« Les Gardiennes » (2)

Du 4 au 9 janvier 2018

Soirée débat mardi 9 janvier à 20h30

Film français (décembre 2017, 2h14) de Xavier Beauvois avec Nathalie Baye, Laura Smet, Iris Bry et Olivier Rabourdin

Distributeur : Pathé

Présenté par Jean-Pierre Robert

 

Je m’étais préparée à être gênée par la distribution.
Nathalie Baye rajeunie dans la vie et qu’il faut donc « re-vieillir » … Tout un progamme et … c’est réussi ! même s’il reste ce rictus qui l’empêche dorénavant de sourire (Ah ! le feu sourire de Nathalie Baye … à revoir dans « Beau père » de Bertrand Blier en pianiste ovationnée !)
Pour Les Gardiennes, certains critiques condamnaient sa gaucherie dans la maîtrise du soc de la charrue … Mais son personnage, Hortense, n’avait, jusque là, jamais labouré un champ  ! Jusqu’à ce que les hommes disparaissent pour un temps, pour toujours. Donc ça colle très bien.
Nathalie Baye est décidément une grande actrice : on oublie l’actrice et on ne voit qu’Hortense.
Laura Smet … Pourquoi Laura Smet ? La ressemblance avec sa vraie mère ? On la regarde et on s’efforce de ne pas voir son père  …
Maintenant je trouve que, si tant est que Xavier Beauvois ait eu le choix, c’est un choix plutôt judicieux. Elle a cette fêlure apparente, ce regard un peu vide, qui la rend touchante dans le rôle de Solange, un ange, délicate et gracieuse, un cœur simple, sans grande personnalité, qui souffre de l’absence de son mari qu’elle voit se transformer au fil des permissions et qu’elle seule saura garder à la raison.

Je ne m’étais pas préparée à Iris Bry. Xavier Beauvois est donc aussi un découvreur de talent !
Il nous propose Iris Bry pour jouer la lumineuse Francine . On ne sait plus laquelle illumine l’autre.
D’un personnage secondaire elle fait un personnage principal . Francine, dotée d’une force physique et mentale étonnantes, d’un magnétisme qui fait que tous ceux qui la rencontrent semblent aussitôt l’aimer.
Orpheline, elle est pourtant née sous une bonne étoile. Francine/Iris chante de sa voix envoûtante. Elle seule chante. Elle vit sa vie, suit son étoile et amorce un portrait de femme émancipée réjouissant.

Hortense, Solange, Francine, Constant, Clovis, Georges qui pourraient aussi bien s’appeler Maria, Margarethe, Hedwig, Karl, Hans, Friedrich qui priaient le même Dieu/Gott, travaillaient la terre/Erde, tuaient pour la Patrie/Heimat. Et pleuraient tous leurs morts.

L’image de la toilette devient œuvre d’art, on pense à Degas. On pense à Courbet pour les scènes de semailles.
La photo signée Caroline Champetier, est d’un bout à l’autre du film d’une très grande beauté et, partie prenante de son académisme, de sa lenteur, illustre parfaitement la volonté des femmes de garder la terre dans ce temps suspendu. Et ça m’a plu.

« Mignonne, quand le soir descendra sur la terre,
Et que le rossignol viendra chanter encore,
Quand le vent soufflera sur la verte bruyère,
Nous irons écouter la chanson des blés d’or !
Nous irons écouter la chanson des blés d’or ! » 

Je suis d’abord surprise, étonnée d’entendre Francine fredonner « Les blés d’or »… Je la connais cette chanson que les grandes personnes chantaient dans les réunions de famille de mon enfance, de ma jeunesse, ensemble avec ceux, maintenant disparus, qui la chantaient dans leur jeunesse prise dans l’étau de la guerre de 14.
Cette chanson me chavire et je m’aperçois que « Les Gardiennes » est aussi de mon époque ! C’est fou … Je ne m’ étais pas préparée à ça.

Marie-No

 

Petit PS : Henri resté à la maison pendant la messe dite pour Constant se tord les mains et se retord les mains et encore et dans l’autre sens … Scène grossière car trop longue pour montrer comme ses doigts sont noueux et ses mains calleuses …Gilbert Bonneau est un vrai paysan, on l’avait repéré et, oui, on a bien vu la preuve par les mains !

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