« Une vie violente » de T. de Peretti

Du 26 au 31 octobre 2017
Soirée débat mardi 31 à 20h30
Film français (août 2017, 1h53) de Thierry de Peretti avec Jean Michelangeli, Henry-Noël Tabary et Cédric Appietto
Distributeur : Pyramide Distribution

Présenté par Georges Joniaux

 

Synopsis :Malgré la menace de mort qui pèse sur sa tête, Stéphane décide de retourner en Corse pour assister à l’enterrement de Christophe, son ami d’enfance et compagnon de lutte, assassiné la veille. C’est l’occasion pour lui de se rappeler les évènements qui l’ont vu passer, petit bourgeois cultivé de Bastia, de la délinquance au radicalisme politique et du radicalisme politique à la clandestinité.

Les histoires des groupes armés corses me dépassent très largement … La trame du film est fondée sur des faits réels qui sont passés aux infos et auxquels je n’ai compris, déjà, sur le moment, ni les tenants ni les aboutissants … pourquoi tout ça ? Une énigme.
Ce film, je l’ai pourtant bien aimé.
Dans ces histoires là aussi il y a des purs, des idéalistes à l’image de Stéphane et de certains de sa bande d’Indépendantistes qui luttent pour leur peuple. On comprend bien leur cause anti-colonialiste et protectionniste et ça m’a plu de voir la situation du point de vue de Stéphane qui perdra sa cause et devra, fatalement, jeter les armes.
Ce jeune idéaliste (pléonasme ?), s’est chargé d’une mission impossible, sur-dimensionnée et il finit par comprendre qu’il n’avait pas droit à l’erreur, que personne ne lui donnera une deuxième chance, que tout ça c’était « pour de vrai ».
Certaines scènes sont particulièrement marquantes comme celle où Christophe dans la cabine téléphonique annonce à Stéphane qu’il va mourir. Il va aller au RdV avec « les autres » qui ont pris son cousin en otage. En conscience, il ne peut pas faire autrement. Y aller et se faire descendre. En tout honneur.
Sur le machisme ambiant, on pourrait souligner les paroles comme la scène dans la voiture avec le futur marié « en pleine forme », mais il y a aussi la scène de la visite en prison où la copine de Stéphane lui dit clairement qu’elle a quelqu’un d’autre. Je me suis dit « Ouh là, on est en Corse ça va pas se passer comme ça ! » Et non parce que, contrairement aux idées reçues, tous les corses ne punissent pas leurs femme infidèle d’un coup de carabine.
Stéphane a des relations courtoises avec les femmes même si c’est un peu caché. Il est bien élevé en toute circonstance.
Il s’entoure de gars qu’il connait bien, en qui il a placé sa confiance depuis son enfance, quand il voyait déjà des hommes tomber. Il fait l’autruche sur certaines de leurs pratiques. Eux doivent gagner leur vie. Pas lui. C’est  plus simple d’être idéaliste quand on n’a ni faim, ni froid.
La scène du repas entre femmes, entre mères, est édifiante. Elles communiquent, partagent, s’écoutent, se comprennent. Ces mères vivent un calvaire et finissent de trembler seulement quand leurs fils sont morts. Avant de recommencer à trembler pour leurs petits fils.
Quand Stéphane, à la maternité prend sa filleule dans les bras, son cœur chavire. La pièce est remplie de jeunes femmes, celles qui restent et resteront quand leurs hommes seront tombés. Il est devenu adulte et s’éloigne pour pleurer. Il a baissé les armes. Son gilet pare-balles restera là où il l’a caché en arrivant. De toutes façons ils tirent dans la tête.
Ce film nous montre ces femmes qui ne « parleront » jamais . C’est tellement évident que les hommes exposent leurs plans en toute liberté devant celles qui « n’entendent » pas.
J’ai bien aimé le film pour sa construction presque géométrique. Tout est carré, bien ordonné, aucune scène n’est superflue.
Un bel équilibrage avec le sujet qui, lui, est tentaculaire.

Marie-Noël

 

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