment choisir un film ? Et pourquoi celui-là plutôt qu’un autre que l’on aime tout autant ? Le choix est toujours difficile, partial, injuste sûrement.

Il faut commencer par se demander quel est le réalisateur que l’on préfère, dont on connaît tous les films (ou presque) par cœur. Et, bien sûr, on ne peut pas aimer un seul réalisateur, voire une seule réalisatrice, les talentueux-géniaux-incontournables ne manquent pas pour qui veut avoir « une culture cinématographique », comme on dit…

Aujourd’hui je vous écris donc quelques lignes à propos du film, que, parmi mes préférés, je regarde plusieurs fois par an. Son titre français est Les Enchaînés, son titre original Notorious, son réalisateur Sir Alfred Hitchcock.  

Certes, direz-vous, réalisateur archi connu qui fait en quelque sorte partie d’une « culture cinématographique collective » car on peut penser que tout un chacun a vu au moins un film d’Hitchcock. Choix peu original, donc… Désolée !

Je ne peux regarder Notorious sans frémir, sans avoir la chair de poule, sans ressentir physiquement chaque moment clé, et bien sûr, je passe sur l’insupportable scène de la cave, ou la scène du baiser interminable, scène qui oscille entre romantisme et pragmatisme politique, baiser savamment entrecoupé pour contourner la censure ; et que dire de la lente descente des escaliers, Devlin aidant une Alicia droguée et affaiblie, l’arrachant ainsi à ses hypocrites bourreaux  médusés et soudain impuissants que sont Alexander Sebastian et sa mère ? Pour moi, ce film allie une beauté plastique inouïe, et une extrême cruauté : comment peut-on accepter de jeter la femme aimée dans les griffes du lion en ayant parfaitement conscience du risque ultime et ce pour les besoins du contre-espionnage qui se fiche parfaitement in fine du sort de ses agents ?  Outre les acteurs vedettes que sont Cary Grant et Ingrid Bergman, Claude Rains et Leopoldine Konstantin, mère de Claude Rains dans le film, époustouflante de cynisme, jouent tous à la perfection.  On se délecte à chaque scène, on attend la suivante avec impatience, on a envie d’étrangler Cary Grant, et puis il y a la bande sonore, ah, la musique ! Tout ceci vous hante longtemps après. C’était aussi le film préféré de François Truffaut.

 Chantal

Merci… à demain pour un nouveau « souvenir de bobine ».