TAR-TODD FIELD (2)

Il est difficile d’éprouver de la sympathie pour le personnage principal mais l’empathie est là dès le début du film.

Dés les premières moments, notamment chez les magnifiques scénes chez le tailleur, on découvre cette femme qui se pare en homme, se masque tel un chevalier que l’on prépare pour un tournoi.

Sa gestuelle avant toute intervention impressionne par sa force. Ces gestes des mains comme pour effacer l’invisible.

Tout est contrôlé chez elle, rien n’est laissé au hasard. Elle se montre masculine dans tous ses choix. De son appartement avec ses murs de béton brut jusqu’à ses tenues, dans ses rapports humains ou elle s’affiche « mâle » jusqu’à adopter les comportements de prédateurs rencontrés chez certains hommes.

Deux moments seulement la ramenent à son état de femme.

 Lorsqu’elle devient mère louve à l’école de sa fille ou en trois mots, elle installe la terreur chez une petite fille harceleuse (trois mots puissants qui ne sont pas ceux d’une femme ) puis lors de son retour dans la chambre de son enfance ou au détour d’une porte d’armoire qui s’ouvre, on découvre quelques boîtes colorées et fleuries telles qu’en possèdent nombre de petites filles.

On devine que là est né ce personnage hybride et redoutable ou l’art passera avant toute chose. Ou elle s’effacera pour naître autre.

La descente est rapide et sans concessions. Elle se battra jusqu’au bout pour résister face à la curée.

On pourra dire qu’elle l’a bien cherché mais on sort de ce film avec le sentiment d’avoir croisé un être humain dans toute sa complexité entre forces et faiblesses.

La fin, clin d’œil au masque du début, est terrible de cruauté.

Sylvie C

Une réflexion sur « TAR-TODD FIELD (2) »

  1. Difficile ce sujet de la communication, d’abord comme Chantal l’a souligné il y a l’absurde et l’humour noir pour lesquels j’ ajouterais bien F. Kafka, celui de la colonie pénitentiaire ou encore du Champion de jeûne…On remarque que les doigts coupés de Colm n’émeuvent personne dans l’entourage, ses copains musiciens continuent allègrement à jouer, comme si il n’y avait pas de changement. Ensuite, cet homme qui ne veut plus communiquer avec son ami n’arrête pas de le faire… Par analogie, l’amoureux qui veut se suicider lorsque l’objet de son amour le quitte, ne veut pas seulement se soustraire à la peine, il veut marquer sa présence d’une manière indélébile, sous forme de culpabilité chez son ex. Il veut faire mal en se faisant mal. Et que fait Colm ? Il ne se contente pas de s’auto-mutiler, il utilise son doigt, puis ses doigts coupés, comme projectiles, les jetant sur la porte de son ex-ami. De même, choisir de passer une soirée avec le flic sadique (d’une manière un peu ostentatoire) que Padraic déteste est encore une manière de se parler . Bref, cette non communication est encore de la communication. (Sur un mode morbide).
    De la même manière la vengeance de Padraic et sa promesse de vengeances futures est encore et toujours une manière de se parler…

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