Juste la fin du monde

Date de sortie : 21 septembre, durée 1h35
De Xavier Dolan
Avec Gaspard Hulliel , Nathalie Baye , Léa Seydoux
Genre Drame
Nationalités : Canadien-Français
Ce film n’est pas dans la sélection des cramés de la bobine, cependant, Xavier Dolan est un cinéaste qui compte, et beaucoup d’entre nous apprécient ses films. Celui ci a fait l’objet d’excellentes critiques, et d’autres, plus mitigées.   Vous l’avez vu, vous souhaitez réagir, n’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires.
G.
 3 commentaires déjà déposés, à suivre…n’hésitez pas, vous êtes bienvenus,   on a bien besoin de s’y mettre à plusieurs pour commenter ce film…
…et, commentons tout, le film et les commentaires!

3 réflexions au sujet de « Juste la fin du monde »

  1. Le film est violent, dur, sans concession ; il empoigne et étreint.
    Beaucoup de thèmes s’y abordent entre l’impossibilité de la communication, les retrouvailles impossibles, la difficulté d’écouter l’autre, les rivalités et rancœurs familiales cruelles et inextinguibles, l’amour si difficile à dire.
    tout en étant de la même famille, on peut être aux antipodes et vivre dans des mondes si étrangers les uns aux autres que le rapprochement est voué à l’échec. Fi des liens du sang !
    Le « revenant » (j’ai oublié son nom) veut, dans le dernier parcours qui le sépare de la mort, renouer avec ses proches, peut-être pour réparer son absence, pour épuiser les dissensions qui ont motivé son éloignement. Il espère peut-être que le temps leur a permis un cheminement et que ce qui était exclu voilà 12 ans, devient possible. Or, personne ne lui laisse la parole pour qu’il fasse l’annonce de ce qui explique son retour ; personne ne se doute, ou n’ose se douter, de ce qu’il a à leur dire. Chacun s’empare de lui pour projeter ses refoulements et ses désirs dans un dialogue de sourds. Rien de ce qu’il venait chercher ne se produit. Ce personnage est bouleversant dans sa solitude, sa déception, sa grande fragilité apparente (mais il reste sans doute moins fragile que son frère qui n’a surmonté aucun de ses refoulements.) On peut imaginer qu’il regrette son voyage et qu’il aurait peut-être préféré rester dans l’espoir de ce qu’il imaginait.
    Les comédiens y sont tous excellents. Baye en mère folle-dingue est étonnante.
    J’ai aimé la dernière image : l’oiseau qui après s’être jeté contre les murs meurt, anéanti par le choc. Message que ne sauront sans doute pas interpréter ceux que le héros quitte définitivement.

  2. Xavier Dolan a réalisé un film aussi complexe que d’habitude. Pour ma part, chaque fois je suis désarçonné et un peu pantois. On croit aller au cinéma et on se retrouve sur un ring. Ici cette famille névrotique, comme nous tous, avec toutefois une expressivité dans la communication très remarquable dans le genre démonstratif : pleurs, cris et effusions, scènes pathétiques et non dits. Bon jusqu’ici, tout va bien, et je suis d’accord avec Marie pour saluer Nathalie Baye exceptionnelle dans le genre.
    Je suis intrigué par la relation des deux frères (Louis et Antoine). Prenons l’exemple du grand frère Louis (Cassel), il aimait son cadet, il y a une séquence en flashback où il porte son petit frère Antoine dans ses bras et l’élève vers le ciel, et cette image parle d’un bonheur passé. Or, ce grand frère sent la situation, il se passe entre eux deux pas seulement l’ambivalent amour/ressentiment, il y autre chose qui se joue d’inconscient à inconscient entre deux êtres à vif.

    Le grand frère est particulièrement angoissé et hostile, il ne veut pas se laisser manipuler, c’est à dire se laisser conduire dans le discours filandreux et faussement banal (un discours sur le thème café ou pas à l’aéroport) de son petit frère, et par les chemins que son petit frère a choisi. Mais avant tout, il sent. Il sent qu’il se prépare quelque chose, il ne présage rien de bon de ce qui menace de se dire. On ne revient pas dans sa famille au bout de 12 ans d’absence pour prendre des nouvelles. Il se méfie de ce retour (qui n’est pas seulement un retour sur le passé ni la promesse de jours meilleurs), il a peur.

    Toute sa stratégie (volontaire ou non) sera d’empêcher son jeune frère de s’exprimer. Dans le plus pur style familial, il est très démonstratif et à la fin, il sue à grosse goutte, il pleure presque, il est épuisé. Mais sur le fond, il a réussi à repousser la nouvelle, à protéger ceux qui doivent l’être. «Ce que tu as à dire, je ne le sais pas, mais quelque part, je le sais tout de même, et donc je ne veux pas que nous l’entendions, c’est vital).
    Dans cette famille où l’on partage les colères et les joies, la douleur de chacun est résolument solitaire, elle ne peut s’exprimer que d’une manière métaphorique. Pour Antoine aussi, la douleur et la peine seront solitiaires …

  3. Film violent et magnifique, magistralement interprété .
    Et c’est la mère qui nous poursuivra après l’avoir vu. Comme d’hab chez X.Dolan.

    Bouleversante, la mère qui ne maîtrise rien, mais semble ne pas avoir définitivement renoncé. Un coeur simple, pas si simple.
    On ne sait pas ce qui se cache derrière les couleurs remasterisées de la couverture à carreaux, qui se cache derrière les couleurs appliquées en couches épaisses sur son visage, derrière son carré impeccable (une perruque sans doute). On ne la voit pas, elle. On ne voit que la façade.
    « Je t’aime et ça personne ne pourra me l’enlever » immédiatement suivi de « tu pourras le mettre ça dans ta prochaine pièce ». Terrible !
    Pathétique : qui émeut fortement, dont l’intensité dramatique provoque un sentiment de tristesse grave (cf Larousse)
    Cette définition peut s’appliquer à tous les personnages.
    Tous englués
    Et pourtant Susanne aurait pu danser
    http://www.youtube.com/watch?v=jqFWDElfmWA

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