HOLLY de Fien TROCH (2)

Qui est Holly ? Pourquoi lui demande-t-on un jour de répondre aux questionnements, au pourquoi, de parents endeuillés ?
Holly nous apparait comme une ado pas trop bien dans sa peau, souvent moquée voire insultée. À première vue, une fille de 15 ans, en apparence un peu banale qui balade son mal-être, souvent accompagnée de son meilleur et seul ami Bart dans une ville que rien n’éclaire.

Bart, un garçon un peu différent qui la suit partout même si on ne sait pas trop qui suit l’autre finalement. Bart restera le seul à être le même auprès d’Holly tout au long du film. Il la prend telle qu’elle est et s’adapte à ses changements. Le quotidien s’égrène pour eux, semblable jour après jour dans cette ville belge plutôt tristounette.
Seulement voilà, un matin pas comme les autres, Holly appelle son école pour signaler qu’elle ne viendra pas. Elle ne peut pas, il va se passer quelque chose leur dit-elle.
Effectivement, un incendie se déclare dans le lycée et huit élèves meurent à cette occasion. C’est toute une communauté en deuil qui se replie sur elle et laisse passer les mois.

Une enseignante plus attentive, concernée par le mal-être de son compagnon qui n’arrive pas à retrouver sens à sa vie après le drame, s’interroge alors sur Holly qui à ses yeux à quelque chose de spécial. Elle propose ainsi à la jeune fille de devenir bénévoles auprès de personnes en difficulté et notamment des familles endeuillées.
Holly s’étonne tout d’abord de la proposition avant d’accepter et on voit alors son visage en gros plan tourner les yeux vers les jeunes filles du groupe comme si elle attendait les quolibets, les coups. Rien ne vient, elles restent passives. C’est certainement nouveau pour Holly et amorce peut être un changement. C’est pour moi, la scène qui introduit l’histoire et ses conséquences.

Lors d’une sortie organisée pour les familles, l’enseignante découvre une Holly attentive et empathique. Ses gestes sont doux, semblent réconfortants. On remarque les visages s’ouvrir, les sourires, sous ses attentions. Elle observe les petits changements chez les endeuillés et on sent son intérêt croitre pour Holly aux vues des bénéfices visibles pendant les rencontres.
Elle s’institue donc tout naturellement ambassadrice et met en contact Holly et les nécessiteux par l’intermédiaire de son association. Jusqu’à son propre compagnon qu’elle va aider à dépasser le choc vécu le jour du drame. Et pourquoi pas elle l’enseignante ? mais cela on le comprendra plus tard.
Elle aspire en tant qu’aidante, on le constatera également, à une récompense divine ou autre, puisque face à ses difficultés, elle crie son incompréhension alors qu’elle donne tant aux autres.

Que devient Holly parmi toutes ces attentes ? Elle semble s’ouvrir, prendre confiance, et rencontre volontiers les personnes dans le besoin. Elle sourit davantage amenant parfois un léger malaise. Que se passe t’il derrière ses grands yeux et ce visage de Joconde ?

On lui donne un premier billet, qu’elle refuse d’abord puis prend. D’autres viendront qui permettront à Holly à sa façon, de se rendre visible. Un manteau, des tennis à la mode qu’elle a repéré sur quelqu’un, quelques bijoux. Elle joue les codes de sa génération.
Mais le quotidien devient plus complexe. Le regard des autres change, jusqu’à sa propre mère qui sort de sa dépression le jour ou elle reçoit le bouquet d’une inconnue « pour la mère d’une sainte » est-il écrit avec le bouquet. Elle est en extase, elle semble vivre un premier émoi.
Holly elle, parait perdue. Les reproches de l’enseignante qui apprend des rencontres sans elle, l’argent, et qui la descend ainsi de son propre piédestal. On devine qu’elle le vit comme une trahison.
Toutefois elle qui souffre de ne pouvoir enfanter aura un geste fort et de confiance en posant la main de la jeune fille sur son propre ventre. L’enfant viendra…
On voit ensuite la jeune fille errer en ville, à la recherche de ceux qui pourraient avoir besoin de son aide. On la refuse, voire on ne la voit plus. Le seul qui lui demande son aide, Holly le fuit, le repousse jusqu’à l’accident fatal.

Puis arrive cette mauvaise rencontre ou elle est dépouillée de tous ses attributs la ramenant à son état initial de pureté de dépouillement.
Alors qui est la calme et douce Holly ? Il est difficile de la définir.
Est-elle différente ? a-t-elle un don ? Ou est-elle tout simplement à l’écoute de ses intuitions comme le jour de son appel au lycée. La communauté en deuil veut la placer au-dessus de tout, elle en a besoin. Elle cherche des réponses à son pourquoi ? Besoin de croire en quelque chose de plus fort, de plus doux, de plus facile que leur immense chagrin. Quitte à créer une icône, une image à adorer.
Holly vient adoucir leurs peines, leurs chagrins et cela est peut-être suffisant. On l’intronise sainte ou douée, elle qui n’a rien demandé. Elle qui a accepté peut-être par désœuvrement, ou pour sortir de l’ombre, ou encore pour compter enfin aux yeux de quelqu’un. Quelles sont ses motivations ? On peut les imaginer mais on ne les connait pas.

Il est vrai que ce film apporte plus de questions que de réponses.
En attendant, on constate une fois encore comme le groupe semble avoir besoin de guide pour avancer. Quel que soit ce guide …
Que quand on veut si fort y croire, des petits miracles arrivent. Est-ce un pouvoir tel que celui que l’on accorde à Holly ou encore la force de l’intention qui peuvent créer ces miracles ? Pas de réponses formelles là encore.
On le voit ici dans une simple communauté ou bien entendu dans les grandes pages de l’histoire. Chacun d’entre nous a besoin de réponses et semble prêt à accueillir tout réconfort ou soulagement.

Sylvie Gauchy



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